"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 28 février 2012

Le défaut de l'électeur de gauche



Je viens de lire sur les indications de Cimabue le dernier édito, baptisé "coup de sang" de Serge Raffy du Nouvel Obs. Peut-être d'ailleurs que la qualificatif de coup de sang permet d'écrire, sinon des choses approximatives, quelques insultes bien pensées vis-à-vis de l'électeur en général, et de l'électeur de droite en particulier qui bien évidemment n'est pas constitué comme l'électeur de gauche. Peut-être que la génétique, un jour, nous en apprendra davantage sur le sujet. En attendant et faute de mieux on devra se farcir quelques poncifs censés nous éclairer sur la défaite future de la gauche aux élections qui viennent.
 
Car en effet, je cite, "L'électeur de gauche a un énorme défaut : il est habité par un moralisme inoxydable." Et c'est d'ailleurs ce qui aurait fait perdre la gauche en 1993. Pas à cause de son bilan, bien sûr, nécessairement bon, mais à cause des quelques affaires qui ont révélé la malhonnêteté de certains dirigeants socialistes, brebis égarées sans doute. Et ça l'électeur de gauche, il ne supporte pas. Quand c'est comme ça il boude et ne se déplace plus pour aller voter. C'est sa façon à lui de sanctionner les dirigeants de son parti, pas parce qu'ils n'ont pas tenu leurs promesses, mais parce qu'ils ont failli à cette morale qu'ils placent au-dessus de tout. Une chance encore que l'électeur de gauche ait peu de mémoire ou ne soit pas rancunier. Car ceux qu'il a délibérément snobés lors d'une élection, retrouvent assez vite ses faveurs. N'oublions pas qu'après 93 il y eu 97. Ce qui laisserait supposer que l'électeur de gauche en plus d'être habité par un moralisme inoxydable, est aussi un grand naïf qui pense que les gens se bonifient avec le temps, que les magouilleurs de toutes sortes rentrent dans le droit chemin, après avoir compris leurs erreur, après avoir saisi le coup de semonce donné par leur électorat.
Et donc là Raffy s'inquiète du climat actuel qui voit la réapparition, orchestrée par la droite, sur le devant de la scène de certaines turpitudes qu'on pensait bannies à tout jamais. A gauche tout du moins. Même si d'ailleurs ces turpitudes sont de la roupie de sansonnet par rapport à, je cite, le "scandale d'Etat de l'affaire Woerth-Bettencourt - les pots de vin de l'affaire de Karachi". Ce qui nous montre au passage que l'éditorialiste de gauche, lui, est clairvoyant, tellement clairvoyant qu'il anticipe les décisions de justice s'agissant de l'affaire Woerth, tellement clairvoyant qu'il réussit à faire le lien, et sans montrer le moindre doute, entre un supposé financement occulte d'une campagne électorale et l'assassinat dans un attentat de ressortissants français dans un pays où jamais les islamistes ne se seraient laissé aller à de telles extrémités. Qu'attend-t-on pour le citer à la barre pour qu'il nous livre les révélations qu'il nous cache discrètement pour le moment? Car certains pourraient qualifier ceci, au mieux d'instrumentalisation de la mort de certains de nos concitoyens et de la peine de leurs familles, au pire de diffamation. Mais là je m'égare. Un journaliste de gauche ne peut être que vertueux et ne se laisserait pas aller à de telles déclarations s'il n'avait pas quelques biscottes en poche.
 
J'en reviens à cette caractérisation de l'électeur. On aura bien compris l'inquiétude de Raffy de voir son champion, ce brave Guimauve le Conquérant, mis en danger par les frasques de certains membres de son parti et ayant des responsabilités locales. Non pas parce qu'il aurait quelque chose à voir là-dedans, vous pensez bien!, non pas parce que ces différentes malversations existaient déjà quand il était premier secrétaire du parti de la morale et de la vertu réunies, mais parce que l'électeur de gauche, à l'âme si sensible, pourrait prendre un tel coup au moral à cause de son inoxydable moralisme bafoué qu'il pourrait en faire une profonde déprime allant jusqu'à l'empêcher de se déplacer lors des scrutins qui viennent. De là effectivement la dénonciation de cet énorme défaut de l'électeur de gauche. Oui, car il a bien écrit "énorme défaut" alors que d'autres auraient pu considérer qu'un moralisme inoxydable devait être au contraire encensé. Dans ce sens là, celui du défaut mis en avant, on comprend que ce n'est pas l'électeur de gauche qui ne mérite pas de tels dirigeants peu soucieux de morale dans leurs actes, car en paroles pour ça ils sont forts. Non ce n'est pas cela. Ce sont les dirigeants de gauche qui ne méritent pas un tel électorat, si fragile. Ah si seulement ils avaient des électeurs de la trempe de ceux de droite. Pas des mauviettes eux!
 
