"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 11 août 2010

Mort d'une Nation

Ernest Renan déclarait en 1882 lors d'une conférence célèbre: "Une nation est une âme et un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riches legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre-ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage indivis."

Cette définition de la nation présentée par Renan est une conception typiquement française, surtout à l'époque, mais qui vaut encore aujourd'hui pour certains dont je me réclame, même si finalement elle n'est plus qu'une forme idéalisée. La nation est décorrélée de toute notion essentialiste. la nation ne repose pas sur l'appartenance commune à une race, à une religion. Elle repose sur un double principe actif : l'acceptation d'un héritage, et la volonté de faire fructifier ce dernier.
Et ça a fonctionné. Pendant assez longtemps et de façon assez efficace pour que des gens venus d'ailleurs, pourtant mal accueillis, vivant dans des conditions difficiles, ne pouvant compter que sur le fruit de leur labeur et jamais sur une quelconque solidarité nationale, finissent, eux parfois, leurs enfants presque toujours à se sentir membre à part entière de la nation française. Dès la troisième génération la plupart avaient même oublié d'où "ils" venaient. L'héritage avait été accepté, la volonté de de le faire fructifier s'exprimait au quotidien par ce voeu exprimé de vivre ensemble.
Peut-on, doit-on, parler d'allégeance ? Peut-être. Au début sans doute pour certains. Les rapports des préfets des années 20 par exemple indiquent les difficultés d'intégration de certaines franges de ces populations fraîchement immigrées. Et sans doute que pour une partie significative de ces personnes le choix n'existait qu'entre le retour et l'allégeance. Question de survie dans un milieu qui ne tolérait guère l'expression de modes de vivre différents. Méthode dure peut-être, mais jugée indispensable à la survie de la nation. Et efficace car même si d'autres les avaient précédé dans cette voie, l'allégeance a rapidement fait place à l'adhésion. L'histoire de France devenait également l'histoire de ces nouveaux français. Et les principes qui permettaient le vivre-ensemble étaient assimilés.
Parmi ces principes et sans doute le plus important, celui qui permettait de se sentir français sur le même plan, se trouvait le principe d'égalité. Et le moteur permettant de promouvoir ce principe était essentiellement l'école. L'école qui permettait à tous d'acquérir des références communes, de s'exprimer dans la même langue et surtout donnait la possiblité aux meilleurs d'émerger, quelle que soit leur origine sociale ou territoriale.
Cette dynamique a permis aux Polacs, aux Russkofs, aux Portos, aux Ritals, aux Espadrilles et aux autres de devenir des Français se considérant comme tels et étant condsidérés comme tels par les autres Français. La France ne s'est-elle d'ailleurs pas construite comme cela par l'intégration successive de populations venues le plus souvent de l'est à l'origine puis ensuite du sud et même du nord. Il n'y a pas de race, d'ethnie françaises. Pourtant il y a eu une population qui peu à peu puis pendant assez longtemps s'est reconnue dans un pays et les idéaux qu'il représentait. Suffisamment sure d'elle parfois pour prétendre exporter ces idéaux en Europe et dans le monde. Certes pas toujours et même assez rarement il est vrai par la seule parole. Mais il fallait tout de même avoir une sacré foi en ce que représentait la France pour oser le faire. Et si les succès n'ont pas été toujours au rendez-vous ou immédiats, certaines graines ont été semées qui ont eu le temps de produire leurs effets. Ainsi toutes les monarchies autoritaires ont-elles été ébranlées en Europe au cours du 19ème siècle. Et peut-être peut-on considérer cette première guerre fratricide entre européens comme le dernier sursaut d'un modèle ébranlé par le nôtre ? Mais cette guerre allait aussi être fatale dans ses conséquences à notre modèle. J'y reviendrais. Le 19ème c'est aussi l'époque de la colonisation qui n'en fut pas vraiment une car mise à part l'Algérie, il ne fut jamais question de peupler ces lieux avec des Français. Mais colonisation par les idées peut-être. Le processus est effectivement sous-tendu et justifié, au moins en partie, par cette idée de mission civilisatrice de la France. Et de Savorgnan de Brazza, lui même un Français naturalisé à qui la France a même repris son brevet d'officier de marine qu'elle lui avait accordé quand il était encore Italien, Brazza qui au Congo déclarait que tout homme se mettant à l'abri de nos trois couleurs serait un homme libre tandis que dans le même temps Stanley le Britannique colonisait à coups de fusil, à Léon Blum qui dans ces discours exaltait cette mission civilisatrice de la France, on retrouve cette volonté d'exporter un modèle qui nous est propre. La décolonisation et surtout les événements d'Algérie porteront également un coup terrible au modèle.
Entre les deux guerres, la France profondément meurtrie dans sa chair cède en grande partie à la tentation du pacifisme. Ce pacifisme aura pour première conséquence Munich en 1938 où elle abdique ses valeurs. Deux années plus tard en mai-juin 1940, c'est l'effondrement. Et du pacifisme naîtra Vichy. Car pour retrouver une paix, fût-elle honteuse, les pleins pouvoirs seront donnés à Pétain sans grande résistance. La gauche pacifique donnera ses cadres les plus zélés à ce régime. De Gaulle réussira peut-être pendant un temps à faire croire aux Français en obtenant pour la France un statut inespéré à la fin de la guerre au plan international qu'ils étaient résistants. Le mythe s'effondrera avec sa mort. Et peut-être que l'élection de Mitterrand est en quelque sorte une tentative de réconciliation, l'individu concentrant en sa personne les deux versants français de cette guerre, le plus abject et le plus noble. Mais le modèle français est bien mal en point.
La décolonisation marque également l'échec du modèle. La mission civilisatrice de la France et ses réalisations n'ont pas suffit. Il y avait d'autres choses moins nobles qui la côtoyaient. Et puis ce modèle n'était pas transposable partout.  Les civilisations peuvent mourir, mais savent aussi résister. Et les guerres d'Indochine et d'Algérie qui ont divisé les Français ont montré que ces derniers ne voulaient plus tenir ce rôle qui fut le leur pendant plus d'un siècle à partir de la Révolution. Enfin les décolonisation, les violences qui les ont accompagné surtout ont fait douter les Français de leur modèle. Peut-on l'imposer à n'importe quel prix ? Il en est ressorti une culpabilité chez certains qui bien exploitée nous amène au dernier point qui sera développé dans ce texte. A savoir l'implosion du modèle sur le territoire même de la France.

