"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 31 mars 2012

"Peines et châtiments d'autrefois"


C'est ainsi que se nommait la vente annulée de documents et objets anciens se rapportant aux supplices et à la peine capitale du Moyen-âge à l'époque moderne et qui devait se dérouler le mardi 3 avril prochain.
Cette vente n'a pas été interdite mais les pressions diverses dont politiques ont été telles que l'organisateur a préféré au moins l'ajourner. Ce qui est intéressant c'est de comprendre pourquoi la vente a été annulée.
 
On peut réprouver en effet la torture, on peut être opposé à la peine de mort, mais sans toutefois ignorer que l'une et l'autre ont fait partie de l'histoire du monde, sans s'illusionner sur le fait que l'une et l'autre sont encore pratiquées dans plusieurs régions de la planète. Et donc, à ce titre, on ne peut nier l'intérêt historique des différents documents et objets présentés lors de cette vente et qui font partie aussi du patrimoine de l'humanité. Tout au plus aurait-on pu s'indigner de la dispersion d'une telle collection qui effectivement malmène l'intérêt historique de la chose. Mais non, ce n'est pas de cela dont il s'agit. Même pas sans doute non plus d'une répulsion pour la torture ou la peine de mort envisagées sous un angle historique, car sinon il faudrait interdire les musées traitant de ces choses ou supprimer les pièces présentées par d'autres. Non, ce qui a ému nos bonnes âmes, au point que cette vente fut même évoquée lors d'une récente séance de questions au gouvernement au sénat par un sénateur PS (le pauvre, il ne devait plus en dormir!), c'est l'individu qui a au fil des années construit cette collection dont il souhaitait qu'elle fût dispersée après sa mort.
 
Le créateur de cette collection était en effet Fernand Meyssonnier. Fernand Meyssonnier qui participa à l'exécution d'environ 200 individus entre 1947 et 1958 en Algérie. C'est en fait le dernier officiant d'une lignée de bourreau ou plutôt d'"exécuteur des sentences criminelles" puisque son père et lui-même préféraient cette appellation. On peut noter d'ailleurs qu'il officia essentiellement en tant que membre de l'équipe de son père et qu'il ne mena en tant que "chef d'équipe" que deux exécutions. Sa place à lui, c'était "photographe", celui qui tenait la tête de celui qui allait la perdre dans les secondes qui allaient suivre par les oreilles avant de la laisser tomber dans la corbeille prévue à cet effet. Voilà donc, un simple aide-bourreau la plupart du temps c'est ce que fut Fernand Meyssonnier.
Reste que par les raccourcis habituels on en fait désormais un boucher responsable de la mort de 200 personnes. Ainsi le journal algérien El Watan parle de "la vente aux enchères des instruments de torture appartenant à Fernand Meyssonnier, responsable de 200 exécutions en Algérie entre 1947 et 1958…" assertion doublement fausse parce qu'il n'est responsable de rien, je vais y revenir, pas plus que celui qui actionnait la guillotine et parce que les objets en vente, s'il lui appartenaient parce qu'il les avait acheté ici et là, n'ont jamais été utilisés par lui. En effet plus loin dans l'article El Watan parle "d'une partie des 350 outils utilisés par Fernand Meyssonnier et ses tortionnaires, pour la torture et la tuerie des Algériens durant la colonisation." Du côté des autorités françaises on est aussi outrancier puisque Frédéric Mitterrand demande l'annulation de la vente parce que "la collection concernée relève par sa nature plus de la morbidité et de la barbarie que de la culture, et soulève par sa provenance de douloureux questionnements historiques".
 
C'est d'ailleurs assez drôle que ce soit le neveu de celui qui est pour le coup en grande partie responsable de ces exécutions qui s'exprime ainsi. Car c'est bien François Mitterrand, celui qui allait plus tard abolir la peine de mort en France, , garde des sceaux pendant une partie de cette période, qui allait refuser de nombreuses grâces et donc permettre l'exécution de plusieurs dizaines de membres de FLN. Car ce n'est jamais le bourreau qui est responsable de la mort de ceux qu'il exécute, ce sont et le législateur et le pouvoir politique du moment. Le bourreau en ce sens, et conformément à l'appellation que revendiquaient Meyssonnier et son père "l'exécuteur des sentences criminelles". Mais il est vrai qu'il est plus simple d'aller taper post mortem sur le pauvre bougre qui actionnait la guillotine alors qu'il était appointé par l'Etat pour le faire.
Quant à l'Algérie, rien n'est assez bon pour elle pour taper sur la France. Car évidemment cette vente ne peut avoir, vue d'Alger que des relents néocolonialistes. On lit en effet dans le même article de El Watan "Des démarches auprès du gouvernement français doivent être entreprises dans ce sens. Rien que pour déjouer l'ignoble plan de ces lobbys néocolonialistes qui essayent par tous les subterfuges de raviver des haines enfouies. Que ces lobbys sachent que l'Algérie du cinquantenaire n'est pas celle de 1830".
Eh bien qu'ils se rassurent : ils ont été entendus. Le neveu du responsable de nombreuses exécutions de membres du FLN s'est exprimé. La vente a été annulée.
Et j'ai peine à croire que s'il s'était agi d'une collection Obrecht, nom de" l'exécuteur des sentences criminelles" à la même époque en métropole, il y aurait eu autant d'émotions exprimées et fondées sur le mensonge, car, je le rappelle, aucun des objets en vente n'a été utilisé en Algérie. Et vive la repentance!!!!

 

 

mercredi 28 mars 2012

L'épuration annoncée



Tandis que l'affaire Merah fait toujours baver les socialistes, de jalousie secrètement, tandis que de grands spécialistes de l'assaut armé comme Rebsamen qualifient de façon honteuse l'assaut mené contre le terroriste de fiasco, Hollande n'est pas en reste pour tenter d'exploiter ces dramatiques événements.
Cependant le "candidat étincelant", comme l'a décrit sans rire, à Nice, bien que je suppose que derrière ce pour ce moins surprenant qualificatif (il vous fait penser à ça le mou?) il y avait une arrière-pensée, donc Mollande, se voyant déjà assis sur son trône élyséen, en tire également prétexte, mais très maladroitement, pour nous préparer à l'épuration qui devrait suivre son élection.
 
Vieille tradition de gauche remontant en France à Robespierre, et passant récemment par Quilès qui en 81 réclamait des têtes, l'épuration est consubstantielle à ces mouvances politiques s'attachant dans leurs discours aux libertés de l'homme. Il suffit d'ouvrir les yeux sur ce qui s'est passé et se passe encore sous ces fameux régimes libérateurs pour en comprendre l'essence fondamentale. Certes, je n'irai pas jusqu'à comparer les socialistes à la lie communiste dans ses agissements, pas plus que je ne suppose que le candidat socialiste a la carrure d'un Robespierre ou d'un Staline. Mais peut-être peut-on deviner sous un Mélenchon, allié potentiel et surtout inévitable des socialistes, un Marat en puissance, et derrière Duflot, autre alliée de qualité, une Pol Pot verte reprenant à son compte certains préceptes de l'Angkar, très en pointe en termes d'écologie.
 
Donc Hollande, plutôt que de se pencher sur les liens pouvant exister entre immigration, délinquance, terrorisme, islam, défaut d'intégration, et j'en passe, préfère se concentrer sur l'action des forces de police et des services de renseignement où il lui semble distinguer des failles. Il faut dire que lui, Hollande, et ses camarades socialistes, pendant cette législature ont tout fait pour renforcer les capacités des deux en s'opposant à toutes les lois portant sur la sécurité qu'ils prétendaient liberticides, alors qu'en réalité ils les trouvaient trop molles. Mais que voulez-vous, il ne fallait pas heurter l'électorat bobo qui a au moins cet avantage de ne pas trop souffrir de l'insécurité. On peut donc espérer qu'une fois au pouvoir, débarrassée de ce besoin de plaire pour être élue, soucieuse des intérêts vitaux de la France, la gauche mêlant dans un même sac de linge les cocos, les verts et les socialistes, selon un remake dont on se souvient du succès, va nous montrer ce qu'elle sait faire. On va voir ce qu'on va voir. Les malfrats n'ont qu'à bien se tenir. Tu parles!
 
Non Hollande a trouvé dans ces failles qu'ont décelé ses instincts sécuritaires, certainement davantage que ses compétences ou celles de ses petits camarades, un bon prétexte pour se débarrasser du chef de la police et de celui de la DCRI. Sauf qu'emporté par son élan il n'a pas manqué de se trahir.
Il déclare en effet dans un premier temps: "Il n'y a pas de raison de renvoyer Frédéric Péchenard du jour au lendemain. Mais enfin il n'y a pas de raison qu'il reste toute sa vie. De la même manière, Squarcini, on regardera ce qu'a été le fonctionnement de son service, il y a eu visiblement un certain nombre de difficultés, de manquements (...) donc à partir de là, il y aura une évaluation du travail des uns et des autres". A ce stade on peut supposer que Péchenard et Squarcini peuvent commencer à passer leurs papiers sensibles à la choucrouteuse. Je doute qu'ils en soient surpris d'ailleurs. Mais on peut également se demander si Hollande pense sérieusement que l'action de l'un et de l'autre ne fait pas l'objet depuis quelques jours d'une évaluation. Sans doute suppose-t-il que les différents services vivent de façon tout à fait autonome et n'ont de comptes à rendre à personne. Mais tout ça n'est que blabla, car il poursuit en disant : "Ceux qui ont été installés depuis des années et qui sont forcément politiquement très liés au pouvoir d'aujourd'hui devront être forcément regardés comme pouvant laisser la place parce que c'est légitime". (traduire " comme pouvant laisser la place parce que c'est légitime" par suspects.)
On est là effectivement sur un autre registre. Péchenard et Squarcini ne seront pas vraiment évalués sur leurs actions techniques, mais sur leur compatibilité idéologique avec le potentiel nouveau régime. Parce qu'un haut-fonctionnaire, voyez-vous, c'est comme ça. Ça ne sert pas son pays mais une idéologie politique Et c'est même capable de saboter l'action du gouvernement pour des raisons partisanes. Il n'y a que ce grand naïf de Sarkozy qui ne le savait pas en nommant des ministres venant de gauche, puis en offrant Cour des Comptes à un socialiste, et aussi en proposant à l'ennemi idéologique autres postes et missions. On doit donc supposer désormais, si on s'attache aux propos de Hollande, que l'action du gouvernement actuel a été sabotée pendant ces cinq dernières années, ce qui expliquerait au passage un bilan jugé désastreux par ceux qui avaient réussi à noyauter le système. Hollande parle donc en connaisseur, lui qui a réussi à infiltrer les plus hautes sphères de l'Etat par ses agents idéologiquement sûrs alors qu'il était encore ce brillant, et même étincelant, sans que cela nous ait vraiment frappé ni ébloui, premier secrétaire du parti socialiste.
Et c'est donc en toute légitimité qu'il commencera son mandat, si est élu, par une profonde épuration de l'administration. Mais qu'on se rassure, les hauts-fonctionnaires ou officiers généraux qui seront virés n'iront pas au goulag. Il existe désormais de belles prisons dorées appelées aussi placards qui permettent à notre démocratie de préserver les apparences.

