J'ai
lu que c'est aujourd'hui qu'était versée cette allocation votée par la
droite en 1974 et censée aider les familles modestes à "équiper" leur
progéniture à l'occasion de la rentrée scolaire.
Cette
allocation concerne environ 5 millions d'enfants de 6 à 18 ans dont les
parents toucheront pour chacun d'entre eux entre 356,20 et 388,87 €, ce
qui coûtera au budget de l'Etat un peu moins de 2 milliards d'euros.
Bof! Au point où on en est!
Cette
allocation a été augmentée de 25% par le présent gouvernement qui
tenait là une promesse du candidat Hollande dont certaines mauvaises
langues diront qu'il a soudoyé, avec l'argent des autres bien entendu,
une partie de l'électorat. Ceci dit les promesses qui coûtent de
l'argent public, au profit de telle ou telle catégorie, représentant un
poids électoral, sont faites par tous les candidats aux élections
présidentielles. Juste une des nombreuses perversions de la démocratie
représentative.
En
fait ce qui m'intéresse, et la pertinence de son augmentation se situe
en corolaire, c'est, non pas l'utilité de cette allocation, mais ce qui
en est fait. Evidemment je ne suis pas derrière chacun des millions de
parents qui vont ces jours-ci dépenser cette petite manne, et mon propos
sera davantage interrogatif que critique, bien que certaines
interrogations soient déjà des critiques.
Il
est clair que je fais partie de ceux qui pensent que chaque enfant doit
accéder à l'éducation dans les meilleures conditions, que les
différences de résultats ne doivent être fondées sur rien d'autre que
les mérites de chacun d'eux et que donc les différences matérielles des
parents ne doivent pas influer là-dessus. Bon on est très éloigné de ce
modèle idéal, du moins on s'en est de plus en plus éloigné depuis les
années 70-80, alors que l'ARS n'existait pas ou en était à ses
balbutiements. De fait la maigre fortune de certains parents, dans un
système efficient et reposant sur le mérite et la sélection, n'empêchait
pas leur progéniture d'accéder à l'ascenseur social grâce à l'école.
Celle-ci ne sait plus faire désormais, ayant abandonné les deux piliers
cités au-dessus, préférant la quantité ou du moins la distribution de
diplômes en masse, plutôt que la qualité, c'est-à-dire diplômer des
élèves qui le méritent. En fait de discours en discours, de réformes en
réformes, de laxismes en laxismes, on a amené le système scolaire
français à stocker des masses scolaires et étudiantes jusqu'au mastère
désormais, une véritable sélection, car in fine il en faut bien une, ne
se faisant qu'à ce niveau. A ce rythme la France sera bientôt un pays de
docteurs es quelque chose, ce qui, hélas, n'arrangera pas notre
situation. Ne reste plus qu'à supprimer les grandes écoles pour
définitivement démolir les chances d'avenir de ce pays.
Là
je suis en train de m'égarer, mais à peine, car mon propos était
d'exprimer ce changement de paradigme, de montrer comment on était passé
de l'explication de l'échec scolaire par certaines inaptitudes de
l'élève (à contrario, celui de la réussite grâce à des aptitudes
éprouvées), à celui de l'explication de cet échec par le manque de
moyens (manque d'effectifs – vieille rengaine-, familles dans la
précarité…). Certes ce n'est pas moi qui vais nier l'influence des
origines familiales, et sans doute davantage celle de l'indigence
culturelle que celle de l'indigence financière, sur les chances de
réussite, mais force est de constater qu'à une époque sans doute bénie,
l'école avait cette capacité de réduire certains handicaps, ce qu'elle
ne fait plus. En clair les possibilités d'un enfant d'ouvrier ou
d'employé étaient bien plus fortes d'intégrer polytechnique ou normale
sup dans les années 70 que désormais. Certes on pourrait faire comme
Descoings et en arriver quasiment à des quotas ou à une forme de
sélection d’où serait proscrite la culture générale au profit
d'appréciations subjectives de la part d'un jury dont on voudrait qu'il
se montre compatissant face à certains handicaps sociaux. Bof!
Puisqu'il
semble évident à certains, à gauche, quoique la droite n'ait vraiment
pas été en reste dans le domaine de l'éducation, pour être plus précis
dans la perpétuation et l'approfondissement de la médiocrité d'un
système, puisqu'il semble évident à certains que l'échec est la
conséquence d'un manque de moyens et de la précarité de certains
parents, et bien on recrute à tour de bras, sans évidemment jamais, mais
jamais, car les syndicats veillent au grain, s'interroger sur la
performance d'une organisation, sur la pertinence d'une pédagogie
plaçant le maitre et l'élève au même niveau, sur l'opportunité de ne
plus sélectionner, de fixer des objectifs chiffrés de réussite au bac,
et maintenant en licence, qui seront d'ailleurs toujours atteints.
Devinez comment. Et puis on aide les parents les plus démunis. L'ARS
fait évidemment partie de ce dispositif.
Dans
l'absolu, je dirai que cette ARS st une bonne chose si elle permet
effectivement à chaque enfant de faire une rentrée dans de bonnes
conditions matérielles. Mais il serait quand même un peu idiot, n'est-ce
pas?, d'en rester à de si banales considérations.
