Décidément nous sommes bien mal
gouvernés. Mais c’est même pire que ça, nous sommes méprisés, insultés par ceux
qui devraient être en charge de nous montrer la voie, de nous protéger, de
donner et même de redonner à ce pays un sens, un sentiment d’unicité, une unité
perdue.
Nous avons pu croire l’espace
d’un instant, de quelques heures, de quelques jours pour les plus naïfs que
sous le fatras des balivernes relativistes, des mensonges sur un vivre-ensemble
dont n’importe quel observateur honnête pourrait vous dire que plus on en parle
plus il est avéré que ç’est une catastrophe, donc que sous tous ces mensonges
dont on nous abreuve depuis si longtemps perdurait un esprit national, une
espèce de clone d’une union sacrée dont la dernière manifestation se révéla il
y a tout juste un siècle et quelques mois.
Mais c’était faux. La confusion
fut énorme. Seule une certaine décence peut-être empêchait de détailler tout ce
qui se cachait derrière ces « Je suis Charlie » et cette grande
manifestation du 11 janvier. Côte à côte défilaient des gens dont les
motivations étaient pour le moins variées. Entre ceux qui avaient la trouille,
ceux qui exprimaient leur tristesse ou leur compassion, ceux qui criaient leur
ras-le-bol devant le résultat de tant d’années d’un dévoiement de l’idée
nationale au profit d’un vivre-ensemble dont nous avions là, juste là, une
illustration de ce qu’il était en réalité même si c’était dans sa forme la plus
extrême, entre ceux qui étaient là parce qu’il fallait y être, question d’image,
ceux qui voulaient mettre en garde contre l’islamophobie et l’amalgame, ceux
qui défilaient contre les vrais coupables, donc le FN, Zemmour et consorts, entre
tous ceux-là et je dois en oublier que pouvait-il y avoir de commun ? Et
ne parlons pas bien sûr de ceux qui tellement plus nombreux n’étaient pas là.
Eux ne criaient rien mais leur silence pouvait exprimer tout autant de choses.
On n’a pas trop insisté par exemple sur la différence en termes de succès de la
manifestation selon les villes et les caractéristiques de leurs populations. C’était
pourtant éclairant. Autant que ces refus d’enfants ou d’adolescents de respecter
cette fameuse minute de silence imposée dans les écoles. Autant que les
quelques tabassages de ces lycéens qui se sentaient Charlie et le
revendiquaient.
Mais chut ! Ces quelques
éléments isolés, bien entendus, ne pouvaient pas gâcher la fête, si j’ose dire.
Pas davantage que Netanyahou faisant une offre d’accueil confondue avec une
invitation pour mieux la fustiger aux Juifs de France. D’autant plus que le
danger c’est bien plus l’islamophobie que l’antisémitisme, n’est-ce pas ? Ben
voyons ! Non, devait subsister l’unité nationale sous couvert de grand
mots. Celui de guerre fut souvent employé avec la mine martiale qui convient.
On a un premier ministre très fort pour ça, aidé par son prognathisme
habsbourgeois. Il a cependant fallu un peu de temps pour qu’il nous révèle enfin
contre qui on était en guerre. Pas l’islam bien sûr, les terroristes n’ayant
visiblement rien à voir avec cette religion, pas vraiment l’islamisme non plus
ce truc qui serait une version dévoyée de l’islam, ni même l’islamisme radical,
catégorie spécialement inventée sans doute pour justifier qu’ailleurs on puisse
soutenir des islamistes forcément modérés et même commercer de manière fructueuse
avec eux. Du coup, j’ouvre une parenthèse, vu l’influence de ces derniers jours
à Riyad on a pu croire que le défunt roi Abdallah était le Mandela arabe, lui
qui fut un défenseur, certes discret, mais ô combien efficace, de la cause des
femmes selon la directrice du FMI. De même que sans doute l’émir du Qatar est
un défenseur discret de la cause homosexuelle. Mais c’est vrai qu’on vit une
époque où choisir ses amis devient un luxe. C’est peut-être pour ça qu’il ne faudrait
pas les appeler amis, juste parler d’intérêts, même s’ils sont peut-être mal
mesurés à moyen ou long terme. Mais quand on n’a pas le sou, faut pas faire la
fine bouche, hein ! Pardon pour cette digression.
