"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 30 juin 2010

Le sexe des anges

Deux événements ont retenu mon attention hier. Classés tous les deux dans la rubrique faits divers. Mais dont l'un semble particulièrement important. Pas celui que l'on pense, bien sûr.

Dimanche dernier, suite à un banal petit accident de la route, que dis-je ?, un problème de peinture rayée, un homme est mort. Il a juste été assassiné. Et vu la sauvagerie de l'acte, à laquelle on pourra ajouter la lâcheté, on ne peut même pas supposer qu'il s'agisse d'un homicide involontaire.
Les faits rapidement : une famille partant en vacances. Le véhicule est accroché par un autre véhicule, sur l'A13 au niveau d'une bretelle d'accès. Rien de bien grave, juste un peu de peinture semble-t-il. Mais ça mérite tout de même un constat à l'amiable. Les carrossiers sont cher. le conducteur victime de l'accident tente donc de persuader la conductrice de la voiture qui l'a percuté de remplir ce bout de papier qui lui permettra de faire réparer son véhicule sans rien débourser. Refus obstiné de la conductrice. Bien sûr le ton monte, les esprits s'échauffent. La conductrice décide donc d'appeler des renforts par téléphone, pas pour négocier, non. Juste pour mettre hors d'état de nuire le conducteur qui veut lui aggraver son malus. Quel salaud ! Quelques minutes après surviennent un dizaine de petites frappes. Ben oui quoi, on veut bien être courageux, mais à condition d'être au moins trois fois plus que ceux qui vont expier de leur crime qui est de réclamer leurs droits. Alors on tabasse, les occupants du véhicule et surtout le chauffeur livré à la fureur de ses agresseurs qui frappent pour tuer. Et qui tuent. Quand la police arrive, presque tout le monde s'est enfui. Deux adultes encore jeunes sont appréhendés. Ils sont désormais incarcérés pour meurtre et complicité de meurtre. Trois autres se sont rendus aujourd'hui dont la conductrice. Les autres ne devraient pas tarder à rejoindre ce beau monde derrière les barreaux.
Toute cette petite bande vient des Mureaux(*), d'une de ces cités qu'il ne fait pas bon visiter seul quand on est blanc et sapé correctement.
De fait, on croyait naïvement que seules certaines cités étaient des zones de non-droit. Alors que la zone de non-droit se déplace avec les individus qui ont fait de leur cité ce qu'elle est. De fait, nulle part, sauf peut-être dans une chambre forte, vous n'êtes à l'abri de cette racaille. Ou que vous soyez la probabilité existe que vous croisiez un de ces fauves qui vous tuera sans sourciller parce qu'il aura accroché votre voiture, parce que votre regard aura accroché le sien. Désormais, balancez vos contrats à l'amiable à la poubelle car si vous avez un accrochage, vous pouvez en mourir si vous ne mettez pas les voiles.
Voilà donc ou en est réduit notre pays. L'autre jour, je répondais à un commentateur qui visiblement pensait que je stigmatisais les banlieues et voulait me montrer que des bon Français étaient aussi capables du pire en me cotant l'affaire de Hautefaye qui date de 1870 (meurtre collectif d'un homme dans des conditions les plus barbares) que l'époque n'était plus la même et qu'existait un processus de civilisation, c'est-à-dire essentiellement de maitrise des pulsions, qui était à l'œuvre et rendait ce type d'acte moins probable. grossière erreur de ma part. Grâce à cette raclure de l'humanité, nous entrons dans un processus de civilisation. Et seule la violence, étant donné l'incapacité des autorités légales à juguler le problème, réglera le problème. La guerre civile, quoi !  Il suffit pour s'en convaincre de lire les commentaires qui suivent les articles de ce type de "fait divers" : d'une part une majorité de gens demandent l'origine ethnique des fauteurs de trouble, doux euphémisme, d'autre part leurs propos suintent maintenant la haine, le désir d'en découdre. Et encore, j'imagine que bien des commentaires sont modérés. Je pense que les esprits sont presque prêts à l'affrontement qui, hélas, sera aveugle. Faute d'avoir su châtier de manière exemplaire les coupables de manière légale, les autorités auront sur les mains le sang de parfaits innocents, victimes de leur lieu de résidence ou de leur couleur de peau.

