"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 22 avril 2012

Ambiance de kermesse


Comme je l'ai écrit dans mon précédent billet, nous, les Français de l'étranger, n'avons pas souvent l'habitude de voter. Ça faisait effectivement 5 ans que nous n'avions pu exprimer notre soutien au Président candidat. Aujourd'hui était donc un jour particulier, un jour festif, un jour sans limites.

Ceux qui marchaient aujourd'hui sur les quais de la Moïka, pouvaient voir un bâtiment consulaire pavoisé aux couleurs de l'UMP, affichant de part et d'autre du portail d'entrée deux portraits géants du Président Sarkozy, sans oublier les ballons bleus, blancs et rouges dont les grappes faisaient l'objet de la convoitise des petits enfants venus accomplir leur devoir électoral. Une fois franchies les grilles, une haie d'honneur formée par les jeunes élèves de l'école de striptease locale vous conduisait vers le bureau de vote.
Un seul sourire vous donnait l'accès aux deux piles de bulletins de vote des candidats Sarkozy et Hollande, les autres ayant été retirés en prévision de l'allumage des barbecues qui allaient marquer le milieu de la journée. Armé de vos deux bulletins et de l'enveloppe bleue, vous pouviez ensuite vous diriger difficilement vers l'isoloir, en marchant enfoncés jusqu'aux genoux dans des tas de bulletins marqués Hollande. Le consul d'ailleurs par mesure sanitaire décida rapidement de les incinérer. Il craignait en effet que des électeurs un peu trop fanatiques ou ivres s'en servissent pour un usage des plus intimes dont je vous épargnerai ici la description. Car il parait que ces bulletins donnent des hémorroïdes. Etant impropre également à l'allumage des barbecues, il fallait donc se résoudre à les incinérer en espérant que les services sanitaires de la ville ne soient pas trop regardants sur l'effet polluant induit largement supérieur à des normes pourtant permissives.
Une fois sorti de l'isoloir, et avant de jeter votre bulletin dans l'urne, alors qu'en France on contrôle votre identité, l'officiant de service, le seul n'ayant pas le droit de boire en ce jour, vérifiait que vous aviez glissé le bon bulletin dans l'enveloppe. Malheur aux distraits ou aux récalcitrants qui se voyaient condamnés, dans le respect d'une vieille tradition locale très utilisée sous les tsars, à passer entre deux rangées de knouts, ce qui ne laisse pas indemne, vous vous en doutez, mais à au moins cet avantage de ramener les brebis égarées dans le droit chemin.

Une fois votre devoir accompli, familialement car ici les conjoints même s'ils ne sont pas français ainsi que les enfants ont le droit de vote, en vertu de lois émancipatrices révélant bien l'esprit de progrès qui règne au sein de la communauté française à l'étranger, vous pouviez profiter d'un en-cas matinal, en attendant la suite des festivités. C'est donc avec un plaisir non dissimulé que vous pouviez vous gaver à volonté, car le quai d'Orsay n'est pas regardant sur la dépense en ces jours particuliers, de blinis au caviar, ou à l'esturgeon fumé arrosés de vodka, de bière, ou de choses moins offensives pour les enfants.

Comme à 11 heures, tous les Français avaient voté, et qu'il restait quand même 7 heures à meubler, le consul eut l'idée de faire profiter nos hôtes russes de cette journée. Car nous aussi, en gens de progrès, pouvons être pour le vote des étrangers. Quelques messages diffusés à la radio et à la télévision locale amenèrent très rapidement plusieurs centaines de nos amis sur les lieux de la fête. Il faut dire qu'on n'avait lésiné sur rien pour les attirer : un grand bol de vodka et une poignée de chachliki (brochettes marinées) pour ceux qui voteraient Sarkozy et un bol de slim-fast et une verveine pour ceux qui voteraient Hollande. Pour que ceux qui ne connaissaient pas l'alphabet latin ne se trompent pas on avait déposé un exemplaire des récompenses promises derrière chaque paquet de bulletins, le paquet de bulletins frappés du nom d'Hollande ne comportait qu'un exemplaire, car il y a bien longtemps que les autres pour des raisons d'hygiène, je le rappelle, avaient été incinérés. En plus cet unique bulletin était scotché sur la table, histoire de ne pas l'égarer je suppose.
Bien évidemment on put voir quelques nombreux resquilleurs voter deux, trois, quatre fois ou plus. Mais les règles de l'hospitalité française obligèrent les autorités à fermer les yeux.

Je ne vous parle pas de l'ambiance quelque peu agitée, surtout quand les stripteaseuses se mirent en tête de nous montrer les avancées dans leur art.
Ce qui n'empêcha pas chacun de faire son devoir. Dès 18 heures, au milieu des cadavres de chair et de verre, commença le dépouillement qui ce conclut par un résultat honnête. 1026% des votants avaient voté pour la bonne personne.
Moi je dis que quand on veut s'en donner un peu la peine on peut réussir la démocratie, car la citoyenneté est d'autant plus éclairée qu'elle est festive.

3 commentaires:

  1. c'est le meilleur moment de la journée: vous lire
    en cette synthèse électorale chez les soviets
    en apprentissage démocratique

    ici on compte ses points et demain je suis sûre que vu le score de MLP, les bacchanales vont démarrer et Dionysos va encore perdre la tête

    et je le vois venir en cas de réussite de NS on est pas arrivé avec ça

    RépondreSupprimer
  2. Bonsoir cimabue
    Pas catastrophique ma foi, on nous parle depuis des mois d'un waterloo dès le 1 er set....bof, très léger
    Il faut que le sarko lui rentre dans le lard dès le 1er débat, c'est là que tout va se jouer, comme la 101ème et la 82 ème airborne en Normandie, pas de prisonniers sinon.... solution unique, lui démonter la tête, à la surprenante comme dit un de mes amis ,à l'abordage et pas de quartier
    S'il n'en est pas capable, c'est cuit
    Et oui, la marine, boum boum la gazelle, ça va causer dans les jours à venir

    RépondreSupprimer
  3. bonjour, JJDG

    et que la fête commence ou continue!!!

    oui, le duel sera décisif

    RépondreSupprimer