 

lundi 26 mars 2012

Equations


L'épopée minable de Mohamed Merah ne semble pas vouloir quitter la campagne présidentielle. Comme évoquée dans un précédent billet, elle a donné lieu à un certain nombre de polémiques, essentiellement sur l'efficacité du renseignement intérieur en France, et de la manière de travailler d'une unité d'élite de la police nationale. Tout ceci ayant permis relativement efficacement de s'attaquer au problème de fond, à savoir comment produit-on un Merah en France?
 
Et bien évidemment, comme d'habitude, c'est le front national qui s'y colle, les autres partis, soit par un angélisme parfois suspect, soit par peur d'aborder un sujet devenu tabou, soit pour des raisons électoralistes, ces différentes raisons pouvant à l'occasion se compléter, évitant soigneusement la question au cri de "ne faisons pas d'amalgames, évitons de stigmatiser une communauté!".
C'est donc du côté de Marine Le Pen que les Français inquiets de l'attitude de certains musulmans en France doivent se retourner puisque c'est la seule à oser aborder publiquement le problème. Du côté de l'UMP, on est loin en effet du discours de Grenoble qui avait ému nos bonnes âmes plus promptes à critiquer une société xénophobe ou raciste ne laissant guère de choix à de pauvres jeunes n'étant pas en mesure de s'intégrer parce qu'on les en empêche, et une police au service des penchants les plus inavouables de cette société. Le spectre des "heures les plus sombres de notre histoire" planait de nouveau sur la France. Ce discours de Grenoble avait suggéré un lien fort entre immigration et délinquance. Lien repris ici ou là avec parfois des conséquences judiciaires pour les malheureux lucides comme Eric Zemmour condamné pour avoir fait un simple constat sur la population carcérale pourtant ignoré par personne. Et puis silence radio. La pression des bonnes âmes avait finit par triompher.
 
Et c'est donc Marine Le Pen qui rouvre le débat en rajoutant un nouveau terme à l'équation, en faisant le lien entre l'immigration, l'islam, la délinquance et le terrorisme. D'un certain côté, on peut admettre qu'elle a de quoi alimenter sa thèse. Un tour d'horizon des attentats terroristes commis en France depuis une trentaine d'années et plus, ou encore en Europe, nous éloigne du spectre de l'extrême-droite pour nous rapprocher de celui de l'islamisme. Et aussi, quand on observe le cas Merah, on réunit avec ce garçon tous les termes de l'équation. Dès lors, on peut, si on veut, critiquer les propos de Marine Le Pen, mais on ne peut pas nier la légitimité de la problématique qu'elle soulève.
Si nous reprenons les propos qu'elle tient à Nantes à savoir : "Ce qui s'est passé n'est pas l'affaire de la folie d'un homme, ce qui s'est passé est le début de l'avancée du fascisme vert dans notre pays" et "Combien de Mohamed Merah dans les bateaux, les avions, qui chaque jour arrivent en France remplis d'immigrés combien de Mohamed Merah parmi les enfants de ces immigrés non assimilés ?", on se trouve là face à de très légitimes questions.
Car, contrairement à ce que pensent les indignés de service, mais surtout indigents de la pensée, ou rongés par une idéologie, poser des questions n'est pas y répondre. Après évidemment on pourra si on veut dénoncer les arrière-pensées de la candidate du front national. Reste que ce sont les questions qu'il faudrait un fois pour toute prendre en compte et pas celle qui les pose. Cette stratégie qui empêche maintenant depuis 30 ans de s'exprimer sur l'immigration, sur la place de l'islam en France, sur le problème de l'intégration, sur la fin de l'assimilation, sur le communautarisme, autrement que par des discours laudatifs nous vantant selon le cas les mérites indépassables de la diversité ou du métissage, ne résiste plus à l'épreuve des faits. Les Français, ou du moins beaucoup de Français, et notamment ceux qui vivent les plus modestement et qui ne peuvent à cause de leurs moyens échapper à ces réalités qu'on nous somme de nier, ne supportent plus ces discours. Ils veulent qu'on dise la vérité, qu'on décrive leur quotidien, et qu'on prenne les mesures nécessaires pour sortir d'une situation devenue insoutenable pour eux. Les équations posées par le discours de Grenoble de Sarkozy et le discours de Nantes de Le Pen ne les effraient pas. Car souvent ils s'y retrouvent. Ils ont enfin franchi ce palier où, à la limite, ils avaient réussi à incorporer une certaine honte de leurs opinions concernant l'immigration et certaines populations issues de cultures ou civilisations différentes de la leur. Et désormais il faudra bien qu'on les entende. Il vaudra d'ailleurs mieux qu'on les entende, car ainsi que le prophétisait Michel Poniatowski dans la conclusion de son livre-testament il y a plus de 20 ans : "Nous allons vers des Saint-Barthélemy si l'immigration africaine n'est pas strictement contrôlée, limitée, réduite et expurgée de ses éléments négatifs et dangereux, si un effort d'intégration ne vient pas aussi compléter cette nécessaire répression."
 
Or des éléments négatifs et dangereux, il n'en manque pas. Quand on considère par exemple les succès des pages facebook ouvertes pour honorer la mémoire de Merah, on peut s'inquiéter. On peut supposer que des dizaines, des centaines d'individus, peut-être pas très dangereux pris individuellement, parce que non armés peut-être, parce que pas entrainés, parce que pleutres, mais en tout cas n'aimant pas la France dont pourtant ils n'hésitent pas à profiter de la prodigalité, sauraient dans certaines circonstances qui les sortiraient de leur isolement, se mettre au service de causes hostiles à la France. Les dernières émeutes de banlieues où on commence enfin à sortir de ses inhibitions pour tirer sur du "flic" en sont sans doute une illustration.
Quant aux autres, les non dangereux, les non négatifs, ils sont souvent la preuve de l'échec de politiques d'intégration qui de toutes façons ne peuvent plus aboutir, à cause du nombre, d'une part, à cause du refus de s'intégrer, d'autre part, ce dernier élément étant largement favorisé par ceux qui davantage même que relativistes prônent le respect de l'identité de ceux qui viennent d'autre civilisations ou cultures tout en interdisant aux Français de s'interroger sur leur propre identité. Le large vote des Tunisiens (plus de la moitié), parfois également français, aux élections législatives portant au pouvoir les islamistes dans un pays, certes dirigé auparavant par un dictateur, mais laïc, indique clairement qu'une large partie des populations musulmanes étrangères ou d'origine étrangère mais bénéficiant d'une double nationalité généreuse, pose tout de même la question de la possibilité d'intégrer ces populations dans leur totalité dans un pays européen, quel qu'il soit.
 
A moins que peut-être ce qui nous attend à terme ce soit ça :

samedi 24 mars 2012

Corporatismes


L'épopée meurtrière de Mohamed Merah sans doute davantage que de démontrer des failles dans nos systèmes de sécurité ou dans les compétences des forces dédiées aux interventions spéciales de police, aura mis en exergue ce mal qui ronge la société française, nostalgie des temps féodaux sans doute, à savoir le corporatisme.
 
L'unité nationale appelée à grands cris après l'exécution du professeur juif, de ses deux enfants et d'un troisième, n'aura été que de façade et très peu de temps. Le jour même du drame, Bayrou brisait le consensus en mettant en cause la responsabilité de l'exécutif de l'Etat, suivi à quelques heures par le candidat Hollande. Des mots, simplement des mots, sans même citer de nom, mais suffisamment explicites pour qu'on comprenne que derrière l'unité de façade face au drame, se camouflaient des enjeux moins nobles destinés à aller grappiller quelques dixièmes de points dans les sondages. C'est ensuite, une fois le meurtrier connu au tour de front national se s'attaquer à l'exécutif, responsable par son laxisme vis-à-vis du fondamentalisme. Sans oublier les saillies d'autres candidats.
Corporatisme politique.
 
Alors que les cadavres des victimes de l'attentat de lundi dernier sont encore tièdes, un président d'association antiraciste met en cause une recrudescence du racisme en France, en s'appuyant sur la couleur de peau et/ ou la religion des morts, et en accuse également l'exécutif. Il en profite pour faire de la pub pour la journée internationale contre le racisme qui aura lieu deux jours plus tard.
Corporatisme associatif. (Et politique également, l'association étant un officine du parti socialiste, un tremplin politique pour ses membres les plus "éminents").
 
A l'issue d'une longue intervention, se concluant par un assaut dans lequel deux policiers sont blessés et le meurtrier liquidé en état de légitime défense, l'ancien chef du GIGN intervient publiquement pour qualifier l'opération de nulle. Il est le seul, en tant que "technicien" à la faire, mais ça suffit à lancer le débat dont un des thèmes est la préférence qu'a le chef de l'Etat pour la police plutôt que pour les gendarmes.
Corporatisme de boutons. (Mais peut-être aussi politique, la personne ayant jeté le pavé dans la marre s'étant largement inféodée, en n'hésitant pas à violer quelques lois et principes déontologiques au passage, à un ancien Président de la République socialiste qui a su le récompenser).
 
Après la mort de Merah, une enseignante dans un lycée de Rouen suggère à ses élèves de terminale S la possibilité d'une minute de silence en la mémoire de l'assassin terroriste tueurs d'enfants, d'un professeur et de militaires. Elle déclare en outre que Mohamed Merah était une victime, que le lien avec Al-Qaïda avait été inventé par les médias et "Sarko". La majorité des élèves se lève, quitte le cours et alerte le proviseur. Le ministre de tutelle demande la suspension de l'enseignante. Les syndicats d'enseignants, les professeurs et des parents d'élèves minimisent les faits, imputent ces paroles à l'état de fragilité de la professeure.
Paradoxalement, ce sont les élèves, adolescents, qui sont davantage sensés que certains professeurs ou parents.
Corporatisme enseignant.
 
