L'enseignement de l'histoire m'a toujours semblé une chose fondamentale dans la construction d'une identité individuelle et collective.
Les personnes de ma génération se souviennent encore sans doute de ces scènes qu'on trouvait soit dans les livres, soit sur de grandes feuilles cartonnées que l'instituteur accrochait au mur : le village gaulois, Vercingétorix, Clovis et le vase de Soissons, Charles Martel arrêtant les Arabes à Poitiers, Charlemagne visitant une classe tandis que son neveu Roland trahi par Ganelon mourait sous les coups des sarrasins, le départ des croisés, Jeanne d'Arc entrant dans Orléans puis brulée vive par les Anglais, le sinistre Louis XI et ses "fillettes", François 1er et le preux chevalier Bayard, le bon roi Henri IV assassiné par Ravaillac, Richelieu au siège de la Rochelle, le roi-soleil dans son manteau fleurdelisé, la prise de la Bastille, Marat gisant dans son bain, le gendarme Merda tirant une balle dans la joue de Robespierre, Bonaparte au pont d'Arcole, le sacre, le gros Louis XVIII, les trois glorieuses, la soumission d'Abd el Kader, la maison de la dernière cartouche à Bazeilles… Bref, une série d'images gravées depuis près d'un demi-siècle dans ma mémoire et qui m'ont appris à aimer mon pays, à imaginer sa genèse, à me situer en fin d'une chaine longue de presque deux millénaires.
Certes on pourra me rétorquer que tout ceci est de la "petite" histoire. J'ajouterai même que c'est en plus un parti pris. Le parti pris de vouloir faire émerger une nouvelle génération de petits Français. Et je n'y trouve rien à redire. La nuance devait venir plus tard, même si honnêtement je n'ai que peu de souvenirs des enseignements de l'histoire du collège puis du lycée. J'avais tendance à dévorer les livres d'histoire avant que ne commencent les cours, et d'autres en complément, si bien que je ne me souviens pas avoir appris grand-chose de mes professeurs. Jusqu'en prépa où je crois avoir découvert vraiment ce qu'était l'histoire enseignée avec talent. Ceci dit, je crois me souvenir que jusqu'en terminale, même si on étudiait aussi une histoire qui ne fut pas que française, la France restait au centre des enseignements. Et que cette discipline comptait.
Force est de constater qu'aujourd'hui elle semble compter beaucoup moins. Les horaires dédiés à son enseignement ont diminué quand ils ne sont pas passés simplement à la trappe en terminale scientifique. Il me souvient pourtant qu'en terminale C, j'avais droit à mes deux heures d'histoire hebdomadaire. Ça faisait encore à l'époque partie de ce qu'on estimait devoir faire partie du bagage culturel d'un jeune Français.
Quant aux programmes, ils ont eux-mêmes évolué. L'enseignement de l'histoire centrée sur la France semble faire désordre. Il faut d'une part, et c'est sans doute louable, étudier les grandes civilisations dont nous sommes les héritiers, et d'autre part, et ça l'est sans doute moins, s'adapter aux nouveaux arrivants ou à leurs descendants. Leur rappeler que même s'ils sont Français, ils ont leur histoire particulière et que c'est leur droit, bien entendu qu'on leur enseigne également cette histoire. Aussi dans les programmes sont apparus de nouveaux thèmes à traiter sans que pour autant des heures supplémentaires aient été accordées à la discipline.
Ainsi au collège l''islam est donc entré dans les programmes. Sa période conquérante et glorieuse est désormais étudiée. Bien évidemment sa décadence, son reflux ne sont pas abordés. Sans doute histoire de ne pas stigmatiser, seule la période faste de l'islam a donc été retenue.
Une place a été également faite à l'étude d'une civilisation subsaharienne. Au choix, le professeur d'histoire étudiera l'empire du Mali, l'empire songhaï, l'empire du Ghana ou du Monomotapa.
Et sans doute dans le cadre de notre repentance obligatoire, quelques heures sont également consacrées à la traite négrière et à l'esclavage.
Bien évidemment pour intégrer tout ça sans pour autant augmenter le nombre d'heures dédiées à la discipline, il a fallu faire de la place. Et là on n'a pas mégotté puisqu'on supprime ou on met en fin d'un programme que même une année sans grèves, mais ne rêvons pas, ne permettrait pas d'épuiser, deux des personnages qui ont le plus marqué notre histoire, Napoléon et Louis XIV. Et oui, rien que ça !
Evidemment cela a provoqué un certain émoi chez des historiens ou autres citoyens pas forcément prêts à accepter qu'on ampute l'histoire de leur pays, une grande histoire, de deux de ses principaux acteurs. Et à l'expression de leur émotion, il leur fur répondu ceci : "Beaucoup de jeunes sont d'origine africaine: il faut aussi qu'ils se reconnaissent un peu dans les programmes."
Voilà, tout est dit. Les Français sont sommés d'ignorer des pans entiers de leur riche histoire pour faire une place à celle de leurs hôtes provisoires ou définitifs. On se demande d'ailleurs pourquoi on n'intègre pas un peu d'histoire de la Pologne, de l'Italie, de l'Espagne ou du Portugal qui ne sont pas avares de faits glorieux et méritant d'être connus. Discrimination ?
Mais au-delà on peut se rendre compte de ce à quoi sert désormais l'enseignement de l'histoire. Témoin de la décrépitude de la nation française, il est passé d'un outil destiné à faire de petits étrangers ou enfants d'origine étrangère des Français qui en tant que tels devaient faire leur l'héritage légué par les générations qui les avaient devancé sur le sol de France, en un outil légitimant le multiculturalisme et le communautarisme. Tout ceci avec la complicité d'un gouvernement de droite.
Justement l'Europe n'a t elle pas à voir avec LouisXIV puis Napoléon?
RépondreSupprimerAinsi quand plus tard on visitera les chateaux de Louis II de Baviere on se demandera qui était ce Louis XIV adulé
Voilà d'autre part le signe que jamais ce petit africain ne sera pris par cette envie que donne l'école: aller plus loin par soi même au temps venu au lieu de se perdre en bas âge dans une histoire qui ne l'identifiera à pas grand chose, l'ici et maintenant devant surtout l'identifier à la France
L'histoire qui commencerait par les colonies, faisons une relative confiance aux enseignants
L'islam ou l'Islam, voilà encore un gouffre, qu'y apprendre? comment s'y prendre?
Il me semble que cette mixité dans nos écoles aurait plus à gagner en une nouvelle matière: la géopolitique ou comment vivre ensemble sur la planète, une géographie du présent