Second événement. Hier était entendu par le tribunal de Créteil l'ex-préfet Girot (ex par la grâce de Hortefeux qui quelques semaines plus tard se faisait épingler avec ses histoires auvergnates) accusé de racisme.
Pour rappel, ce préfet en transit à Orly, s'est mis en colère suite à un contrôle qu'il juge "bordélique" et qui risque de lui faire rater se correspondance. Et de déclarer : "on se croirait en Afrique ici". Comme bien évidemment, les agents de sécurité sont noirs, cela provoque une forte émotion chez ces personnes qui y voient, bien entendu, des propos racistes. Girot affirme que non, parce que pour lui, et à juste titre d'ailleurs, ce que ne démentiront pas ceux qui ont trainé au moins dans les aéroports africains et sans parler du reste, l'Afrique est synonyme de bordel. Bien évidemment la Licra, SOS-Racisme et le MRAP se sont portés parties civiles. On est dans un concours d'antiracisme. Auquel a participé le gouvernement, en particulier notre auvergnat de service, en révoquant le préfet.
Bien sûr, circonstances aggravantes, ce n'est pas un énarque, mais un ancien militaire saint-cyrien venu sur le tard dans la préfectorale. Où il semble bien avoir réussi d'ailleurs puisque rares sont les "transfuges" qui obtiennent de si hauts postes dans la préfectorale. Mais enfin, vous comprendrez que ce n'est pas un grand serviteur de l'Etat typique, d'autant plus que ses années sous l'uniforme militaire lui ont laissé le défaut de manquer de diplomatie, d'être une grande gueule.
Le parquet a réclamé 5000 euros d'amende. Le jugement sera rendu vendredi. Mais nul doute qu'il sera condamné. il s'est d'ailleurs un peu accroché déjà avec le juge. C'est le problème des grandes gueules. Le juge sera sans doute d'autant plus sévère qu'il s'agit d'un serviteur de l'Etat depuis plus de 40 ans, la mansuétude allant de préférence vers les petites frappes évoquées plus haut.

Au XVème siècle, dans Byzance assiégée par les musulmans, dans Byzance qui allait tomber et devenir Istamboul, on débattait du sexe des anges.
Voilà, nous sommes en 2010. Vous êtes en France, pas moi et je commence de plus en plus à apprécier cet exil volontaire. Et dans la France de 2010, alors que les barbares sont déjà dans la cité, on débat pour savoir si dire qu'on se croirait en Afrique pour caractériser un contrôle de sécurité bordélique constitue un délit raciste.

(*) Pour les chantres de la mixité, ou ceux qui mettent sur le dos de l'absence de la mixité en confondant causes et conséquences les problèmes des banlieues, j'ai noté ce commentaire sur un des articles qui commentait le crime de l'automobiliste.
"Quartier des Musiciens aux Mureaux. Je connais bien j'y ai habité 6 mois quand c'était tout neuf...en 1978. A peine un an plus tard, nous avons du déménager, le cadre de vie y était devenu insupportable. Devinez pour quelle raison ? Vous m'avez compris : incendie dans les caves, plus d'ampoules dans les ascenseurs, interrupteurs et boites aux lettres brûlés... Pourtant c'était une belle ville les Mureaux dans les années 70."

lundi 28 juin 2010

La culture de l’excuse


Il y a deux jours je profitais d'un incident survenu à la Courneuve lors de la venue inopinée du Président de La république pour m'insurger contre le fait que même le premier personnage de France était considéré comme indésirable dans certaines parties du territoire qu'il dirige.
La clémence du jugement rendu contre celui qui a fait remarquer en termes fleuris l'incongruité de sa présence au Président m'a laissé pour le moins perplexe. Car au-delà du fait que maintenant certains peuvent considérer qu'on peut insulter à peu de frais le Président de la République, ce jugement finalement avalise le fait que la présence de celui-ci dans certaines zones est inopportun. A moins que cette clémence soit dans la droite ligne de ce que certains nomment la culture de l'excuse.

 
Cette culture semble imprégner bien des esprits. N'a t-on pas vu des commentaires qui finalement minimisaient le fait, voire le justifiaient en le rapportant à d'anciens propos du Président qui de fait rendraient légitime l'insulte à sa personne confondant la haine qu'ils ont pour un personnage et l'irrespect de la fonction présidentielle. Elle imprègne aussi vraisemblablement les juges. Le nombre de faits divers mettant en cause des personnes « connues des services de police », déjà interpelées 1 fois, 5 fois, 10 fois, 20 fois et plus sans jamais avoir été condamnées ne manque pas de surprendre. On peut d'ailleurs s'interroger sur cette indication liminaire qui précède tous les jugements « Au nom du peuple français », car à vue de nez, en lisant et en écoutant les commentaires qui suivent ces fais divers assez graves pour être signalés, on peut se demander à bon droit si les juges ou certains juges ont encore conscience de rendre la justice au nom de ce peuple. Les juges peuvent certes interpréter la loi, individualiser leurs sentences, il n'en est pas moins regrettable que certains de leurs jugements ignorent complètement la loi, votée également au nom du peuple français par ses représentants, tout ça au nom de la culture de l'excuse : ce que tu as fait n'est pas bien, faudra pas recommencer. Mais tu n'es pas réellement coupable, alors rentre chez toi, va retrouver ta bande pour de nouvelles aventures, et à bientôt.
La culture de l'excuse peut même aller très loin. On a vu récemment un « manifeste » publié sur Libération assimilant les émeutiers et même les tireurs de policiers comparés eux à des membres d'une force d'occupation aux communards, donc à des révolutionnaires attaquant légitimement une société pourrie. Nous considérerons ce texte comme le produit de pseudo-intellectuels mal dans leurs têtes pour nous concentrer sur la culture ordinaire de l'excuse.

