"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 8 août 2012

Pardonner ou punir?


Tel semble être le dilemme qui tiraille notre nouveau gouvernement.
Notre nouveau président, Normal 1er, homme dont l'esprit de synthèse, mais certains diront d'indécision, est une des caractéristiques qui lui sont attribuées, je tairai les autres par charité laissant le soin à ses amis socialistes de les énoncer, a sans doute voulu continuer dans cet exercice, ma foi bien éloigné de la capacité d'arbitrer qu'on attend de la part d'un chef d'Etat. Aussi a-t-il réussi le tour de force de s'entourer de gens aux visions opposées sur divers sujets majeurs.
On a pu, en effet, déjà observer quelques couacs dans les discours des uns et des autres, notamment entre Montebourg et les deux chefs de l'exécutif redevenu, parait-il, bicéphale, au sujet de la manière de traiter l'affaire du plan social chez Peugeot, au sujet de la délocalisation du centre d'appel du STIF au Maroc, la violence d'un discours que n'aurait pas renié Hébert n'ayant sans doute pas l'heur de plaire à un attelage dont la placidité confine à une léthargie profonde.

Mais ce n'est pas de cela dont je souhaite m'entretenir, l'inutilité de notre fougueux et verbeux ministre au titre aussi pompeux que l'individu se montrant de plus en plus avérée et devant sans doute se traduire, après un dernier coup d'éclat, juste histoire de ne pas perdre la face, par une démission d'ici quelques mois.
Ce qui m'intéresse aujourd'hui est une chose sur laquelle le gouvernement peut avoir un véritable poids, à savoir le traitement de la délinquance. Or, sur ce sujet précis les dissensions paraissent énormes entre deux maillons-clé de la chaine, à savoir le ministère de l'intérieur et celui de la justice et sans doute aussi, dans une moindre mesure, entre le ministère de la justice et Normal lui-même.

Et même pour l'homme de la synthèse, il me parait difficile, sinon impossible de concilier deux visions aussi contradictoires que celles exprimées par Valls, d'une part, et par Taubira, d'autre part.
Ce sont en fait deux conceptions qui s'opposent et déchirent la gauche depuis quelques années. La conception laxiste qui a tendance à faire des délinquants des victimes de l'injustice sociale et qu'il convient davantage d'aider que de réprimer, les vraies victimes dans cette conception étant largement négligées, et une conception plus dure, plus proche de la vision sécuritaire traditionnelle de la droite, largement introduite lors de la campagne de 2007 par Ségolène Royal qui avait su tirer les leçons de la défaite de 2002. Même si cette seconde conception a été raillée ou condamnée largement par la gauche sur le moment, elle a fait depuis son chemin, peut-être pas toujours par conviction, mais au moins par nécessité électorale.

Aussi nommer à l'intérieur et à la justice deux ministres attachés chacun à une de ces conceptions antagonistes peut-être considéré comme une erreur majeure. A moins que cela ne traduise une absence complète de vision sur le thème de la sécurité, ou une manière de ne pas s'aliéner une partie de l'électorat, ce qui dans ce cas marquerait une préférence de notre placide attelage pour la position laxiste, le poids des juges étant évidemment largement supérieur à celui des policiers en termes d'effets. On peut même dire que la justice peut complètement réduire à néant une politique sécuritaire volontariste menée par le ministère de l'intérieur. Chose dont Nicolas Sarkozy avait pris acte, non seulement en remettant en cause certaines décisions de justice, mais en essayant de limiter les dégâts occasionnés par certains juges ayant manifestement choisi leur camp, en édictant certaines lois dont celle établissant des peines planchers pour les récidivistes et en introduisant des jurés populaires en correctionnelle. C'en est terminé des peines planchers qui de toute façon étaient fort peu appliquées, les juges utilisant volontiers la porte de sortie qui leur était offerte par la possibilité de déroger à la loi par la rédaction d'un avis motivé. Quant aux jurés en correctionnelle on n'aura pas eu le temps d'en voir les effets.
Il faut tout de même noter à ce stade, et en se référant aux peines planchers, que des juges, certains juges, semblent avoir perdu l'habitude d'appliquer la loi, celle votée par les représentants du peuple, préférant faire la leur alors que leur légitimité ne relève que de la réussite à un concours. Peut-être faudra-t-il un jour lever cette contradiction qui permet à certains hommes de robe de se prendre pour des petits dieux oubliant que c'est au nom du peuple français qu'ils rendent la justice, donc théoriquement en vertu des lois votées par ses représentants et non en fonction de leurs convictions idéologiques.

