"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 8 avril 2010

La France et Sarkozy

La France sarkozienne ne doit pas manquer d'étonner les observateurs étrangers, d'autant plus qu'elle peut même étonner les observateurs de l'intérieur.
Le soir même de l'élection de notre nouveau Président, avant même donc qu'il ne prenne ses fonctions puisqu'il est d'usage de laisser à son prédécesseur et à son équipe le temps de choucrouter quelques documents peut-être compromettants, des voitures brûlaient en marge de manifestations d'hostilité. Bon c'est vrai que Ségo avait averti que si elle n'était pas élue, on aurait certainement des troubles du côté de la banlieue ; bien évidemment en disant cela elle n'a pas poussé au crime, mais fait preuve de la sureté de son jugement et montré son esprit visionnaire.
Enfin passons ! Ces mouvements d'humeur ne furent pas pires que les manifestation d'allégresse observées lors de chaque Saint-Sylvestre depuis des années, et des victoires footballistiques (what else ?) de l'Algérie.


Par contre, ils furent le début d'un mouvement qui n'a cessé depuis : la contestation d'un pouvoir pourtant démocratiquement élu, de plus avec une majorité confortable. D'aucuns diront que c'était pareil sous Chirac, ce qui est sans doute vrai, mais par contre je ne me souviens pas d'une telle vigueur dans les attaques.
Celles-ci ont d'abord porté sur le plan personnel : le Fouquet's, le yacht de Bolloré, le divorce, le remariage. Faut dire qu'on n'avait pas encore grand chose à se mettre sous la dent et qu'il ne restait que le style bling-bling comme argument suprême de la connerie des Français qui avaient voté pour Sarkozy. Mais ce n'est pas sans importance tout de même, j'y reviendrai.

Et puis, il y a eu les premières réformes qui finalement, malgré l'opposition traditionnelle et attendue des forces de gauches et des syndicats sont assez bien passées. Après tout, il avait été élu sur un programme de réformes. Mais la crise arriva, une crise mondiale, d'ampleur gigantesque qui telle un raz-de-marée bouscula tout sur son passage et surtout les pays les plus développés. Avec elle, le chômage, la précarisation, l'angoisse des lendemains. Et bien sûr, même si par ailleurs il semble que la France s'en soit mieux sortie que ses voisins, le coupable des malheurs présents et à venir ne pouvait être que Sarkozy avec ses réformes, son amour de l'argent et des riches, sa manière de gouverner, l'inconsistance de ses ministres, cela allant de paire avec le reproche précédent. Bref, c'était mieux avant. Preuve en est que Chirac devient personnalité préférée de Français, lui à qui on avait justement reproché son immobilisme, avec Strauss-Kahn qui est en train de sauver le capitalisme à Washington avant de venir sauver le socialisme en France, ou Rama Yade, jolie frimousse exotique qui parle beaucoup mais dont on ne sait pas vraiment ce qu'elle fait. Même le Premier Ministre devance largement Sarkozy dans les sondages, mais il ne fait pas grand chose non plus, malgré lui sans doute car c'est un homme de valeur, mais c'est comme ça. Parce que Sarkozy, contrairement à ses trois prédécesseurs symbolise à lui seul le pouvoir. Les ministres n'ont même plus à tenir leur rôle traditionnel de fusible.

Pour résumer, ce qui nuit à Sarkozy dans l'opinion publique, c'est une vie privée qui l'éloigne d'un style présidentiel traditionnel et un mode de gouvernement atypique où il prend tous les risques, le tout amplifié par une crise mondiale qui l'empêche de tenir ses promesses électorales, en termes d'emploi, de prospérité sociale, de réduction des inégalités. Mais ce qui est intéressant, c'est que les problèmes que connaissent les Français restent imputés principalement à la vie privée et au mode gouverner de l'intéressé.


En fait, c'est parce que Sarkozy n'est qu'un Français de seconde génération et n'a pas tout compris à la France et aux Français. Il est intégré mais pas encore complètement assimilé. Parce qu'il n'a pas compris que la France est un pays partagé entre la tentation jacobine et la tentation féodale.