 
Depuis des années, dès qu'un événement se passe en banlieue, accourent dans les médias un certains nombre d'individus, intellectuels, sociologues, psychologues, …, qui viennent vous expliquer doctement que les délinquants et les criminels ne sont finalement pas responsables de leurs actes. Les responsables, ce sont les autres dont les victimes. Les autres, ce sont ceux qui ont la chance de ne pas habiter ces banlieues et qui rejettent les banlieusards majoritairement d'origine étrangère parce qu'ils sont racistes, ou parce qu'ils ne veulent pas partager leurs richesses ou leur travail. Bref, les banlieues sont discriminées. Et il ne manquerait plus que ça qu'en plus on les stigmatise parce que de temps en temps ils expriment leur révolte. Les vraies victimes du système injuste qui est le nôtre, ce sont eux, les banlieusards, pas ceux qui subissent leur violence. Analyse somme toute sommaire qui ne prend pas en compte ceux des banlieusards, les plus nombreux qui subissent les violences de leurs voisins de palier, d'escalier, d'immeuble, de cité , qui se voient priver de leur voiture qui leur sert pour aller travailler par le feu ou des transports en communs brûlés ou caillassés, qui ne peuvent plus profiter des lieux de culture ou de loisirs mis à leur disposition par la communauté, qui doivent faire des kilomètres pour acheter une boite d'allumette car aucun commerçant doté d'un minimum de raison n'irait ouvrir une échoppe en ces lieux, mais dont les enfants n'auront que deux pas à faire pour acheter leur dose. Surtout ne pas parler de ça : il ne faut pas stigmatiser les banlieues. Ne pas parler non plus des problèmes ethniques qui existent au sen de ses banlieues car on ne pourrait pas déplorer le manque de mixité. D'ailleurs ne jamais rappeler que la mixité a existé mais que se sentant étranger en leur propre pays, étrangers là où ile étaient parfois nés, ceux qui en ont eu la possibilité ont fui le quartier et même le département ou la région.

 
Voyons maintenant l'absurdité de cette culture de l'excuse.
Dire que les banlieues sont abandonnées, sont devenus des ghettos est à la fois vrai et faux. C'est faux parce qu'on a injecté des sommes faramineuses dans les banlieues, qu'elles disposent comme partout ailleurs d'écoles, de crèches, de centres de loisir et culturels, qu'elles ont bénéficié de commerces. Bien des petites villes et villages de province, pour certains bien enclavés et loin de tout centre urbain important, auraient apprécié qu'on leur donne autant de moyens. C'est vrai parce que toutes ces choses sont la proie des vandales des banlieues à chaque mouvement d'humeur. Comment alors imputer à la République les manques imputables aux seuls voyous des banlieues ?
C'est la même chose pour les ghettos. J'en ai parlé déjà plus haut. Ceux qui le peuvent fuient la barbarie de ces zones, ne laissant sur place que ceux qui n'ont pas les moyens de les limiter. C'est donc vrai qu'il y a concentration de misère dans les banlieues, c'est faux que se soit une volonté délibérée. Par ailleurs, les problèmes ethniques existent au sein des banlieues auxquels se rajoutent également des problèmes religieux. Etre blanc dans certains quartiers, ne pas adopter certains comportements de vie liés à l'islam, surtout pour les filles, constitue un danger réel à son intégrité physique.
Les ghettos, s'ils existent, sont le fait de la racaille qui ne tolère pas l'autre et le menace, voire le presse à dégager, qui détruit les symboles de la République, les écoles en particulier, et les autres commodités mises en place par 'Etat et les collectivités, et qui isole son lieu de vie en s'attaquant aux moyens de transport qui relient sa cité aux centres-villes.

