"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 20 janvier 2013

Orange mécanique


On se souvient de ce film de Stanley Kubrick sorti au milieu des années 70 et qui nous décrivait les péripéties du jeune Alex, grand amateur de Beethoven, chef d'une bande de délinquants hyperviolents jamais économes des coups portés à leurs victimes de rencontre et ne dédaignant pas de temps en temps de commettre un viol. Le film fut très controversé, certaines de ses scènes furent soumises à censure. Ce genre de chose ne pouvait pas exister. Et pourtant…
Et pourtant ce n'est pas ce que semble nous dire un jeune journaliste, Laurent Obertone, qui après avoir épluché statistiques et faits divers, après avoir interrogé membres des forces de l'ordre et victimes, en vient à des conclusions assez effrayantes pour oser donner à son livre le même titre que celui du film de Kubrick. " La France Orange mécanique".

Evidemment je n'ai pas lu encore le livre, sorti il y a à peine quelques jours et non encore disponible dans les bonnes librairies péterbourgeoises où les rayonnages consacrés aux livres en langue française font très pâle figure par rapport à ceux où l'on trouve les ouvrages en langue anglaise ou allemande. Et dire qu'il y a un siècle, le français était parlé couramment par les gens distingués ou tous ceux qui voulaient s'en donner l'air et qui étaient sans doute les plus nombreux! Peu de chances également que je le trouve à la médiathèque de l'Alliance française dont les liens avec le ministère des affaires étrangères sont sans doute trop étroits pour que certaines publications n'allant pas dans le sens du vent puissent être diffusées à l'étranger. Je remarque en plus que bien que les inscriptions aient augmenté de 100% cette année, les nouvelles publications se font de plus en plus rares. Le rayonnement de la culture et de la langue françaises dans le monde ont sans doute un prix trop lourd à payer en ces périodes de disette. Je devrai donc attendre quelques mois pour me procurer l'ouvrage en question. En attendant j'ai lu plusieurs recensions du livre et écouté une émission radiophonique qui lui était consacrée. L'éditeur ayant accepté de publier ce brûlot étant un très petit éditeur, faute de pouvoir trouver mieux de la part de l'auteur sans doute, car il est des sujets dont se méfient les soi-disant diffuseurs d'idées, du moins ce qu'ils prétendent être, la promotion en a donc été assurée par son unique contenu qui n'a pas manqué d'alerter certaines personnes qui soit sont en phase avec les propos de l'auteur, soit éprouvent naturellement une répulsion à ce genre de prose.

Quelles sont donc les thèses de l'auteur?
Le premier constat qu'il fait est que depuis longtemps les chiffres officiels de la délinquance et de la criminalité sont sous évalués. Et pas qu'un peu. Ces chiffres officiels s'appuient sur les plaintes enregistrées par les forces de l'ordre uniquement. Elles ne prennent donc pas en compte tous les faits d'insécurité qui ne sont pas déclarés par les victimes et qui seraient en nombre exponentiel. Par exemple, on estime que seul un viol sur dix fait l'objet d'une plainte. Donc en s'appuyant sur les statistiques de l'office national de la délinquance et des réponses pénales, il donne des chiffres assez inquiétants : chaque jour il y a en France près de 6000 atteintes aux bien, 1300 atteintes à l'intégrité physique, 200 viols, 1000 escroqueries économiques et infractions financières, 470 véhicules détruits ou dégradés, 330 violences physiques crapuleuses, 100 incendies volontaires de biens privés… Chaque jour en France! L'auteur affirme que les chiffres ont été validés par Manuel Valls. Taubira a gardé le silence.
Toutes les formes de délinquance ont explosé à commencer celles commises par les mineurs et les mineures qui ne sont pas en reste. Et vive la parité! Et le sordide est souvent au rendez-vous. L'ouvrage, parait-il, est largement alimenté par la relation de faits de cet ordre.

Si les chiffres sont dévalués par les autorités successives, il en va de même des médias qui sous-estiment (volontairement?) la violence quotidienne. Parce que, selon une explication de Xavier Raufer, c'est anxiogène et donc mauvais pour la publicité, donc on minore pour ne pas effrayer les annonceurs. Et puis aussi parce qu'il semblerait qu'il n'est pas très bien considéré de relater les méfaits commis par les minorités, ou la diversité si on préfère. Là on tait les noms, ce qui permet d'ailleurs de savoir à tous les coups qu'il ne s'agit pas d'un Français de souche, ou plus simplement l'information.
Et comme les minorités, selon l'auteur, moi je n'oserais pas, sont à la pointe de la délinquance, évidemment beaucoup de choses passent à la trappe.

