Bien évidemment les réactions ont été aussi convenues que prévisibles, à droite et à gauche. Pour la droite il ne faut pas confondre des enjeux nationaux et régionaux, mais on tiendra tout de même compte du message envoyé par les Français. Lesquels ? On ne sait pas puisque la moitié a déserté le scrutin. Pour la gauche, c’est le signe du rejet de la politique conduite par Sarkozy et l’espoir placé dans la gauche pour changer les choses. D’ailleurs ils vont s’y atteler, proposer une nouvelle politique (encore !) et construire un programme. Au passage on découvre donc qu’ils n’en avaient pas et vivaient jusqu’à présent peinardement sur la rente que leur confère le statut de membres de l’opposition. Et puis aussi, elles vont s’unir, selon des modalités à définir, toutes ces forces de gauche, l’union affichée pour le second tour des régionales montrant là son caractère opportuniste. Je vois bien en 2012 Lalla présidente et Cécile Duflot premier ministre, ticket de cauchemar qui me pousserait à m’expatrier si ce n’était déjà fait.
Maintenant essayons d’y voir plus clair.
L’abstention massive, mais qui n’est pas vraiment nouvelle pour ce type d’élections, peut indiquer deux choses pas forcément incompatibles d’abord. La première, c’est que les régions, on s’en fout. On s’en fout d’autant plus qu’elles n’ont aucune visibilité, qu’on ne connait pas leurs compétences et très peu leurs élus pourtant généreusement indemnisés pour une présence facultative lors des réunions des assemblées où ils sont invités à siéger. Si les Français s’en foutent des régions, la faute en incombe bien aux politiques qui manquent cruellement de pédagogie ou qui s’en foutent également, sauf pour les prébendes inhérentes à la fonction d’élu, et qui transforment ce scrutin en enjeu national. « Si vous voulez montrer votre désaccord à la politique du gouvernement, votez pour nous dans les régions », tel a été à peu près le discours de la gauche.
La seconde raison pouvant expliquer cette abstention est le rejet tout court de la forme de politique qu’on nous inflige depuis des décennies. La définition d’un programme clair, d’une ligne directrice a fait place depuis longtemps à la tentative nécessairement brouillonne de satisfaire les différentes catégories ou communautés qui loin de composer cette nation, l’ont fait imploser. Il faut satisfaire, les aiguilleurs du ciel, les cheminots, les ostréiculteurs, les paysans, les homosexuels, les transsexuels, les noirs, les gris, les musulmans, les profs, les étudiants, les présidents d’université, les retraités, les syndicats, les infirmières, les urgentistes, les vieux victimes de la canicule, les détenus, les délinquants qui ont tout de même des droits et leurs victimes dont on n’a pas encore réussi à définir quels droits ils avaient, les détenus et leurs surveillants, les SDF, les clandestins… J’arrête là la liste qui pourrait s’allonger à l’infini. Mais, convenez avec moi, que quand vous lisez vos journaux, ce sont bien les revendications de ce beau monde qui tiennent la place la plus importante et qui semblent occuper le temps de nos dirigeants. Voilà donc ce qu’est devenue la politique. Alors logiquement pour beaucoup, le vote est devenu l’expression d’une revendication catégorielle et l’abstention rendue d’autant plus tentante que le vote blanc n’est pas reconnu, l’expression du rejet d’une telle conception de la politique. Et là, les deux grands partis que sont l’UMP et le PS qui ont gouverné alternativement depuis 30 ans, portent une responsabilité majeure dans cette dégradation de la perception de la politique, dans cette envie croissante de ne plus aller voter.
Essayons de comprendre maintenant pourquoi la gauche remporte une nouvelle fois largement cette élection.
Tout d’abord, s’agissant d’élections intermédiaires, on sait qu’elles sont généralement défavorables au parti au pouvoir. Ça s’est vérifié en 2004, mais ça s’était déjà vérifié quand la gauche était au pouvoir et qu’à ce moment elle emportait ces élections intermédiaires. Mais moins nettement, c’est vrai et cela mérite aussi une tentative d’explication.
Tout d’abord, parce que les élections régionales ne peuvent pas être fondées sur vraie proposition politique. Que les régions soient de gauche ou de droite, peu importe. Sauf à la marge, c’est la politique nationale qui s’impose à toutes. Les vrais enjeux sont donc à la marge. Le discours gestionnaire, proposant une offre sociale de proximité, décrivant un projet d’aménagement urbain ou rural, incluant des préoccupations écologiques, voilà celui qui porte ou devrait porter. Et c’est vrai que les socialistes alliés aux écolos sont plus doués que la droite dans ce type de discours. Parce que elle dispose d’élites régionales qui souvent n’ont pas d’ambitions nationales ou qui n’en ont plus et se concentrent sur le pouvoir local. Mis à part Pour Ségo, la région ne constitue pas un tremplin pour l’accession à des responsabilités nationales. En plus la gauche dispose d’un bon réseau de militants parmi les fonctionnaires et, en particulier les profs, donc des gens éduqués et qui ont le temps, ingrédient importants pour l’efficacité. La droite n’a pas ces atouts : elle envoie ses ministres se faire battre et ne dispose pas d’un même réseau ; son discours n’est donc pas audible et finalement les régionales sont considérées comme une prise de température de l’opinion avant les présidentielles. C’est donc normal qu’ils aient perdu et que même quand ils gagnent, leur victoire reste modeste.
