"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

lundi 19 septembre 2011

Autopsie d'une fausse interview



 
Puisqu'on en parle beaucoup depuis hier soir, pourquoi pas moi? Même si mon veux copain Gérard me répète que du fait de la distance qui m'en sépare mon jugement sur ce qui se passe en France est altéré.
J'ai donc, grâce à Internet, pu regarder tard dans la nuit, ce qu'on nomme l'interview de DSK. Sauf que ça ressemblait peu à une interview puisqu'au minimum, il était clair que les questions étaient connues de l'interviewé, sans qu'il soit possible d'écarter le fait qu'il y ait eu répétition générale dans les jours précédent ce faux événement, avec l'interviewé bien sûr, mais aussi avec la journaliste. Donc tout ça ne pouvait se passer que fort bien. Encore une fois grâce à sœur Anne dont les réseaux d'influence dans les médias et particulièrement TF1 semblent loin d'être éteints, et dont la fortune permet à son cher époux, qui fut volage mais ne le sera plus, de disposer à plein temps d'une équipe de communicants, la même qui devait mener ce couple de rêve à l'Elysée. Car DSK/Sinclair, c'est un ticket. Sauf qu'une extrémité de ce ticket est maintenant écornée.
 
Revenons à l'interview.
L'impression générale que j'en retire c'est que l'acteur DSK n'est pas fait pour le cinéma. Ou il est surdoué, ou il a trop répété, mais son rôle surjoué n'est pas adapté aux caméras mais au théâtre. Peut-être un trio futur avec Johnny et Nanard Tapie? Quand tout est parfait, que la parole coule comme une rivière paisible, que les gestes, la mine et les regards tombent juste, il y a quelque chose qui dérange. On n'est plus dans la vraie vie, mais dans la représentation théâtrale. A la décharge (osons le mot) de DSK, il faut avouer que faute de contradicteur, il n'a pu que s'enfoncer confortablement dans son rôle dans cette pièce à deux actes.
 
Premier acte : l'acte de contrition de l'homme léger mais néanmoins innocent et pourquoi pas victime.
Bien évidemment nous n'avons rien appris sur la nature de la relation entre DSK et N. Diallo. On le savait d'avance. Ceux qui espéraient des révélations un peu salaces en sont pour leurs frais. Sur ce qui s'est passé dans la suite dont j'ai oublié le numéro, mais c'est sans importance puisque je suis bien incapable de me la payer, on ne saura jamais rien. La version de DSK vaut bien celle de N. Diallo après tout, et même davantage, nous allons le voir. Car selon DSK, les choses furent d'une banalité extrême : elle est entrée dans la chambre, ils se sont plus et ils ont baisé. Vite fait. Sans doute parce qu'il fallait que la soubrette termine son service dans les délais. Rien de plus, rien de moins. Juste deux adultes consentants. Sauf que la traitresse avait d'autres idées en tête et était sans doute entrée dans cette suite avec des intentions peu nobles. Bref, une salope qui en voulait au fric de DSK, ou d'Anne. Et si vous voulez des preuves de tout ça, facile. Consultez le rapport du procureur. Tout y est écrit : la reconnaissance de l'innocence de DSK et la moralité douteuse de la soubrette. Ça ne vous suffit pas ça? Sauf que le rapport ne dit pas cela. Je vous renvoie pour en être convaincu à l'excellent billet d'Usbek sur le sujet. Pour faire rapide, le rapport n'innocente pas DSK tout en insistant de manière sujette à caution sur le peu de fiabilité de la plaignante. En gros ça veut dire que le procureur, pas sûr du tout de l'unanimité d'un jury, jette l'éponge en masquant sa lâcheté derrière des doutes sur la moralité de la plaignante qu'il a lui-même mis en exergue.
Donc DSK, pas coupable, donc forcément innocent, mais néanmoins fautif. Moralement fautif, car ne confondons surtout pas droit et morale. Fautif vis-à vis de la pauvre Anne, de ses enfants, de ses proches et aussi bien entendu des Français qui attendaient tant de lui. Le messie déchu, quoi! Ou une légende fabriquée par ses communicants. Mais l'homme reste de gauche et souhaite bien évidemment la victoire de son camp qu'il ne pourra plus représenter… dans l'immédiat du moins. Si ses rapports à l'argent, tellement visibles lors de ces quelques derniers mois, ont pu écorner cette image d'homme de gauche, il en est conscient, mais c'est pas de sa faute si l'argent a occupé tant de place. Par exemple, Anne avait bien trouvé un modeste deux pièces pour qu'il soit hébergé, mais les riverains n'ont pas voulu à cause de la pression des journalistes. Et puis ensuite un studio même. Mais pas possible, toujours à cause des riverains. Il nous aura quand même épargné la chambre de bonne en sous-pente ou l'entresol poussiéreux. Restait donc uniquement l'option de louer une maison. Et pour ça à New-York faut du pognon, et même beaucoup surtout pour une belle maison luxueuse. Et vous qui critiquez, vous auriez fait quoi à sa place pour ne pas retourner à Rikers. Hein?
Donc pour conclure ce premier acte, nous avons un DSK qui, certes, a fauté moralement et qui s'en excuse, mais est la première victime de cette faute commise. Au passage, il nous laisse supposer qu'on l'a peut-être poussé un peu à la faute. Un complot donc aurait peut-être été ourdi contre lui. On n'en saura pas plus sur ce complot, la pugnace Claire Chazal ayant sans doute eu une absence à ce moment de l'interview. Reste que sans un hypothétique complot, la faute morale n'aurait pas été découverte et que donc DSK pourrait actuellement pavoiser en haut des sondages relatifs à l'élection présidentielle. La faute morale, c'est d'avoir été "mis à jour" en fait.
 