En effet, comme le dit Raffy, "l'électorat de droite n'a pas ces pudeurs de dame patronnesse sur les questions d'argent douteux. On ne punit pas son camp pour ce genre de peccadille." Et "quelques prévarications, si elles ne dérangent pas l'ordre établi et la protection de la propriété individuelle, sont des actions très secondaires." Mais c'est même pire que ça Monsieur Raffy. Vous ne connaissez pas bien encore l'électeur de droite. L'électeur de droite face à des affaires comme celles qui secouent le PS en ce moment, il se marre, il trépigne de joie, il applaudit des deux pieds et des deux mains, il se fait dessus tellement il trouve ça drôle et en redemande. C'est sa nature à l'électeur de droite. Il est comme ça et on ne le refera pas. La morale, non seulement il s'en tape comme de ses premières couches-culottes, mais en plus ça le rend triste. Alors il lui faut de ces choses qui le sortent de l'ennui, qui l'éloignent des discours de cureton, qui lui rappellent que la vie est courte et qu'il faut en profiter, et que l'honnêteté n'est pas le meilleur moyen d'y parvenir. Cynique, amoral et profiteur, voilà le portrait type de l'électeur de droite.
Vicieux et malin aussi, j'allais oublier. Enfin malin comme un diable, vous comprenez. Surtout le journaliste de droite d'ailleurs, et du Point en particulier puisque c'est à cet hebdo qu'il est fait allusion dans le "coup de sang" (au fait doucement avec les coups de sang car après un certain âge, ça peut devenir dangereux). Oui, car le journaliste de droite, a l'image de l'électeur de droite, aime bien embêter l'électeur de gauche. Et puisqu'il peut encore abuser d'une liberté d'expression qu'on croyait pourtant abolie depuis l'entrée en fonction de Sarkozy, il utilise les moyens qui sont à sa disposition, c'est-à-dire sa plume ou plutôt son clavier. Et insidieusement il suggère à ce pauvre électeur pétri d'un moralisme inoxydable que ses dirigeants ne sont pas vraiment davantage adeptes de la morale que ceux de droite. Eh oui, il profite de la fragilité de l'électeur de gauche pour le frapper là où ça fait mal. Juste pour qu'il n'aille pas voter. Une honte! C'est tellement facile avec des chochottes.
 
Moi je dis qu'une démocratie sans journalistes de droite et surtout sans électeurs de droite, ça serait beaucoup mieux. Comment? On a déjà connu ça sous d'autres cieux pas très éloignés et il n'y a pas si longtemps? Ah oui, démocratie populaire on appelait ça. Tout est dans le populaire.

7 commentaires:

  1. Bonsoir expat
    C'est une chose limpide depuis un bout: ce scribouillard de la pire espèce appartient à une catégorie malsaine et méprisante ,de celles qui déforment les faits sans aucun scrupule en toute connaissance de cause, qu'une dernière once de marxisme dans la cafetière rend d'une bêtise hors norme
    Il a néanmoins une particularité: il s'en prend aux citoyens électeurs potentiels ou acquis de droite en plus de leurs représentants et élus , nuance importante
    Archétype d'un style de pensée binaire qui a engendré les tragédies du 20 ème siècle: avec de tels gugusses et leurs esprits étroits, non envers les champs politiques possibles uniquement mais avant tout ses semblables, la trèpe, il dénie le droit aux autres de penser !!!
    personnage d'une extrême dangerosité morale, quand je pense qu'être patriote, mot en désuétude chez nous, vous catalogue d'entrée comme le pire des étrons facho, mot alibi et passe partout des gens irréprochables "de gauche ".... .
    Remarquez, en y regardant de près, vous trouvez encore des rues djerzinsky en France il me semble , pardon pour l'orthographe du nom,imaginez si un comique proposait une rue heydrich ou "gestapo müller ",un de ces tollé cataclysmique......
    Je suis homme de droite et je le revendique avec fierté,rien à branler de tels sous-penseurs et leur fiel à l'encontre des français
    Le soucis étant qu'il est de cette catégorie qui peuvent engendrer des majorités de gouvernance....

    RépondreSupprimer
  2. Bonsoir JJ,
    Raffy fait partie des nombreux à gauche qui refusent le verdict des urnes dès lors qu'il n'est pas favorable à leur camp. Depuis 5 ans, en particulier sur le Nouvel Obs, je lis des trucs qui laissent à penser que c'est pas un coup d'Etat que Sarkozy est arrivé au pouvoir, que son élection est entachée de d'illégitimité. Ce genre d'article de sa part n'a donc rien d'étonnant et qu'il s'en prenne à l'électeur de droite non plus. Celui-ci n'est pas un adversaire politique mais un ennemi, un salaud sans morale.
    Effectivement ces gens ont du mal à enterrer définitivement leurs héros passés. Donc pas question de débaptiser les rues Djersinski and co, ni de rejeter Aragon pour son "ode à la Guépéou" tandis qu'il serait interdit de citer Brasillach ou célébrer l'anniversaire de la mort de Céline. Difficile apparemment aussi de donner à un lieu parisien le nom de Soljenitsyne. ça a pris 4 ans avec les protestations conjointes des cocos et des verts... parce que parait-il il était antisémite et nationaliste. Enfin, c'est surtout lui qui a fait que plus personne ne pouvait dire qu'il ne savait pas, parce que certes avant on savait mais le silence était la règle. Pour savoir comment fonctionnent ces salauds, et ce depuis des lustres, je vous conseille la lecture du "Procès Kravchenko" de Nina Berberova, livre assez ancien c'est vrai car le procès en question remonte à 1949, mais qui montre à merveille la capacité de mensonge de ces gens même devant les pires évidences.