Quand Giscard et son premier ministre Chirac autorisent le regroupement familial, il achèvent de fissurer le modèle français, qui fonde l'identité collective des Français. Ce modèle déjà bien mis à mal, comme dit plus haut, ne peut pas résister aux conséquences de ce regroupement. Ce n'est pas le regroupement en soi qui est à montrer du doigt, ni les étrangers qui en ont bénéficié, c'est la manière dont il a été géré. En fait pas géré. Ni préparé. Pourtant il était évident que cette mesure allait changer la donne. Transformer une population de passage dont l'intégration n'était pas une priorité, en une population dont la présence allait être durable, et même le plus souvent définitive. C'est aussi une population dont la culture est très différente de la nôtre. Pourtant nous le savons car il s'agit des habitants de nos anciennes colonies. Et c'est sans doute là que réside une grande partie d'un problème qui ne fera que s'amplifier avec le temps du fait de pressions malsaines exercées par des individus dont le but parfois avoué est de faire rendre gorge à cette "vieille" France et ses valeurs. Il existe en effet un sentiment de culpabilité de la part de certains vis-à-vis des ex-colonisés. On rajoute à ça une larme d'esclavagisme et un un zeste de relativisme culturel et on en arrive à un modèle d'intégration qui a pour principe de base le refus d'intégrer. Le niveau d'intégration tout juste requis est de respecter les lois de la France.
Au nom de l'égalité des cultures, au nom de la richesse de la diversité, on refuse désormais l'idée même d'une identité commune. On trouve donc côte à côte, mais de moins en moins car les populations se fuient, des personnes exhibant des identités différentes voire concurrentes. On a ceux qui ont toujours pour ancêtre les Gaulois, appelés délicatement souchiens (mais je ne suis pas sûr de l'orthographe qui varie d'ailleurs en fonction de qui prononce le mot), on a ceux qui ont pour ancêtres les colonisés et encore ceux qui ont pour aïeux des victimes de l'esclavagisme (nécessairement celui de la traite atlantique, les autres étant soigneusement ignorés). Il ya a aussi ceux qui se définissent essentiellement par leur identité religieuse, phénomène d'ailleurs présent dans les pays d'où ils viennent. Tous ce qui relie ces gens-là, ce sont les papiers.
Quant au vieux principe d'égalité, il s'est transformé en soif d'égalitarisme. Tout, tout de suite pour tout le monde. Sans tenir compte du mérite et des compétences de chacun. ce modèle est hélas défendu par certains partis politiques d'importance, pas ouvertement certes, mais par les biais d'un discours qui confine à la haine vis-à-vis des riches, sans pour autant oréciser d'ailleurs ce qu'est un riche. En 2007, le premier secrétaire d'un parti parlait de 4000 euros mensuels ! Et sans comprendre quel est le parcours de ces riches.
Il n'y a donc même plus un semblant de projet qui pourrait réunir ces diverses populations. Elles revendiquent leurs différences, sont encouragées à continuer dans ce sens. Il n'y a donc plus de Français, mais des personnes qui sont munies de papiers français qui offrent des droits. Evitons de parler des devoirs.

