"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 5 août 2012

Curieuse diplomatie française en Syrie


La vie nous amène régulièrement à faire des choix, chaque choix se traduisant lui-même par un renoncement. Ceci est vrai pour les hommes, mais aussi pour les Etats qu'ils composent. Et c'est particulièrement vrai en relations internationales et la diplomatie qui organise ces relations.
Normalement une bonne diplomatie n'a d'autres buts que de satisfaire au mieux les intérêts de l'Etat qu'elle sert. Ce qui amène à certaines réflexions dès lors qu'on accepte ce postulat.

La première est qu'une bonne diplomatie ne saurait être fondée que sur des relations d'Etats à Etats, et non de régimes à régimes. Ce qui implique que les régimes les plus abjects ou jugés tels en fonction de critères de valeur qui nous sont propres, même si nous les pensons universels, n'ont pas à être laissés de côté. Dès lors qu'on exclut des relations avec des pays aux mains de tels régimes, soyez persuadés que ce sont des pays marginaux dont la très faible influence peut nous permettre ce luxe de les ignorer ou même de les condamner. Ces pays et leurs régimes ont au moins cette utilité d'introduire une part de morale, évidemment fictive, dans une diplomatie qui normalement s'en affranchit totalement. Ça fait plaisir au peuple. Ou autre éventualité, c'est que l'Etat considéré, plutôt déconsidéré d'ailleurs, semble être promis à un changement de régime. C'est donc là un pari sur l'avenir. Surtout pas sur la morale comme l'indique la vidéo ci-dessous.

La seconde est qu'une diplomatie efficace ne peut reposer que sur des arguments de poids. Eliminons tout de suite la morale dont nous venons de dire qu'elle n'a rien à faire dans ce domaine des relations internationales, si ce n'est pour amuser le bon peuple. Ces arguments sont évidemment en rapport avec la puissance du pays considéré. Puissance économique, puissance militaire me paraissent être les seuls véritables atouts d'une diplomatie efficace, le mieux étant que les deux soient couplés.
Quand je parle de puissance économique, je pense essentiellement à la dépendance des autres pays vis-à-vis d'un autre qui pourra dicter implicitement ses règles qui même si elles sont contestées s'imposeront quand même. C'est par exemple la Chine et la Russie qui peuvent sans problème user de leur droit de veto au conseil de sécurité de l'ONU quand l'affaire syrienne y est traitée. Qui pourrait penser que la France ou la Grande-Bretagne, malgré le même droit de veto pourraient l'utiliser avec autant de facilité? La Chine est en mesure de faire exploser le dollar du jour au lendemain tandis que la Russie, dès qu'elle ferme un robinet de gaz ou de pétrole met l'Europe en émoi. Notre président a beau défendre les exportations de foie gras, ni elles, ni celles de pinard, ou de produits de luxe ne sont en mesure de faire peser une menace sur les autres pays, bien au contraire un boycott de nos produits serait pour nous une catastrophe.
Mais il est toujours possible de compenser des faiblesses économiques comme de valoriser ses atouts économiques par une armée puissante. Les Etats-Unis sont les champions dans le domaine, eux qui n'ont jamais transigé sur leur effort militaire. A titre indicatif, avec 200 millions d'habitants de moins, avec un PIB légèrement inférieur, les Etats-Unis consacrent 3 fois plus d'argent au budget de leur défense que l'ensemble des pays de l'Union Européenne. Et on ne parlera pas de l'absence totale de défense européenne qui rend toute diplomatie du même nom impossible. Lady Ashton peut continuer à dormir tranquille ou à balancer  une ânerie entre deux bâillements, ça n'a aucune conséquence, sinon de démontrer aux yeux du monde cette absence d'une diplomatie européenne. Pour en revenir aux Etats-Unis, leur puissance militaire leur permet donc de museler ceux qui pourraient les menacer sur le plan économique, je pense au Chinois, au moins pour l'instant, car eux aussi augmentent sensiblement leur budget militaire, comme la Russie d'ailleurs. Pendant que les différents pays d'Europe tapent allègrement sur ces budgets, s'en servant, comme le nouveau gouvernement socialiste, de variable d'ajustement; pour ceux qui ne l'auraient pas vu, 6 milliards d'euros de dépense d'équipement sont reportées pour 2013, ce qui veut dire annulées. Mais après tout, tout le monde s'en fout et même il y en a qui applaudissent des deux mains et des deux pieds à ce genre de mesure, ne comprenant pas que nous nous plaçons chaque jour davantage sous la dépendance des Etats-Unis.
J'allais oublier l'habileté, qui peut compenser mais juste un peu les défaillances dans les deux domaines précédents. Mais il y a longtemps que nous n'avons plus de Talleyrand à la tête de notre diplomatie, cet homme remarquable, trop méconnu et donc mésestimé, dont les qualités lui ont permis de traverser tous les régimes de l'ancien à la monarchie de Juillet. C'est vrai qu'à notre époque de pleurnicheurs et pleurnicheuses, non d'indignés, pardon, un homme déclarant que "On peut violer les lois sans qu'elles crient" ou "La politique ce n'est qu'une certaine façon d'agiter le peuple avant de s'en servir" n'attirerait guère les sympathies. Pourtant il ne serait pas inutile que nos gouvernants, notamment ceux qui nous privent de nos atouts au plan international, méditent cette citation du diable boiteux : "Soyez à leurs pieds. A leurs genoux... Mais jamais dans leurs mains."

