Moi, je ne suis pas déçu!

Il parait que suite à l'intervention de Normal 1^er, premier d'une dynastie dont on espère qu'il sera aussi le dernier, beaucoup de gens, notamment à gauche, sont déçus. En tout cas, pas moi! Car comme on ne peut être trahi que pas ses amis, on ne peut être déçu que par ceux dont on attend quelque chose. Or de lui je n'ai jamais rien attendu, mais rien. Comme d'ailleurs sans doute beaucoup de Français et même parmi ceux qui ont voté pour lui ou plutôt contre Sarkozy. Car il y a une nuance. Cet homme a été élu sans enthousiasme et même avant les élections des sondages montraient déjà qu'une majorité de Français ne comptait guère sur lui pour nous sortir du pétrin. Son élection est donc le moment, et hélas il en existe, d'une manifestation collective d'irrationalité. Vous savez ce phénomène non explicable qui vous pousse à faire une chose dont vous savez qu'elle est mauvaise, qu'elle ne vous apportera que des ennuis, ou au mieux n'arrangera pas votre situation. Cherchez bien, vous avez dû connaitre ce genre de phénomène à un moment ou un autre de votre vie, peut-être un mariage, le choix d'un métier, d'une maison, d'un placement ou je ne sais quoi d'autre mais souvent une chose importante déterminante pour votre avenir. Vous saviez que ce n'était pas le bon choix et pourtant vous l'avez fait. Peut-être le Thanatostrieb freudien? Et ensuite, plus tard vous allez aux résultats et prenez acte de ce que vous considérez comme une stupidité à laquelle vous vous être vous-même contraint, de manière irrépressible.

Si vous avez voté pour Hollande, à la primaire socialiste, à la présidentielle, peut-être vous trouvez-vous maintenant dans cet état d'esprit. Vous ne lui en voulez pas encore car vous savez que vous être le seul responsable, et ça explique une côte de popularité qui tourne entre 40 et 50%, parce que vous savez que vous êtes seul coupable, mais bientôt, parce que vous ne pouvez pas toujours vous faire mal, vous allez apprendre à le détester. Et dans moins d'un an votre "élu" du 6 mai sera dans les soutes de l'opinion, tout en bas, encore plus bas.

En attendant, avant de le vouer aux gémonies, réfléchissez un peu à ce que vous avez fait. Comment avez-vous pu voter pour un homme avec un tel CV ou une telle absence de CV. Recruteriez-vous un marchand de piles comme ingénieur dans le nucléaire? Je ne pense pas. Et pourtant vous avez fait la même chose en élisant Hollande.

Si vous êtes socialiste et que vous avez voté pour lui aux primaires socialistes, n'avez-vous donc pas pensé avant de déposer votre bulletin à son œuvre à la tête du PS pendant 11 ans? Ne vous-êtes-vous pas souvenus que plusieurs fois a été évoquée la possible disparition pure et simple de ce parti de l'horizon politique français? Ne vous-êtes-vous pas souvenus d'avril 2002? Ne vous-êtes-vous pas souvenus de la scission de 2005 t de l'impuissance du 1^er secrétaire à unifier ses troupes? Ne vous-êtes-vous pas souvenus des mots doux que jetaient publiquement à son encontre ceux qui sont désormais ses ministres les plus importants? Ne vous-êtes-vous pas souvenus que celle qui lui succéda déclarait qu'elle avait dû nettoyer elle-même les chiottes après son long passage? Vous avez pourtant voté pour celui qu'on surnommait quelques mois avant monsieur 3% avec ironie, mépris ou dédain.

Si vous n'êtes pas socialiste, si vous êtes centriste, de la droite, comment on appelle ça?, ah oui sociale, enfin cette droite un peu mollassonne imbibée des idées bienpensantes de ses adversaires politiques ou trop honteuse pour aller jusqu'au bout de ses idées, c'est-à-dire soit dégager à gauche, soit assumer de vraies idées de droite (lesquelles ne sont pas antisociales), et que vous avez voté pour Hollande au second tour de la présidentielle, ne vous-êtes-vous pas demandés pourquoi cet homme apparu sur les écrans radars depuis le début des années 80 n'avait jamais occupé un poste important dans les gouvernements socialistes qui se sont succédés pendant 15 ans avec interruptions entre 81 et 2002? N'avez-vous pas trouvé bizarre qu'un premier secrétaire de parti depuis 10 ans n'ait même pas été envisagé sérieusement comme candidat à la présidentielle de 2007? N'avez-vous pas trouvé utile d'aller voir son bilan à la tête de son exécutif départemental? Un département surendetté qui devient grâce à lui le plus endetté de France, entre autres parce qu'il a embauché au conseil général une pléthore de fonctionnaires ou parce qu'il a offert une placette numérique, en fait quelques chose de bien pour jouer mais pas trop pour travailler, aux enfants entrant au collège. Bref son département dut être perfusé par l'Etat, chose qu'il attend sans doute de la part de l'Allemagne, de la BCE ou du FMI pour la France. Il ne le veut peut-être pas, mais il l'obtiendra.

Alors maintenant après presque 120 jours avec cet homme à la tête du pays, vous pleurez. Vous êtes déçus. Mais de quoi? De quoi peut-on être déçu si on a pris le temps de jeter un œil au CV de cet homme dont on peut chercher longtemps quelles sont ses réalisations? C'est même son ex qui l'a dit! De quoi peut-on être déçu quand on connait la faiblesse de caractère de celui qui nous dirige, ses hésitations, son indécision chronique, qu'il pouvait peut-être compenser quand il était à la tête du PS par une synthèse, mais sont un très lourd handicap quand on dirige un pays.

Alors maintenant vous étonnez qu'il ne fasse rien après avoir fait semblant d'agir alors qu'il ne faisait que détricoter ce que son prédécesseur avait fait, enfin pas tout car en ce qui concerne le traité de stabilité européen qu'il ne devait pas signer en l'état et la chasse aux roms, il assume l'héritage. Alors maintenant vous étonnez que dans la même phrase il puisse demander de la flexibilité pour les entreprises et de la sécurisation des salariés, qu'il puisse déclarer qu'il faut rétablir la compétitivité des entreprises et dire en même temps qu'il va faillir qu'elles crachent au bassinet pour assurer les dépenses de l'Etat, qu'il annonce une réduction des dépenses de l'Etat tout en disant que celles-ci resterons stables. Non, je n'ai rien inventé. Et vous vous serez peut-être étonné qu'il crée une commission pour chaque sujet et remette l'avenir de la France entre les mains des partenaires sociaux. Oui, il sait où il va, n'en doutez pas, et c'est nulle part.

Vous êtes donc peut-être déçus. En tout cas, pas moi!