"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 5 mai 2010

Liberté de la presse et liberté d'expression (1ère partie)


Lundi 3 mai, c’était la journée mondiale de la liberté de la presse. Et l’occasion de découvrir avec « horreur » que la France, oui notre pays, la patrie des droits de l’Homme et tout et tout, avait perdu 12 places en 2 ans au classement de Reporters sans Frontières et se situait à la 43ème position sur 175, loin derrière les pays nordiques (encore eux !) qui caracolent en tête du classement des bons élèves,  et derrière la plupart des autres pays de l’UE, les Etats-Unis (20ème) , le Ghana (27ème), le Mali (30ème), et le Surinam (42ème). On se demande d’ailleurs pourquoi au moins beaucoup de ressortissants des deux derniers pays cités tentent toujours de trouver refuge dans ce pays pire que le leur en termes de liberté, d’expression au moins. Au passage on remarquera que sur cette même période 2007-2009, les Etats-Unis ont gagné 28 places dans le classement grâce bien évidemment à l’effet Obama.

Je vous livre ICI le questionnaire qui sert à bâtir le classement. Je constate simplement à la lecture de ce questionnaire où on répond à beaucoup de questions par oui ou par non que l’aspect quantitatif semble parfois négligé.

Mais malgré ce mauvais résultat qui devrait nous coller jusqu’en 2012 au moins et au mieux, comme le chewing-gum jeté négligemment par terre colle aux talons de vos chaussures si vous marchez dessus, rassurons-nous car selon Jean-François Julliard, secrétaire de RSF : «43e, il n’y a pas à rougir non plus. Les 50 ou 60 premiers ont tous une vraie liberté de presse. Le Ghana ou le Mali, devant la France, sont de vraies démocraties.» Et de préciser les causes, tout de même de cette dégradation de notre pays dans le classement : «Beaucoup d’affaires de presse se traitent devant les tribunaux en France, beaucoup de journalistes sont mis en examen » et «la réforme de l’audiovisuel public, et le changement de mode de nomination de radio France, de France Télé nous inquiète également.» Ça, c’est l’effet Sarkozy, enfin au moins le deuxième point.

Donc si on peut faire mieux, la liberté de la presse existe néanmoins en France et seuls des éléments conjoncturels amènent à ce classement.

Mais, on peut aussi se poser la question de savoir si ce n’est pas l’attitude de la presse qui conduit à ce que par exemple beaucoup de journalistes sont mis en examen. Parce que quand on a une presse qui ressemble de plus en plus à une presse de caniveau et qui trouve plus vendeur de faire la une sur la vie privée des personnes publiques, on peut s’attendre à une réaction de ces derniers, cette réaction se traduisant le plus souvent par une assignation devant un tribunal. On a une spécialiste du genre avec Ségolène Royal qui doit plomber notre classement de quelques places à elle seule.

Il y a aussi chez nous le problème de la protection des sources. Le journaliste doit protéger ses sources, mais quand celles-ci agissent hors de la loi ou permettraient si elles étaient connues de clarifier certaines affaires importantes, il est clair qu’il est tentant pour le pouvoir judiciaire de faire pression sur les journalistes pour connaitre ces sources. Ceux-ci, bien entendu le leur reprochent, mais ne se conduisent pas toujours de la façon adéquate pour pouvoir jouer les vierges effarouchées. Je pense par exemple à cette émission télévisuelle « les infiltrés » dont j’ai relaté une des péripéties récemment et qui ne dédaigne pas de jeter en pâture, voire de dénoncer, les personnes auprès desquelles le journaliste investigateur s’est infiltré. Les effets existent, pour preuve les dégradations et menaces faites à Bordeaux suite à l’émission dur cette école de catholiques intégristes. Journalisme de caniveau ou journalisme irresponsable qui réclame pour lui ce qu’il interdit aux autres. Je reviendrai sur ce point.

On peut aussi se poser la question de l’indépendance de la presse quand celle-ci devient une presse où les journalistes préfèrent le confort douillet de leur bureau au terrain en s’alimentant en informations auprès de l’AFP dont la moitié du budget provient de l’Etat. On n’a plus affaire à des journalistes, à moins que je ne le sois devenu à mon insu, mais à des commentateurs d’une actualité livrée à domicile. Là ce n’est plus reporters sans frontières, mais reporters sans efforts. A moins que se servir d’une dépêche AFP pour en faire une explication tendancieuse soit considéré comme un effort. Pour moi, ce n’est même pas du journalisme.

La suite prochainement.