Et puis, bien évidemment, il y a ceux qui soit, souhaitent exprimer leur soutien à Merah, soit lui trouvent des excuses, soit nient carrément les faits.
Une page facebook rendant hommage à Merah a été ouverte rencontrant d'emblée un vif succès avant d'être fermée à l'initiative des autorités. Des tags- ("Vive Merah", "Vengeance" ou "Nique la kippa") ont été trouvés sur les murs de Sartrouville vendredi avant d'être effacés par les autorités.
Le "pauvre" Merah dont on condamne évidemment les crimes avec virulence a quand même été amené à commettre ceux-ci presque malgré lui. C'est en effet une société qui l'a rejeté, l'armée qui n'a pas voulu de lui, qui l'ont amené à se radicaliser. Voilà ce qu'on trouve par exemple sur le site de Tarik Ramadan, l'homme au double langage. Il commence bien évidemment à exprimer sa sympathie aux victimes innocentes, et tout le tralala de circonstance, avant d'analyser les causes. Et là on lit : "… Mohamed Merah apparaît comme un grand adolescent, un enfant, désœuvré, perdu, dont le cœur est, de l'avis de tous, affectueux (souligné par moi), mais dont les pensées étaient brouillées, perturbées et particulièrement incohérentes[…]
Le problème de Mohamed Merah n'était ni la religion ni la politique. Citoyen français frustré de ne pas trouver sa place, sa dignité, et le sens de la vie dans son pays, il va trouver deux causes politiques pour exprimer son dépit : les peuples afghan et palestinien[…]
Un pauvre garçon, coupable et à condamner, sans l'ombre d'un doute, même s'il fut lui-même la victime d'un ordre social qui l'avait déjà condamné, lui et des millions d'autres, à la marginalité, à la non reconnaissance de son statut de citoyen à égalité de droit et de chance." Quand vous avez terminé de lire ça vous vous demandez qui vous devez pleurer aujourd'hui. En tout cas, c'est clair Merah est la victime de son pays, la France.
Et à la suite du billet de Ramadan, viennent de nombreux commentaires, variés, comme le suggère le double langage de l'individu. Je voudrais vous faire "profiter de l'un d'eux (assez long, mais il vaut le coup) : " Salam ahlikoum Tariq. Je suis français d'origine algérienne et marocaine, je suis musulman et je suis dégouté de la France. Je déteste ce pays et pourtant je suis français, je m'y reconnais plus. Je peux pas accepter de vivre dans un pays qui manipule comme cela les opinions pour conserver le pouvoir, ça sent le complot à fond, Monsieur Ramadan, j'attendais votre réaction avec impatience. A partir d'aujourd'hui ça va devenir très dur pour nous musulmans en France.
Pour nous les jeunes musulmans, on crie tous au complot, ça ressemble à la mort de Ben Laden. Pas d'images, pas d'aveux de Mohamed Merah, rien on doit croire claude guéant et sarkozy sur parole. Tout ce qu'on a vu ce sont des images d'un immeuble. On a rien vu d'autre. A un mois des élections, on était certain qu'il allait être tué Mohamed Merah. Certains disent qu'il était mort depuis bien longtemps et que les 33 heures d'assiègement n'était que mise en scène. Beaucoup avancent que le Mossad est derrière tout ça, et qu'on a pas vu les corps des enfants juifs tués, ni les corps, ni vidéos, ni photos , on a rien vu. Je déteste la France pour ses manipulations, j'y crois plus, je sais pas ce que je vais devenir moi et mes enfants. J 'aimerais juste assurrer un bel avenir à mes enfants, mais aujourd'hui il est clair qu'en France nous ne pouvons pas être musulman et français, dans la tête des français cette tuerie sonne comme une fin pour nous, une fin qui nous dit, on a essayé de vous intégrer mais vous les anciens colonisés vous ne serait jamais français.
Je suis abbatu par cette manipulation par ce qui vient de ce passer, paix aux victimes, QU 'ALLAH DEVOILE LA VERITE. Je ne compte que sur le soutien de mon Seigneur, lui Il est Juste et Intrompable. Paix aux victimes.
Nous les musulmans nous demandons que de vivre normalement dans le respect d'autrui et le respect de notre culte."
On veut bien éviter les amalgames, mais faudrait quand même pas nous y pousser.
Corporatisme religieux.

vendredi 23 mars 2012

Minority report


Alors que sept personnes viennent de trouver la mort dans des circonstances particulièrement horribles, alors que les motifs de l'assassin qui a pu longuement s'exprimer avant de finir comme il le méritait d'une balle dans la tête sont largement connus, les questions ne manquent pas. Et certaines sont effectivement posées. Reste à savoir si ce sont les bonnes. Car davantage que sur cette question fondamentale qui est finalement comment on peut au nom d'une idéologie, une religion en l'occurrence, en arriver à sortir de l'humanité en allant tuer des gens pour les symboles qu'ils représentent, il me semble qu'on s'attarde davantage sur des organisations et des procédures qui jusqu'à présent ne posaient pas apparemment problème et au contraire même donnaient entière satisfaction.
Vous me direz que si l'assassin avait été un néo-nazi ou le membre d'un quelconque groupuscule d'extrême-droite, les choses n'auraient sans doute pas été pareilles. D'ailleurs certains avaient déjà anticipé, se livrant à de savantes analyses, donnant des explications à ces crimes avant même que le nom de l'assassin et ses motivations soient connues. Les mêmes pourtant aujourd'hui, sans doute parce que dégoûtés comme le journaliste Chapuis, restent bien silencieux pour ce qui est des explications de ce carnage. Eux qui n'ont pas hésité alors qu'ils étaient dans l'ignorance la plus complète à se livrer aux amalgames qui les arrangeaient parce qu'ils étaient censés fragiliser le chef de l'Etat et sa majorité, demandent aujourd'hui que d'autres amalgames ne soient pas faits. Et donc éludent la question essentielle, celle dont la réponse pourra peut-être éviter que se déroulent à nouveau d'autres tragédies. Non, ils préfèrent déplacer le débat vers d'autres sujets, ceux qui pourraient encore nuire à l'Etat évidemment, c'est-à-dire le fonctionnement des services de renseignement et l'efficacité du RAID.
 
Les deux grandes questions sont actuellement : aurait-t-on pu éviter ça en surveillant davantage l'assassin avant qu'il ne passe à l'acte et le GIGN aurait-il pu faire mieux que le RAID? On passera sur les élucubrations d'Eva Joly qui, tellement soucieuse de la régularité des procédures, se serait sans doute battue pour la libération de Merah pour vice de forme s'il avait été pris vivant. On passera aussi sur d'autres âneries comme celles d'un dénommé Guedj, bien évidement socialiste de son état, et qui demande purement et simplement la démission de Guéant à cause d'un triple échec. Triple buse!
 
Réglons tout de suite l'affaire de l'efficacité du RAID. Prouteau ancien patron du GIGN, reconverti plus tard dans les écoutes téléphoniques illégales sous son nouveau mentor Tonton 1er, a pointé du doigt les insuffisances du RAID, en affirmant que le GIGN aurait fait mieux. Même si la crédibilité d'un Prouteau est sans doute bien plus grande que celle du socialiste Urvoas, un autre tweeter fou, j'ai envie de dire : où est le problème? La durée de l'intervention? Le fait que le terroriste ait été tué? Est-ce que cela a une grande importance? L'important était évidemment de neutraliser l'assassin avec un minimum de dégâts. Le prendre vivant aurait peut-être été un plus, bien que vu notre système judiciaire, dans moins de 30 ans on aurait alors pu voir à nouveau se balader dans nos rue le gars Merah (et cette hypothèse fait que sa mort finalement me parait hautement préférable), donc le prendre vivant aurait pu être un plus à condition d'une part que ce soit possible, et d'autre part que ça ne mette pas en jeu la vie de quelqu'un. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai presque envie de rire quand j'en entends dire qu'il fallait l'arrêter dans la rue. Les mêmes auraient crié au scandale si un passant s'était pris une balle perdue. On n'arrête pas des gens de cet acabit dans la rue, on les exécute, comme Mesrine en son temps. Mais est-ce que le GIGN aurait pu le prendre vivant sans pertes? Pas sûr. Cette unité, certainement une des plus efficace du monde, sinon la plus efficace, a eu des morts dans ce type d'opération et face à des gens qui n'étaient pas entrainés comme Merah.
Quant à la durée de l'opération, elle n'a également aucune importance, à moins que la lassitude du téléspectateur entre en ligne de compte dans la conduite des opérations. Ce délai qui peut sembler long me semble obéir à deux objectifs : la sécurité des forces d'intervention, et la prise si possible de l'individu vivant. S'il avait été décidé de l'éliminer dès le début, bien évidemment les délais auraient été plus courts.
Donc finalement cette querelle pour déterminer si le GIGN aurait fait mieux que le RAID me semble tout à fait futile.
 
Ce qui l'est moins, c'est l'autre question. La DCRI aurait-elle pu, en se montrant plus efficace, empêcher ces meurtres?
Je vais tout de suite répondre oui. Oui mais. Oui, mais si les lois de la République le lui permettaient.
Tout le monde se souvient de ce film dont le titre est celui de ce billet. Ce film qui nous décrit un monde sans crimes parce que la science et la technique permettent d'interpeler les criminels avant qu'ils ne passent à l'acte, avant même qu'ils sachent eux-mêmes qu'ils vont commettre un crime. Bien évidemment, et espérons-le, aucune force de police ne disposera jamais d'un tel outillage. Reste néanmoins que grâce à de bonnes actions de renseignement, des services comme la DCRI sont évidemment capables de cibler des criminels potentiels. Et d'empêcher ainsi chaque année des attentats, même si on ne communique jamais là-dessus. Merah était ciblé par la DCRI, parce qu'il avait effectué deux séjours en Afghanistan et au Pakistan, comme, selon Alain Bauer, un millier de personnes, françaises ou non, résident sur le sol français. Merah était considéré comme un petit poisson, davantage connu pour des vols à la tire que pour des velléités terroristes. Par ailleurs, il n'apparaissait pas faire partie d'un réseau. Son suivi était donc superficiel. Dire à postériori que c'était une erreur semble un peu facile. Mais admettons.
J'en reviens à minority report. Si on veut diminuer au maximum le risque d'actions terroristes sur le sol français, il suffit de mettre hors de nuire tous ceux qui font l'objet d'une fiche de renseignement à la DCRI. C'est simple, non? Et si c'était le cas, 7 personnes seraient encore en vie aujourd'hui. Mais qui voudrait ça? Qui accepterait que dans un Etat de droit on mette derrière les barreaux des individus parce qu'on les suppose susceptibles de commettre des actes terroristes. Déjà qu'un juge mettrait certainement des difficultés pour placer quelqu'un sous écoute pour cette simple raison, n'est-ce pas Madame Joly?
Donc qui voudrait ça? Les socialistes qui pendant ce quinquennat ont voté contre toutes les lois "liberticides" proposées par la droite? S'il n'y avait pas eu tous ces morts, il y aurait de quoi se rouler par terre de rire. Mais maintenant, alors qu'ils sont un peu responsables tout de même de la restriction des marges de manœuvre des services spécialisés, ils objectent qu'on aurait pu faire mieux. "On", bien évidemment ce n'est pas eux qui confinés dans leur "droitdelhommisme " refusent systématiquement les mesures destinées à améliorer les actions de surveillance des suspects potentiels, eux qui affichent une certaine complaisance avec l'idéologie mortifère qui s'est manifestée à Toulouse et à Montauban en ne votant pas la loi sur l'interdiction de la burqa, et en multipliant localement les entorses à la laïcité pour que les musulmans puissent exercer leur culte come ils le souhaitent. Et ce sont ces gens qui voudraient donner des leçons maintenant, qui voudraient nous faire croire qu'ils vont renforcer la sécurité des Français. On croit rêver!
Mesdames et messieurs les socialistes, et autres membres des partis de la gauche bienpensante et tellement éprise de liberté, même de celle des gens les plus dangereux, si vous voulez davantage de sécurité, si vous voulez que les drames du Sud-ouest ne se reproduisent plus, il va falloir déplacer le curseur. Celui-du compromis entre les libertés publiques et la sécurité des Français. Jusqu'ici vous nous avez plutôt démontré que vous vouliez le déplacer dans le sens des libertés publiques. C'est votre choix. Mais surtout ne venez pas ensuite reprocher à ceux qui doivent garantir la sécurité de n'être pas efficaces à 100%.

