"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 25 septembre 2012

Révolution linguistique


Voilà une des conséquences de la prochainement légalisée homoparentalité et à laquelle nous n'avions guère pensé, trop occupés soit à défendre cette future loi en parfaite adéquation avec l'avenir radieux qu'on nous promet, celui de l'indifférenciation métissée si possible car ça demande moins d'efforts d'imagination, soit à s'échiner à rappeler qu'il y a peut-être des limites à vouloir forcer les lois de la nature et à mettre en garde quant aux conséquences possibles pour les enfants. Mais comme une promesse est une promesse, nonobstant celles qui ne seront pas tenues, et comme celle-ci ne coûte pas un rond ou presque elle le sera, le débat n'aura pas lieu, le principe de précaution qu'on accorde au maïs ne bénéficiera pas aux enfants, et la loi sera votée dans une belle unanimité par les porteurs du progrès. Inutile donc de parler davantage de l'homoparentalité sur le fond et consacrons-nous plutôt à ses effets collatéraux. Lesquels ne sont pas neutres.
Et donc parmi ces effets, nous allons trouver une modification linguistique importante puisqu'elle devrait remettre en question cette notion plurimillénaire de père et de mère. C'est du moins ce que j'ai compris en lisant ou en entendant que les livrets de famille allaient être modifiés pour prendre en compte cette fabuleuse avancée de l'humanité qui permettra à un enfant d'avoir deux parents du même sexe. La science ne l'a pas fait, mais la loi le fera. Se vengeant en cela de la nature, voire du Créateur, qui n'a pas voulu accorder à l'Homme, sauf cas exceptionnels, ce privilège qu'est l'hermaphrodisme dont bénéficient pourtant l'escargot et le ver de terre. Que ce monde est injuste!

Les livrets de famille devraient donc suite à cette loi, enfin, et je vais y revenir sur cet enfin, voir supprimer les rubriques de père et de mère qui seraient remplacées par celles de "parent 1" et "parent 2". Je ne comprends pas d'ailleurs qu'on n'aille pas plus loin puisque les combats menés actuellement pour donner des droits à ceux que pour l'instant on appelle beaux-pères ou parâtres, belles mères ou marâtres dans les familles recomposées, devraient inciter à compléter les livrets pour des mesures d'économies administratives, en prévoyant au moins un "parent 3" et un "parent 4". J'espère toutefois et ça ne cadre pas pourtant avec les économies appelées de mes vœux juste au-dessus, que les livrets anciens seront rappelés en mairie pour un échange standard. Je ne voudrais pas en effet que mes enfants et moi passions pour des survivances de l'ancienne époque, soyons un jour considérés comme des gens du passé et subissions une stigmatisation de la part de ceux qui, pourtant sans efforts, seraient entrés de plain pied et à leur insu dans un nouveau monde nécessairement meilleur. Nous aussi nous voulons notre part de progrès et je revendique le droit de passer du statut de père à celui de "parent 2", ma galanterie, mais n'est-ce pas là aussi une survivance d'une époque qu'on souhaiterait définitivement révolue, allant jusqu'à offrir à mon épouse le rang de "parent 1". Je reviendrai aussi sur cette numérotation des parents, mais peut-on faire autrement, qui laisse trainer derrière elle un vieux relent nauséabond de classement hiérarchique.

Mais en attendant et afin de ne pas oublier, je reviens tout de suite sur le "enfin" se rapportant à l'élimination des rubriques mentionnant un père et une mère sur les livrets de famille. Il était temps en effet. Depuis que les théories du genre ont cessé de l'être puisque désormais les hypothèses sont devenues tellement certaines qu'elles sont enseignées au lycée en biologie (une incertitude liée à une toujours possible réfutation les aurait autrement propulsés dans les enseignements philosophiques), il est évident que les notions de père et de mère ne tiennent plus guère la route. Car contrairement aux apparences, l'officier d'état-civil qui marie un couple, ce qu'on appelait auparavant à cette époque archaïque où prédominaient encore les sens, et notamment la simple vue, un homme et une femme ne sait pas qui en fait devant qui ou quoi il officie. Est-ce un homme qui épouse une femme ou une femme qui épouse un homme? Ou encore deux femmes qui se jurent fidélité, ou bien deux hommes? Et est-ce que ces réalités impalpables mais pourtant présentes ne peuvent pas changer? Comme cette forme d'hermaphrodisme que l'on nomme successif ou séquentiel (à la différence de l'escargot, le veinard, qui présente un caractère hermaphrodite simultané).
Donc de fait le mariage homosexuel existait sans doute déjà sans que nous le sachions, et peut-être même à l'insu des gens qui se mariaient et se pensaient hommes ou femmes, sans pourtant percevoir l'inanité de ces notions fondées sur un ordre naturel bien trop simple, simpliste, pour qu'on puisse s'y référer. Le mariage n'est en fait qu'une affaire entre individus majeurs et consentant, pour le moment car on n'arrête pas le progrès, dont la réalité de ce qui se trouve entre les jambes n'a qu'une importance vraiment mineure quant à la détermination du sexe, enfin du genre. Et donc devant tant de complexité comment la loi pourrait-elle déterminer qui est père et qui est mère dans un couple ayant des enfants? L'indifférenciation donc s'impose et des pères et des mères, faisons aussi des parents 1 et 2.

