"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 14 avril 2010

Action directe et dysfonctionnements de la justice

"Nous étions jeunes et cons. Nous croyions bêtement à une idéologie nauséabonde qui a révélé son caractère criminel pour l'humanité. Au nom de cette idéologie nous avons posé des bombes et assassiné. Assassiné des gens sans défense parce qu'ils représentaient à nos yeux ce système que notre idéologie nous ordonnait de détruire. Nous nous sommes trompés, nous avons semé la mort, la tristesse et le désespoir au nom d'une illusion. Nous ne demandons pas le pardon, nos crimes sont trop graves et tellement dénués de sens que nous ne le méritons pas. Nos regrets, nos excuses aussi sincères soient-ils ne pèsent rien à côté du mal que nous avons fait. Puisse simplement notre histoire éviter qu'elle se reproduise sous cette forme ou sous une autre."

Voilà cette déclaration à laquelle vous n'aurez jamais droit de la part des sinistres membres d'Action Directe, ce mouvement terroriste d'inspiration marxiste qui sema mort et dégâts entre 1979 et 1987.
Avant de passer au cœur du sujet, nous noterons tout de même, ceci à l'usage des thuriféraires de la mémoire de l'abject François Mitterrand, que deux des principaux membres de ce groupe terroriste, Rouillan et Ménigon, furent arrêtés une première fois en 1980 et amnistiés par sa majesté Tonton 1er. C'étaient après tout les cousins éloignés d'une même famille.
Plus de 20 ans après leur dernière arrestation et leur condamnation à deux fois la perpétuité, les membres principaux de l'organisation ont connu le régime de semi-liberté ou ont été libérés sous condition. 
Aubron, la première libérée pour raison de santé et première bénéficiaire de la mansuétude bourgeoise, est sortie de prison en 2004 et décédée en 2006, le cerveau rongé par une tumeur mais pas par le remord. 
Ménigon a bénéficié d'un régime de semi-liberté en 2007 et bénéficie d'un regime de liberté conditionnelle depuis 2008. Jamais l'expression d'aucun regret.
Rouillan, un pote à Besancenot, a bénéficié d'un régime de semi-liberté fin 2007, révoqué en 2008 pour apologie de la lutte armée suite à une interview donnée dans l'Express. Merci à Christophe Barbier.
Et aujourd'hui, c'est Cipriani qui bénéficie du régime de semi-liberté. Dans un an la conditionnelle s'il la ferme. N'attendons pas non plus de regrets de ce côté.

Voilà donc quatre sinistres individus qui condamnés à deux fois la perpétuité, ce qui fait quand même pas mal d'années se retrouvent ou se sont retrouvés à respirer le même air que nous plus ou moins vingt ans après leur jugement.
Parce qu'en France la loi et la justice permettent que deux fois la perpétuité se réduise à vingt ans. Parce qu'on ne conçoit plus l'enfermement à vie. Même si ceux qui bénéficient de ces lois clémentes n'ont finalement rien appris de leurs crimes et parviennent encore à en faire l'apologie.
Dix années plus tôt on les aurait guillotinés sans doute. Mais au nom d'une certaine conception de l'humanité, ça ne peut plus se faire, même si les bénéficiaires de cette clémence sont eux-mêmes dépourvus d'humanité.
Après tout pourquoi pas ? On peut en discuter, même si pour ma part l'élimination de tels individus ne pourrait que me réjouir. Mais faut-il pousser la clémence au point de les voir circuler vingt ans après dans nos rues ?
En 1987, j'étais proche de mes trente ans. Je me souviens fort bien d'Action Directe, de ses membres, de leurs meurtres sur des personnes sans défense, de leur arrogance à leur procès. Jamais je n'aurais pensé qu'un jour, je pourrais éventuellement croiser cette raclure de l'humanité à nouveau sur mon chemin, libre de toute entrave. Et pourtant ?

Les réactions que j'ai pu lire ici ou là à chaque libération d'un de ses salopards montrent que mon avis sur la chose est assez partagé et que si la justice est rendue au nom de peuple français, selon l'expression consacrée, ce peuple peut se montrer écœuré à en vomir de l'exécution de cette justice.

