"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 8 août 2010

Et le peuple alors ?

J'ai lu quelques une des interventions sur les blogs de l'obs consécutives à ces fameuses mesures que compte faire adopter le gouvernement pour lutter contre l'insécurité.
Elles ont pratiquement toutes deux points communs :
  1. ces mesures nous ramènent immanquablement à Vichy, voire au nazisme. Même Portelli qui semble prendre la distance avec cet amalgame écrit avant sa mise en garde relatif à ce point que ces mesures font références aux heures les plus sombres de notre histoire. Qui sont comme chacun sait ces moments douloureux en 1814 quand les Cosaques campaient à Paris alors que l'Empereur partait vers son premier exil ;
  2. l'opinion du peuple sur ces mesures n'a aucune importance. Portelli se félicite d'un tollé contre les mesures de ce gouvernement qui ne cache même plus sa nature extrême-droitiste, alors que les sondages montrent que ce tollé reste tout de même assez circonscrit à notre bienpensance traditionnelle. Mazarine Pingeot nous explique que le peuple a été manipulé et que c'est donc logique qu'il approuve ces mesures. Et de dénoncer le populisme de ce régime. Pensez-donc un régime qui tiendrait compte des doléances de son peuple ! Quelle horreur. C'est pas démocratique ça ! c'est du populisme.
Je voudrais donc m'exprimer sur ces deux points.

Le recours à Vichy est une vieille ficelle mais dont l'usure et même la pourriture ne semble pas repousser ceux qui l'utilisent. Même si c'est de la façon la plus ignoble. Car c'est faire injure à la mémoire des victimes de ce régime que d'assimiler des mesures de déchéance de nationalité envers forcément des doubles nationaux criminels au statut des juifs sous Vichy. Et puisque moi aussi je sais être perfide, je dirais que Mazarine Pingeot de par sa filiation, peut-être même bercée sur les genoux de tonton Bousquet grand ami de son père pendant et après, devrait en savoir suffisamment pour ne pas se risquer à ce genre d'amalgame que son intelligence et ses connaissances devrait lui faire fuir.
Ceux qui ignoreraient ce que contiennent les lois de Vichy sur les Juifs pourront utilement cliquer ICI et vérifier si les mesures proposées par Sarkozy ont un lien avec elles. Et comprendre le caractère diffamatoire, ordurier et fondamentalement malhonnête de ce procédé. L'histoire ne doit pas être utilisée comme un jouet. Il y a des morts, des souffrances irréparables derrière ces lois. Et la simple décence, à défaut de l'honnêteté, devrait suffire pour éviter d'utiliser des procédés qui salissent certainement davantage ceux qui les utilisent que leurs victimes. Du coup je ne regrette même pas ma perfidie à l'égard de M. Pingeot.
Ensuite les mesures proposées par Sarkozy et les siens sont censées s'appliquer à des criminels. Faire l'amalgame avec Vichy revient implicitement à faire des Juifs des criminels eux-aussi. Voilà encore un point auquel devraient réfléchir les abrutis maniant cet amalgame honteux.