    RépondreSupprimer
  3. Non expat, je n'ai pas lu cet ouvrage, par contre j'en possède un bien passionnant, qui me semble aussi assez peu connu, 7000 jours en sibérie de karlo Stajner
    pour revenir à nos ouailles communo bolcho gauloises, un bouquin récent qui ne va pas leur plaire du tout: "ainsi finissent les salauds: séquestrations et exécutions clandestines dans Paris libéré " chez laffont,de jean-marc berlière( très grand spécialiste de la police française, vous pouvez trouver certains de ses travaux sur le site criminocorpus) et franck liaigre, historien travaillant sur les ftp depuis 15 ans, donc des gens assez serieux
    Il s'en est passé de drôles à la villa saïd et à l'institut dentaire, méthodes dignes des cogneurs de boemelburg chef de la gestapo en France
    Le responsable de ces joyeusetés à l'institut dentaire s'en est très bien tiré car en 1955 il était 1 et adjoint au maire de malakoff.....
    Les auteurs ont pu leur attribuer 38 cadavres retrouvés dans la Seine
    Je me rappelle de ces salades incroyables pour nommer une rue du nom du zek le plus connu au monde, que voulez vous, certains sont experts en géométrie variable selon que.....

    RépondreSupprimer
  4. je savais que vous écririez et mieux que je ne l'aurais fait à propos de ce journaliste et sa nouvelle trouvaille éditorialiste

    RépondreSupprimer
  5. Une spécificité française, au risque de me planter, "la gauche " n'a toujours pas réellement fait son coming out sur ce sujet, l'extrême nocivité du communisme et le flot de morts et de misère humaine que cela a engendré
    Alors évidemment cela se retrouve dans une bonne partie de la presse qui se veut "sérieuse " et bien sûr de gauche ,cette complaisance et ces papiers qui feraient bondir de fureur si des canards de droite avaient une telle latitude "d'esprit ".et une telle complaisance à l'encontre des idées de l'extrême droite en Europe au 20 ème siècle
    2 poids 2 mesures me direz vous, évident, il est encore de bon ton de laisser s'exprimer de tels énergumènes dans certains médias
    J'imagine difficilement un robert faurisson au 20 h, la kollossale blague, déjà que les cadres du fn sont traités d'une façon totalement déloyale( je le précise juste pour noter l'inéquité de traitement en France )
    Ça me fait souvent penser à un bouquin d'alphonse boudard, ces scènes dans un sanatorium avec cette guerre entre le comité communiste et ce curé breton rouquemoute extrêmement réac, bien moins conciliant qu'un don camillo, à pisser de rire, surtout le jour où staline avale son bulletin de naissance, ah boudard !!!!!

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Cimabue,
    merci de m'avoir indiqué l'article puisque je ne vais pas trop fourrer mes pattes là-bas. Faut quand même être un peu con pour aller écrire des choses comme ça, non? Même la modération de l'obs semble être d'accord avec moi puisque le même billet que celui-ci est passé sans censure. Bon bien évidemment personne n'y a commenté, comme le précédent sur "rose mafia", mais là faut quand même pas trop en demander.

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour JJ,
    vous avez raison la gauche française, et les socialistes en particulier, n'ont toujours pas fait leur "Bad Godesberg" comme le fit le SPD en 56, je crois. Ce qui ne les empêche pas quand ils sont aux affaires d'appliquer avec zèle des doctrines libérales bruxelloises, voire même de les initier, ainsi que le fit Delors en son temps. Mais par contre leur discours est toujours teinté de cette haine du riche, du raciste, etc., même si ces termes sont évidemment galvaudés puisque selon Hollande (2007) le riche c'est celui qui gagne plus de 4000€ mensuels, et le raciste c'est celui qui accepte de parler d'identité nationale.
    Là je pourrais faire mon "Raffy" et déclarer que l'électeur de gauche, enfin socialo, est vraiment trop con pour se rendre compte qu'il y a au moins depuis 83 une dichotomie entre le discours et les faits.

    Maintenant pour en revenir au communisme, je suis sidéré qu'on puisse encore se réclamer de cette doctrine même si désormais ça suscite surtout l'amusement ou la compassion. Reste que le bête n'est pas morte et qu'on voit des philosophes "distingués" comme Badiou successivement stalinien, maoïste et soutien de Pol Pot, enfin bref, un suppôt des plus grands criminels de l'histoire, avoir encore une certaine audience publique.

    RépondreSupprimer