Dire que les banlieusards sont discriminés en termes d'emploi, c'est également vrai et faux. C'est vrai que la réputation des banlieues n'incite guère les employeurs à embaucher leurs habitants. Ce n'est pas excusable si c'est l'unique raison. Il n'y aura donc pas ici une parodie à l'envers de la culture de l'excuse. Par contre si le banlieusard se fait éliminer parce qu'il a un comportement dans ses paroles, ses attitudes, sa manière de se vêtir qui n'est pas conforme à ce que l'employeur est en droit d'attendre, il n'y a plus d'excuse pour le candidat. Si par ailleurs ce même candidat a préféré faire le con dans sa jeunesse plutôt que de s'instruire et d'acquérir au moins les rudiments linguistiques faisant de lui un citoyen à part entière, la responsabilité n'est pas à chercher chez l'employeur potentiel qui n'est ni assistante sociale, ni éducateur. Il faut aider les banlieusards qui, souvent dans l'adversité, se faisant au mieux traiter de bouffons, se faisant au pire tabasser régulièrement, ont fait les efforts pour devenir membres à part entière de la société. Cela veut dire qu'on ne doit pas stigmatiser un banlieusard parce qu'il est banlieusard. Il y a un effort à faire dans ce sens, c'est vrai. Mais il ne faut pas oublier la responsabilité de ceux qui ont donné aux banlieues cette réputation détestable qui les dessert dans le cadre particulier de l'emploi.

Passons enfin à la mère de toutes les excuses : les habitants des cités, parce qu'ils sont majoritairement d'origine étrangère, africaine pour être précis, sont victimes du racisme ordinaire des Français. Des Français de souche, bien sûr, bien blancs. Au passage on pourra en déduire qu'il existe deux types de Français : les mauvais, c'est-à-dire ceux qu'on nomme désormais les souchiens et forcément racistes, et les bons, ceux qui sont victimes de ce racisme. Victimes et ayants droits. Car ne sont-ils pas les héritiers de ceux que nous avons colonisés, réduits en esclavage, et tout et tout. Et nous, au lieu de régler cette dette de nos ancêtres, même si la grande majorité d'entre eux étaient étrangers à tout ceci, même si d'ailleurs eux-mêmes étaient étrangers, mais blanc, horreur, nous perpétuons leur racisme.
Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir voulu nous inculquer ce sentiment de repentance, au travers des lois mémorielles, au travers maintenant des programmes scolaires stigmatisant sans nuances, celles-ci étant interdites, les conduites passées. Mais nous sommes sans doute en bonne voie et l'expiation finira bien par arriver. A ce moment-là, enfin, nous comprendront que ces descendants d'esclaves, mais aussi d'esclavagistes (nom de dieu, je ne suis pas encore mûr pour la repentance), de colonisés, mais dont certains avant de l'être furent aussi des colonisateurs (mais c'était avant donc ça compte pour du beurre), sont des ayants-droit. En attendant ce moment, nous devons donc comprendre que leur violence, leur mise sous coupe réglée de certains quartiers au détriment des autres habitants qui sont sans doute des ayant-droits passifs, est emprunte de la plus grande légitimité.

Voilà donc exposés les fondements un peu branlants de la culture de l'excuse qui nous permettent de nous indigner quand des hooligans blancs sèment la violence sur leur passage, mais doivent nous faire faire preuve d'empathie quand certains banlieusards sèment le désordre. Cette culture, pourtant ne fait qu'empirer les choses. Elle ne fait qu'encourager la récidive. Elle ne fait que déresponsabiliser les voyous de ces banlieues si mal loties grâce à eux. Elle ne fait que prolonger et empirer une situation qui amènera à des troubles beaucoup plus violents que ceux qu'on a connus jusqu'ici, des troubles qui se traduiront par des morts.

samedi 26 juin 2010

Peut-on insulter le Président de la République française ?


La réponse semble être oui. Car cette semaine, le Président de la République a été insulté publiquement au moins deux fois.
La première fois, mercredi soir, quand une petite racaille de banlieue, une chance pour la France, pardon, l'a interpelé en l'insultant alors qu'il était à la Courneuve. Une seconde fois par le juge qui a condamné symboliquement l'offenseur à 35 heures de travaux d'intérêt général (qu'il ne fera certainement pas, ne sachant sans doute même pas ce que signifie le mot travail).
Vu d'ailleurs, vu d'ici, c'est assez ahurissant. Mais il semblerait qu'en France, pour une partie de l'opinion, ce serait tout à fait normal. On a même entendu M. Olivennes sur une chaine publique, malgré une condamnation des faits, expliquer cela par une progression de l'égalité. Pourquoi ne pas prétendre à une avancée démocratique, après tout ? Qui placerait la France devant les autres pays dans ce domaine.
 
Mais revenons sur les faits.
Alors que Sarkozy déambule dans les rues de La Courneuve, un homme de 21 ans, donc peut-on supposer un adulte conscient des ses actes et de ses paroles, l'interpelle par ces mots : « va te faire … (verbe exprimant une supposée spécialité grecque), t'es chez moi ici. »
Nous passerons sur la première partie de la phrase qui comme nous l'a révélé récemment l'affaire Anelka, comme nous le révèle quotidiennement le même genre d'insulte vis-à-vis des profs, de la police, des pompiers, mais aussi vis-à-vis de tout ce qui bouge, semble indiquer que la spécialité en question, si elle fut grecque est devenue française. Avant on disait bonjour, maintenant on dit « va te faire e… er. La civilité a progressé donc en même temps que l'esprit d'égalité. Nous devrions probablement nous en réjouir.
 