jeudi 22 mars 2012

Reprise d'une campagne jamais interrompue et autres élégances



Désormais que le terroriste Merad a commencé à s'attaquer au dépucelage des 72 vierges qui l'attendaient au paradis d'Allah, nul doute que la campagne va reprendre, mais sans doute aussi sous un angle nouveau. En fait cette campagne n'a jamais cessé sauf pour le Président de la République qui ces derniers jours a rempli ses devoirs de chef de l'Etat sans équivoque. On pourra au moins reconnaitre que le candidat s'est totalement effacé derrière le Président. Ce qui en énerve certains ou certaines puisque j'ai lu quelque part qu'on ne voyait que lui et que donc c'était scandaleux parce que élections, et nananère. Mais passons sur ces ânes qui auraient sans doute souhaité que le Chef de l'Etat commence par se marrer publiquement suite aux meurtres avant de partir en week-end prolongé pour que la certitude de sa défaite soit enfin acquise.
 
Mais pour les autres, la campagne ne s'st jamais réellement arrêtée Alors que l'hypothèse d'une série de crime raciste était à l'honneur, certains s'en sont donné à cœur joie, comme Bayrou relayé le lendemain par Hollande sur BFM/TV. Le premier avait déclaré lundi soir au meeting de Grenoble qu'il n'avait pas annulé : "Le fait de montrer du doigt les uns et les autres, c'est faire flamber les passions, et on le fait parce que, dans ce feu-là, il y a des voix à prendre". Quant au second interrogé quelques heures après ces propos il lâchait : "Il y a des mots qui influencent, qui pénètrent, qui libèrent, ceux qui ont des responsabilités doivent maîtriser leur vocabulaire…Au sommet de l'État, rien ne peut être toléré. Ni le vocabulaire, ni la vulgarité, ni la facilité, ni je ne sais quelle simplification". Pour quelqu'un qui ne fait pas campagne, c'est quand même limite. En tout cas, ces derniers jours, on a vu un pauvre Hollande dont le visage commence à exprimer une réelle lassitude qui laisse supposer que, s'il est élu, dans 5 ans il aura l'air d'une loque, tenter de marcher dans l'ombre du Président. Tel le petit chienchien à sa maman il le suivait fidèlement sauf là où il était interdit de séjour, par exemple lors de l'hommage rendu à Roissy aux victimes dont les corps allaient partir pour Israël. Le pauvre, il fallait qu'il se montre, qu'il nous joue un simulacre de président-bis, quitte à paraitre pitoyable en risquant la comparaison. Que ne faut-il pas faire pour devenir président, hein? C'est quand même plus pépère la Corrèze, endroit où on peut se tailler un siège sans trop de difficultés au calibre de son fessier.
 
Mais j'en reviens à mes deux phases. Donc la première qui privilégie la thèse raciste et qui offre donc une tribune à tous ceux qui accusent les femmes et hommes politiques qui osent parler d'immigration, de non-respect de la laïcité, d'islam, plutôt que de se détourner ou pire de faire l'apologie de toutes ces choses. Car dans notre pays, le seul fait de se poser des questions sur certains thèmes est criminel. Dire pourtant par exemple que l'immigration est une chance n'est pas mieux que dire qu'elle est une calamité. La réponse n'est ni dans l'une ou l'autre de ses affirmations. Reste qu'il est légitime et même nécessaire de réfléchir sur quelle immigration nous voulons.
Et puis coup de théâtre, enfin coup de théâtre pour ceux qui étaient incapables d'envisager une autre hypothèse, qui pourtant s'imposait, ce n'était pas des crimes racistes, mais des crimes commis au nom de l'islam par un intégriste. Alors là, pour certains c'est le désarroi. A l'image de ce journaliste du nouvel obs, Nicolas Chapuis, nominé pour la palme d'or de l'élégance, qui écrit sur son compte tweeter : "Putain, je suis dégoûté que ça soit pas un nazi." Ben oui, c'est comme ça : certains sont dégoûtés par les crimes, d'autres le sont parce que le tueur ne leur convient pas. Lui au moins l'a exprimé tandis que d'autres qui sont restés silencieux ne devaient pas en penser moins. Car il devenait quand même plus difficile de faire porter la responsabilité de ces carnages au Président de la République et son entourage, ainsi qu'à la candidate du front national, au moins sous cet angle. C'est d'ailleurs cette dernière à qui l'occasion était donnée de relancer sa campagne, soi-disant en sommeil, en fustigeant le Chef de l'Etat et le gouvernement qui auraient sous-estimé le risque terroriste. Sans juger de la validité de cette information, elle entre bien dans la cadre d'une campagne dont un des piliers ets constitué par la dénonciation des risques liées au fondamentalisme islamiste.
 
Les deux hypothèses, la première du racisme avant qu'elle ne soit invalidée, et la seconde de l'islamisme après qu'elle ait été validée ont permis finalement à la majorité des candidats, car si je n'en ai cité que 3, les autres n'ont pas été avares de mots en s'appuyant surtout d'ailleurs sur la piste raciste, de rester en campagne tout en se parant du voile noir du deuil qui devait soi-disant leur imposer la réserve inhérente à l'unité nationale qui devait prévaloir face à de tels drames. Les morts n'étaient pas encore en terre que pourtant ils prenaient tous pour cible le seul qui effectivement avait cessé de faire campagne, le Président de la République.
Et désormais, on peut être assuré que cette dramatique affaire et son issue vont continuer à être instrumentalisées. Le PS, à travers les mots de son responsable (doit-on en rire?) chargé de la sécurité, a déjà commencé. C'est en effet sur tweeter encore, que Jean-Jacques Urvoas, également nominé pour la palme d'or de l'élégance, s'exprime de cette façon pour le moins indigne alors que des policiers ont été blessés pendant l'opération : "Si je comprends bien, le Raid n'est donc pas capable en 30 heures d'aller chercher un individu seul dans un appartement ?" Je pense inutile de commenter cette phrase abjecte, surtout quand elle vient de la part de l'un de ceux qui se sont opposés à toutes les mesures de sécurité proposées par la majorité pendant la dernière législature.

mercredi 21 mars 2012

Ni excuses ni stigmatisation



Mon avant-dernier billet faisait part de mon indignation, non pas indignation car j'ai pris ce mot en grippe depuis quelques temps, donc de mon mépris ou encore mon dégoût face à la récupération qu'avait faite Dominique Sopo, président de l'officine socialiste censée combattre le racisme. Ce dernier s'en était pris explicitement à une France s'abandonnant à des discours de plus en plus racistes qui auraient réveillé la bête. A cette occasion j'avais émis une contre-hypothèse, bien que les propos de Sopo ne relèvent pas de l'hypothèse mais de la certitude, en évoquant une possible piste islamiste. Les faits semblent avoir validé cette dernière. Je ne veux pas évidemment en tirer gloire, cette hypothèse s'imposant d'elle-même, tout au plus pourra-t-on remarquer que je l'ai évoquée sans fard tandis que les bienpensants l'ignoraient complètement, tellement contents d'être tombés sur cette aubaine qui faisait que toutes les victimes étaient soit de confession juive, soit appartenant à ce qu'on nomme désormais la diversité, cette chose qui devient notre horizon indépassable. Bien évidemment le fait que les personnes que les victimes qui n'étaient pas de confession juive aient été des militaires passait au second plan. La piste raciste d'imposait d'elle-même. Renforcée d'ailleurs par certaines déclarations qui semblaient privilégier cette thèse. On recherchait activement, en effet, trois petits cons, virés de l'armée 4 ans plus tôt parce qu'ils avaient salué à la romaine devant un drapeau nazi. Les coupables idéaux, quoi! Sauf que ce n'était pas eux.
En attendant cette piste a bien été exploitée par un certain nombre d'individus, et notamment certains membres de la classe politique. On citera Bayrou dans son discours de Grenoble dont les propos sont relayés dès le lendemain par la candidat Hollande sur BFM/TV lorsqu'il y réagit : "Il y a des mots qui influencent, qui pénètrent, qui libèrent, ceux qui ont des responsabilités doivent maîtriser leur vocabulaire…Au sommet de l'État, rien ne peut être toléré. Ni le vocabulaire, ni la vulgarité, ni la facilité, ni je ne sais quelle simplification". On retrouve aussi dans la même veine l'insignifiante Corinne Lepage et l'inénarrable Mélenchon, porte-parole du communisme français, qui en référence à la citation il y a quelques semaines par JM Le Pen de vers de Brasillach écrit ou laisse écrire sur son compte twitter officiel ces mots ignobles : "Brasillach est servi".
 
