C'est la durée qui sépare l'intronisation humide de Normal 1er
de ce qu'on appelle communément la rentrée, notre calendrier et notamment
le fonctionnement de l'administration française étant désormais largement
calquée sur le calendrier scolaire et surtout les vacances qui le ponctuent,
quoique avec autant de vacances je craigne que le terme de ponctuer soit
impropre.
Certes il n'y a pas
eu encore de véritable Waterloo et nous n'aurons pas vu notre terne monarque
foncer sous la mitraille au milieu de sa garde pour y chercher le boulet fatal,
celui que ne trouva pas Napoléon lors de cette ultime bataille. Ceci dit, je ne
pense pas que ce soit son genre, à moins qu'en chaise à porteur… Certes si on
entend quelques grognements au sein de la majorité parlementaire, les chambres
n'en sont pas encore à saboter toute tentative du premier d'entre nous, à ne
pas confondre avec le meilleur, mais respectons les institutions faute de
respecter ceux qui les représentent, de reprendre la main pour bouter l'ennemi hors
de nos frontières. De fait il semble que depuis le discours du Bourget on ait
quelques problèmes à définir l'ennemi puisque on est passé de la finance aux
Roms sans d'ailleurs avoir obtenu de résultats tangibles dans les deux cas,
même s'il est plus facile de faire illusion sur le second.
Il semblerait donc que tout ne soit pas perdu pour cette
nouvelle majorité et notre gros timonier. Mais là-aussi ce n'est qu'une
illusion, et chacun, et même eux, j'en suis persuadé, et ce malgré tous les
atouts qu'ils ont en main, à savoir tous les pouvoirs confondus, exécutif,
législatif, judiciaire, locaux, médiatique, sent que ces cinq prochaines années
diminuées quand même de cent jours et des brouettes, vont être un énorme gâchis
qui renverra la gauche à une place qu'elle ne devrait jamais quitter :
l'opposition. Non, sérieusement! Elle excelle vraiment à cette place avec cette
conception que l'opposition ne souffre d'aucun accommodement (ceux qui s'y sont
risqués ont tout de suite reçu le qualificatif de traitre, rien que ça!) et ne
rime surtout pas avec force de proposition. Il faut dire qu'à terme cette
attitude est nécessairement payante, l'usure inéluctable d'un pouvoir induisant
le remplacement de ce dernier par ses opposants, n'eussent-ils pas les qualités
pour gouverner. Les socialistes, l'usure du pouvoir ils ne connaissent pas
trop. En général 5 ans suffisent à démontrer leur inadaptation au pouvoir, du
moins leur difficulté à gouverner une société démocratique et dont l'économie
est fondée sur le capitalisme. Ils dénoncent les forces de l'argent (ça c'était
l'autre François qui lui n'avait rien de normal et ne se serait jamais abaissé
à se présenter comme tel), la finance, mais ne peuvent rien faire d'autre que
de composer avec ce capitalisme dont ils dénoncent les ravages et de s'en faire
de fervents alliés. A tel point qu'au PS on a pu envisager sereinement, comme au
MEDEF, de voir un président du FMI en poste, champion des privatisations quand
il fut ministre de l'économie et des finances d'un gouvernement de gauche, porter
les couleurs de la gauche face à un président de droite. Juste une impression
que la politique finalement n'existait plus et que derrière les étiquettes des
partis se cachaient les plus grands illusionnistes de l'époque.
Mais je m'égare encore une fois dépassant le cadre du sujet
que je m'étais fixé initialement. Quoique finalement les propos qui précèdent
témoignent de ce phénomène qui fait que la distinction entre la gauche de
pouvoir (et au pouvoir) et la droite est parfois difficile à faire. Ce qui
amène désillusion chez les électeurs de gauche et aucune sympathie de la part
des électeurs de droite qui préfèrent tout de même l'original à la copie et
aussi n'approuve pas les mesures, les quelques mesures, essentiellement
sociétales, mais il y en a d'autres, prises par la gauche pour justement se
démarquer.
Mais là, et c'est peut-être une première, j'ai l'impression
que les militants socialistes sont sortis de cette contradiction et assument
finalement, en grande partie, cette contradiction de la gauche de pouvoir.
J'en veux pour preuve les universités d'été de La Rochelle
qui d'après ce que j'ai pu en lire ou entendre n'ont guère soulevé les
enthousiasmes sauf dans un cas particulier. Et ce cas, c'est Manuel Valls, le
seul, toujours d'après ce que j'ai pu lire ou entendre, qui a réussi à
mobiliser les foules. J'ai même lu quelque part que c'est l'homme fort de la
gauche. C'est quand même un peu étonnant cet engouement pour l'homme de gauche
dont beaucoup disent qu'il aurait fait un bon ministre de Sarkozy ou que sa
place est à l'UMP. Il est vrai que la
politique sécuritaire qu'il affiche actuellement, en particulier vis-à-vis des
Roms est difficile à distinguer de celle menée par son ou ses prédécesseurs,
sous le règne de Sarkozy, et que les mêmes qui ovationnent aujourd'hui Valls
avaient comparé à Pétain il y a deux ans de cela. Peut importeraient donc les
actes, seuls compteraient ceux qui les accomplissent. A moins que les Français,
et même de gauche, commencent déjà à être nostalgiques de Nicolas Sarkozy.
J'avoue que j'ai un sérieux doute sur ce dernier point, mais force est de
constater que le successeur de ce dernier fait suffisamment pâle figure pour ne
pas supporter la comparaison quant à la présence, et que donc n'importe qui
affichant, même si on peut discuter sur ce qu'il y a réellement derrière,
faisant preuve d'un peu de détermination, assumant ses choix, peut devenir un
pôle d'attractivité au sein d'un système pas très cohérent, je dirai même où la
contradiction est reine, au sein duquel on ne trouve guère de
personnalités d'envergure. C'était
peut-être aussi le cas sous Sarkozy, mais lui existait. En bien ou en mal, à
chacun de choisir, mais il existait.
