Ce billet est une réaction à un édito paru le 29 avril et rédigé par M. Denis Olivennes, directeur général délégué du Nouvel Observateur, et accessoirement homme de gauche quelque peu repu.
Je retranscrit ici ce billet en rose pour faire bonne mesure car même s'il est rempli d'âneries, il reste néanmoins court.
L'interdit
La burqa n'a rien à voir avec l'islam. Et tout à voir avec le projet barbare de priver la femme de sa dignité et de sa liberté. Elle est contraire au principe fondateur de notre démocratie : l'égalité. Avec le voile intégral, la femme cesse d'être notre semblable. L'interdiction absolue est donc plus que légitime.
Mais l'Etat de droit, c'est aussi l'idée que nos textes constitutionnels s'imposent aux pouvoirs législatif et exécutif, sous le contrôle du juge. Ce n'est pas que celui-ci prenne toujours des décisions éclairées. Le Conseil constitutionnel ne s'est guère illustré par sa hauteur de vues ces derniers temps : il a autorisé la rétention de sûreté ou la nomination directe des PDG de l'audiovisuel public par le président de la République ; il a fait obstacle à la lutte contre le piratage sur internet ou contre le réchauffement climatique. Toutefois, bonnes ou mauvaises, ces décisions doivent être respectées : c'est l'essence même de l'Etat de droit.
Le Conseil d'Etat a indiqué qu'une interdiction absolue du voile intégral serait contraire à la Constitution. Il a suggéré une interdiction dans les services publics, les lieux publics du type aéroports et gares, certains commerces sensibles comme les banques ou les bijouteries.
Le président de la République a décidé de passer outre. Il a tort. L'Etat de droit, c'est un bloc : des valeurs - comme le principe d'égalité - et des règles comme l'obligation pour l'exécutif de respecter la Constitution. Nul ne peut, au nom des premières, s'exonérer des secondes.
Et celui qui l'ose se trouve pour le coup dans une situation paradoxale : il lui est interdit d'interdire.
Mais l'Etat de droit, c'est aussi l'idée que nos textes constitutionnels s'imposent aux pouvoirs législatif et exécutif, sous le contrôle du juge. Ce n'est pas que celui-ci prenne toujours des décisions éclairées. Le Conseil constitutionnel ne s'est guère illustré par sa hauteur de vues ces derniers temps : il a autorisé la rétention de sûreté ou la nomination directe des PDG de l'audiovisuel public par le président de la République ; il a fait obstacle à la lutte contre le piratage sur internet ou contre le réchauffement climatique. Toutefois, bonnes ou mauvaises, ces décisions doivent être respectées : c'est l'essence même de l'Etat de droit.
Le Conseil d'Etat a indiqué qu'une interdiction absolue du voile intégral serait contraire à la Constitution. Il a suggéré une interdiction dans les services publics, les lieux publics du type aéroports et gares, certains commerces sensibles comme les banques ou les bijouteries.
Le président de la République a décidé de passer outre. Il a tort. L'Etat de droit, c'est un bloc : des valeurs - comme le principe d'égalité - et des règles comme l'obligation pour l'exécutif de respecter la Constitution. Nul ne peut, au nom des premières, s'exonérer des secondes.
Et celui qui l'ose se trouve pour le coup dans une situation paradoxale : il lui est interdit d'interdire.
Ce billet de M. Olivennes marque soit un parti pris idéologique, soit une totale méconnaissance du sujet, et ce à plusieurs niveaux.
Il commence d'ailleurs très fort. "La burqa n'a rien à voir avec l'islam". Et ben donc ! S'il le dit c'est que ça doit être vrai. Mais avec quoi cette sinistre défroque a-t-elle à voir ? C'est comme si quelqu'un disait que les juifs qui se promènent avec chapeau et papillotes n'avaient rien à voir avec le judaïsme, ou que les évêques intégristes n'étaient pas catholiques. Car, c'est tout de même bien de l'islam que se réclament les camouflées et ceux qui ont en la garde. Et donc même si ça n'a rien à voir avec l'islam que souhaiterait voir pratiqué M. Olivennes, cette tenue est bel et bien en rapport avec cette religion. Et cette atteinte plus que visible à nos valeurs repose bien sur une certaine conception de l'islam, même si d'autres existent.
D'ailleurs, si la burqa n'avait rien à voir avec l'islam, le débat qui dure depuis maintenant un an aurait-il lieu ? Et pourquoi de si nombreux musulmans, même s'ils disent que cette défroque ne répond à aucune prescription du coran, redoutent-t-ils de se sentir stigmatisés ? Un discours logique de leur part aurait été soit de dire "ça n'a rien à voir avec l'islam, donc on n'est pas concerné", position difficilement tenable, soit "celles qui portent la burqa ou ceux qui la font porter sont certes des musulmans, mais de musulmans égarés", mais on n'a pas vraiment entendu ce discours.