La seconde partie est, pour sa part, particulièrement intéressante. « …t'es chez moi ici ». Par cette phrase, nous avons confirmation, mais nous le savions déjà, que certaines parties de la République se trouvent hors institutions. Mais c'est bien finalement de l'entendre dire par un habitant de ces zones. Il existe donc des endroits où même le Président de la République n'a pas le droit de pénétrer. Et s'il le fait, c'est avec les précautions nécessaires. Comme la police entre dans certaines zones après une préparation et selon des plans qui n'ont rien à envier à la stratégie militaire, le Président dans son pays doit faire précéder ses visites des mêmes précautions. En l'occurrence, il avait choisi la surprise, ce qui a permis sans doute de limiter les dégâts.
Il parait que là-aussi, c'est une exception française. Qu'ailleurs en Europe, les chefs d'Etat ou de gouvernement sont partout chez eux et ne sont pas obligés de faire précéder leurs visites de réunions d'états-majors opérationnels. De fait, en France, certaines zones, certains quartiers ont fait sécession. Il y a certes les regroupements ethniques qui se sont fait essentiellement par élimination des primo-occupants des lieux, ceux-ci changeant de quartiers dès lors qu'ils en avaient les moyens. Mais il y a surtout la mise en coupe réglée de certains quartiers par des caïds dont les trafics leur ont suggérer qu'il était préférable pour eux de boucler leur zone d'influence et d'en réduire l'accès aux seuls habitants des quartiers dont ils sont devenus les maitres. Bien évidemment, ceci se fait de façon violente, la violence s'exerçant vis-à-vis des représentants de l'autorité légitime de ce pays, mais surtout vis-à-vis des habitants desdits quartiers. De fait quand des émeutes éclatent, comme récemment à Tremblay (dit) en France, c'est presque un signe encourageant : cela veut dire que la République tente de réinvestir certaines zones. Le calme serait dès lors davantage inquiétant.
C'est donc dans ce contexte qu'il faut situer l'incident de mercredi dernier.
 
Bien évidemment, notre poète du 9-3 s'est fait interpeler d'autant plus violemment qu'il a tenté de résister aux forces de l'ordre qu'il a également copieusement insultées. Les policiers qui on porté plainte se sont vus offert un dédommagement de 75 euros par le tribunal de Bobigny qui jugeait en une seule fois l'insulte au Président et aux forces de l'ordre, les faits de rébellion n'ayant pas été retenus. J'imagine qu'après cette peine exemplaire, les policiers ne doivent pas avoir trop de regrets d'avoir malmené ou tabassé l'individu en question lors de l'interpellation. Il faudra d'ailleurs un jour tenter de comprendre certaines bavures policières à l'aune de certains dénis de justice qu'ils subissent. Ben oui, excusez-moi, on peut essayer aussi de comprendre les policiers. Ce n'est pas un privilège qui devrait être réservé aux seuls voyous des cités.
 
Ce qui est également intéressant, c'est le système de défense de l'avocate, sans doute commise d'office, de notre charmant jeune homme au langage si châtié. Premièrement, il n'a pas de casier, ce qui suppose que dès lors que l'on a un casier vierge on a droit à son petit délit gratuit en conséquences. Deuxièmement, il ne faisait qu'exprimer son opinion. Intéressant de voir où vont se nicher les opinions de certains. Mais il semble que le juge ait été sensible à ce réquisitoire. Espérons qu'il sera aussi clément pour celui ou celle qui un de ses jours lui exprimera dans les mêmes termes ses opinions.
 
Vive les progrès de la démocratie en France !

jeudi 24 juin 2010

Villepin : entre escroquerie et populisme




Avant d'entrer dans le vif du sujet, je dois avouer qu'en 2003, comme beaucoup d'autres j'ai été suffisamment impressionné par le discours de Villepin devant le conseil de sécurité de l'ONU pour penser que cet homme avait peut-être un destin politique. Il faut dire que son discours avait de la gueule et qu'en même temps je ne voyais pas de personnage d'envergure capable de représenter la France dans un avenir proche. A cette époque je n'imaginais pas encore Sarkozy succéder à Chirac ni un autre d'ailleurs. Villepin était donc une possibilité sérieuse. En le nommant premier ministre Chirac a sans doute anéanti ses chances en révélant un homme qui n'avait finalement pas la carrure d'un véritable homme d'Etat, dissimulant mal son manque de vision et de fermeté derrière des discours devenus pompeux.
L'homme ensuite semblait être voué à l'oubli. N'ayant jamais (osé ?) affronter les électeurs, il ne disposait d'aucune tribune pour se faire entendre, pour montrer sa différence. Et c'est là qu'intervient Sarkozy en lui offrant une tribune inespérée avec le procès Clearstream. La haine de Sarkozy vis-à-vis de Villepin relance de fait le personnage. La haine de Villepin vis-à-vis de Sarkozy deviendra le moteur de son retour politique qui l'amène aujourd'hui à lancer son mouvement.