Car l'auteur ne se contente pas d'un simple constat de la délinquance et de sa sous-évaluation volontaire. Il en cherche les causes. Et là il sort des poncifs classiques de nos belles âmes qui corrèlent la délinquance à la pauvreté. Si c'était vrai la Creuse, le Cantal et le Lot seraient à feu et à sang. Or, ces départements qui ont le PIB le plus bas de France ont aussi les taux de criminalité et de délinquance les moins élevés. Par contre "l'Essonne, le Val-de-Marne ou la Seine-et-Marne, beaucoup plus riches, beaucoup plus entreprenants, et aussi, beaucoup plus subventionnés", ont un taux de criminalité très élevé. L'auteur rejoint donc là d'autres études, bien rares, car leurs auteurs savent ce qui les attend en retour de telles conclusions. Assez récemment Hugues Lagrange, chercheur (plutôt de gauche) auprès du CNRS, et auteur du "déni des cultures" en a fait les frais. N'est-il pas honteux de supposer et surtout démontrer que la criminalité et la délinquance peuvent avoir des causes culturelles? C'est d'autant plus facile de nier la réalité que les statistiques ethniques sont interdites en France, officiellement.
Mais notre auteur, peu impressionnable sans doute, n'hésite pas à faire ce rapport, liant sans honte aucune insécurité et immigration. Peut-on lui donner tort quand si on fait une photo de la population dans les prisons françaises?

Et puis bien sûr, il ne manque pas de relever la faillite de la justice.
Il dénonce cette idéologie dont l'icône actuelle est notre ministre de la justice qui rejette la prison comme solution à la délinquance. Mais sans rappeler que depuis pas mal de temps déjà, la prison devient l'exception ou presque. Par idéologie, ou simplement par pragmatisme, parce que le nombre de places en prison est insuffisant et que ça coûte cher d'en construire. 60000 places de prison, et 80000 peines de prison prononcées et non exécutées. Selon la loi de 2009, en dessous de deux ans on "passe l'éponge", du moins on n'enferme pas, sauf exception. Il en résulte un sentiment d'impunité chez les délinquants qui après avoir été interpellés après un certain nombre de délits, parfois important, on dépasse très souvent la dizaine, sans jamais avoir vu autre chose qu'une cellule de garde à vue, se sentent autorisés à continuer leurs petites affaires, en allant souvent crescendo. Il faut également noter le lien qui existe entre le nombre de refus de déposer plaine et des jugements estimés bien trop indulgents. Pourquoi perdre son temps, et même parfois prendre des risques en représailles de votre plainte quand vos agresseurs ne risquent rien.
Les mineurs qui sont de plus en plus nombreux en délinquance doivent bénir Taubira qui a supprimé les tribunaux correctionnels spéciaux pour certains d'entre eux. Entre 12 et 18 ans, certains d'entre eux ont le temps de se former sans aucun risque ou presque pour eux.
Il manque donc beaucoup de places de prison, mais l'auteur estime qu'à long terme, malgré le coût ça devient rentable économiquement de construire de nouveaux établissements pénitentiaires. Par ailleurs, partant du fait que les auteurs de délits se retrouvent dans une part très minoritaire de la population, en écartant ceux-ci de la société pendant un temps normal et en rapport avec la gravité de leurs actes, en plus de leur faire comprendre que le laxisme c'est terminé, on diminuera mécaniquement les taux de délinquance. Ça se tient.

J'entends déjà aboyer la meute prétendant que ce genre de livre fait le jeu du front national. L'auteur répond à cette accusation qu'il attend évidemment, tellement c'est classique, en tentant de montrer que la politique proposée par le FN ne résout absolument rien (il parle de gauchisme social), et en rappelant que cacher une réalité que beaucoup peuvent observer au quotidien apporte sans doute plus d'électeurs au FN que la prise en compte lucide et franche de la vérité.