Second acte : le brillant économiste est de retour.
L'homme DSK, avec tous ses défauts bien humains somme toute, n'en reste pas moins un brillant économiste, peut-être le meilleur de notre temps, même si je n'ai aucun souvenir d'une de ses réalisations dans ce domaine qui aurait changé les choses, à part peut-être cette fumeuse idées des 35 heures que lui a reprise son amie Martine Aubry à laquelle au passage il a rendu un vibrant hommage hier ressemblant comme deux gouttes d'eau au baiser de la mort. Donc le brillant économiste invité à le faire par une Claire Chazal sans doute subjuguée déjà par l'individu, nous livre son analyse de la situation en Europe. L'euro ne va pas mal, mais l'Europe si. Difficile à comprendre pour quelqu'un comme moi qui ne suis pas économiste, je le rappelle, et qui croyais que la santé d'une monnaie était corrélée avec la santé de son pays. Mais évidemment l'Europe n'est pas un pays, ou ça se saurait. Donc DSK, ancien directeur du FMI nous explique que les dirigeants européens n'agissent et trop peu et/ou trop tard, notamment dans le cas de la crise grecque. A la limite, je suis d'accord. Et de déclarer que la Grèce ne pourra pas payer sa dette et que donc les Européens, Etats (donc nous), banques (nous ainsi quand même) allons devoir se la partager cette dette. D'accord sur le diagnostic, moins sur la solution, même si c'est celle-là qui plait aux marchés. Mais à ce moment de sa déclaration, je suis saisi d'un affreux doute. DSK a-t-il alors qu'il était président du FMI tenu de tels propos, affirmé que les Grecs nous avaient bien entubés avec leurs compte falsifiés et les nombreuses aides reçues de la part de l'Europe, bien au chaud en Suisse et ailleurs actuellement? Je cherche et ne trouve pas. D'ailleurs je ne devrais pas trouver. Puisque le FMI ne prête jamais à fonds perdus et qu'il a prêté à la Grèce l'an dernier et, même s'il est plus réservé désormais, n'a pas encore exclus de participer avec l'Europe à une nouvelle aide. Le président du FMI et le FMI peuvent-ils avoir des analyses différentes d'une même situation? Un peu curieux. Bien évidemment Claire Chazal, sans doute en train de regarder discrètement les chiffres d'audience immédiate n'a pas relevé. Ni relevé que l'Europe défaillante est le produit en particulier d'un certain Delors, dont DSK partageait il y a peu encore une même vision de l'Europe.
Mais on peut débiter n'importe quoi. Si c'est fait avec l'autorité suffisante et si en plus on dispose d'une réputation d'homme immensément compétent, ça passe toujours. L'image du brillant économiste n'a donc pas été écornée. Au contraire, on ne peut que regretter que tant de compétences ne puissent être pour l'instant mises efficacement à contribution.
 
Pour conclure, pour faire une synthèse de cette brillante interprétation en deux actes, il apparait que même si DSK a beaucoup perdu dans cette affaire, ceux qui ont le plus perdu sont bien les Français et même les Européens. Souhaitons que le sens réaffirmé par lui du service public incite DSK à ne pas rester trop éloigné des responsabilités. Et dans cinq ans peut-être….. C'est d'ailleurs peut-être la condition pour que sœur Anne continue à cracher au bassinet.