Pour faire court, la France est capable de se donner toute entière ou presque à des hommes qui peuvent la mener loin ou qui ont un discours de grandeur pour elle, qui peuvent faire croire qu'elle a une destinée à part dans le monde. Elle s'est donnée ainsi à Napoléon et à de Gaulle. Mais aux hommes qui tiennent ce discours, elle ne pardonne pas l'échec. Par ailleurs elle se lasse aussi de ce type d'hommes. Même si plus tard, elle en appellera à leurs mânes en période de doute. Les discours de Sarkozy sur le travail, sur la croissance, sur l'identité nationale, sur la sécurité, ont pu laisser croire qu'il était cet homme providentiel qu'on attendait pour nous sortir de 30 années de marasme. La crise a démontré qu'il n'avait pas plus de possibilités que les autres d'échapper à un destin qui le dépasse. L'identité nationale a été battue en brèche par tous les bienpensants qui ont refusé ce débat pourtant nécessaire. Et l'insécurité semble toujours présente. Triple échec imputable à la mondialisation et aux blocages de l'opposition aidée largement par les médias.

Devant ces déconvenues, les Français, comme d'habitude retournent à leur réflexe féodal. La recherche de leur bien-être dans le corporatisme. Parallèlement, les potentats locaux tiennent un discours de révolte. Aux régionales, on en appelle au vote à gauche pour contrer le pouvoir central de droite ; même si c'est un peu débile, ça passe. Des départements aujourd'hui, émettent la volonté de se mettre hors la loi en votant des budgets déficitaires. C'est la Fronde qui recommence. mais pas plus qu'elle n'a de chance d'aboutir contrairement à celle qui menaça le jeune Louis XIV, elle ne pourra être réduite au silence. Sarkozy n'enfermera pas les barons locaux dans une prison dorée comme Louis XIV avait enfermé les grands nobles à Versailles, créé essentiellement dans ce but. Ce sera donc en fait la confrontation de deux impuissances, car nous ne sommes pas un Etat fédéral,  mais dont les effets de parole empêcheront la nécessaire unité pour surmonter notre malaise vieux de trente ans.

L'esprit féodal qui imprègne l'inconscient collectif des Français, c'est également une image du seigneur. même si on ne l'aime pas, même s'il abuse de son pouvoir, on le respecte mais sous certaines conditions. En contrepartie des ses droits, le seigneur a des devoirs dont celui essentiel de protéger. On a vu que les circonstances n'ont pas permis à Sarkozy de le faire bien. Et puis le seigneur, c'est en quelque sorte la personne qu'on ne peut atteindre, celle qui marque un certain éloignement et dont les comportements privés ne regardent pas le bas peuple. On n'attend pas du seigneur qu'il se penche sur les menus problèmes de la vie quotidienne, qu'il reçoive en son palais les conducteur des bus brulés par la racaille de banlieue ; et on ne s'attend pas à ce qu'il se comporte comme un gagnant du loto.

Le discours du candidat Sarkozy en 2007 m'a plu. Sa volonté toujours présente de réformer me plait. Les échecs actuels peuvent être compris en dehors de sa personne. Mais ses comportements, même s'il se soigne, m'irritent.

10 commentaires:

  1. ce soir du 6 mai, je me mis en web
    je cherchais ce que la gauche avait à dire de sérieux pour construire un contre pouvoir digne de ce nom
    Je n'avais pas donné blanc seing à NS
    A l'intérieur il avait rempli les prisons, noyé une Justice qui n'attendait que ça
    A Bercy il n'a pas rempli les caisses
    La politique de l'immigration poserait problème
    En ce web je n'ai trouvé que médiocre combat de la Rollex à la dictature certaine
    dans un coin il y avait le blog de Romain: lui, imbu du désir d'avenir s'était choppé 4 mois fermes en comparution immédiate
    Il est la première victime de cette gauche hypocrite
    Ne restait qu'à espérer que la France sorte de cette torpeur
    J'espère toujours
    Je vole dans les plumes à Marius avec son stéréotype de mec de banlieue
    Mais pour le moment une seul personne est capable au milieu d'une jungle charismatique: vous choisissez, crever ou survivre, oui, la vie est injuste
    Cette personne c'est NS
    Le néieme projet de ville Fadéla, s'est planté, et là il l'a laissée seule sans moyens avec sa grande gueule
    Que faire de ce fatras, je le lui ai dit dans son blog maintes fois
    NS ne m'exaspère pas
    Il sera victime de poissons pilotes qui n'auront pas fait barrages , d'une volonté bien française à refuser un autre style, refuser celui qui n'est pas né dans le sérail
    Juste né dans cette maternelle de Neuilly, où dans son dos Pasqua a fait tirer sur le Human Bomb
    Nous n'avons qu'une solution, combattre avec lui
    Ca m'emmerde parce que il a une zone imprévisible et seul dans l'international c'est risqué

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  2. Il déconne beaucoup trop en ce moment, mais c'est justement pour ça, parce qu'il est affaibli qu'il ne faut pas l'accabler, ne serait-ce que par principe d'honneur droitier : On a voté pour lui. Mais on a le droit de gueuler qu'on n'est pas contents. je respecte l'esprit de labeur de cet homme, son exténuation, au point qu'il semble en perdre parfois le sens commun le plus élémentaire. Son rôle n'est pas en effet de recevoir les chauffeurs de cars agressés ... ni de se fourvoyer à répétition dans des histoire de culs dignes des boniches du showbiz.
    Tiens : sur les gendarmes : > http://www.dailymotion.com/video/xcslz6_gendarmerie-arretons-le-massacre-pa_news
    Mmouai!...

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  3. "Dans la gestion des crises, Georgie ou automne noir 2008, il a su réagir avec sansg(froid et détermination" :Julliard cette semaine (ça fait deux chroniques où le vieux cycliste reveint à son ancienne objectivité. pas trop tôt!...

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  4. Je suis d'accord avec vous deux. Ne vous méprenez pas : moi aussi j'ai voté pour lui en 2007 et je revoterai pour lui en 2012 s'il se représente. J'essaie seulement d'expliquer ce qu'on appelle maintenant le désamour qui existe entre lui et les Français. Et celui-ci ne s'explique pas tant par ses réformes que par une attitude et un comportement éloignés de ce que le peuple attend du premier des Français. Etre le Président de la République, ce n'est pas seulement succéder à son prédécesseur, mais appartenir à une longue lignée de chefs d'Etat, rois, empereurs, présidents, dont le prestige de certains marque encore et pour longtemps nos esprits. Le Président peut se permettre beaucoup de choses s'il montre de la hauteur. Sarkozy ne manque pas de hauteur de vue, mais son personnage manque de hauteur. Et en France, même s'il s'agit d'une vision de type féodal comme je le pense, c'est rédhibitoire.

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  5. Vu la vidéo. D'ici à ce que le FN ne milite pour la création d'un syndicat de gendarmes, il n'y a plus qu'un pas à franchir. ça me laisse rêveur. J'imagine bien le borgne et sa fifille se laisser chatouiller par quelques gendarmes connaissant des états d'âme.
    Au fait, il faudrait qu'elle commence à apprendre les grades, la Marine avant de causer.
    Sur le fond maintenant : la baisse des effectifs de la gendarmerie est très minime. Elle succède d'ailleurs à une hausse substantielle. C'est la seule armée qui a gagné des effectifs après la professionalisation et qui a réussi à éviter d'avoir trop de fonctionnaires pour les tâches administratives (- de 2000 contre près de 20000 pour l'armée de terre). Quant au statut militaire, il n'est pas en danger. Mais s'ils se comportent en syndicalistes, ils méritent de le perdre après tout. Un militaire n'intervient pas dans les médias contre le chef de l'Etat, ni n'écrit de poèmes le salissant : c'est du moins comme cela que je conçois les choses.