Au-delà du cas spécifique d'Action Directe, force est de constater que l'éventail des peines, en France, permet bien difficilement de hiérarchiser les crimes et délits, et que donner la mort, gratuitement, n'est finalement guère plus grave qu'un cambriolage.
De fait on n'est plus capable de faire de tri entre ceux qui pourraient ou devraient concevoir la prison comme une sanction doublée d'une possibilité de réinsertion, à condition que la pénitentiaire puisse s'occuper de réinsertion, et ceux qu'on doit mettre à l'écart de la société, et pourquoi pas définitivement, à cause de leur dangerosité pour elle. A mélanger tout ce monde, à ne pas faire grande distinction entre les différents crimes et délits, on néglige totalement l'aspect réinsertion de ceux qui en ont besoin. 
Voilà à quoi a mené l'abolition de la peine de mort et l'incapacité prévoir une vraie peine de substitution et de définir une échelle de peines en adéquation avec les crimes et les délits.

3 commentaires:

  1. bonjour Expat
    je pense que quelle que soit les aménagements et les remises de peines, quelle que soit le niveau de réinsertion effectivement costeaud par leur niveau inelectuel, ces derniers révolutionnaires resteront enfermés, dedans, dehors, qu'importe, surtout dans la conduite ferme de ne jamais se renier
    Ménigon, ad patrés aprés des souffrances atroces, majorées par l'enfermement, les autres ne feront pas long feu
    si l'un d'eux me demandait asile je le ferai, sans être aucunement d'accord avec quoi que ce soit de leur parcours
    Rouillan s'est laissé avoir chez Barbier, ou pas?
    Il faut avoir une pensée forte pour la soeur de Besse qui n'a jamais eu les moyens de comprendre cette action, qui pouvait comprendre? et qui mourra en attendant que l'on demande pardon
    pour moi AD n'est qu'un suicide clairement mûri autour d'une idéologie
    un truc un peu surréaliste, mais plus "confortable" que ces crimes des bandes...pour le plaisir de tuer
    "nés pour tuer", "Pulp fiction", mais Tarrentino encore là doit etre incompatible avec leurs neurones
    excusez moi, Expat, je sais je vous choque
    vous voyez, en bas , il existe un blog, à base de riches et de pauvres, le socle qui excuse ou rédempte certaines idéologies qui peuvent virer come AD, est là
    quant aux barbares sans neurones, là encore on les plaint

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  2. Ce que dit Parker est trop ardu pour mon cigare : Dans le feu de l'action (c'est le cas de le dire) quand on les avait pris : Une balle dans la nuque (je vois tant de gens souffrir dans les hostos et qui n'ont fait de mal à personne, eux). Sinon, si on tenait après 20 ans de cellule à vérifier leur éventuel amendement en vue d'une réintégration sociale, et donc ayant constaté l'absence totale de remords de chacun : une mauvais pillule dans la gamelle et "Au revoir", vu ce que ces merdes vivantes ont coûté depuis vingt ans à la société qu'ils haïssent.

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  3. Bonjour Cimabue,
    je ne sais pas si l'idéologie leur a servi de prétexte pour exercer leurs talents d'assassins ou s'ils étaient sincères. Le mouvement était européen avec la Rote Armée Fraktion en Allemagne et les Brigades Rouges en Italie, en particulier.
    Ce qui est sûr, c'est que chez les Allemands le problème d'une libération ne s'est pas posée avec les leaders Baader et Meinhof retrouvés opportunément suicidés dans leurs cellules.Un problème peut-être réglé selon la méthode Marius.
    Pour les Italiens, le souvenir reste vif grâce à l'accueil fait à ces terroristes par Mitterrand relayé aujourd'hui dans son soutien par Carla et sa sœur. Écœurant.

    Sinon, vous avez raison, le socle idéologique est là pour que de nouveaux tordus repassent à l'action. Il faut d'ailleurs noter qu'après l'amnistie de 81, AD s'est scindé en deux groupes actifs, le premier internationaliste avec les zozos dont nous parlons, le second en un groupe centré sur la région lyonnaise et dirigé par André Olivier qui s'est orienté vers les attentas antisémites. Il y avait déjà le conflit israélo-palestinien en toile de fond.
    Donc globalement pour ce qui est du socle, comme vous dites, rien n'a changé.

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