Ceci étant posé, on peut considérer que notre nouvelle ministre de la justice dont on connait les positions sectaires après qu'elle eût déclaré que la loi qui porte son nom et condamnant les traites atlantique et de l'Océan indien s'était limitée à l'esclavage organisé donc par les blancs parce qu'il ne fallait pas culpabiliser les jeunes de nos banlieues, donne un blanc seing à ceux des juges non moins sectaires qui considèrent souvent le délinquant, dès lors qu'il a certaines origines sociales et ethniques, comme une victime, pour qu'ils puissent impunément juger en fonction de leurs convictions idéologiques. Et elle va même au-delà de cela en remettant en cause le principe même de l'enfermement.
Pour cela, elle revient sur les centre éducatifs fermés qui selon le candidat Hollande devenu depuis Normal 1er devaient doubler leur nombre. A vrai dire je ne me prononcerai pas sur les résultats de ces centres qui coûtent très cher, puisque chaque délinquant en profitant, je pèse mes mots, coûte 1000€ par jour au contribuable. Mais ce que je sais c'est que c'est actuellement la dernière alternative à la prison, la vraie, pour des jeunes entrés très profondément en délinquance et dont la dangerosité semble réclamer l'éloignement, au moins provisoire, de la société. Mais comme simultanément Taubira semble écarter la prison comme possibilité pour les jeunes délinquants, il ne reste plus que le pardon pour eux. Parce que, figurez-vous, la prison est l'école de la récidive. Pas le sentiment d'impunité bien sûr. Le fait qu'on trouve sur le marché du crime et du délit des jeunes ayant eu déjà affaire à la justice 5, 10, 20 fois ou plus, n'ayant parfois jamais vu la porte d'une cellule ne permet pas bien sûr de penser que la clémence assimilée à de la faiblesse par ceux qui font régner l'insécurité dans leur voisinage, s'enfoncent de plus en plus dans la délinquance pour finir régulièrement dans le crime, est peut-être une cause majeure de la récidive, davantage que l'enfermement. Et bien évidemment dans ce choix laxiste, les victimes sont complètement ignorées, les existantes ainsi que les potentielles.
Certes, elle est revenue sur ce qu'elle avait déclaré sur les centres éducatifs fermés après sans doute un appel téléphonique en provenance du Var et peut-être des paroles menaçantes de Milady lui laissant entrevoir un tweet fracassant à la gloire de Manuel Valls. Mais reste qu'on a bien compris l'esprit dans lequel elle compte exercer son ministère dont on ne peut espérer qu'il soit le plus court possible.

Face à cela les forces de l'ordre dont il parait qu'on augmente les effectifs pour qu'elles soient plus efficaces constatent qu'une nouvelle fois, leur travail n'étant pas relayé par la justice, étant même plutôt réduit à néant, s'inquiètent, protestent et parfois, selon le témoignage que m'a livré un policier de mes connaissances, baissent les bras, évitent des arrestations qui prendront fin parfois avant qu'ils aient rempli la paperasse qui accompagnent cette action, conscients en plus qu'une arrestation qui tourne mal risque de les voir être mis en examen. Car les juges ne lésinent pas face aux violences policières, enfin ce qu'ils estiment comme telles.

La gauche nous avait assuré que c'en était fini avec l'angélisme en matière de sécurité. Les paroles et les actes de notre nouvelle ministre de la justice ne nous en persuadent pas. Et le silence de Normal 1er et de celui qui lui fait office de Mazarin, leur incapacité de taper sur la table, d'arbitrer entre les velléités du ministre de l'intérieur et la mansuétude de la ministre de la justice vis-à-vis des délinquants, bref de fixer un cap, de choisir entre la sanction et le pardon, ne sont pas là pour nous rassurer, enfin rassurer ceux qui savent distinguer les victimes des délinquants et criminels.

1 commentaire:

  1. enfin je me calme à vous lire dans autant de clarté

    il faudrait que mâme déambule dans les quartiers des mineurs, et ceux du tout venant en Maison d'arrêt et me dise comment d'une manière généraliste elle peut décider de proposer rédemption alternative d'emblée au vu du profil de ces individus
    ils n'ont pas lâché leur cartable Chevignon ou leur attaché case en cuir pour se retrouver, surpris en ces lieux
    ils sont dans un funeste transit, celui du pire et ne peuvent servir de variable à la surpopulation carcérale en les balançant dans des alternatives de contraintes extérieures
    ce sont des graines de caïd et ils seront victimes, oui, du laxisme et du manque d'ancrage immédiat à la règle
    c'est ce qu'Eric Ciotti avait expliqué
    bref nous sommes dans un constat permanent, l'Intérieur noyant la justice laquelle confie en aveugle à une pénitentiaire aux JAP dépassés et aux personnels over de charge ou décide d'emblée d'aménager de petites peines en petites peines une côte de maille future: la criminalité à ce stade me direz vous on va avoir du temps à projet individualisé

    mais on demande in fine à ce noeud triangulaire de colmater ce que l'école de la République ne fait plus: éduquer instruire en dépit du milieu social et de manière forte pour tous

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