Ce
qui me gêne, c'est une litote, dans cette allocation, c'est le peu de
contrôle qu'il y a dessus et c'est sa généralisation sans tenir compte
de l'environnement local.
Allez
faire un tour sur le net, et regardez les commentaires qui figurent
sous les articles parlant du sujet. Discutez-en avec des gens qui, de
préférence, n'en bénéficient pas. Et là, vous lirez ou entendrez souvent
des choses comme "tiens les marchands de télé ou de consoles de jeu
vont faire des affaires". Ce n'est peut-être pas faux d'ailleurs, même
si ça ne peut sans doute pas, bien sûr pas, être généralisé.
Ce
que j'en pense c'est que s'il n'y avait pas d'ARS, des familles, même
en était de précarité, feraient en sorte pour que leurs enfants arrivent
à l'école avec le bon "équipement". Et que malgré l'ARS, et quel que
soit son montant, il y aura toujours des enfants qui arriveront à
l'école avec rien ou pas grand-chose.
Ce
qui ne veut pas dire qu'il faut supprimer cette allocation, mais sans
doute en contrôler l'usage. C'est tout de même surprenant de donner une
allocation pour une destination précise, et c'est rare, peut-être un cas
unique (à vérifier) et de n'assurer aucun contrôle sur l'utilisation
des sommes payée par les contribuables qui, généralement, eux, n'ont pas
droit à cette aide.
Alors
on pourrait envisager quelques solutions. Une répressive serait de
sanctionner les familles dont les enfants arrivent à l'école sans
l'indispensable. Mais abandonnons-la immédiatement car ce n'st pas dans
l'air du temps ce genre de truc. Une autre serait de passer des marchés
nationaux avec certaines entreprises nationales et de fournir les sommes
en bons d'achats. Ou encore on pourrait donner ces sommes directement
aux écoles ou aux collectivités concernées,
au moins pour partie, pour qu'elles se chargent de fournir les
fournitures scolaires. En fait il y a des solutions envisageables pour
que d'une part, l'allocation serve bien aux enfants, et que d'autre
part, elle face tourner les entreprises françaises.
Cette
allocation ne tient également aucun compte des réalités locales, ce qui
semble une aberration quand on n'a le mot décentralisation dans la
bouche à longueur de temps.
Certaines
collectivités, communes, départements, régions, selon les écoles
concernées, font de gros efforts, d'autres moins, pour assurer une
rentrée scolaire optimale aux enfants, en fournissant livres et parfois
fournitures. Ce qui est une bonne chose, car je préfère voir mes impôts
dits locaux (enfin je préférais puisque désormais je n'en paye plus)
utilisés de cette manière plutôt que d'être gaspillés au financement
d'un morceau de ferraille au milieu d'un rond-point au nom de la
promotion de l'art. Enfin, ceci induit au niveau national des disparités
dont ne tient pas du tout compte l'ARS.
Alors
maintenons cette allocation, si on en a encore les moyens, mais faisons
en sorte que cet argent public serve bien et dans les meilleures
conditions à ce à quoi il est destiné. Ça donnera autre chose que
l'impression de lancer une aumône sans savoir à quoi elle va être
utilisée ou encore d'injecter de l'argent pour relancer la consommation,
auquel cas, ce sont peut-être effectivement les Chinois qui en seront
les premiers bénéficiaires.
Mais
j'en reviens à ce que j'ai déjà dit : ce n'est pas ce genre de prime,
de même que ce n'est pas la multiplication des enseignants ou des
personnels qui font partie de l'éducation nationale qui résoudra le
problème de la médiocrité, soyons charitable, de l'enseignement en
France. Tout l'argent injecté dans l'éducation et qui nous place dans
les pays qui dotent le mieux l'éducation parmi ceux de l'OCDE (c'est
exactement la même chose au niveau du ratio enseignants/élèves) pour
d'aussi mauvais résultats devrait amener à réfléchir à d'autres pistes
que le manque de moyens pour expliquer ces derniers.
j'ai du avoir droit à cette aide jadis, pas longtemps, une goutte d'eau dans ce que coûte les études soit disant gratuites
RépondreSupprimerpour contourner ce milieu scolaire qui soutient mal l'enfant qui risque de décrocher
pour investir dans des structures privées puis intégrer les formations d'ingénieurs , les mastères
de mon temps il était bien d'être avocat ou médecin, devenir ouvrier qualifié ou pas pouvait encore faire vivre son homme
les études courtes comme on dit mènent à des productions en berne et en danger, sauf dans le social, la santé qui ne produisent rien et on commence à le lui reprocher vu le gaspillage du passé, l'avenir proche est sombre à ce sujet
l'ARS, un investissement spectaculaire et démago pour ne pas construire un vrai dispositif de réussite scolaire vers une adaptation à l'emploi
certains nistons n'auront que les crayons, d'autres pourront compter sur l'effort familial à les porter jusqu'au bout dans une EN perdue et à contourner si possible sur la fin
destin funeste de celui qui ne saura ni lire ni compter ni même s'exprimer en fin de cm2, l'artisan du coin n'en fera plus rien, le petit patron non plus, même si on le franchise en banlieue
prenons les crayons, on est même certains qu'ils ne serviront plus à graver la révolution