Donc, selon l'auteur, la burqa n'a rien à voir avec l'islam et n'est que la marque d'une entreprise barbare, mais dont il tait les fondements, de priver la femme de sa dignité, ce qui est contraire à nos valeurs. Le chiffon est en conséquence à proscrire totalement. On est au moins d'accord sur ce dernier point. Et il aurait pu ou dû s'arrêter là.
MAIS, parce qu'il y a forcément un MAIS , cette proscription de la burqa de l'espace public, au sens large du terme, si elle est souhaitable, ne doit pas faire l'objet d'une loi. Parce que, et là on commence à rigoler, parce que nous sommes dans un Etat de droit. Parce que comme chacun sait le droit est supérieur à la morale et aux valeurs qui fondent notre identité. La loi, même (surtout ?) si elle est constitutionnelle, n'est pas là pour protéger morale et valeurs, qu'on se le dise. Sans doute constitue-elle même un contrepoids à ces choses archaïques. Soyons donc modernes et laissons d'autres valeurs s'exprimer, bon pas forcément partout, mais au moins dans la rue. Et bien, M. Olivennes, si la Constitution constitue un obstacle à la défense de nos valeurs, il faut la modifier. C'est peut-être plus important de réunir le Congrès pour ça que pour des conneries comme le principe de précaution qu'on y a ajouté.
Bon je continue. Selon M. Olivennes, grâce au Conseil d'Etat nous sommes rappelés aux exigences qu'impose un Etat de droit. Et pour nous prouver cela il nous balance des contrevérités, des mensonges ou des erreurs de droit.
Le Conseil d'Etat n'a pas dit qu'une loi portant interdiction totale serait contraire à la Constitution. A moins que cette cour administrative ne veuille se substituer au conseil constitutionnel, ce n'est pas son affaire. "Il est apparu au Conseil d'État qu'une interdiction générale et absolue du port du voile intégral en tant que tel ne pourrait trouver aucun fondement juridique incontestable" : voilà ce que dit le rapport, et même si la Constitution peut être un obstacle juridique, il n'y a pas que cela comme obstacles possibles. Remarquez, ça permet à l'auteur d'égratigner au passage le Conseil Constitutionnel sur d'autres décisions. C'est ce qu'on appelle le respect à géométrie variable de l'Etat de droit qu'on invoque ou qu'on récuse en fonction de ses convictions.
Au-delà de cette inexactitude de la part de M. Olivennes, soyons charitable, il serait bon de rappeler à ce dernier que le Conseil d'Etat a été consulté, jusqu'à présent, au sujet du futur projet de loi pour avis, mais hors processus législatif. La consultation n'était pas obligatoire à ce stade. Elle le sera sans doute quand le projet sera ficelé. Mais pour l'instant ça n'a pas été le cas. Et le Conseil d'Etat a rendu un avis qui n'est absolument pas contraignant. Appelons ça une mise en garde.Et même dans le cas d'une consultation obligatoire dans le cadre d'un projet de loi, l'avis n'aura également aucun caractère contraignant. Passer outre de la part du gouvernement n'est en aucun cas une violation de l'Etat de droit. Celui-ci est respecté totalement, et ce, ici, dans la cadre de la Constitution qui définit le processus législatif. Pour éclairer M. Olivennes, je lui rappellerai que si l'avis du Conseil d'Etat avait été suivi, il n'y aurait pas eu de loi portant sur l'interdiction des signes religieux.à l'école.
Pour ma part, je reste assez ébahi de voir tant d'imprécisions, pour ne pas parler d'erreurs, sous la plume d'un diplômé de sciences-po Paris et énarque même s'il ne fut pas conseiller d'Etat et préféra pour l'essentiel faire carrière dans le privé, notamment à Canal + où ses indemnités de départ furent juteuses (ça c'est pour l'information de Anna, la petite sœur des pauvres) et à la FNAC, avant d'atterrir au Nouvel Obs. Tout ça pour dire que je ne crois pas à l'erreur, à moins que de trop longs séjours dans le privé ne pourrissent le cerveau.
Mais là je m'égare et sors de mon propos. M. Olivennes avec son billet essaie de nous bourrer le mou. Il a néanmoins raison sur un point. Le Conseil Constitutionnel pourrait en effet remettre en cause une loi portant interdiction générale de la burqa. Et c'est pour ça qu'il faudra tortiller de l'arrière-train et assimiler la burqa à un casque intégral pour que ça ait des chances de passer. Comme l'ont fait d'ailleurs très récemment les Belges. Comme quoi il y a quelque chose de pourri dans nos démocraties.