Tandis que désormais, ces cent jours et des brouettes
l'auront parfaitement illustré, nous avons comme chef quelqu'un qui n'en n'a
guère l'étoffe. Apparemment, restons prudent ou rêvons. Le lion qui sommeille
va peut-être se réveiller. Ce qui reste du personnage après ces trois mois et
quelques jours, c'est l'homme normal qui prend le train pour aller patauger en
caleçon de bain dans la Méditerranée, mais certainement pas quelqu'un qui a
conscience des enjeux et maitrise une équipe capable de relever les nombreux
défis auxquels la France est confrontée. Pire que ça, on a le sentiment qu'il
laisse toute latitude à ses nombreux ministres aux sensibilités différentes
pour faire les annonces qu'ils veulent et mener leurs politiques. C'est ainsi
qu'on se demande si la politique sécuritaire conduite par le ministre de
l'intérieur peut s'accommoder des délires de la ministre de la justice. C'est ainsi
qu'on se demande quel peut être l'avenir énergétique de la France alors que
programme présidentiel fixe une réduction à terme (2025 je crois) de la part
d'énergie nucléaire de 75 à 50% tandis que le ministre du redressement
productif voit dans la filière nucléaire un fort potentiel, propos qui
pourraient choquer les deux ministres verts, mais qui n'en ont cure appréciant
sans doute la gloire et les honneurs de postes inespérés en regard de la
représentativité de leur parti.
Et puis il y a cette incapacité apparente à décider comme
semble l'indiquer cette multiplication de commissions sur tous les sujets
sensibles ou moins sensibles d'ailleurs. Je ne sais pas combien il y en a
exactement, mais je demande si mes doigts, orteils inclus, suffisent à les
dénombrer. Ce gouvernement ne décide pas, il repousse la décision semblant la
confier à des personnes sans doute respectables, même si certaines peuvent
prêter à sourire compte-tenu de leur passé, mais dont ce n'est pas le rôle. Bref ça patauge!
Alors oui, bien sûr, il y a eu des choses de faites. Il ne
faut pas oublier l'augmentation de l'allocation rentrée scolaire de 25% et le
fabuleux coup de pouce au SMIC de 0,6%. Et il y a eu aussi beaucoup de choses
de défaites, car cela est bien plus facile. En fait puisque ce pouvoir a émergé
de l'anti-sarkozysme, il n'est que justice que quelques mesures phares et même
plus modestes, comme par exemple l'abandon du projet de la Maison de l'Histoire
de France, aient été abrogées. Mais ce qui a été fait et défait même si ça a pu
faire plaisir à certains, pas trop les smicards en tout cas, ne semble pas être
en mesure de changer la situation générale des Français et de nous éloigner des
spectres de la crise et du chômage, ainsi que l'indiquent une croissance zéro,
ce qui semble faire plaisir à notre premier ministre et à celui de l'économie
et des finances car ça aurait pu être négatif, et une augmentation du chômage.
Certes on entendra encore parler d'héritage, mais ça ne prendra plus bientôt,
si ça prend encore d'ailleurs.
Quant à Normal lui-même, malgré ses coups de menton pendant
la campagne, il a plié face à l'Allemagne. Il fera voter dans les jours
prochains le fameux traité qu'il s'était juré de renégocier. Il doit d'ailleurs
remercier le conseil constitutionnel composé majoritairement, même très
majoritairement, de personnalités de droite, de lui avoir épargné l'épreuve du
Congrès ou, pire, du référendum. Certes certains argueront d'un volet
croissance concédé par l'Allemagne, mais détaché du traité précité, et dont le
contenu peut faire pleurer à chaudes larmes ou de rire, au choix, n'importe qui
ayant de vagues notions en économie, tellement il est ridiculement faible.
Bon voilà! Le bilan n'est pas encore catastrophique. Pas le
temps! Mais tout ça semble bien mal parti. Normal a été élu sans enthousiasme
et sans susciter de grands espoirs. Sa fougue légendaire, et son esprit de
décision universellement connus n'auront pas suffit à renverser la situation et
à susciter les passions. Bien au contraire puisque les cent jours et des
brouettes se soldent déjà par des sondages d'opinion négatifs. Et sans doute
mérités.
Ave! ravie de vous lire
RépondreSupprimerJe me demande si nous n'allons pas périr d'ennui ce qui serait la meilleure forme ad patres, l'autre étant , un suicide collectif sous les quolibets du Monde
Je vais avancer d'un grand pas: nous sommes dans l'entonnoir de la seule voie possible pour survivre, NS a tenté de nous l'expliquer, l'autre voie étant celle d'un Messie qui renverserait la donne ça on a déjà voulu nous le faire croire, il ne nous reste que les yeux pour pleurer au Mont des oliviers
Pour ma part j'opte pour le suicide collectif qui s'est exprimé lors des élections. je n'arrive toujours pas à comprendre qu'on ait pu porter à la présidence un personnage dont on connaissait les ressorts, sans doute usés et détendus depuis sa naissance, et dont les performances quand il était à a tête du PS ont permis d’envisager la disparition pure et simple de celui-ci.
RépondreSupprimerMaintenant nous avons un président qui fait moins parler de lui que celle qui partage sa couche. Quant à son premier ministre on est heureux d'apprendre à l'occasion des universités d'été qu'il est encore en vie.
Surprenant!
on tiendra pas cinq ans
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