Donc après quelques jours nous
avons enfin appris de la bouche de notre premier ministre qui était notre
ennemi, l’ennemi de la France. Eh ben c’est simple, c’est la France et sa
misérable politique d’apartheid. Et lui, Valls, il va lutter contre cet
apartheid. N’arrivant pas à la cheville de son modèle Clémenceau, sans doute en
a-t-il choisi un autre en la personne de Frederick de Kleerk qui mit fin à la
politique d’apartheid en Afrique du Sud. Il devrait tout de même se méfier quand
on considère l’état de ce pays plus de 20 ans après la fin de l’apartheid.
Attention, qu’on ne déforme pas mes propos, je ne fais pas une apologie de l’apartheid.
C’est juste pour dire que quelle que soit la politique développée, il est des
différences ethniques sociales ou religieuses assez insurmontables qui
empêchent l’avènement de cette ère heureuse du vivre-ensemble dont on nous
serine les oreilles.
Cela dit en France, il n‘existe
évidemment pas d’apartheid, c’est-à-dire de politique de développement séparé,
et si séparation il y a, ça on ne saurait le nier, c’est ailleurs que dans un
choix politique qu’il faut en chercher les causes. Même si la politique n’y est pas étrangère,
évidemment. Il est inutile que je rappelle ces choix qui ont été faits d’abandonner
l’assimilation pour en arriver à un concept fumeux d’intégration devenu
tellement inopérant qu’on passe désormais à l‘inclusion. Or l’inclusion, le
terme est clair, c’est quoi ? C’est l’introduction de noyaux homogènes
dans un corps social étranger. Reste à savoir maintenant si cette introduction
est le fait de l’Etat.
On peut déjà avant de répondre à
cette question souligner qu’en France les droits sont les mêmes pour tous. Si
on excepte le droit de vote interdit aux étrangers, pour le reste c’est la même
chose avec même une préférence pour l’étranger clandestin quand il s’agit des
soins médicaux. Sinon qu’il s’agisse de l’accès à l’enseignement, des
prestations sociales, de l’accès au logement, de l’accès aux soins, de la libre
circulation, de la possibilité de s’établir là où on le souhaite, …, les
Français ne peuvent se prévaloir de davantage de droits que les immigrés. Et
quant aux immigrés et leur descendance devenus français, ils ne disposent pas d’une
nationalité au rabais, un truc de seconde zone leur fixant des restrictions par
rapport aux Français établis de longue date. Les lois antiracistes qui
fonctionnent d’ailleurs souvent dans un seul sens interdisent toute ségrégation
fondée sur une appartenance ethnique. Quant à la laïcité, elle permet à chacun
de pratiquer sa religion tant que ça n’empiète pas sur l’espace public. Et dans
ce dernier domaine, au nom des accommodements dits à tort raisonnables, au nom
d’une fausse paix sociale, on peut affirmer que toutes les religions ne sont
pas sur le même pied, qu’une en particulier par ses revendications parfois
satisfaites, ses pratiques dans l’espace public, s’affranchit allégrement de l’esprit
de la loi de 1905. Faut dire que quand un ministre de l’intérieur qui allait
devenir premier ministre déclare que le ramadan est un grand moment
républicain, on aurait tort de se restreindre !
Tout cela n’est qu’un constat.
Maintenant, on peut tenter de me démontrer que j’ai tort. Bon courage !
Donc considérant que le constat
que je fais est juste, le cadre établi est tel que parler s’apartheid est au
mieux une connerie, au pire une insulte faite à la France. Maintenant il faut
voir ce qu’on a fait à l’intérieur de ce cadre. Et j’en reviens à la politique.
Disons clairement les choses. Les
différentes politiques en termes d’immigration et d’intégration ont effectivement
permis et même favorisé une séparation. Quand l’immigration était de travail, l’école
et les lieux de travail suffisaient amplement à assimiler les immigrés. Le
maitre et l’ouvrier étaient des prescripteurs. Et en même temps qu’on modifiait
profondément les structures de l’immigration, celle de travail représentant
moins de 10% de l’immigration on interdisait à l’un et à l’autre de rester ces
prescripteurs. A mesure que le temps passait, c’est la diversité qui devenait
le maitre-mot, cela cachant l‘autorisation et même l’encouragement donnés aux
nouveaux arrivants de continuer à vivre selon leur mode de vie antérieur qui,
après tout, était aussi respectable que le nôtre. Et le résultat est là !