12 commentaires:

  1. Expat dans sa flamboyance, je craignais cette colère, la voici la voilà

    Mais plus je m'interdis de penser, plus je serre les dents pour que ça s'arête, plus je reviens à ce truc fou

    One saturday in the morning, le patron du FMI sort de la salle de bain de sa suite, nu, et saute sur la camériste et en deux heures va sauter aussi

    et un dimanche soir, devant la France, que dis je la planète, sur TF1, fin de l'histoire, c'était un rapport précipité, une faute, un manquement à la morale, une souffrance infligée à Anne....et Chazal se lance: ce rapport était il tarifé? et, tenez vous bien, peut être les neuroleptiques faisaient effet, il répond , placide: Non
    Rien n'aura été épargné à la France!
    Veut on insinuer que ACOR dans sa branche Sofitel fait dans le claque de luxe?
    Même pas, une question tout bonnement à la con
    Tout quidam peut se payer une pute en ce bas monde que je sache, même si je trouve ça débile à notre époque où les strings volent au vent facile, débile et surtout dangereux et misérable pour les femmes

    c'est ça qui me restera sur l'estomac, cette question à la con quand j'aurais réussi à relativiser assez pour oublier l'humiliation de la France, orchestrée par des médias français et planétaires des sombritudes politicardes et des délires au kilomètre

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  2. j'en oublie de vous dire que votre billet est au top et que j'ai ri, merci

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  3. Merci Cimabue.

    Vous ne pensez pas qu'il(s) pousse(nt) le bouchon un peu loin, là?
    Encore je n'ai pas noté sa réaction quand fut évoquée l'affaire Banon qui finira sans doute en jus de boudin, mais qui amène à des révélations de sa part à la police en contradiction avec de précédentes versions.
    C'est quoi DSK, juste un dragueur impénitent, ancien dragueur pardon, un homme léger un peu lourdingue quand même avec les femmes (là je vous parodie) au point qu'une député de son parti déclare qu'elle refuse de rester seule avec lui dans une pièce. Rien de bien méchant, quoi!

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  4. personne ne saura que c'est une pathologie, parce que la Vème saute

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  5. J'aime bien votre humour et ce recul que vous savez prendre sur les evenements. Ce qui s'est passe fut un effet d'aubaine pour certains, indubitablement, il s'agissait de le marginaliser et le neutraliser pour les elections prochaines, je ne serais pas etonne d'apprendre dans quelques semaines, voir mois, qu'il se presente.

    O.

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  6. Hi Osceola,
    merci de votre passage. On a quand même là un sacré loustic, comme on dit. Ce qui prouve que la fonction présidentielle n'est guère protégée et en tout cas peut se voir occupée par des personnes indignes. Cet "incident" nous aura, je l'espère, épargné cet individu pour quelques années au moins.
    Je vous prie de m'excuser. je vous avais annoncé un mail mais j'ai eu quelques petits contretemps qui m'ont fait repousser ça à plus tard. Mais ce sera pour bientôt. Promis.

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  7. Le temps n'est pas important, j'ai toujours plaisir a vous lire.

    O.

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  8. Vous ecrivez: "que la fonction présidentielle n'est guère protégée et en tout cas peut se voir occupée par des personnes indignes."

    Comme vous avez raison. Pour ce qui nous concerne, je pense le probleme resolu, je vous souhaite la meme tranquilite de l'esprit pour votre futur.

    Hi Parker.

    O.

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  9. BO s'empêtre, mais il doit regretter le discours du Caire

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  10. Paradoxalement non, je ne pense pas qu'il le regrette, Obama est avant tout quelqu'un mu par une ideologie profondement encree dans son enfance et son ethnie, ce n'est pas ameliorer la vie des gens qui l'interresse, c'est changer la societe. Ce qu'il peut faire ou dire n'ont aucune importance pour autant que cela l'emmene vers son but. Le Caire n'etait que des mots, il n'attache aucune importance aux mots, il s'en sert seulement. Les gens s'en sont rendu compte.

    O.

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  11. trés interessant et agréablement formulé...Je viendrai vous lire en meme temps que notre usbek
    olivier nouvel obs (physicien-ingenieur )

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  12. Cher Olivier,
    merci de votre sympathique visite.

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