Et maintenant le peuple. Que devient-il dans cette triste histoire. Pas grand chose finalement. Pour Portelli, dire que certains empoisonnent la vie des honnêtes gens relève de propos de comptoir. Eh ben oui, c'est ça le peuple. C'est Dupont-la-joie au troquet du coin en train de siroter son ballon de gros rouge ou son pastis et sortir des conneries sur les immigrés. Peut-être bien après tout. Mais c'est aussi ce peuple et non Portelli, bien installé dans un appartement que j'imagine cossu et loin des banlieues, qui souffre au quotidien. C'est sa bagnole à lui qui est brulée et pas la grosse cylindrée du bobo des beaux quartiers. C'est lui qui ne peut pas rentrer chez lui à certaines heures parce que c'est l'heure de la vente. C'est lui qui doit baisser les  yeux quand il croise une bande de petits salauds que leur nombre rend fort. C'est lui qui doit descendre du trottoir quand ils arrivent face à lui, même s'il habite là où il habite depuis son enfance. C'est aussi lui qui a appris que la force et la violence ont plus de chances de l'emporter que l'intelligence et le dialogue. Et du coup il est devenu con sans doute. Mais grâce à Portelli et ses semblables, on ne lui laissera pas exprimer sa connerie. Pour son bien. Car Portelli sait ce qui est bien pour le peuple, beaucoup mieux que celui-ci. Donc il se réjouit du tollé face aux mesures vichyssoises de Sarkozy, Portelli. Même si ce tollé n'est le fait que toujours des mêmes, associations qui ont tant fait pour propager le racisme malgré leurs noms élogieux, partis de gauche et même certainement des groupements de droite à qui la France traditionnelle répugne, qui ont des nausées à l'audition ou la lecture de certains mots comme le travail, la famille ou la patrie. Tellement vichyssois !  On y rajoutera l'identité nationale et la nationalité à ces termes honteux. L'identité nationale, tiens ! il ne fallait surtout pas en débattre. Trop vichyssois aussi. Et pourtant, malgré le sabotage du débat, elle revient à vitesse grand V telle un boomerang. Parce que ce con de peuple se sent de plus en plus menacé dans son identité.  Pas grave, le 4 septembre (date de naissance de la 3ème République, celle qui a fini par donner les pleins pouvoirs à Pétain. Ironie de l'histoire sans doute), il verra ce qu'il verra ce peuple mal éduqué.
Et puis il y a l'autre version, celle du peuple manipulé. Dans ce cas de figure le peuple est aussi con que dans le précédent, puisqu'il avale la propagande qu'on lui sert, à savoir que la délinquance a un lien fort avec l'immigration. Mais ici, il est surtout passif. C'est une victime. Ce n'est pas lui qui se plaint vraiment, c'est le gouvernement qui réveille ses bas instincts. Ce n'est pas lui qui réclame, c'est toujours le gouvernement qui vient vers lui et lui propose des mesures qui ne peuvent que lui plaire. c'est du populisme quoi. Sinon, le peuple, lui, il est bien, il ne se pliant de rien, sa vie coule comme un long fleuve tranquille. Ses problèmes n'existent pas. Ils sont juste créés par une bande de salauds qui veulent tirer partie de sa naïveté et de son esprit spongieux, peut-être rendu en l'état par sa trop grande fréquentation des comptoirs de Portelli.
Ah, putain de peuple ! Même pas capable de savoir ce qui est bien pour lui. Au jugement incertain et même douteux (imaginez il a voté majoritairement pour Sarkozy en 2007). Influençable au possible. Le mieux serait d'en changer, mais pas sûr de trouver mieux finalement. Alors procédons autrement. Tuons l'esprit même de la démocratie. Laissons au peuple les élections qui porteront au pouvoir celui qui aura su le mieux l'influencer. On va d'ailleurs faire un concours d'enfumage ou de "populisme" à cette occasion, car nos promesses de campagne on n'en a rien à cirer. Et ensuite ce peuple ne lui demandons surtout plus rien. Sur les questions de société, surtout jamais de référendums. Regardez où ça peut mener avec l'exemple de ces idiots racistes islamophobes de Suisses qui refusent la construction de minarets ! Faut pas pousser quand même ! Et pour qu'il ne soit pas trop tenté de réagir, de se rebeller, ne voyant pas toujours l'adéquation (euphémisme) de ce que nous faisons avec ses soucis, continuons à l'enfumer par le biais de nos médias auxquels ils n'ont qu'un accès passif (lecture seule) et bourrons lui le crâne à longueur de temps avec les vérités que nous voulons qu'il fasse siennes. Tiens pour qu'il accepte des comportements singuliers de certains immigrés ou de souche étrangère, rappelons lui, et même mettons le au programme des écoles car ça imprime mieux qu'il est le successeur d'un peuple indigne ayant pratiqué l'esclavagisme et le colonialisme, ce qui fait qu'il a tout de même une dette envers ces gens au sujet lesquels il pourrait être tenté de nous soupçonner de complaisance ou de laxisme. Créons des lois mémorielles, créons des lois punissant le racisme et l'incitation à la haine raciale. De toutes façons, comme il n'existe pas de lois pour incitation à la haine de soi (qui oserait faire voter ça ?), on peut y aller. Et si par hasard il se réveille, sortons l'arme fatale : Vichy ! Ah le Maréchal, s'il n'avait pas existé il aurait fallu l'inventer.

Le 4 septembre sera peut-être un tournant dans notre histoire. Ce sera au peuple d'en décider.

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