Et puis maintenant que l'homoparentalité va être enfin légale, tout ça se complète merveilleusement. Les enfants auront des parents et c'est tout. Ceux qui, de façon archaïque, imaginaient le problème d'un enfant à qui on demanderait pas exemple la profession de son père et de sa mère n'aura plus de problème. "Quelle est la profession de ton parent n°1? Et n°2? Instituteur et infirmier. Ou institutrice et policière." Je sens que là vous flairez un problème, comme moi je le fais en écrivant ces lignes. Et que même vous pensez que la féminisation des noms de profession, réalisée au nom d'une égalité entre les sexes est elle-même déjà dépassée, car ne prenant pas vraiment en compte des réalités plus profondes, ainsi que nous l'avons vu au-dessus. Il reste donc un lord travail sémantique à réaliser avant que les choses deviennent parfaitement harmonieuses.

Mais en attendant, il est des problèmes à régler urgemment rien qu'avec cette réforme de l'état-civil. Je vous ai fait part tout à l'heure de ma galanterie qui me pousserait à laisser mon épouse (du coup j'espère que c'en est bien une) le privilège d'être le parent n°1. Mais cette qualité n'st hélas pas toujours partagée et dans le cas de l'homoparentalité elle ne peut plus être une référence. Bien sûr le mieux est de compter sur une entente préalable au sein du couple pour déterminer ce qui pourrait être assimilé à une préséance et même peut-être à l'entérinement pur et simple d'un rapport de force au sein du couple. Mais peut-être que cela peut-être dépassé. Néanmoins et vous vous en doutez, il ne manquera pas de cas où au sein du couple ce choix du numéro d'ordre entrainera des querelles. Je crois que la loi en cas de désaccord prévoit que l'ordre alphabétique alors prévaudra ce qui est manifestement un déni du principe d'égalité des chances, et la reconnaissance d'un déterminisme patronymique. Il ne faudrait donc pas que ce simple problème soit une nouvelle cause de divorces, celles existant actuellement suffisant bien comme cela.

Et oui, tiens au fait, les divorces! Dans le cadre des couples hétérosexuels, les juges aux affaires familiales avaient cette tendance de confier la garde des enfants, surtout les plus jeunes à leur mère. Qu'en sera-t-il maintenant? Sera-ce le parent n°2 qui bénéficiera de cette tradition devenue obsolète dans le care de l'homoparentalité. Et dans ce cas, ne vaut-il pas mieux demander tout de suite à être le parent n°2? Vous voyez donc que les problèmes ne manquent pas.

Et puis il y a aussi le problème du nom. Être le parent n°2 ne signifie pas renoncer à la transmission de son patronyme. Les noms composés devraient donc devenir la norme. Sauf qu'à la troisième génération ce seront au moins 16 noms séparés par un trait d'union qui constitueront le patronyme des enfants. Vous voyez le problème? Sans parler des éventuelles particules qui viendraient s'insinuer au milieu de tout ça.

Bon du coup ça commence à s'embrouiller dans ma tête et j'en viens à me demander, par paresse sans doute, si ce n'était pas mieux avant.

2 commentaires:

  1. bonjour Expat, en forme!
    il n'y a plus que les oisifs retraités qui ont le temps de réfléchir, spectateurs encore capables de se souvenir de l'antan tout en émettant des réserves sur un avenir préfabriqué par des lanceurs d'idées
    le rapport à la mère, le rapport au père, deux fondations de la personnalité viennent de cesser de sévir partiellement, il n'y a qu'à ne plus nommer les choses pour que leurs effets disparaissent
    "ton parent 1 c'est ton père ou ta mére?" je sens que le crétin qui va poser cette question va être poursuivi par la CNIL
    un jour un enfant errera dans la rue, "mon nom est personne" j'espère que cet amnésique ne sera pas armé d'un flingue

    du passé faisons table rase, je suis un Mohican encombré de passé incapable d'envisager l'avenir,quand les derniers des Mohicans auront trépassé l'espace au sur réalisme sera libre

    je me demande ce que le musulman de base va dire en regardant son livret de famille, ça doit pas figurer dans le coran ces délires

    je sens que UOIF, GMP et CFCM vont demander une dérogation

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  2. Effectivement la destructuration de l'individu semble être en bonne voie. Plus de père, plus de mère, mais des parents de sexe indifférent, lui même devant mettre en doute une appartenance sexuelle qui ne peut plus être affirmée, car dépendante de ses états-d'âme du moment et du regard des autres.
    Là c'est vraiment un grand pas en avant, comme dirait l'autre, qui va remiser l'égalité hommes/femmes au rang de gadget pour fofolles qui s'ennuyaient.

    Tiens, c'est vrai ça. peut-être que les musulmans et leur vision particulière des rapports hommes/femmes vont peut-être nous être utiles pour une fois. Car si l'identité occidentale est rangée au placard avec autres ringardises du passé, il convient de respecter les cultures venues d'ailleurs. C'est même un devoir.

    Ce monde devient vraiment de plus en plus absurde alliant avec une facilité déconcertante les concepts les plus opposés, comme par exemple le refus du progrès au nom du principe de précaution et l'ouverture de la boite de pandore concernant les relations entre humains, au nom de la liberté.

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