Pour en finir, je souhaiterais envisager les conséquences d'une loi à portée réduite. Ce genre de loi que préconisent certains socialistes dont pas des moindres, première secrétaire en tête, sans doute inspirée sur l'oreiller par M. Brochen, son légitime époux, défenseur ardent de la cause islamique qui lui a déjà sans doute soufflé l'opportunité de créer des créneaux horaires hallal dans sa bonne ville de Lille afin que nos concitoyennes, ou pas concitoyennes d'ailleurs, musulmanes puissent s'ébattre dans l'eau des piscines municipales de cette ville sans qu'un regard masculin puisse se poser sur elles. Donc une loi qui interdirait la burqa dans les lieux publics, ce qui ne signifie pas la rue, mais les administrations, et dans les commerces. Ce qui permettra à la boulangère, au boucher et au préposé des postes de se substituer aux forces de l'ordre en interdisant, sous peine de refuser une vente ou un service, le port du voile intégral dans les lieux où ils exercent. Pas de doute que ça fonctionnera !
Plus clairement si une telle loi à portée restreinte est votée, on ne verra plus, et encore ce n'est même pas sûr, la burqa dans les commissariats de police, les gendarmeries, les ministères, les préfectures et sous-préfectures, les aéroports et certaines grandes gares où on a tout de même quelques chances de croiser des membres de forces de l'ordre. Nous remercions la gauche dite de gouvernement pour son courage face à ce phénomène que par ailleurs elle trouve inadmissible. Projet barbare écrit M. Olivennes à son sujet.
Expat, bonsoir
RépondreSupprimerJF Copé a mis un pavé dans la marre et oeuvrer pour une loi et rapidement
Il a mis le Président dans l'embarras car on attendait encore le rapport de la commission Guérin
Mais Copé a raison, qu'on en finisse et que l'on voit ce que ça donne
A mon avis: rien
J'en ai parlé déjà, elle garderont la robe et découvriront leur visage, comme les saoudiennes qui viennent en France
La représentante de ni pute ni truc devrait creuser plus quand on leur parle des saoudiennes d'ailleurs
Depuis 6 mois on aurait déjà du légiférer et on saurait de quels bouillon de Sages notre république est faite
Mais l'Europe a deux problèmes: elle ne sait pas s'en sortir avec le Hallal et en France c'est pitoyable d'électoralisme et elle est percutée par autre chose, moi je dis: terrorisme passif contre les musulmans y compris
Que Monsieur Olivennes ainsi qu'aucun de ses confrères ne peuvent pas ou ne veulent pas être clairs et s'embrouillent dans la constitution est une volonté propagandiste anti gouvernement qui dit: ce gouvernement est c... il ne connaît pas le droit
Et pour faire genre blabla sur la dignité des femmes
Je ne suis pas inquiète sur la dignité d'une quatrième génération qui prend voile comme elle prendrait une arme
Un jour peut être le loup sortira du bois et on saura...trop tard ce qu'il y a sous le voile, et sans voile il y a de même dans les esprits
Certainement un différent entre communautés musulmanes, un espèce de talibanisme qui importe le Pakistan and co ici
Oui je vous suis Cimabue.
RépondreSupprimerCopé, c'est pas vraiment ma tasse de thé, mais dans cette affaire, c'est lui qui a raison. Si on l'avait laissé déposer sa proposition de loi en début d'année, l'affaire serait bouclée, dans un sens ou un autre puisque maintenant, c'est clair, ce sont des "sages" qui décideront. Parmi eux on trouve Chirac et Giscard et accessoirement Charasse. Belle équipe de sages. En fait il faut ne pas l'avoir été pour avoir droit de le devenir.
En fait la France aime tellement défendre l'identité des autres tout en se reprochant la sienne ou le fait qu'on s'interroge sur elle, que tous les exotismes, même les plus nocifs, auront facilement droit de séjour dans ce pays.
Juste un exemple anodin que j'ai bien connu : aux militaires à Paris et dans les grandes villes, il est fortement déconseillé de déambuler dans les rues en tenue. L'uniforme est quasiment un objet de honte ou de dérision. Pendant ce temps là certains persistent à vouloir laisser la libre circulation des emburquées dans les mêmes rues. Cherchez l'erreur.
