Un article du Point sur son site internet et en date du 29 mars titre :
Discriminations: 40% des victimes sont d'origine immigrée
Ceci est tiré d’une étude conjointe de l’INED et de l’INSEE "Trajectoires et Origines".
Inquiétant, non ? Serions-nous devenus un pays raciste ? C’est du moins ce que laisse supposer le titre.
Déjà le titre de l’étude me laisse supposer qu’on s’est beaucoup intéressé aux immigrés et aux personnes d’origine immigrée. Si on a négligé les autres, ceci explique peut-être cela.
Mais regardons l’article de plus près.
L’enquête a été menée auprès de 22 000 personnes âgées de 18 à 50 ans. Déjà on remarque qu’on va éviter soigneusement les discriminations dues à l’âge ; mais ce n’est pas sûr comme nous allons le voir plus loin.
Sur ces 22000, un peu moins de 14% prétendent avoir été victimes de discriminations d’ordre sexiste, raciste, homophobe, liées à l'âge, à la religion ou à l'état de santé au niveau du travail, du logement, de l’école, de l’espace public. Si on rapporte ce pourcentage aux 40% tapageusement exhibés en titre, on arrive à quelque chose comme : 5,6% de la population résidant en France estime avoir été victime de discriminations liées à leur origine ethnique. C’est vrai que déjà ça impressionne moins le lecteur.
Mais continuons.
« L'expérience est rapportée par 10% des individus composant la population majoritaire (ensemble des Français qui ne sont pas immigrés ni fils ou filles d'immigrés ou de personnes nées dans les DOM), par 24% des fils d'immigrés et 26% par des immigrés, soit une proportion deux fois plus élevée dans les deux derniers groupes. »
Comme on ne connait pas l’échantillon de base (les caractéristiques de ce gros échantillon de 22000) l’information est pauvre, même sans intérêt. On imagine fort bien le journaliste citant quelques chiffres incomplets mais abondant dans le titre de son article : les immigrés ou les fils d’immigrés sont majoritairement discriminés.
Allons plus loin.
« Interrogées sur les motifs pour lesquels elles pensent avoir été discriminées, ces personnes citent leur origine (37%), la couleur de leur peau (20%), leur sexe (17%) et leur âge (12%), des motifs "tellement saillants qu'ils tendent à dissimuler les autres critères de discrimination". » (nota : la dernière phrase est tirée de l’étude.)
Là, c’est clair. L’origine ethnique est prépondérante dans les motifs de discrimination. L’âge, par contre est tout de même significatif, ce qui est étonnant dans une population âgée de 18 à 50 ans. Mais rapporté aux 14% de personnes se prétendant victimes de discriminations, ça ne fait tout de même qu’1,7% de la population globale discriminée à cause de son âge. Ce qui parait donc significatif en première lecture ne l’est plus dès qu’on prend le temps de saisir sa calculette.
Et puisque la calculette est encore chaude, allons-y : 5,5% des personnes interrogées se prétendent discriminées à cause de leur origine, 2,8 à cause de leur couleur de peau, et 2,4 à cause de leur sexe.
Et bien, même si on peut faire mieux, c’est pas mal quand même pour un pays raciste, sexiste et anti-vieux.
Notons tout de même que tout cela ne repose que sur des impressions et non des réalités constatées.
Et dans ce cadre, il est normal que la population majoritaire se situant dans cette tranche d’âge, c'est-à-dire blanche et hétérosexuelle se sente moins discriminée que les autres. Quel pourrait être le motif de discrimination à part le sexe ?
Quant à l’impression des autres d’être discriminés, elle ne peut que se renforcer après de pareils titres et après ce travail d’intoxication mené par les associations bienpensantes.
Un exemple :
- Gérard, 35 ans, 1m80, blanc, châtain, les yeux bleus, hétérosexuel, se présente à un entretien d’embauche. Et ça ne fonctionne pas. Va-t-il penser que la couleur de sa peu, de ses yeux, de ses cheveux sont la raison de son échec ? Il va peut-être se dire qu’il était là parmi de multiples candidats et qu’un de ceux-ci correspondant davantage au profil recherché par l’employeur.
- Boubacar ou Mohamed se rendent au même entretien d’embauche. Ils ont pris soin de suivre les recommandations de madame Morano pour s’habiller. Ils ne sont pas non plus embauchés. Ils peuvent alors, soit faire comme Gérard, soit justifier leur échec par une discrimination, cette solution ayant en outre l’avantage de ne pas avoir à se remettre en cause. Et comme le sondeur de l’Ined passe chez eux demain, ils vont pouvoir se lâcher.
Voilà à quoi servent les statistiques. A influencer le lecteur distrait ou à conforter l’idéologie des autres. On retrouve là les propos de Michèle Tribalat que j’ai cités il y a deux jours dans le post sur l’affaire Zemmour.
Je file aussi lire ce que vous avez dit sur Michèle Tribalat...
RépondreSupprimerEt pout la question du sondage : le Pb c'est qu'on n'écoute souvent que ceux qui font du bruit... et nos "amis d'ailleur sont maîtres dans l'art de faire du bruit...
Michèle Tribalat faisait aussi hier l'objet d'un article dans le Point (sur le net). Elle a osé mettre en doute l'apport économique des immigrés pour la France. Bien évidemment ses détracteurs ont tout de suite réagi pour rétablir la vérité et chanter la gloire de nos chances pour la France.
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