Voilà, la France est devenue un pays au sens administratif du terme. la nation française pour sa part est désormais morte même si elle survit encore dans le coeur de quelques nostalgiques d'une grandeur passée liée à un projet qui se voulait universel.

Dans sa conférence, Renan disait également : "Les nations ne sont pas quelque chose d'éternel. Elles ont commencé, elles finiront."

5 commentaires:

  1. la tour de Babel en bas censure de son fait

    Je disais organiser la multiculture européenne sans compromis
    compromis du Hidjab: ce n'était pas tant le problème d'un signe ostentatoire religieux mais une entrave à la vie au travail car on a oublié les vêtements couvrants jusqu'aux pieds et mains
    Hygiène et sécurité de nombre de postes
    Vie scolaire entravée par le refus de la mixité
    Le choc des cultures n'étant le fait que de l'islam qui contraint ,contre notre socle culturel venant de Rome comme dit Zemmour
    Un juif peut suivre sa foi en occident car les contraintes n'influent pas sur la place
    L'islam s'embrouille à loisir en gardant floue les notions coraniques et les us et coutumes archaïques
    Parce que l'attachement au sol d'origine, normal, impose lors des retours (vacances ou retour définitif peut être espéré)impose que l'on soit toujours apte à l'islam de ce sol
    Atavisme
    ceci est un leurre qui tient en joue des populations sur notre sol et qui vient de desseins belliqueux politiques
    et les politiques ne clarifient pas
    les politiques s'engouffrent dans ce grand chantier: choisir l'islam friqué du golfe, chic et moderne (tu parles!)
    c'est ce compromis qui embrouillera à loisir
    Finances, justice civile, pénale?
    Nous le devrons à US et GB
    au lieu de se réunir à 27 sur des trucs aléatoires, ça c'était du concret
    Le pire est à venir, l'indonésie se noie, les eaux montent, les flux migratoires musulmans dans les 50 ans seront énormes
    Et quand je vois la tournure actuelle des évènements ou Aubry va se noyer dans le 4 septembre et où NS va rigoler, ou l'inverse, je nous trouve minables

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  2. Bonjour Cimabue,
    je vous réponds tout à l'heure. Trop occupé.
    Qu'avez-vous fait de votre blog ?

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  3. ne faites jamais apparaître votre identité
    elle est connue déjà largement sans qu'en surface des cons s'en emparent

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  4. Cimabue,
    j'ai fait une réponse collective sur vlad. mais elle ne prend pas en compte tout ce que vous écrivez.
    Je ne sais pas si vous avez lu chez vlad, mais même hors de l'islam, il est difficile d'intégrer ou d'assimiler des populations même très proches culturellement. Alors effectivement quand on prend l'islam c'est quasiment mission impossible d'autant plus qu'on traite cette religion avec tant d'égards que ça en devient inquiétant. il faut d'ailleurs que je refasse un billet sur Obama et la ramadan. On verra.
    Quant à l'Europe, elle me parait difficilement apte à réussir là où les Etats membres échouent. partout. Dans les pays nordiques pourtant très tolérants et qu'on ne peut pas culpabiliser du fait e la colonisation ou l'esclavagisme, c'est une catastrophe. L'Europe a déjà du mal à parler d'une seule voix. Là aussi une catastrophe. vive l'Europe des 6 ! Et si on rajoute la Turquie, et ça se fera, dans 15-20 ans, j'en suis quasiment sûr, c'est fini.
    On a rarement vu une civilisation s'appliquer autant à sa propre destruction.
    Sauve qui peut !!! Une fille aux US et un fils en Russie, ça me donne un peu d'espoir pour eux. Car ce sont encore des nations. Malgré Obama pour le premier pays. Mais il est foutu je pense.

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  5. j'ai lu, oui
    chez Lozès gros délire
    l'UE est passé du zéro à l'infini quant aux institutions droitdelhommistes redondantes
    Elles font objet d'opposition politique et assurent toutes les dix minutes que l'homme blanc yana être raciste
    à vrai dire ça va pas tarder à se vérifier tant elles mettent la pression
    il faut que les politiques puissent grandir sans ces machins et les cantonner dans leur mission
    mais quelle est leur mission?
    Le droit est au fronton mais ça déraille sans cesse
    Non pas dans le droit forcément mais la manière de foutre le bazar avant de retrouver la loi
    alors elles veillent ,sans exiger, sur ces communautés

    Là sur les Roms je sais pas où elles sont par contre

    Je crois que notre civilisation est paradoxale et ça la tue
    Obama nous tance et ne voit pas les couloirs de la mort et se prend Guantanamo en pleine poire
    and so one
    Mettez une souris dans une cage, envoyez lui des signaux différents sans cesse: interdit/permis...elle clamse

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