Moins de 48 heures plus tard, alors que c'est l'hypothèse islamiste qui s'avère être la bonne, tout ce petit monde, très petit effectivement, plutôt que de se planquer piteusement dans ses bureaux ou ses locaux de campagne, plutôt que d'adresser des excuses aux Français implicitement accusés de céder aux sirènes du racisme, continue à s'exprimer haut et fort : "surtout ne faisons pas d'amalgame, n'associons pas ces crimes à l'islam. Bref, ne stigmatisons pas nos frères musulmans." En fait ils demandent de ne surtout pas faire ce qu'eux faisaient encore il y a quelques heures.
Mais leur discours va encore évoluer, n'en doutons pas une seconde. Je crois d'ailleurs que c'est déjà fait de la part d'Eva Joly, la candidate antinationale et antimilitariste. Dans les jours qui viennent et même peut-être les heures, ce sera : "pour en arriver là, ce garçon a dû se sentir bien humilié, bien rejeté. Victime des attitudes guidées par les discours racistes et xénophobes portés jusqu'au sommet de l'Etat, il n'a trouvé comme refuge que l'islamisme le plus violent." Eh oui, le tueur sera demain aussi un peu une victime. Normal, me direz-vous: alors qu'il souhaitait servir son pays, la France, sous l'uniforme, ces salauds de militaires, plus précisément la Légion Etrangère, n'ont pas voulu de lui. Parce que taré? Parce qu'avec un casier judiciaire à rallonges? Parce qu'ayant fait de la prison? La Légion fait la fine bouche. Quel choix lui restait-il donc à ce pauvre jeune, à part le djihad? Eux les islamistes sont moins regardants sur la qualité. Et même d'ailleurs, plus c'est con, plus c'est apprécié chez eux.
En attendant nous n'entendrons aucune excuse, mais par contre serons invités à ne pas stigmatiser.
 
Ceci nous le ferons bien volontiers. Mais nous le ferons d'autant plus facilement que les musulmans de France ou leurs soi-disant représentants du CFCM seront prompt à condamner par exemple le port de la burqa plutôt que de se sentir stigmatisés par l'interdiction d'un sac à meurtrière grillagée qui parait-il n'a rien à voir avec l'islam. Nous le ferons d'autant plus volontiers quand seront condamnées ou au moins tempérées par les mêmes ces revendications confessionnelles qui se font de plus en plus pressantes et qui vont à l'encontre de nos règles concernant la laïcité. Quand les musulmans cesseront de se sentir stigmatisés quand on leur rappellera les règles qui régissent notre République laïque, les gens seront moins tentés de faire les amalgames qu'ils redoutent aujourd'hui.
Et je dirai même que le fait qu'ils les redoutent, le fait qu'ils expriment aujourd'hui leurs craintes à ce sujet, indiquent que certaines nuances deviennent de plus en plus difficiles à faire du fait du comportement de certains de leurs coreligionnaires, je ne parle pas de ceux qui assassinent au nom de l'islam, bien entendu, mais de ceux qui mettent des exigences à pratiquer leur culte de façon ostentatoire et contraire à nos règles républicaines. La balle est dans leur camp. Et surtout qu'ils se méfient de leurs soi-disant amis, ceux qui investis d'un pouvoir ou d'une parole politique soutiennent, voir accèdent à certaines de leurs revendications. Ceux-là ne les aident pas, mais les coupent davantage encore du reste de la population.

mardi 20 mars 2012

Vive l'armée!



Jusqu'à l'assassinat dans leur école d'un adulte et de trois enfants de confession juive, jusqu'à ce que la balistique confirme que l'arme qui avait servi pour commettre ces crimes était la même que celle déjà utilisée à Toulouse et à Montauban pour abattre des militaires, on ne s'était guère soucié de ces derniers. Même si par ailleurs on savait que les crimes étaient à relier à la même arme et sans doute au même tueur.
 
En effet, la classe politique était jusqu'alors restée bien silencieuse sur ces crimes de militaires, en tant que tels puisque le lien entre le premier assassinat et les suivants ne laissait aucun doute là-dessus. C'était traité presque comme du fait divers. Un peu curieux quand on voit l'émotion que suscite le moindre mort en opération, enfin pas en opération, en Afghanistan, car s'il y a eu autant de militaires ayant trouvé la mort en ex-Yougoslavie, on est resté bien discret à leur sujet à l'époque. Mais peut-être que tout dépend de qui mène la guerre et contre qui elle se fait. Donc pour en revenir à ce sujet, on peut tout de même trouver paradoxal qu'on s'émeuve davantage de la mort de militaires en opérations que dans l'hexagone où semble-t-il la guerre est absente. Quoique. Les motivations de ou des assassins et des complices éventuels démentira peut-être ceci.
Mais depuis qu'à leurs assassinats a succédé la tuerie de Toulouse, les choses ont évolué. Certains se sont rendu opportunément compte que les trois morts étaient d'origine maghrébine et le blessé antillais, découvrant sans doute aussi pour certains que l'armée ouvrait ses portes à cette fameuse diversité tant vantée. A ceux-là je dirai même que ceux qu'on dit venir des minorités sont surreprésentés dans l'armée par rapport à leur présence en France. A partir donc de cette découverte et des amalgames rapidement faits, comme l'indiquait mon dernier billet, les choses ont changé. Les militaires tués sont devenus eux-aussi le centre de l'attention de nos politique et en particulier de certains de nos candidats à la présidentielle.
 
Pour preuve le candidat Hollande a d'ores et déjà annoncé qu'il se rendrait à la cérémonie qui aura lieu à Montauban pour rendre hommage aux dernières victimes portant l'uniforme. Donc en présence du chef de l'Etat, lui-même candidat à sa succession. On se demande bien ce qu'il va y faire et à quel titre. Pas le président bien entendu, car c'est son devoir d'y aller, mais le candidat socialiste. Aurait-il découvert brutalement au fond de lui-même un amour pour les militaires jusque là étouffé? Car personne ne se souvient l'avoir vu aux diverses cérémonies qui se sont déroulées aux Invalides alors qu'on rendait un dernier hommage aux militaires tombés pour la France en opérations. Par contre, puisqu'il s'est vanté à plusieurs reprises avoir co-dirigé, avec le succès que l'on sait, la France avec Lionel Jospin entre 1997 et 2002 alors qu'il était premier secrétaire du PS, peut-être est-il aussi co-responsable des coupes drastiques dans les budgets de l'armée (-20%) au moment où elle se professionnalisait? Peut-être est-il co-responsable du sous-équipement des armées, lequel représente évidemment un risque majeur pour les militaires quand ils sont engagés? Alors remords ou plus prosaïquement opportunisme, monsieur la candidat? Ne perdez pas votre temps à aller faire du lèche-botte aux militaires, ils savent à quoi s'attendre si vous être élu. Ah, mais c'est pas pour eux que vous y allez? C'est pour la galerie, pour afficher votre stature d'homme d'Etat. Fallait le dire. Mais honnêtement c'est également inutile de vous déplacer si c'est pour cela. En fait le préfère de beaucoup l'attitude d'un Mélenchon et d'autres qui poursuivent leur campagne selon des arguments d'ailleurs très recevables. Il y a moins d'hypocrisie dans leur conduite.
 
Enfin, en tout cas, et pour quitter les politiques, je suis tout de même content que certains aient découvert qu'il y avait aussi des maghrébins et des noirs qui faisaient carrière dans l'armée. Car enfin celle-ci révèle une part d'humanité. Si, si, c'est vrai! Ou plutôt non, non, je ne plaisante pas. J'ai, en effet, trouvé sur un blog tenu par une gauchiste, c'est elle qui le dit, moi je ne permettrais pas d'insulter les gens, des propos assez extraordinaires à ce sujet.
Voilà ce qu'elle écrit : "Lorsque les militaires ont été tués, on nous a parlé d'Afghanistan. Et laissé supposer qu'il s'agirait de vengeance de guerre. Je le reconnais, et j'ai honte, je n'ai pas bronché. La guerre, c'est de la merde, et tant pis pour ceux qui s'y mêlent, j'ai pensé." Bon c'est clair, le militaire quand il va à la guerre peut se faire tuer, pas seulement en opération, mais même quand il est rentré chez lui, par ceux qu'il a combattus. Tant pis pour eux. Qu'ils n'attendent surtout pas de compassion de sa part puisqu'en gros ils ont ce qu'ils méritent. Jusque là, rien de bien surprenant de la part de quelqu'un qui doit avoir un gène de l'antimilitarisme surdéveloppé. Mais la suite est beaucoup plus intéressante.
"Et voila que lundi, je reviens à la réalité, avec ces meurtres infâmes et mon indifférence. Des enfants. Après des militaires –certes-, mais abattus froidement juste parce que la couleur de leur peau n'était pas blanche. Je me suis intéressée, enfin. Ce n'était plus seulement des militaires, c'était des hommes." Le "certes" est mis en exergue par moi (sauf les deux tirets qui l'encadrent). Il signifie que c'était somme toute normal, ou du moins qu'il n'y avait pas de quoi en faire un fromage, que des militaires se fassent abattre en tant que tels. Mais comme elle découvre que ces militaires sont d'origine maghrébine et antillais, les choses changent. Ce ne sont plus des militaires que l'on a abattus mais des gens de couleurs. Hypothèse qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui n'empêche pas qu'ils ont aussi été abattus, et là ce n'est plus une hypothèse puisque c'est la seconde fois que ça se produit, parce qu'ils étaient militaires. Non, elle ne retient que la couleur de leur peau. Ce qui lui permet enfin, alors qu'il lui a fallu presque 60 ans pour se rendre compte que tous les militaires n'étaient pas de grands blonds aux yeux bleus, et blancs par-dessus le marché, de découvrir enfin une part d'humanité dans l'armée. Car sans doute pour cette personne l'humanité, dans ces métiers peu reluisants, va de paire avec la couleur de la peau. Si les victimes avaient été blanches, ils ne seraient pas entré dans l'humanité de cette personne, bien évidemment.
 
Si j'étais cynique, je remercierais ces pauvres militaires victimes d'un assassin dont on ne connait encore pas grand-chose, et surtout pas les motivations. Je les remercierais pour avoir attiré l'intérêt des politiques sur l'armée, qui au passage a depuis longtemps appris à s'en passer. Je les remercierais pour avoir fait découvrir à cette dame qu'il y avait aussi des êtres humains sous l'uniforme.
Je pense qu'ils auraient été fiers de faire quelque chose pour participer à la renommée de l'armée. Mais je ne pense pas qu'ils auraient aimé que ce soit à cause de la couleur de leur peau. Car l'institution militaire n'en a rien à faire. Et c'est bien mal les honorer eux et l'armée que de s'attacher à leurs origines. Qu'ils reposent en paix!

lundi 19 mars 2012

Le crime profite à SOS-racisme



J'ai déjà écrit à maintes reprises le dégout que m'inspiraient ces officines anti-racistes qui seraient bien marries si le racisme n'existait plus. Encore une fois je rappellerai ce propos de Jean Baudrillard comparant SOS-racisme à SOS-baleines, en disant qu'à l'instar du second dont l'objectif était de sauver les baleines, l'objectif du premier était de sauver le racisme.
Et donc aujourd'hui, n'hésitant pas malgré quelques précautions de langage à vouloir tirer profit d'un drame national succédant à quatre assassinats de militaires dans la même région, l'association se vautre dans l'abject pour dénoncer le racisme ambiant de ce pays pourri qu'est la France.
 