 
Donc, le 19 juin dernier, Villepin a lancé son mouvement « République solidaire » destiné à rassembler large. Car il s'adresse s'adressant à ceux de « droite, du centre, de gauche, les gaullistes, les libéraux, les socialistes, les communistes » ainsi qu'aux "orphelins de la République". Du moins ceux qui s'estiment tels. Ce qui néanmoins a permis lors de ce premier rassemblement de voir communier le XVIème et la banlieue. Il faut dire qu'il y en a pour tout le monde chez lui. Que vous soyez de gauche, de la droite la plus libérale, de la banlieue ou des beaux quartiers, vous trouverez ce qu'il vous faut chez Dominique. Et c'est peut-être ça qui devrait inquiéter. Car derrière un discours qui se veut rassembleur il n'y a pas de vision pour la France. Rien qui puisse faire vraiment vibrer. Alors chacun dans le discours fleuve de Dominique trouvera quelque chose pour lui, mais tous rassemblés ne trouveront certainement pas ce qui pourrait les unir. A moins que l'anti-sarkozysme ne soit devenu le nouveau trait d'union.

 
Car le discours de Villepin est pour une large part centré sur la dénonciation du sarkozysme. Si jamais il ne cite le nom de son ennemi, l'ombre maléfique de ce dernier flotte sur l'assemblée. "Nous n'acceptons pas les dérives du débat sur l'identité nationale", "nous n'acceptons pas les petits jeux tactiques de l'ouverture", "nous n'acceptons pas qu'un gouvernement se lance dans une fuite en avant sécuritaire et que le karcher tienne lieu de politique". "Le rendez-vous présidentiel de 2007 a été une occasion perdue de dénouer le drame des divisions françaises".

 
Mais au-delà de l'expression de la haine pour Sarkozy, Villepin fait des propositions. Il s'adresse à chacun en particulier.
 
  • Aux jeunes, en voulant imposer un pourcentage minimum de moins de 25 ans dans chaque entreprise de plus de 500 salariés.
  • Aux patrons,  en faisant  baisser le cout du travail et en supprimant les 35 heures.
  • Aux riches, en supprimant l’ISF
  • A ceux qui n’aiment pas les riches en supprimant le bouclier fiscal (qu’il a lui-même instauré).
  • Aux Allemands en ciblant la baisse des dépenses et en augmentant la fiscalité, y compris celle de l’épargne..
  • Aux nationalistes en condamnant la réintégration de la France dans les structures intégrées de l’OTAN (ce dont il fut un des acteurs)
  • Aux étrangers ou Français d’origine étrangère en proclamant "Notre mémoire ne se résume pas à nos ancêtres les Gaulois", "sortons d'une politique des banlieues encore empreinte de réminiscences coloniales"
  • Aux profs en sanctuarisant les budgets de l’éducation, de l’enseignement supérieur de la recherche.
  • Aux écolos, en liant l’écologie au progrès social.
 
Il y en a donc pour tout le monde. Mais Villepin sait de quoi il parle. Car il connait la France. Il a voyagé dans l'hexagone et a rencontré des gens et même des cochons. "L'humiliation des ouvriers", "l'angoisse des mères", "le désespoir des agriculteurs", "la colère de ceux qui vont devoir payer pour une crise dont les responsables s'en tirent toujours à bon compte", des "Français exaspérés", "la crise qui a ruiné les Etats", "les salaires qui se creusent", "un monde de déséquilibre" ou les "puissances émergentes accumulent le capital et nous le dilapidons", la France qui devient une "puissance secondaire"... Il a vu tout cela en sillonnant la France.

 
Tout cela est beau, séduisant, dit avec emphase sous les acclamations des bourgeois et des jeunes banlieusards qui se souviennent que Villepin était contre la guerre en Irak. Ça ferait presque oublier que l'homme a déjà exercé le pouvoir quand il n'en a pas été très proche. Et que finalement on aurait peut-être aimé qu'il se donne la peine de faire connaissance avec la France à ce moment là.
Villepin semble oublier qu'il fut secrétaire général de l'Elysée de 1995 à 2002, surtout quand il veut "des ministres qui ne soient pas aux ordres des conseillers politiques de l'Elysée sans légitimité politique". A droite, beaucoup se souviennent de la dissolution 1997, son œuvre à lui qui ne fut jamais élu.
Il semble oublier qu'il fut ministre de la République de 2002 à 2007, aux postes les plus élevés (affaires étrangères, intérieur, premier ministre) et qu'il a œuvré pour la mise en place de choses qu'il dénonce aujourd'hui, voire en a été l'initiateur.
La réintégration dans l'OTAN était prévue de longue date. Ça faisait bien longtemps que les états-majors des armées s'y préparaient parce que ça ne se fait pas comme ça un tel changement.
Le bouclier fiscal a été mis en place par lui quand il était premier ministre. Certes, il était à 60%. Sarkozy n'a eu qu'à le porter qu'à 50.
Sans parler de toutes ces mesures qu'il propose mais dont on n'a entendu mot quand il était décideur.