Des enfants qui sont déchirés entre les valeurs développées dans leur milieu familial
et celles que l’école tente ou devrait tenter de transmettre, la peur, le réflexe
de l’autruche, le laxisme, la lassitude, la fatigue faisant que de plus en plus
les enseignants renoncent à cette mission. Comment s’étonner après ça des
incidents pendant la minute de silence dédiée à Charlie Hebdo ? On n’a
sans doute pas, car on devinait déjà ce que ça pourrait donner, on n’a sans
doute pas osé demander cette même minute de silence pour les Juifs assassinés
par Coulibaly parce qu’ils étaient juifs. Le résultat aurait été sans doute étonnant,
détonnant même. Et pourtant ils y avaient droit aussi, à ce moment de
recueillement national. On ne veut pas les voir partir, mais on en fait des
victimes de second ordre.
Alors oui, la séparation existe,
et elle n’est pas seulement géographique, elle se situe aussi et surtout dans
les valeurs. Et ce n’est pas le second terme de cette phrase qui est la conséquence
du premier, mais l’inverse. Si les gens se séparent, si ceux qui vivaient
depuis des décennies dans « les quartiers » ont décidé d’en partir quand
ils en avaient les moyens, et on peut plaindre les autres condamnés à subir ou
à se soumettre, c’est parce qu’ils n’ont plus rien en commun, rien à partager.
Ce sont des mondes incompatibles. A chaque fois, et ça a déjà été tenté, j’ai
un exemple en tête à Paris, que vous tentez artificiellement un mixage de la
population par le biais de logements sociaux insérés au cœur de zones disons
plus bourgeoises et majoritairement d’une autre culture, c’est une catastrophe.
Et généralement ce sont ceux qui étaient établis à l’origine qui s’en vont.
Christophe Guilluy, je me réfère régulièrement à lui car son travail le mérite,
a très bien décrit ce phénomène.
Or pourtant c’est bien ce que
notre Clémenceau au rabais vient d’encore proposer : une politique de
repeuplement. Toujours la même chose, les mêmes remèdes qui n’ont jamais
marché, mais qui paraissent d’une telle évidence. Et bien ça ne marchera pas.
Pour que ça marche il faudrait signifier à ces gens qui refusent notre culture
qu’en France on vit comme les Français, et se donner les moyens de faire
respecter cela. Aucun risque ! On remplacera ça par une nouvelle ode à la
diversité.
En outre, c’est toujours les
mêmes qui doivent payer pour ces politiques désastreuses, monstrueuses. Ce sera
encore le Français blanc disposant de peu de moyens qui sera condamné parce qu’on
ne lui proposera rien d’autre en termes de logement social d’aller vivre dans
ces zones. Valls et ses potes veulent certes la mixité, mais ne se l’appliquent
jamais à eux. Ils parlent carte scolaire, mais se précipitent vers les écoles
privées si l’établissement que devraient fréquenter leurs enfants devient trop
coloré. Quand, et pour des raisons pas toujours franchement louables car
relevant davantage de la spéculation que de l’empathie, ils s’installent dans
des quartiers de mauvaise réputation, c’est pour s’y enfermer derrière grilles,
digicodes et sociétés de gardiennage. Les prix de l’immobilier montent et
repoussent davantage vers la périphérie les plus pauvres. L’opération
immobilière est au moins bonne. Et en plus ils pourront dire qu’ils ont essayé.
Bande d’hypocrites !
Alors oui, dans un certain sens l’Etat
est responsable de la séparation qui n’est pas ségrégation. Mais pas parce qu’il
a souhaité mener une politique d’apartheid, même pas parce qu’il a voulu
confiner géographiquement certaines populations. Il est responsable d’avoir rejeté
la nation et ses valeurs, d’avoir dévalorisé la première en en faisant en plus
une coupable devant l’histoire, d’avoir estimé que les valeurs de la France n’étaient
pas meilleures que celles de ses hôtes qui n’avaient donc pas à les adopter.
Et la réponse à ça c’est une
politique de repeuplement, ou encore des cours de laïcité ! La laïcité, ça
ne s’enseigne pas, ça se pratique.
Bon c’est clair, nous sommes
foutus ! Quand un tel drame amène à de telles conclusions, il n’y a plus rien
à attendre. Sauf pire encore !
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