Dominique Sopo, président de l'association et sans doute futur édile du PS où il pourra poursuivre comme ses prédécesseurs une belle carrière qui lui évitera d'avoir un jour à gagner de l'argent par un travail utile, s'est en effet exprimé sur cet ensemble de tragédies, sur ces crimes aussi lâches qu'odieux qui ont endeuillé la France ces derniers jours. Un militaire d'origine maghrébine exécuté à Toulouse, deux militaires d'origine maghrébine également abattus froidement dans la rue à Montauban et un autre d'origine antillaise grièvement blessé, 4 victimes de confession juive assassinées devant leur école. A l'heure où j'écris on sait que les deux premières affaires sont liées. Quant à la troisième c'est une possibilité que confirmera l'analyse balistique sans doute.
Mais comme SOS-racisme dispose très certainement en son sein de redoutables profilers, Sopo peut d'ores et déjà avancer publiquement des hypothèses, du moins une hypothèse car il ne peut y en avoir qu'une : le racisme à l'origine de tous ces crimes.
Voilà ce que déclare l'individu : "S'il est à ce stade bien tôt pour tirer des conclusions hâtives, il est évident que l'assassinat qui a été perpétré ce jour peut trouver sa source dans un antisémitisme qui serait, chez l'assassin, arrivé à sa forme la plus barbare et en même temps la plus lâche". Jusque là rien d'extraordinaire, et même des précautions oratoires laissent ouvertes d'autres portes. Mais il poursuit : "Au-delà, comment ne pas penser aux similitudes qui existent entre cette tuerie et les assassinats de plusieurs militaires la semaine dernière dans le Sud-Ouest ? Abattus selon un modus operandi similaire, ils avaient pour point commun d'être d'origine maghrébine et antillaise…il se pourrait qu'en 2012, dans notre pays, une personne commette des crimes racistes de sang-froid" et de conclure : "Si tel était le cas, il faudrait, alors que le 21 mars qui approche et qui est celui de la Journée internationale contre le racisme, s'interroger sur l'affaissement dans notre pays de la parole politique, intellectuelle et médiatique envers les discours racistes et en faveur des discours de vivre ensemble".
Je me risque donc à une synthèse: même si on ne sait encore rien le fait que les victimes soient maghrébines, antillaise et juives peut laisser supposer qu'un individu raciste est l'auteur de ces crimes. Donc dans deux jours, même si les probabilités qu'on ait enfin découvert l'assassin et connu ses motivations sont minces, il faudra nous rassembler à l'occasion de la journée internationale contre le racisme pour tenter de comprendre pourquoi la France devient un pays de plus en plus raciste.
Ignoble, récupération abjecte!
 
Puisqu'on en est là je vais moi aussi livrer une autre hypothèse qui après tout vaut bien celle de Sopo. Car on peut faire d'autres déductions à partir des éléments connus.
Supposons tout d'abord que les crimes sont effectivement tous liés. Supposons ensuite que le fait que les militaires assassinés aient été maghrébins et le militaire blessé antillais est un pur hasard. L'armée française, pourtant émanation d'une nation raciste, n'en manque pas dans ses rangs ni des uns, ni des autres. Et que donc ce sont donc en premier lieu des militaires qui ont été visés, le fait qu'ils soient parachutistes important d'ailleurs assez peu puisque la région est celle où est stationnée la 11ème brigade parachutiste. Supposons ensuite que c'est effectivement, et c'est même quasiment sûr, que les autres victimes aient été assassinées parce que de confession juive. A partir de là qui peut à la fois haïr les militaires et les juifs. Tant pis pour la stigmatisation qui sera attribuée à ces propos, mais ce sont bien les islamistes, haïssant à la fois ceux qui les combattent en Afghanistan et évidemment les juifs. Le fait d'ailleurs que trois des victimes aient été d'origine maghrébine, ne renverse pas cette hypothèse, et même est susceptible de la renforcer car ne sont-ce pas aux yeux de ces islamistes des traitres à l'islam donc encore davantage coupables que les autres?
 
Pour finir supposons encore une fois que cette hypothèse que je viens de décrire soit reprise publiquement, je ne sais pas moi, allez, par Le Pen ou Guéant, comment réagira-t-on à leurs propos? Seront-ils aussi bien reçus que ceux de Sopo? J'en doute. Car on peut cracher impunément sur la France, mais surtout pas sur les islamistes dans ce pays. On peut cracher sur les Français en leur disant tranquillement qu'ils appartiennent à un pays de plus en pus raciste, mais on ne peut surtout pas stigmatiser les musulmans en supposant que des islamistes seraient capables des pires saloperies sur notre territoire.

 

dimanche 18 mars 2012

Quelle réforme pour la fonction publique?



Mon précédent billet pointait du doigt la capacité de nuisance de certains fonctionnaires. Sans vouloir généraliser cette attitude à la totalité des fonctionnaires, il est loisible de constater qu'en France un agent public peut sans grand risque pour lui, son emploi, sa rémunération, sa carrière se vautrer dans la fainéantise, l'incompétence, le mépris vis-à-vis de l'usager, bref œuvrer de longues années comme un parasite nuisible. Cette affirmation de ma part n'est pas l'élucubration de quelqu'un qui porte en lui une haine irrationnelle du fonctionnaire, mais le fruit d'une expérience d'usager qui a vu le meilleur et le pire, mais comme chacun je pense, et surtout du vécu de quelqu'un qui a eu à commander, pardon manager (sans être sûr que ce dernier terme soit encore adéquat parce que peut-être encore trop violent car marquant des rapports hiérarchiques étrangers à cette belle idée d'égalité dont on nous rabat les oreilles), un certain nombre de fonctionnaires mêlés à des militaires. Cette expérience de 4 ans, juste pour dire que j'ai quand même eu le temps de faire le tour de la question et d'y réfléchir, ne manqua pas d'intérêt pour moi, car certains qui garderont un souvenir ému de mon passage s'en seraient bien passé j'imagine, même si une simple mutation et une évaluation peu élogieuse ne valent pas le licenciement qu'ils auraient mérité. Je reviendrais là-dessus ainsi que sur la difficulté inverse de récompenser les meilleurs éléments.
 
Ce qui précède, bien évidemment, montre que le statut des fonctionnaires est complètement inadapté à un service public moderne et performant. Ce statut est effectivement un boulet qui peut nuire à l'efficacité du service public et qui nuit assurément à ceux des fonctionnaires qui travaillent le mieux et ne peuvent attendre quasiment rien en termes de récompenses.
Pourtant ce n'est pas à ce statut archaïque qu'on s'attaque actuellement. C'est aux effectifs globaux selon une logique complètement absurde mais qui est sans doute la seule à pouvoir être mise en vigueur à cause des blocages nombreux venant essentiellement des syndicats inspirés par nos égalitaristes de gauche. Car évidemment les fonctionnaires coûtent cher à l'Etat pendant et après leur activité. La réduction de leur nombre est donc devenue, alors que les finances publiques n'en peuvent plus, une priorité. Mais qu'on se rassure, il y a du gras. Car si des pays en Europe, comme la Norvège ou la Finlande avec respectivement 160 et 110 fonctionnaires pour 1000 habitants, la France avec un ratio de 90 pour mille a encore une marge certaine avant d'en arriver au niveau de l'Allemagne qui dispose d'un ratio de 50 pour 1000, sans que par ailleurs on entende parler d'une catastrophe dans ce dernier pays en ce qui concerne la qualité des services publiques. Même les pays du sud que sont l'Italie, l'Espagne et le Portugal se situent entre la France et l'Allemagne, plus proches de l'Allemagne d'ailleurs. On peut donc considérer qu'il y a sans doute du grain à moudre, ou plutôt du dégraissage de mammouth à opérer chez nous sans rendre inopérante la fonction publique, mais en faisant des économies substantielles. A titre d'information, alors que les salaires et traitements des agents de la fonction publique en Allemagne équivalent à 7% du PIB, en France ils atteignent 12%.
 
On ne peut donc que louer cette volonté de mettre en œuvre une réduction drastique du nombre de fonctionnaires en France, même si la méthode en elle-même est critiquable. Car s'attaquer uniformément à tous les ministères n'a aucun sens tandis qu'on imagine bien que dans certains des économies substantielles peuvent être réalisées et supérieures à ce qu'apporte le remplacement d'un départ à la retraite sur deux, tandis que d'autres ne devraient certainement pas être dégraissés ou dans une moindre mesure. Mais ce qui devrait interpeler également c'est ce choix de moduler les effectifs par le non-remplacement d'un certain nombre de partants parce qu'arrivés en fin de carrière. Parce que c'est quasiment la seule possibilité qui existe en France du fait d'un statut imposant de garder quelqu'un pendant une quarantaine d'années après son embauche. Personnellement je trouve ça insensé d'embaucher quelqu'un pour 40 ans alors qu'on est incapable de dire ce qu'on pourra lui faire faire dans les dix ans qui viennent du fait des besoins en service public, et aussi des progrès qui sont fait en termes de procédures et outils de travail. Imaginez qu'on traine encore des gens engagés alors qu'ils ne pouvaient disposer que d'une machine à écrire et d'un papier carbone pour multiplier les exemplaires. Et quand je dis qu'"on traine", je pèse mes mots, car ceux qui ont refusé de s'adapter aux nouveaux outils et bien il a fallu les garder. Oui, c'est absolument insensé de conserver un tel statut garantissant un emploi à vie.
 