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  6. oui, une certaine élégance manque, elle devrait être compensée par la Première Lady.Mais là on a eu la totale, mise à part son silence et ses robes de la rue Cambon, je ne sais au juste quelle consistance
    Deux fiancés de la République n'ont pas séduit longtemps
    Mais quand on redescend en NOBS , ça encourage à espérer

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  7. Poutr info.Brut de décof. reçu de mon copain Gendarme, cette nuit:
    Surprise dans la Gendarmerie nationale : son directeur général (DGGN) Roland Gilles est remercié ! Le conseil des ministres de ce matin a en effet décidé de remplacer le général Gilles, nommé en juin 2008, par son numéro 2, le général Jacques Mignaux, qui était jusqu'à présent major général. La passation devrait avoir lieu avant la fin du mois. > > Selon nos informations, Roland Gilles devrait être nommé ambassadeur en Bosnie, ce qui s'apparente à un lot de consolation. Le général Gilles a eu la lourde tâche de piloter concrètement le rattachement de l'Arme au ministère de l'Intérieur, une réforme mal vécue en interne. Sur le plan des textes, le processus est achevé. Il pouvait passer la main et s'attendait d'ailleurs à le faire à l'été. La méthode employée par l'Elysée est pourtant d'une grande brutalité.> > Selon nos informations, la décision a été prise durant le weekend et le général Gilles en a été officiellement informé hier à peu avant 17 heures ! > > Il ne faut sans doute pas surestimé l'importance de l'affaire Matelly dans cette décision. Certes, la grogne de la base gendarmique n'a pas arrangé la situation. Le poème antisarkosyste d'un adjudant-chef, comme le détournement du film La chute où le président de la République est comparé à Hitler n'a sans doute pas été apprécié avec tout l'humour nécessaire... > > Dans cette période difficile pour elle, le général Gilles a défendu sa maison et cela ne lui a pas valu que des amis dans les cercles policiers très influents en haut lieu. Aucun fait particulier ne lui est reproché. Son successeur, Jacques Mignaux, a, lui, été , membre du cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur. > > Mignaux sera-t-il le dernier général nommé DGGN ? Il y a quelques semaines, un grand responsable policier proche de l'Elysée le disait - estimant que les suivants seraient des préfets.Le général Creux à la DPSD> Le général (air) Antoine Creux est nommé à la tête de la DPSD (Direction de la protection et de la sécurité de la Défense). Le général Creux était chef de la division Organisations internationales à l'état-major des armées. Il succéde donc au général Bolelli, récemment nommé Directeur du renseignement militaire

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  8. Pour la first Lady number Two comme dit Cimabue, on tombe de Charybe en Scylla. j'ai espéré un temps la conscience de la situation mais non. Que ce soit peut-être lui qui a refait de mariole, passe encore, ça arrive, et qu'elle ait voulu se venger, ça arrive aussi ( à moins qu'elle ait découché d'autor?)mais elle aurait pu chosir autrechose que ce que la rumeur lui prête!... pas cette épave. Un homme, un vrai, ily en a encore en France. peut-être pas à Paris, notez bien...

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  9. CharyBde (ou Charibde?) (et c'est peut-être Sylla ou cylla?) oublié l'orthographe.

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  10. Oui Sarkozy a des manières un peu cavalières avec les militaires si j'ose dire.
    En févier dernier il doit choisir son chef d'état major particulier. Il fait son choix, reçoit l'intéressé un jour vers 12h00 et lui confirme sa date de prise de poste. Ce dernier qui est le chef du cabinet militaire à Matignon (4 étoiles) organise son pot de départ. A 20h00, le même jour, il est prévenu par l'Elysée que le Président a changé d'avis.
    Mais il sera tout de même dédommagé par une cinquième étoile.
    Enfin, il y a quelque chose qui ne passe pas très bien entre les militaires et Sarkozy. En général ceux qui ont fait un service de planqué ont une mauvaise image de l'armée, c'est peut-être pour ça.
    Pour info, c'est depuis assez peu de temps que les directeurs de la gendarmerie sont des généraux de gendarmerie. Si ma mémoire estbonne, le dernier nommé est le troisième. Avant c'était des hauts fonctionnaires.

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