Bricolages fiscaux et budgétaires en socialie

On nous avait promis une France apaisée. Et nous avons eu un gouvernement endormi et des Français de plus en plus consternés, démoralisés et abattus. Car après avoir défait les mesures de l'ancien gouvernement, avec un acharnement frisant la puérilité, après avoir passé de bonnes vacances normales (et sans bagages, à moins que la normalité n'exclue pas quelques larbins chargés de ces détails), notre gros timonier se trouve bien dépourvu en termes d'idées et d'annonces, ce que n'a pas manqué de remarquer son bon peuple lequel avait été habitué, il est vrai, à une attitude inverse, sans doute parfois excessive, mais qui pouvait laisser penser qu'au moins ceux qui gouvernaient n'étaient pas payés à ne rien faire. A la décharge de Normal 1^er, celui-ci a eu l'honnêteté de réduire ses émoluments ainsi que ceux de ses ministres, ce qui était sans doute un signe dont les Français n'ont pas saisi d'emblée toute la signification. Désormais qu'ils l'ont fait, peut-être qu'un signe fort de notre exécutif, serait faute d'en trouver un autre, de poursuivre cette baisse de rémunération.

En attendant, il faut quand même donner quelques illusions d'existence à ce gouvernement et lui laisser aussi le temps de se dépatouiller entre le réalisme d'une situation pour le moins préoccupante, et des promesses électorales dont certaines aggraveraient immanquablement cette situation. Donc on bricole. Derrière des rideaux de fumée.

Les rideaux de fumée, c'est la poursuite de ce que ceux qui sont maintenant aux commandes appelaient la persécution des Roms parce que finalement ça plait assez aux Français. Les rideaux de fumée ce sont ces promesses de mesures sociétales qu'on nous ressort opportunément, comme le mariage homosexuel par exemple dont d'ailleurs la prudence imposerait de ne pas hâter l'effectivité puisque ça peut toujours servir de ressortir ça quand ça va mal ailleurs. D'ailleurs à propos on ne nous sert plus le vote des étrangers aux élections locales; peur d'une raclée au référendum chargé d'inscrire cette mesure dans la constitution sans doute. Les rideaux de fumée c'est cette normalité exhibée en prenant le train pour aller en vacances en ayant quand même pris soin de convoquer la presse pour en témoigner, tandis qu'un avion est envoyé discrètement sur la base aérienne de Istres pour récupérer notre Lumière céleste en cas de besoin (et peut-être pour transporter les bagages). Les rideaux de fumée c'est cette tentative de nous faire croire que notre guide suprême aurait fait fléchir l'Allemagne et autres conservateurs européens en les obligeant à aimer la croissance parce qu'il est bien connu que les conservateurs n'aiment pas la croissance.

Mais tout ça n'aura même pas franchi le cap des cent jours sans que les Français se rendent compte de la vacuité de notre exécutif obligé de combler le vide en bricolant, en faisant semblant de mener une politique de gauche tout en se pliant à des réalités contre lesquelles il ne peut rien faire, en tordant les promesses de campagne pour répondre soit aux cataclysmes qu'elles risquent de provoquer soit aux "bons amis" que ces promesses dérangent.

Dernier exemple en date, cette fameuse taxation à 75% des revenus supérieurs à un million d'euros. On apprend par divers journaux, mais je crois que la primeur en revient au Figaro, que cette mesure serait très édulcorée. L'Elysée ne dément pas vraiment en disant que les arbitrages n'ont pas été encore rendus, mais confirme implicitement au moins que l'hypothèse évoquée existe. Or quelle est cette hypothèse? C'est que la mesure ne toucherait que les célibataires (on comprend dès lors l'urgence d'une loi autorisant le mariage homosexuel), les couples ou familles n'étant touchés qu'à compter du second million (ce qui doit réduire sensiblement une cible pas très grande déjà à l'origine, il est vrai), que seuls seraient impactés les revenus du travail, que les artistes et sportifs en seraient exemptés…

Ils sont quand même fort ces socialistes! Car la mesure présentée comme une mesure phare de candidat Hollande fait pschiiiiiiiiiitt . Faut dire que certains annoncent une telle émigration des "riches" que ça peut faire réfléchir. Et puis il y a les copains, les artistes notamment, les collectionneurs d'œuvres d'art, mais aussi d'autres gens ayant cette particularité bien socialiste d'avoir certes le cœur à gauche mais le portefeuille bien ancré à droite, qu'il ne faudrait pas heurter. Il ne faudrait pas qu'ils se mettent à croire au discours qu'on entend depuis des mois, stigmatisant les riches, faisant d'eux les responsables de nos malheurs. Tout ça évidemment n'est que du vent comme la déclaration de guerre lancée à la finance lors du discours du Bourget et d'ailleurs démentie dès le lendemain à la City. Non rassurez-vous bonnes gens, les socialistes ont les pieds sur terre et ne s'attaqueront pas au fameux mur de l'argent dénoncé par le passé par l'autre François, celui qui n'était pas normal. Il reste encore les classes moyennes à saigner et en gros tous ceux qui travaillent. Le fait d'ailleurs que la mesure des 75% ne s'applique qu'aux revenus du travail est symptomatique de gens qui l'ayant toujours fui en général, ne l'apprécient guère. Eh oui, taxons ceux qui produisent, les entreprises, et ceux qui travaillent. A ces derniers retirons ce privilège honteux de la défiscalisation des heures supplémentaires, l'argent ainsi économisé pourra servir à faire plaisir aux assistés et autres improductifs.