5 commentaires:

  1. Bonjour Expat, et en Russie, comment ça se passe ? car l'exposition de la vie privée des gens dans les journaux, c'est la culture anglo-saxone qui nous envahit avec l'accélérateur de Sarkozy qui aime bien en parler quand ça roule bien pour lui (mais change d'avis quand ça roule moins bien). C'est sûr que maintenant il y a même des musulmans qui viennent se vanter d'avoir plein de maîtresse devant les caméras de télé-presque-réalité.
    Pour les dégradations et menaces à Bordeaux, de quoi parlez-vous ? l'école des fanas-fadas a-t-elle été attaquée ?

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  2. Bonjour Jean-Michel,
    je ne sais pas si c'est l'effet Sarkozy qui oriente la presse vers les dérives anglo-saxonnes que vous décrivez ou si Sarkozy s'est servi de ces dérives quand ça lui était utile. Vous remarquerez que Ségolène avait déjà ce même travers et ce depuis longtemps n'ayant pas hésité à exhiber sa vie privée dans Match je crois à l'occasion d'un des ses accouchements.Même si maintenant, elle n'hésite pas à aller devant les tribunaux pour atteinte à sa vie privée.
    Je crois tout simplement que c'est une histoire de pognon, que les histoires de fesses attirant davantage le lecteur, et donc annonceurs, que les sujets sérieux.
    Pour ce qui est des suites de l'affaire des cathos tradis de Bordeaux je vous livre cet extrait du Figaro :
    "C'est la maison du président de cet établissement qui a été taguée ce week-end de plusieurs croix gammées et de sigles SS. Á cet acte de vandalisme s'ajoute le caillassage de la vitrine de la librairie traditionnaliste située en face de l'église Saint-Eloi, elle aussi infiltré par le journaliste de l'émission. Deux jeunes hommes ont été interpellés dans la nuit de samedi à dimanche et ont reconnu s'en être pris à la librairie. Mis en examen pour «dégradations en réunion et rebellions», ils ont tous deux expliqué avoir agi après avoir vu le reportage de France 2.
    Le bar associatif du groupuscule d'extrême droite Dies Irae, dirigé par un ancien militant du Front national, a également fait l'objet de tags. Des autocollants d'un groupe anarchiste ont par ailleurs été apposés sur la devanture, laissant penser aux enquêteurs que les auteurs de ces dégradations pourraient être issus de mouvances d'extrême-gauche."
    Attendons que les mêmes s'attaquent à un centre culturel intégriste musulman.

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  3. Il est bien évident que je ne peux pas justifier de tels actes, mais les journalistes ne peuvent pas passer sous silence certaines activité sous prétexte que leur reportage peut inciter des c. à ces actes répréhensibles, qui peuvent venir d’extrémistes de tous bords : par exemple la librairie Résistances à Paris.

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  4. J'ai fait un billet sur cette émission et on n'en a déjà parlé.
    Pensez-vous sérieusement que cet épiphénomène méritait une émission suivie d'un débat ?
    Je suis moi-même athée et je n'ai aucune sympathie pour ces personnes dont j'ai côtoyé certains spécimens à une certaine période de ma vie. Pour autant, pour moi, ils ne représentent aucun danger et ne font pas d'ailleurs de prosélytisme. Preuve en est que tout le monde, Jupé en tête, a paru découvrir un problème qui était bien circonscrit aux murs de l'établissement.Ils accueillent juste des personnes qui sont déjà sensibles à leurs propos.
    D'autre part, imaginez un peu la même émission mais avec pour cible une école coranique. Ne croyez-vous pas d'abord qu'une telle émission puisse être programmée ? Que dès le lendemain pleuvrait une avalanche de protestations disant que c'est un appel à la haine, de l'islamophobie, que ç'est un phénomène très marginal, etc... ?
    Cette émission tombait d'abord à point et pouvait être diffusée car attaque l l'église catholique ne pose aucun problème chez nous.
    Pour moi, ce genre de journalisme est parfaitement nauséabond d'autant plus que je reste persuadé que le responsable de l'émission devait savoir que sa diffusion aurait des conséquences.

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  5. Le questionnaire, à la couleur de RSF correspond à un monde en guerre en grande partie
    Ensuite, sur quelles bases prouver la pression, la menace préalable, la main mise?
    Je vais par ailleurs choquer: certains pays bien classés malgré leurs apparences anti démocratiques doivent penser de la presse, souvent congrue: causes toujours tu m'intéresses! la main mise est ailleurs
    Le journalisme devient d'autre part un métier dévoyé dans le style "détective", c'est vendeur
    Sources: sur LCI on demande aux internautes de fournir du grain à moudre
    Je vais leur dire que j'ai un pote qui bosse chez Ripolin et que la commande à fournir floue en flexibilité: des tonnes de laque rose pour la Tour Efeil

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