D'autres pays l'ont d'ailleurs bien compris en faisant entrer dans les effectifs de leurs agents publics une part plus ou moins importante de contractuels, ce qui leur donne la possibilité de moduler les effectifs en fonction de leurs besoins réels et de leurs ressources. Là quelques chiffres sont éclairants également. Tandis qu'en France 81% des effectifs de la fonction publique sont sous statut de fonctionnaire (et certains disent que ce n'est pas suffisant), ce chiffre est de 38% en Allemagne, 15% en Italie, 10% au Royaume-Uni. Et des pays comme la Suisse ou la Suède n'ont que des contractuels dans leur fonction publique. Pas sûr qu'ils s'en portent plus mal ainsi que les usagers. La vraie réforme efficace serait bien entendu d'imiter ces pays qui ont choisi la voie de la contractualisation totale ou partielle. Car il est tout de même aberrant de voir que la mainmise de l'Etat sur la fonction publique est d'autant moins grande que celle-ci est davantage fidélisée.
Je pense tout de même nécessaire de tenter de fidéliser une partie de la fonction publique, en particulier celles et ceux dont les spécificités professionnelles, dont les compétences, excluent un turn-over trop fréquent. Je pense en particulier à la santé publique. Mais je pense également qu'une fidélisation par autre chose qu'une garantie de l'emploi à vie est possible. C'est sans doute vers les rémunérations qu'il faut se tourner dont les augmentations pourraient aller de paire avec des réductions drastiques d'effectifs. Quant aux administratifs, quant à un tas d'emplois tenus par des ouvriers d'Etat ou fonctionnaires, enfin bref, tous ces postes ne nécessitant pas des compétences lourdes ou demandant une formation interne relativement légère et donc que le pôle emploi devrait être capable de fournir sans trop de peine, une contractualisation totale me parait largement envisageable. Ce qui éviterait en outre d'avoir à organiser des concours où il faut quasiment avoir un mastère en poche pour espérer décrocher un emploi de fonctionnaire de catégorie C tant la concurrence est grande avec pour conséquence des gens aigris de se sentir sous-employés et mal payés par rapport à leurs diplômes (même si, au passage, c'est eux-mêmes qui ont choisi l'impasse dans laquelle ils se trouvent).
Certains diront que c'est instaurer de la précarité au sein de la fonction publique. Eh bien oui, une précarité mais qui répondrait aux intérêts de l'Etat et aussi à celui des usagers qui auraient sans doute davantage de probabilités d'avoir en face d'eux des agents motivés.
 
Oui car la motivation des meilleurs avec le temps s'étiole tandis que celle des fainéants chroniques ne peut guère être aiguillonnée du fait d'un système de carrière fondé bien plus sur l'ancienneté que sur le mérite. Tout ça sans doute au nom de la paix sociale. Mon expérience m'a effectivement montré qu'il était aussi difficile de récompenser les agents méritants que de sanctionner ceux qui font juste acte de présence pour toucher leur traitement à la fin du mois. Que vous bossiez beaucoup ou pas, les possibilités d'avancement dans une même catégorie sont quasiment les mêmes. Les évolutions en notation sont suffisamment encadrées pour qu'on vous incite fortement à faire progresser chacun à peu près au même rythme. Et si, en tant que chef, vous refusez d'entrer dans ce système, on saura vous rappeler à l'ordre, car vos supérieurs veillent au grain, peureux qu'ils sont d'être confrontés à un recours ou une plainte syndicale. On vous fera par exemple remarquer qu'avant, avant vous, ça se passait bien et que s'il y a un problème c'est vous le responsable certainement. Parce oui effectivement avant tout se passait bien. Sur le papier. Je me souviens de celui auquel j'ai succédé et qui m'avait dressé un portrait assez fidèle des fonctionnaires qui allaient passer sous ma coupe. Sauf que les feuilles annuelles d'évaluations ne correspondaient pas du tout à ce portrait et que j'héritais en théorie de gens tout à fait merveilleux, pénétrés par un esprit remarquable du service public et toutes les autres conneries qu'on peut lire sur les feuilles d'évaluation. Certes j'avais de bons fonctionnaires, mais je n'en manquais pas non plus de mauvais. Et il a donc fallu que je leur rentre dans le lard, ce qui les a quand même un peu surpris. Combat pas facile, mais dont j'estime m'être tiré pour le mieux, c'est-à-dire pas grand-chose tout de même par rapport à ce que j'aurais pu faire dans un autre milieu. Et je peux vous affirmer que ceux qui travaillaient correctement m'en étaient reconnaissants. Car la cohésion supposée des fonctionnaires a tout de même certaines limites. Mais encore une fois, j'ai dû rester bien en-deçà de ce que les individus en question méritaient.
C'est vrai qu'avec des contractuels l'affaire aurait été vite réglée pour certains. Fin du contrat, salut!
 
Une évolution de la fonction publique vers la contractualisation d'une partie importante de ses effectifs me parait donc une vraie solution d'avenir. Elle permettrait un ajustement des effectifs aux besoins quantitatifs et qualitatifs, aux contraintes budgétaires, et un management plus efficace, elle offrirait de plus larges possibilités de promotion aux meilleurs et ouvrirait la porte de sortie aux indésirables. Sans parler de moindres contraintes en termes de recrutement et d'améliorations salariales en corrélation avec de meilleures performances d'agents moins nombreux car débarrassés des scories de la fonction publique. Peut-être même que cette contractualisation aurait des effets positifs en termes de santé publique. Car quand on voit que le taux d'arrêts maladie dans les collectivités est de 22 jours par agent contre 10 dans le privé (depuis 2003 on n'ose même plus publier le chiffre pour les fonctionnaires servant l'Etat et qui était de 13 jours à cette date), on se dit qu'un peu d'adrénaline du fait de la précarité ferait sans doute bénéfique à la santé de nos agents.
Mais que ceux que ça fait frémir se rassurent : ce n'est pas pour demain, car aucun politique n'aura le courage d'engager cette réforme dans l'immédiat.
 
Enfin pour ceux qui pensent que c'est impossible, irréaliste ou irresponsable, je n'ai même as besoin d'exhiber ce qui se fait à l'étranger. Parce qu'en France ce système existe. Pour les militaires. Par exemple dans l'armée de terre le taux de contractuels est d'environ 60%, ce qui équivaut en gros à celui de la fonction publique allemande. Mis à part les officiers de recrutement direct (donc très peu de monde), et c'est même en discussion depuis un certains temps, tout le monde commence sous contrat. Le statut de carrière se gagne au mérite et à la réussite aux examens.

vendredi 16 mars 2012

Fisc et expatriation


Quand vous êtes comme moi expatrié, même pas évadé fiscal et d'ailleurs, je vais y revenir, dans une situation fiscale assez désavantageuse, vous ne pouvez échapper à l'incompétence, la fainéantise, l'absence de sens du service public, le mépris, bref un certain nombre de tares rappelées périodiquement et qui affectent un certain nombre de fonctionnaires français. J'en arrive même à croire qu'ils adorent être mal-aimés, sachant que finalement ils ne risquent rien protégés qu'ils sont par un statut anachronique qu'il faudra bien réviser un jour pour le rapprocher du privé. Mais en attendant, et puisqu'eux ne seront pas touchés puisqu'ils sont déjà en place, ils en profitent très largement en ne faisant pas ou en faisant mal leur travail entre deux grèves.
 
A vrai dire quand vous êtes expatrié, vous n'avez plus guère de lien qu'avec l'administration française, sauf avec les services consulaires bien sûr, et là en contradiction avec ce qui va suivre, dont je ne peux jusqu'à présent que louer la qualité des services, et cette fameuse administration fiscale qui vous collera au basques où que vous soyez, et même mieux ira se servir directement sur vos revenus si elle le peut. J'allais oublier la sécurité sociale qui se sert allégrement sur vos revenus français tout en vous interdisant de bénéficier de ses prestations si vous êtes expatrié hors UE, ce qui vous oblige donc à avoir recours à une assurance privée. Sans doute un moyen de financer la CMU et l'AME, au moins partiellement puisqu'il parait que ça coûte fort cher ces choses-là.
J'en reviens donc à l'administration fiscale objet de mon courroux.
 
La France a signé de nombreuses conventions, environ 150, avec des pays étrangers destinées à préciser le statut fiscal des expatriés, en tant que personnes morales ou physiques. Ce qui veut dire d'ailleurs au passage que les dernières propositions de Sarkozy et Hollande concernant les exilés fiscaux auraient bien du mal à être mises en œuvre à moins d'une part, de créer un statut spécial les concernant puisque comme les expatriés pour d'autres raisons, ils sont considérés avant tout comme non-résidents vis-à-vis de la loi, et donc il faudra faire un tri, et d'autre part, renégocier ces dizaines de conventions, ce qui parait peu vraisemblable.
L'idée générale des conventions, même s'il existe quelques exceptions, c'est que les revenus de source française sont imposés en France et les revenus de source étrangère à l'étranger, mais ceci selon des modalités particulières peu favorables à l'expatrié qui a pour revenus un salaire ou une pension, ce qui constitue tout de même la majorité, la grande majorité. Car la taxation de l'expatrié est quelque peu sauvage et arbitraire. Les revenus français dans leur totalité, hors pensions, sont imposés d'office à 20% quelle que soit la situation familiale. Et ce n'est pas libératoire, bien évidemment. Mais sans prendre le temps de faire des calculs savants sur simulateur, on peut déjà deviner que pour être taxé à un taux de 20%, pour une famille classique disons, 2 adultes et deux enfants, il faut déjà disposer de revenus très confortables. Donc souvent les impôts perçus sont dans un premier temps supérieurs à ceux qui auraient dû être payés en France avec les mêmes revenus. En ce qui concerne les pensions, la taxation se fait à la source avec 3 tranches, une à 0%, une à 12% (les deux tranches étant libératoires), et une troisième (à partir environ d'un revenu annuel de 40000 euros) à 20% et non libératoire. Là non plus le quotient familial n'intervient pas, pas plus que d'autres déductions.
Mais bien entendu tout ceci ne vous dispense pas de remplir une déclaration annuelle où vous indiquerez vos revenus français et également dans une case spécialement mise à disposition à cet effet, vos revenus mondiaux, je reviendrai sur ce point. A noter que certaines déductions sont interdites aux expatriés comme par exemple les pensions versées à un ex-conjoint ou à ses enfants mineurs ou majeurs, ce qui peut tout de même infléchir quand vous résidez en France de façon notable le montant de votre impôt. Je ne parle pas bien sûr de la femme de ménage. Donc l'administration fiscale calcule à partir de ces données votre impôt et en déduit les sommes forfaitairement prélevées conformément à votre statut de non résident. Mais avec cette particularité. Si x (montant de l'impôt)-y (sommes perçues forfaitairement far le fisc) = z (somme restant due au fisc) quand y est inférieur à x, x-y=0 si y est supérieur à x. ce qui signifie, pour ceux qui seraient fâchés avec l'arithmétique, même la plus élémentaire, que quand vous avez été prélevés d'une somme supérieure à l'impôt "normal", l'administration fiscale déclare simplement que vous n'êtes pas imposable. Et peut-être pour ne pas vous faire de peine, l'avis d'imposition que vous recevez est suffisamment opaque pour que la somme que vous auriez dû payer normalement en tant que résident en France, si bien sûr cette somme est inférieure au montant des 20% ou retenues à la sources effectuées sur vos pensions, n'y figure pas. Et bien évidemment on ne vous indique pas que vous pouvez, que vous avez le droit de demander la restitution totale ou partielle du trop perçu.
Car le code des impôts, que nul n'est sans doute censé ignorer, précise que vous n'avez pas à payer un impôt supérieur à celui que vous paieriez en France si vous y résidiez encore. Mais non pas sur vos revenus français desquels je rappelle vous n'avez pas la possibilité de déduire certaines choses, ce qui veut dire que déjà d'office vous paierez davantage qu'un résident. Non cet impôt qui peut-être considéré comme virtuel et qui devient donc la référence pour les remboursements éventuels auxquels vous pourriez prétendre est calculé sur vos revenus mondiaux, donc la somme de vos revenus français et des éventuels revenus perçus à l'étranger. Ce qui veut dire en clair que le fisc français vous soumet quand vous êtes expatrié à une double imposition totale ou partielle.
 