 
Alors M. de Villepin. Amnésique ou imposteur ? Visionnaire ou démagogue ? En tout cas pas gaulliste.

mardi 22 juin 2010

Lozès, noir tout simplement. Oui, tout simplement !



Depuis quelques jours, en fait depuis la pitoyable défaite de l’équipe de France face au Mexique, qui d’ailleurs ne l’avait jamais vaincue auparavant, Patrick Lozès, «noir tout simplement »  et seulement noir d’ailleurs, nous pond quotidiennement sur son blog du nouvel obs un billet sur les bleus et leur encadrement. Sans oublier aujourd’hui des commentaires sur certaines réactions, notamment celle de Alain Finkielkraut, un peu plus élaboré lui parce que pas tout simplement blanc.

Avant d’aller plus loin et d’arriver au cœur de mon propos, autant tout de suite vous dire pourquoi j’écris ce billet. Tout simplement (mais ni noir, ni blanc) parce que M. Lozès aime la diversité dans les couleurs mais pas dans les opinions. Et que donc le commentaire que j’ai déposé sur son blog ce matin a été censuré, avec d’autres bien sûr. M’attendant à cette réaction, non pas parce que mon billet était insultant, mais parce que je connais la grande ouverture d’esprit de l’individu, j’avais pris la précaution de copier ce commentaire, me disant que la censure dont j’allais faire l’objet me fournirait un prétexte pour un billet. Sinon je vous aurais parlé de Villepin. Bientôt peut-être.
En tout cas merci M. Lozès : on peut être noir, tout simplement, même complètement noir quand on écrit ses textes, et inspirer le toubab.
Donc je reprends.

Lozès écrit sur les bleus. Je ne sais pas si il aime le foot, s’il y connait quelque chose, parce que ça vous ne pourrez guère le déceler dans ses billets. Par contre cette équipe, vu sa composition, plutôt sa coloration, l’intéresse au plus haut point car tout est bon, comme dans le cochon, pour promouvoir cette fameuse diversité dont certains esprits, sans doute mal intentionnés, vous expliqueront qu’elle est une des causes de ce fiasco français ( ?) en Afrique du Sud.
Mais chez Lozès, la couleur, le taux de mélanine, sont des obsessions et sans doute également des inhibiteurs neuronaux. En tout cas le noir guide sa pensée. Et là, bien sûr, il est servi. Quoique !


Lozès commence par un texte publié le lendemain de la prestation pitoyable de l’équipe de France. Un texte somme toute banal qui ne mérite guère d’attention sauf tout de même deux points :
1.       les autorités sportives doivent faire en sorte que le sélectionneur et les joueurs soient dans
les meilleures conditions et le sélectionneur doit bien sélectionner. Au vu des résultats, on conçoit que 500 et quelques euros par joueur et par nuit, c’est un peu pingre de la part de la fédération. Quant au sélectionneur, no comment. Tout ça pour dire qu’il y a une part de responsabilité de la part des autorités sportives et de l’entraîneur dans cette déroute. Soit !
2.      les joueurs ont choisi de polémiquer avec Rama Yade et c’est une attitude déplorable. Dont acte ! Mais comme Yade est noire, ceci explique peut-être cela. Il faut tout de même ménager la seule ministre, même si elle n’est que sous-ministre et ne sert à rien, noire du gouvernement. Et puis on ne sait jamais, un peu de bienveillance vis-à-vis du gouvernement ça peut toujours servir. Une mission peut-être ou pourquoi pas, un maroquin dans le cas où on chercherait des divers dans un prochain remaniement.
Bon un billet pour ne pas dire grand-chose.
 