bonjour Expat
RépondreSupprimerbelle analyse
Moi, hagarde, hier soir, dans le brouhaha d'une télé uniforme, je me suis demandé: toi, et la Région? ...pas trouvé grand chose en PACA
si ce n'est que l'Université a tiré vers Marseille, que le LGV, ma vie ne suffira pas, ainsi que le doublement de l'A8..ect..
Cette dualité et ces doublons prestataires: Département/Région font partie aussi du dessein obligatoire de Nicolas Sarkosy: ordonner ce fatras
Moi, lambda, qu'ai je à perdre dans ces remaniements, qu'ai je à gagner?
aucune visibilité, vous le dites
la loi de décentralisation de 1983 a auguré de cette chienlit actuelle où le Département, la Commune ont eu blanc seing; ils furent méritants un moment....mais qu'est devenue cette autonomie?
D'autre part, la Région, ne tire t elle pas vers Bruxelles? vers une fédération européenne?
La suite dans quatre ans
Que la gauche espère un instant accéder par ce biais? elle rêve, je pense et 2012 n'aura rien à voir avec ce dimanche pluvieux
expat pour poster un commentaire il est plus facile de devenir membre de otre blog... c'est ce que j'ai fait
RépondreSupprimerBonjour Parker,
RépondreSupprimervous avez tout à fait raison. Ces élections n'augurent rien de ce qui se passera en 2012, pas plus que les européennes n'ont auguré de celles-ci. A chaque élection, son électorat. j'ai entendu et lu des gens très sérieux expliquer que bien qu'étant de droite il allaient voter à gauche aux régionales pour des raisons de gestion. C'est une logique qui se défend et qui surtout s'oppose au triomphalisme de certains.
Vous avez raison aussi quand vous suggérez le lien entre les régions et Bruxelles. Les européocrates convaincus savent très bien que une Europe souveraine ne se fera qu'après la dissolution des nations. Objectivement ils ont donc intérêt à favoriser les identités régionales, les régions seules ne pouvant s'autogérer devant dans cette optique s'en remettre à elle pour l'essentiel. Sauf que c'est un faux calcul, au moins avec la France. Tout d'abord une bonne partie des régions sont des créations administratives artificielles sans ou peu de concordance avec les vieilles provinces, et on ne crée pas une identité là-dessus (imaginez une identité "Pays de Loire" ou "Centre"). Et puis, même si ça peut étonner, les régions qui ont une forte identité (Alsace et Bretagne par exemple) sont souvent plus attachées au concept de nation française que les autres.
Et puis, bien sûr, il y a cet empilement de strates techno-administratives, une de nos exceptions françaises qu'on est sûr de ne pas partager. Entre les 36500 communes, les communautés urbaines, les syndicats de communes et tous les établissements locaux dérivés, entre les 100 départements avec Mayotte, les 26 régions, le citoyen lambda a bien du mal à retrouver qui fait quoi. Tout ce qu'il peut deviner, c'est que ça entretient pas mal de monde en indemnités (d'où les réticences aux réformes en vue), que ça génère beaucoup de postes de fonctionnaires aux missions d'autant plus incertaines que les redondances sont loin d'être identifiées et levées entre les différents échelons, et donc que ça coûte certainement trop cher pour l'efficacité réelle du dispositif.
Bonjour Filou,
RépondreSupprimermerci de votre passage.
C'est vrai que poster des commentaires ici n'est pas toujours évident. En plus, si on merde on perd ce qu'on a écrit. Maintenant je fais des copier-coller de tout ce que j'écris en commentaire avant de tenter de poster.
Avant de vous lire, je vais tenter l'épreuve "Commentaire", car je me sens un peu ridicule... Le Pb comence avec l'URL : What's that?... Enfin j'essaie. Je lirai votre billet et les coms ensuite.
RépondreSupprimer... D'accord! Fastoche quand on est connecté.
RépondreSupprimerMaintenant : la lecture.
Ce qui est marrant c'est que nous emblons fonctionner à l'heure américaine : il est ici 7H58;
RépondreSupprimerQuelle heure affichée sous le com?
Oui, je crois qu'on est à l'heure de New-York.
RépondreSupprimerEmpire oblige !