 

7 commentaires:

  1. bonjour Expat

    je pense qu'il y a un schéma de délinquance criminelle et de crime tout court aux buts plus que difficile à cerner cruauté, sauvagerie, violences et acharnements puisant dans les limbes psychiques, schéma qui apparaît par la performance médiatique peut être

    statistiquement cela se noie dans les crimes à but lucratif mais nous interroge sur l'humain et sa puissance barbare

    dans Orange mécanique nos héros si je me souviens bien à un moment prennent à grande vitesse une route à contre sens ce road moovie en 70 se détache de "la fureur de vivre" pour annoncer "nés pour tuer" de Tarentino plus tard

    RépondreSupprimer
  2. Effectivement ce qui effraie le plus c'est sans doute cette recrudescence de la violence pour la violence. A mon avis c'est une chose qui ne peut-être réglée que par une autre violence légale, à savoir la punition qui me semble être la seule mesure dissuasive possible. Là c'est l'enfermement qui est préconisé qui a au moins cet avantage d'écarter au mois momentanément de la société des individus foncièrement dangereux, d'autant plus dangereux qu'ils sont imprévisibles. Or, dès lors qu'on a décidé que la prison n'était pas la solution, on ne peut rien faire et les forces de l'ordre ne servent plus à grand chose.
    Dans l'émission que j'ai écoutée (sur RMC) intervenait la présidente du syndicat de la magistrature dont les propos étaient éclairants à ce sujet : éviter la prison. Donc Valls pourra toujours s'agiter, comme le fit Sarkozy (l'auteur du bouquin les assimile tous les deux), le problème ne sera pas résolu. On jouera juste sur les chiffres pour faire croire que...

    RépondreSupprimer
  3. ces gens valident le fait que notre outil pénitentiaire croupit dans l'indifférence sociétale sauf quand on y croise des rats et qu'il faut ne point s'en servir! je demande une remise fiscale....
    il faut faire de l'enfermement un tremplin de réhabilitation protégeant en même temps la population ce n'est que la mission de la prison
    les alternances alternent! on enferme à tout va et barka ou on patauge dans des machins mous

    les stats intra pénitentiaire sont confidentielles je pense on y visualiserait quelques résultats positifs et surtout en MA le total d'entrées en regard du nombre de détenus, le nombre de préventives , leurs longueur, les stats du dentiste....

    échec sur toute la ligne

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour cher Expat !

    Alors vous avez très bien fait de parler de ce livre, et vos prédictions quant à son contenu relèvent de la divination : je viens de le terminer, j'en suis bouleversé. J'aimerais tant que ce bouquin parvienne à ouvrir le débat que la presse veut fuir...
    Il développe une puissance d'écriture, d'argumentation (et d'incorrection) absolument inédites. Je pèse mes mots, il n'en existe aucun autre du même genre. L'enquête est très approfondie, inattaquable.
    Il ose parler de tout, à fond, y compris de l'immigration (très largement, même).
    Sur Amazon, il est dans les best-sellers, malgré le silence des médias. Il y a quelque chose à faire avec ce livre...
    http://www.amazon.fr/France-orange-mécanique-Laurent-Obertone/dp/B009S2LKLY/ref=cm_cr_pr_pb_t

    Il faut le soutenir, le diffuser, il peut vraiment réveiller n'importe qui. Et l'argumentaire est si fort que personne n'osera ni ne pourra l'attaquer.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour à vous

      Je vous remercie pour ce témoignage. Le fait que vous ayez lu le livre contrairement à moi, pour les raisons que j'ai indiquées, apporte en effet un crédibilité à mes propos inspirés par la lecture de multiples recensions de l'ouvrage et l'écoute d'une émission radiophonique qui lui était consacrée. Par ailleurs, il se trouve que je suis d'accord en ce qui concerne les causes de cette recrudescence de la délinquance exprimées par quelques chercheurs bien rares, car le prix à payer pour eux est toujours cher.
      Il est quand même réjouissant que désormais des gens, chercheurs, journalistes,..., osent prendre de plus en plus la parole pour expliquer certains ressorts de la société française et donc sortir des poncifs devenus traditionnels. Je pense notamment à cet excellent livre de Christophe Guilluy (fractures françaises), celui-là j'ai pu le lire, qui explique fort bien la répartition de la population en France par rapport à des situations sociales et ethniques et démystifie avec brio ce qu'on appelle les quartiers sensibles. Il parait que ce livre parut en 2010 se trouvait sur les tables de chevet de nos présidents ancien et actuel. Pourtant il n'a pas vraiment servi de leçon. Dur de sortir de l'idéologie de SOS racisme.

      Supprimer
  5. En effet, dans une société qui se veut "libre", les chercheurs sont malheureusement contraints à trouver ce qu'on leur demande...
    La puissance de l'antiracisme est très fort, fait peur à tout le monde. Dès qu'un hésitant lève le petit doigt la meute lui tombe dessus.
    Tout ce qui permet de briser ce terrorisme intellectuel est le bienvenu !

    RépondreSupprimer
  6. La France pour les touristes chinois par exemple, est devenu un pays à risque et ce n'est pas vraiment par hasard...

    RépondreSupprimer