Eh oui, les socialistes ne sont pas contre l'argent, mais seulement contre celui acquis à la sueur de son front, de fait par des gens qui ne votent guère pour eux, et on les comprend. Donc ils bricolent.

Reste qu'il leur fait bien trouver de l'argent et moins en dépenser pour atteindre des objectifs européens que malgré les coups de menton préélectoraux, ils ont repris à leur compte. Car bien sûr, mis à part quelques grincheux, enfin de mauvais camarades manquant substantiellement d'esprit de discipline, ils voteront ce fameux traité qui devait être renégocié. Quelqu'un a écrit l'autre jour qu'il n'y avait guère d'autre choix, même si le traité était évidemment mauvais portant la double signature infâme résumée par le terme Merkozy. Pourquoi alors faire de la politique si on n'a plus le choix? Pourquoi voter si c'est pour voir une alternance de têtes se substituer à un changement de politique? Et pourquoi mentir puisqu'on est intelligent, dit-on, et qu'on sait qu'il sera impossible de revenir sur un traité négocié à 27? Que ceux qui ont cru en les promesses du candidat normal se saisissent vite d'une verge et s'en frappent les flancs pour se punir de leur béate naïveté.

Il faut donc trouver de l'argent ou en économiser pour rentrer désormais dans l'épure de ce traité.

Pour l'argent, on vient de voir que ce n'est guère chez les riches qu'on compte le trouver, déjà parce qu'il n'y en a pas tant que ça des riches et qu'il faut bien en épargner certains. Il y a bien les entreprises. Et là on n'y va. Augmentation des taxes, reniement de la promesse faite de moduler ces taxes en fonction de la taille de l'entreprise, etc.. Elles, par contre, risquent bien de partir. Quant aux créateurs potentiels ils risquent bien aussi d'aller créer ailleurs. Cameron les y a d'ailleurs déjà conviés de la façon la plus explicite qui soit.

Quant aux économies, il n'y en aura pas de petites. J'ai parlé tout à l'heure de la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires. Mais on pourrait parler du gel sans doute prévu du salaire des fonctionnaires. Mais là on y va de façon calme pour ne pas heurter une bonne partie de l'électorat. On utilisera la vaseline. Avec d'autres serviteurs de l'Etat, de la France plutôt, car il convient de faire une distinction entre les deux puisque certains membres éminents de cet appareil d'Etat semblent bien hostiles envers ce que représente leur pays en tant que nation (historique), donc avec les militaires on prendra moins de gants. Parmi les mesures de recadrage des ministères et non rendues publiques lors de leur parution en juillet, on trouve la diminution pour 2013 d'un tiers des tableaux d'avancement dans l'armée. Rien que ça, un tiers! Ça fera quelques millions d'économisés sur une population qui présente le double avantage de ne pas être syndiquée et d'être soumise à un devoir de réserve. Et puisque ça ne risque pas de faire de remous, on va aussi bloquer les recrutements prévus, c'est-à-dire programmés et budgétés, de militaires du rang. On s'éloigne des messages d'amour de Normal aux militaires au début de son mandat. Mais c'est vrai que c'est sans doute du nucléaire dont il parlait quand il assurait ne pas vouloir affaiblir le potentiel de notre défense, alors que c'est sans doute dans ce domaine que se trouvent les vraies possibilités d'ajustements et d'économies, une réévaluation du dispositif ne me paraissant pas incongrue plus de 20 ans après la chute du communisme, même s'il y en a déjà eues, je précise. J'ai choisi cet exemple parce qu'il montre alors qu'il parait, je dis "parait" parce que c'est quand même incompréhensible, qu'on s'attelle à la rédaction d'un nouveau ivre blanc, donc guide pour un certain nombre d'années définissant notre politique de défense et ses moyens à partir des menaces potentielles. Puisque les mesures en termes d'effectifs, de pyramidage, de budgétisation du matériel semblent déjà prises, mais pour des raisons d'économie, il devient probable que ce livre blanc aura pour objet d'avaliser les mesures qui auront précédé sa conception mais qui auraient dû être ses conséquences. Encore du bricolage!

Les mots me manquent pour qualifier la conduite de ce gouvernement et ceux qui le composent, ou du moins la bienséance m'empêche ici de le exprimer. En tout cas, si quelqu'un voit un vrai cap à la politique qu'il mène, une cohérence, même idéologique, ce qui serait à la limite préférable même si on est contre cette idéologie, qu'il n'hésite pas à me faire signe. En tout cas pour l'instant cela ressemble étrangement à du bricolage pratiqué par des amateurs, un bricolage qui peut faire bondir à droite et à gauche.