J'écris trop vite et j'oublie toujours de vous dire l'intérêt à vous lire
RépondreSupprimerau fond on se demande si la France ne se voile pas la face elle même et bien avant le Nikab
On lui fait prendre l'air avec une droite qui s'exprime enfin sans vergogne (au moins ça devient clair)mais les Cassandre replombent sans cesse
(je fais du Fink)
Le fait de crainte à arborer l'uniforme est en plus un signe violent et dangereux, la Grande Muette ne situait pas le silence à ce niveau que diable!
nous devenons champions du paradoxe comme votre exemple le montre
Mais le paradoxe est un concept qui nourrit grassement nos chansonniers mais à haute dose on va mourir de rire
Pour l'heure , souvenons nous de cette star au torchon que les médias ont éclairé à l'envie et de son arrogance, sa bagnole,ses sbyres
Que les sdf, les chomeurs (les vrais) les victimes des délocalisations, ce quart monde rajoutons même les elperdidos des banlieues,se lévent et ça va faire drôle
Tout d'abord merci du compliment et je me permets de dire que c'est réciproque d'autant plus que vous voyez les choses avec plus de sensibilité que moi, peut-être par atavisme professionnel.
RépondreSupprimerEn fait je ne pourrais pas mieux répondre à votre commentaire en vous renvoyant sur le blog de Marius où tout est dit, notamment par Osceola qui est américain mais surtout pas obamaniaque qui a une vision distanciée de notre pays et souvent des analyses particulièrement pertinentes.
Je vous donne le lien :
http://machin.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/05/02/un-general-ecrit-a-un-conseiller-general.html
oui, j'ai lu
RépondreSupprimerainsi que le post du fada même pas digne d'une vespasienne, objet culte immortalisé par Gabriel Chevalier (Clochemerle)
Oscéola et son regard US depuis que je le lis me fait dire que les carottes sont cuites, nous on ne voit plus rien
On attend la loi alors qu'il faudrait chanter plus fort pour couvrir les sifflets dans les stades, qu'il faudrait foncer sur la photo à la FNAC et tout démolir...nous lamda, justes citoyens
Et en plus je suis tombée sur le commissaire qui a regagné Emaus et qui de à bas nous explique comment aider les parents à être responsables...le pompon
Je vais clamser et tout ne sera pas rangé, tant pis
le blog de "machin "sur le NO vient d'être sucré par les fachos et les autistes du NO..... Olivennes est vraiment en dessous de tout...incapable de gérer son journal merci les censeurs
RépondreSupprimerOui la burqa est islamique puisque celles qui la portent le disent et que c’est quand même elles qui sont au courant sur les raisons pour lesquelles elles la portent.
RépondreSupprimerNon il ne faut pas l’interdire car les flics ont d’autres chats à fouetter que faire appliquer une loi sur le sujet.
J’avais pondu de nombreux articles là-dessus, mais celui que je préfère est celui-ci :
Voile islamique, la solution respectueuse de la position de Ramadan
Selon l'interprétation des positions de Tariq Ramadan, la procédure suivante du manuel du parfait policier est valide au regard des textes sacrés de l'Islam.
Contrôle policier, question : pourquoi portez-vous le voile ?
– pour montrer ma soumission à Dieu
– passez
– pour me protéger du regard des hommes
– passez
– pour montrer ma soumission à mon mari
– passez
– par tradition
– passez
– parce que mon père, mon frère ou mon mari l’exige
– votre adresse SVP
Et les policiers vont alors chercher le père, le frère ou le mari pour le conduire devant le juge en comparution immédiate. Punition maximum prévue : peine de déplacement sans culotte ni pantalon pouvant aller jusqu’à 6 mois, avec minimum plancher en cas de récidive.
Nous avons trouvé une peine de substitution pour remplacer la flagellation pour la durée du moratoire.
Donc Olivennes mérite une fessée, il la reçoit sur mon nouveau blog :-)
Bonjour Jean-Michel,
RépondreSupprimerla police ne perdra pas son temps à pister les emburquées puisqu'on nous dit qu'il y en a si peu.
Et puis si elle veut faire du bilan, elle sait où aller.
Mais si on suit votre raisonnement il ne faut pas non plus obliger les conducteurs de deux roues à porter un casque ou interdire de fumer dans les lieux publics. Il y a certes des infractions dans ces deux cas, mais globalement les effets de la loi existent. Heureusement !
Quant à Ramadan, je préfère ne pas en parler ou je risque de me révéler comme un ennemi de la liberté d'expression.
Mais cher Expat, des PV pour absence de casque ou cigarette roulée dans laquelle le tabac n'est pas le seul constituant, vous croyez que les policiers en dressent beaucoup dans certains quartiers ? Alors oui, qu'ils commencent par là, il faut se fixer des priorités dans le maintien de l'ordre public.
RépondreSupprimerJe suis, hélas, d'accord avec vous sur ce point. Il existe des no man's land qu'il faudrait réoccuper. Au prix, bien entendu d'émeutes ou de violences, comme à Tremblay-même plus en France.
RépondreSupprimerComme j'en discutais avec je ne me rappelle plus qui il n'y a pas si longtemps, quand émeutes il y a c'est signe d'un retour ou d'une tentative de retour de la République. Et quand le calme règne, cela signifie que l'ordre présent n'est plus républicain.