Je ne sais pas si j'ai été assez clair. Je vais donc prendre quelques exemples chiffrés.
Une foyer fiscal avec 3 parts ayant 50000 euros de revenus annuels paiera en France environ 2300 euros d'impôts sur le revenu. S'il s'expatrie et conserve les mêmes revenus français il en paiera d'office 10000. S'il ne dispose pas de revenus de source étrangère il pourra demander sous certaines conditions, je vais y revenir, à se voir restituer la somme de 7700 euros qu'il aura néanmoins avancée. Si ce même foyer fiscal a 20000 euros de revenus supplémentaires perçus à l'étranger, ces revenus seront, dans le cas le plus général, imposés dans le pays d'expatriation. Par exemple en Russie l'impôt serait de 20000x13% = 2600 euros. Suite à ce revenu étranger le foyer en question peut demander à l'administration fiscale française la restitution de 10000 – 4800 = 5200 euros, 4800 correspondant à l'impôt français virtuel sur un revenu de 70000 (50000+20000) euros. Ce qui signifie que ces 20000 euros de revenus supplémentaires lui auront coûté la modique somme de (4800-2300)+2600 = 5100 euros (cas d'une expatriation en Russie pour les 2600 du second terme de l'opération), le fisc français entrant pour 2500 euros dans cette somme. Donc effectivement double imposition totale dans ce cas de la part du fisc français. Une double imposition partielle n'interviendrait qu'à partir du moment où l'impôt virtuel dépasserait les 20% forfaitaires. Ce sont donc les très riches qui sont les moins impactés par ce système.
 
Dès lors vous comprendrez aisément que l'expatriation ne procure pas d'avantages fiscaux s'agissant de l'impôt sur le revenu (puisque les expatriés sont tout de même exonérés de CSG et de RDS sur leurs revenus)et que la tentation peut être forte de réduire au maximum ses revenus de source française, c'est-à-dire de transférer ses sources de revenus à l'étranger en même temps que sa propre personne. Evidemment dans l'exemple que j'ai pris et qui correspond en gros au cas d'un cadre débutant envoyé par son entreprise à l'étranger, ce n'est guère possible, de même que ça ne l'est pas pour les gens dans mon cas qui perçoivent une pension de retraite. Mais les gens fortunés qui disposent d'un capital en propre peuvent très bien le faire et y sont même clairement incités par ce système d'imposition qui leur est très défavorable. Voilà donc en quoi consiste l'évasion fiscale : partir avec ses sources de revenus.
 
L'incitation est d'autant plus forte que le remboursement des trop-perçus par l'administration fiscale est des plus problématiques. J'en arrive là à ce que j'évoquais dans le premier alinéa de ce billet.
Pour bénéficier du remboursement, possibilité bien cachée et que vous devez découvrir pas vous-même soit en allant fouiller les textes, soit en allant vous renseigner au centre des non-résidents, car personne ne vous en informera spontanément, il vous faut prouver que l'impôt forfaitaire est supérieur à celui que vous auriez payé en France calculé sur vos revenus mondiaux. La charge de la preuve, contrairement au contribuable résident, est imputée à l'expatrié. Ce qui impose parfois un parcours du combattant dans le pays d'expatriation pour obtenir une attestation de l'administration fiscale étrangère précisant les revenus déclarés auprès d'elle. Par exemple, en Russie, où existe un prélèvement à la source non modulé par des déductions diverses ou un quotient familial, c'est à celui qui verse vos revenus de faire les déclarations, ce qui fait que le particulier n'a aucun lien avec l'administration fiscale locale. Il faut donc persuader cette dernière de la nécessité de vous procurer une attestation dont l'objectif n'est pas facilement perçu étant donné la différence de modes d'imposition. Car évidemment l'administration française ayant tendance à se prendre pour le centre du monde ne comprend pas que dans d'autres pays existent des procédures totalement différentes et répondant mal à leurs exigences. Mais passons. Avec un peu de persévérance vous pouvez obtenir cette attestation. Mais bien évidemment même avec tous les tampons qui vont bien ça ne suffit pas parce que c'est bien sûr incompréhensible pour le fonctionnaire des impôts. Il vous faut donc une traduction officielle, celle que vous pourriez proposer étant entachée de la plus lourde suspicion. Car l'administration fiscale française ne vous fait pas confiance en tout cas pas assez pour accepter votre papier officiel et le faire traduire en cas de doute ou dans le cadre d'un contrôle. Mais donc vous pourriez considérer qu'à partir de là les choses vont s'arranger vite et que le remboursement des sommes qui vous sont dues va s'opérer rapidement.
 
Et bien détrompez-vous. Depuis que j'ai entamé la procédure pour mon impôt sur mes revenus 2010, donc déjà réglés avec un excédent confortable depuis la fin de la même année, il s'est déjà passé plus de 6 mois. Car le service des non-résidents est d'une efficacité redoutable, du moins pour bloquer votre argent. Comme évidemment à moins d'être expatrié à Monaco, à Londres, à Bruxelles ou à Genève, vous ne prendrez pas forcément l'avion pour aller régler le problème d'un remboursement dont le coût serait inférieur au prix du billet d'avion augmenté d'une nuit d'hôtel et de ce qui va autour. Donc vous envoyez des mails. Mais alors que la charte du contribuable qui parait-il est une référence opposable au fisc précise que vous aurez une réponse dans les 48 heures (ouvrables), vous pouvez attendre 5 semaines avant d'avoir une réponse à la première question que vous posez : comment? Cette réponse est généralement incomplète. Donc vous relancez pour avoir de précisions. Comptez encore un bon mois et enfin vous savez comment faire ou presque. Dans mon cas la première réponse a été de fournir les justifications de ma non imposition en Russie et un RIB. Ce qui est assez vague puisque le problème de la traduction n'est pas du tout abordé. J'ai donc renvoyé un message demandant si une traduction était nécessaire. La réponse fut affirmative, mais bien évidemment rien sur la nature de la traduction, officielle ou pas, certifiée par le consulat ou pas. Donc nouvelle demande de précisions avant une autre encore. Donc une démarche engagée le 6 septembre aboutit à un envoi par mail des documents demandés le 23 décembre (c'était peut-être pas une bonne idée) sous une forme que j'espère correcte, car le 16 mars suivant je ne le sais toujours pas. J'ai oublié de dire qu'entre temps j'ai réussi à obtenir le nom et l'adresse mail de la personne s'occupant de mon dossier. Le 16 janvier, estimant que le réveillon était déjà loin, que les brumes de l'alcool étaient dissipées, je demande où en est mon dossier. La réponse que je reçois est que les pièces envoyées par mail, 3 semaines auparavant quand même, ne peuvent être ouvertes et que je dois donc les envoyer par fax. J'envoie tout par mail à quelqu'un de mes connaissances en France et qui peut miraculeusement ouvrir toutes les pièces que j'envoie en lui demandant d'envoyer ça par mail le lendemain, ce qui est fait et certifié par un rapport d'émission dont je reçois une copie. 3 semaines plus tard, ne voyant toujours rien venir j'écris de nouveau à madame Françoise A (je ne citerai évidemment pas le nom pour respect pour la famille et les éventuels homonymes) qui ne me répond pas. Donc 2 semaines plus tard, j'envoie un long mail faisant le récapitulatif des mois qui viennent de s'écouler et exprimant au passage mon mécontentement. Je reçois alors une réponse laconique me disant qu'il faut que j'envoie par fax les documents demandés. La distance ayant l'avantage de préserver des paroles et gestes impulsifs, j'envoie tout de même un mail saignant avec en PJ le rapport de transmission valant accusé de réception. S'ensuivent deux jours d'échanges mouvementés où je remercie encore une fois le ciel d'être à 2500 kilomètres de Madame A. mais me résous à faire renvoyer un fax selon la même procédure que la fois précédente. Bien évidemment le jour même de l'envoi je rédige un mail demandant à Madame A. d'accuser réception du fax dont je dispose une nouvelle fois de l'accusé de réception automatique. Et ne voilà-t-il pas que cette personne me répond que jamais un fax me concernant n'est arrivé. Je rédige donc un mail pas très sympathique, avec quelques menaces d'ordre administratif à la clé et quelques minutes plus tard je reçois un message d'anthologie me précisant que du papier ayant été remis dans le télécopieur, mon fax envoyé tout de même 5 heures plus tôt, avait pu être réceptionné. Eh oui, c'est comme ça dans l'administration, pas de papier dans le télécopieur et votre demande passe à la trappe. J'ai depuis reçu une demande de précision de la part d'un autre contrôleur des finances au sujet d'une somme ajoutée à mes revenus français par moi dans la case revenus mondiaux, (en fait l'allocation reçue par mon épouse lors de la naissance de notre fils de la part de l'Etat russe, pas imposable en Russie mais que la France est bien capable de prendre en compte pour la calcul définitif de mon impôt), mais dont j'avais déjà donné toutes les précisions dans ma déclaration de revenus. Ne voyant toujours rien venir sur mon compte en banque, j'ai adressé il y a deux jours un nouveau mail demandant dans quels délais je pouvais espérer être remboursé. La réponse tombée aujourd'hui me précise que "Comme plusieurs services interviennent, je ne peux donc pas vous fournir de délais précis. Il faut compter plusieurs semaines pour obtenir le remboursement effectif." En France les remboursements de trop-perçus se font ou se faisaient avant mon départ sous 8 jours. Quand vous êtes expatriés, il faut compter des mois. Pour info la somme en jeu est inférieure à 1000€, ce qui mérite de mobiliser sans doute plusieurs services.
 
Ce texte, sans doute bien trop long, avait pour but de préciser ce qu'est la réalité fiscale d'un expatrié classique, confronté à des lois pas du tout avantageuses et à des fonctionnaires, du moins à certains fonctionnaires vraiment peu soucieux de l'administré, en l'occurrence le contribuable qui les nourrit. Ça change un peu du discours habituel sur ces salauds d'expatriés qui échappent au fisc.
Vous aurez en outre compris que les deux cumulés, lois et fonctionnaires dilettantes, peuvent fortement inciter les expatriés qui le peuvent à réduire l'emprise de l'administration fiscale sur eux. Pourrait-on leur en vouloir?