Du coup je me rends compte que je n'ai pas parlé de ce dont je voulais parler, enfin évoquer, à savoir la position de la France face aux événements syriens.
Je voulais dire que j'étais assez étonné par cette position qui se calque sur celle des Américains et dont je ne sais sur quoi véritablement elle se fonde. En tout cas, je ne vois pas quels sont nos intérêts de "soutenir" les rebelles. Je mets des guillemets car jusqu'à présent c'est davantage une diplomatie de roquet que j'observe de la part de Fabius et de son mentor Hollande (là je rigole quand je pense aux liens qu'entretenaient les deux il y a un an encore). On veut, on exige pour se tourner vers l'ONU dont on sait qu'il n'y a rien à attendre puisque personne ne peut faire fléchir les Chinois et surtout les Russes qui, eux, travaillent pour leurs intérêts, ce qu'on ne saurait leur reprocher. Reste qu'on s'engage verbalement.
Ce qui est étonnant c'est la manière de prendre les Français pour des idiots, par médias interposés, en présentant la situation de façon manichéenne; D'un côté il y aurait les méchants et de l'autre leurs ennemis, donc les gentils; c'est évidemment ignorer que les ennemis des méchants ne sont pas toujours des gentils et qu'en l'occurrence ceux qui prétendent à remplacer le régime d'Assad ne me semblent pas valoir mieux en termes de respect des droits de l'homme; il paraitrait, on nous a déjà fait le coup, en Tunisie, en Egypte, en Lybie, que les rebelles sont des gens épris d'une liberté que le régime actuel leur refuse. Or, on peut facilement se rendre compte que les rebelles armés syriens sont désormais essentiellement des islamistes renforcés par des islamistes venant d'autres pays. Il parait même qu'il y aurait des "Français" parmi eux. Et à partir de là on peut imaginer ce que serait un après-Assad avec ces gentlemen dont la vidéo ci-dessous donne une représentation sympathique. Les minorités religieuses ne s'y sont d'ailleurs pas trompées, soutenant largement le pouvoir en place. Il faut dire que ces minorités, donc Chiites dont Alaouites, les Kurdes, et les Chrétiens, surtout les Chrétiens d'ailleurs, peuvent observer ce qui se passe dans l'Irak libéré de Saddam Hussein.
Alors nos rebelles ne sont pas des victimes. Même si les médias tentent de nous faire croire qu'eux seuls et les civils sont tués ou blessés, c'est faux. Non, ils ne se battent pas main nue ou avec des couteaux. Si la Russie arme, peut-être, Assad, les rebelles bénéficient dans ce domaine de soutiens arabes, de soutiens sunnites, si on veut se placer sur un plan religieux. Et donc, sauf si nos intérêts particuliers se situent dans une victoire des rebelles, mais ça on ne nous l'a pas démontré, il n'y a pas lieu de soutenir un camp plutôt que l'autre. Sur le plan moral (donc un attrape-nigauds) rien ne peut faire préférer un camp à l'autre, sur le plan des intérêts de la France, je ne vois pas. Si quelqu'un peut m'éclairer… Je sais qu'il y a des spécialistes de la région qui s'expriment de temps à autre.

Donc pour terminer, cette vidéo, tournée par un amateur, et ça se voit, d'une exécution sommaire, à Alep, il y a quelques jour, de 6 hommes appartenant à un clan pro-Assad par les rebelles. C'est juste un crime de guerre. Les images en disent long sur la nature des rebelles qui ne semblent pas manquer de munitions, au moins.
Attention les images peuvent choquer.



5 commentaires:

  1. BHL est relativement silencieux, en tout cas sur le Point, rien
    il s'est exprimé sur le Parisien, assez lisse
    dans la Règle du Jeux allez lire un billet d'un certain Schachats (?) sur la guerre civile en Syrie

    on couvre on colmate il me semble et on veut en rester au tyran contre le peuple

    j'ai lu en diago

    pas clair

    nous commençons une période à marcher sur des oeufs, certains en pantoufles d'autres en rangers, mais je crois que ça va péter

    RépondreSupprimer
  2. hors sujet

    retenez moi ou je fais un malheur avec le barde en bas qui nous plombe l'ambiance à coups de stéréotypes nuageux

    RépondreSupprimer
  3. ah merci, ça fait du bien

    RépondreSupprimer
  4. Y a pas de quoi! J'ai un com qui n'est pas passé où je lui demandais si c'était parce que l'ancienne ministre était fille de prolo et n'avait donc pas "les bonnes manières de s'exprimer" que ça le dérangeait. Lui pourra le lire.

    RépondreSupprimer
  5. la petite bourgeoisie depuis 1789...

    RépondreSupprimer