Le surlendemain, l’affaire Anelka est passée par là et le ton change.
« Anelka, le coupable idéal » nous dit Patrick Lozès et de finalement reprendre les accusations de « traitrise » à son compte, car nous dit-il ce qui est privé n’est pas public, et réciproquement sans doute. Saluons au passage cette découverte. Mais comme l’affaire a été rendue publique (mais par qui ?) on ne peut alors que sanctionner. Mais attention, il ne faut pas se fier à ce que dit la fédération qui a fait d’Anelka la victime expiatoire évitant aux autres de se pencher sur leurs responsabilités. Je vous laisse juge de l’interprétation que fait Lozès de cette affaire. Une théorie du complot.
En même temps on en profite pour égratigner Finkielkraut qui avait, ou aurait osé, le salaud, parlé il y a quelques années d’une équipe « black, black, black » risée de l’Europe. Cette ordure de philosophe profiterait de l’affaire Anelka pour se «refaire une virginité ». Tiens ! On commence à glisser sur le terrain du racisme. Peut-on en déduire que la couleur d’Anelka serait une cause de ses déboires ? Ce n’est pas dit explicitement, mais…

Le jour où est écrit ce billet, l’équipe de France fait grève d’entrainement. Ce qui fait bien entendu réagir Lozès dès le lendemain. « La déliquescence de la fédération française de football » titre notre pharmacien noir tout simplement. Singulier titre pour commenter une action jugée ailleurs peu glorieuse. Car Lozès « ne pense pas qu’en se rebellant dimanche en Afrique du Sud, les joueurs de l’équipe de France de football (FFF) aient manqué de respect au maillot de l’équipe de France. » Ils ont simplement réagi  face à une fédération qui ne les respecte pas. Et l’affaire Anelka et la manière dont elle a été exploitée est symptomatique de ce manque de respect et de cette instrumentalisation. Suit une longue diatribe sur la fédération plus sensible à ses intérêts financiers qu’à l’équipe de France et qui doit se régénerer. Mais pas n’importe comment : « Il est temps aussi que l’on en profite pour faire une place accrue aux femmes et à la diversité ». Ça y est, le mot est lancé – diversité. Car dites-vous bien qu’à la place de femmes vous auriez pu trouver homosexuels, paraplégiques, trisomiques, paludéens, hermaphrodites, dépressifs, alcooliques anonymes. Seule importe la diversité. Et si on connait un peu Lozès, diversité ça veut dire noir. Incorrigible ce Lozès : il n’y a pas trop de noirs dans l’équipe, mais certainement pas assez dans le staff. 


Aujourd’hui, enfin, un billet pour agresser Finkielkraut qui s’en est pris vertement aux joueurs de l’équipe de France sur Europe 1 puis France Inter. Ce dernier a affirmé que l'équipe de France de football souffre de « division ethnique » et de « division religieuse », et qu'elle serait une « équipe de voyous » à la « morale de mafia », « de gens qui se foutent de la France ». Et a stigmatisé l’esprit des cités qui prend le pas sur l’esprit de la cité. Et donc Lozès de mettre en garde contre les dérives racistes et de dénoncer un procès fait injustement à la diversité.

Pour conclure son billet, et c’est sans doute ce qui m’a mis de mauvaise humeur alors que le venais à peine de me réveiller, Lozès écrit sans se rendre compte du ridicule, de l’absurdité, de la … (autocensure) de ses paroles que « Quels que soient ses résultats, l'équipe de France de football représente la France et doit, en cette qualité, être respectée, au même titre que La Marseillaise ».

Je vous livre donc ici le commentaire que je lui ai adressé et qui fut censuré quelques minutes plus tard.

 

"l'équipe de France de football représente la France et doit, en cette qualité, être respectée, au même titre que La Marseillaise."
Lire ça à peine réveillé remet tout de suite en cause le sentiment d'être éveillé. Non, je rêve là. Plutôt je cauchemarde. Respecter ça, cette bande de bons à rien, de voyous illettrés (pour la plupart). D'ailleurs vous devriez vous demander pas qui ils sont manipulés, parce que je doute qu'aucun d'eux ait été capable de pondre le communiqué lu par Domenech. Pouvaient-ils d'ailleurs le lire ?
Finkielkraut a raison. Ce sont des racailles pour la plupart. L'esprit de clan (ethnique, religieux...) domine.
Cette équipe montre de façon patente les limites de la diversité. La diversité c'est du vent. Ce qui compte c'est l'esprit, l'intelligence, la culture des gens, pas leur couleur. En prônant la diversité, vous faites de la couleur une caractéristique essentiel, un droit et vous dispensez ceux qui ont la "bonne" couleur selon vous de faire les efforts nécessaires pour s'élever. Vous, comme toutes les officines antiracistes (non vues d'ailleurs à Belleville ce week-end, mais sans doute que la couleur jaune est moins porteuse), êtes l'artisan des divisions qui ravagent ce pays, et paradoxalement sous prétexte de les combattre.
Censurez-moi si vous voulez maintenant. Nul doute que la diversité des opinions est moins importante que la diversité des couleurs. 
 


 
Vous conviendrez que ma dernière phrase, au moins celle-là, avait quelque pertinence.
Pour terminer et comme j’apprécie beaucoup Finkielkraut je vous mets la vidéo de son intervention hier sur France Inter.