"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 8 mai 2012

Victoire fragile


Mon dernier billet (Plagiat) notait dans son premier alinéa que la victoire de Hollande à la présidentielle était le fait d'une minorité d'électeurs. Quelqu'un me fit remarquer (je tiens le même blog sur le Nouvel Obs) à juste titre que sauf l'élection de 2002 qui succéda à la quinzaine anti-Le Pen, ce fut toujours le cas depuis 1965, depuis que le président de la République est élu au suffrage universel. Chaque président fut, sauf Chirac en 2002, en effet, élu avec une minorité des électeurs inscrits. Ce qui ne modifiait pas bien sûr la véracité de mes propos, mais permettait de les nuancer.

Une autre personne, de façon taquine, je suppose, me lança cette phrase prononcée en 1981 par André Laignel : "Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire". Cette phrase qui doit faire partie de l'anthologie de la gauche, sous une autre forme peut-être, ou au moins sous forme de pensée, depuis la Révolution d'Octobre, est bien évidemment ignoble, bafouant les principes élémentaires du droit dans un Etat du même nom, et bien évidemment toutes les minorités. Ce qui est d'ailleurs paradoxal quand on sait que le parti qui aspire, avec de fortes chances d'y parvenir d'ailleurs, à exercer un pouvoir total sur notre société dont il aura bientôt, sans doute, conquis toutes les institutions ou presque, dont l'idéologie s'est emparée de toutes ces choses qui façonnent nos esprits, l'école, les médias, la justice…, se proclame le défenseur des minorités sur lesquelles d'ailleurs, selon les études (?) s'un célèbre think thank, il était invité à fonder sa stratégie de prise du pouvoir. Mais là évidemment on ne parle pas du même type de minorités, certaines devant être choyées tandis que d'autres, et notamment la politique, méritent tout le mépris de la majorité.

Sauf que…! Sauf que…! Sauf que les choses ne sont peut-être pas si évidentes que cela. Les deux remarques citées ci-dessus m'ont incité à aller fouiller plus avant, car mes calculs à l'issue du premier tour semblaient indiquer qu'en France la droite reste majoritaire, au moins numériquement. Et il ressort d'une analyse, assez succincte je le reconnais, mais dont un approfondissement ne devrait pas modifier les conclusions, je pense, je laisse le soin à mes éventuels contradicteurs de me prouver le contraire, que Hollande est sans doute le président le plus mal élu de la 5ème République et donc que sa tâche n'en sera pas facilitée.

Eh oui les chiffres sont sans appel. Hollande est bien le président le plus mal élu de la 5ème République. Si on se réfère aux votants et non plus aux suffrages exprimés, il bat le record tenu par Chirac depuis 1995 (49,5%), en n'obtenant que 48,6% des votes. A titre indicatif Sarkozy avait obtenu en 2007 50,84% des suffrages de tous les votants, et d'ailleurs davantage de voix que Hollande lors du scrutin de dimanche dernier (18 983 138 contre 18 000 438 avec pourtant une augmentation du corps électoral d'environ 1,5 millions d'unités).
Ceci signifie clairement que pour gouverner sereinement Hollande et le PS devront s'attacher à gagner les cœurs des 2 147 173 personnes qui ont voté blanc ou nul et qui pourraient au hasard des législatives futures, ou des scrutins futurs sortir de leur neutralité relative, ce qu'ils pourraient faire au profit de la droite maintenant que l'anti-sarkozysme ne peut plus guère être un argument pour battre cette dernière.

Ces différents chiffres expriment davantage un désamour vis-à-vis de Sarkozy qu'un vote d'adhésion en faveur de Hollande. Ce dernier a misé, avec succès certes, sur l'anti-sarkozyme, ce qui lui a permis une victoire sans panache, loin de là. Il n'a pas su prendre les risques nécessaires pour susciter un vote qui soit vraiment en sa faveur, en faveur de son programme. Et il risque de le payer, très vite. D'ailleurs un sondage passant sur les écrans lors de la soirée électorale indiquait déjà que 44% des Français pensaient qu'avec lui la situation du pays allait se dégrader, contre 22%. Il ne suscite donc que peu d'espoirs et risque donc de devenir très vite impopulaire.

La structure de son corps électoral risque également de lui poser problème. Sans en avoir encore tous les détails, il semble que celui-ci soit pour le moins disparate ayant des revendications parfois contradictoires.
Une partie des électeurs de Hollande était d'ailleurs bien visible à la Bastille ou rue de Solférino. C'étaient ceux qui brandissaient des drapeaux où le vert et le croissant étaient assez présents ou qui poussaient des youyous. En effet d'après un sondage opinionway, 93% des 2 millions de musulmans pratiquants ont voté pour Hollande. C'étaient ceux qui brandissaient des drapeaux arc-en-ciel. C'étaient ceux qui brandissaient des drapeaux rouges. C'étaient les artistes dont le cœur bat à gauche mais dont le portefeuille reste bien scotché sur la fesse droite. Une vraie soirée Terra-nova! Quel est le lien entre tous ces gens? Il sera dur à trouver. Puisque c'est bien l'esprit communautaire qui sous-tend cette liesse commune. La satisfaction de voir peut-être satisfaites des revendications communautaires sans lien entre elles, et parfois même antagonistes, car qu'en est-il des musulmans et du mariage gay par exemple. Les ouvriers n'étaient sans doute que peu représentés lors de cette fête. Mais eux, on s'en fout puisqu'ils votent pour Le Pen.
C'est donc à un électorat sans âme auquel on a à faire, un électorat aux revendications disparates, donc finalement un électorat volatile.

Moi je veux bien faire partie de la minorité politique de ce pays. Ce ne sera pas la première fois, et on s'en remet toujours, d'ailleurs assez vite quand c'est la gauche qui est au pouvoir. Je l'accepte d'autant plus volontiers quand je vois à quoi ressemble la majorité et quand je sais, en m'appuyant sur quelques chiffres que cette majorité en fait n'en est pas une.

 

5 commentaires:

  1. petite victoire et il faut en faire une victoire quand même, pour la France et sa grandeur démocratique

    il faut en effacer la consistance "tout sauf NS" par un incantatoire qui revient sans cesse sur l'erreur bling bling, l'offense fabriquée et entretenue durant cinq ans et encore et encore pour prudemment garder la flamme au cas où.. FH trébucherait

    un autre effaceur est de garder en éveil la menace judiciaire

    comme un inconscient collectif d'une France qui risque de se réveiller et de se dire qu'elle a changé trot tôt

    les médias sont collectivement inconscients je pense

    Renaud Dély est à lire, en bas

    pensez à lire Tesson dans Le Point

    juste pour vérifier que le fada au fleuve tranquille qui vous houspille en bas devrait se diversifier en lecture

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  2. Je viens de lire Dély. Tesson, c'est déjà un réflexe.
    En continuant à taper sur le vaincu, on ne prend pas de risque et ça occupe. L'objectif sans doute étant que si dans quelques mois la situation s'est dégradée, et même après, on puisse encore l'attribuer au même qu'on pourra couvrir de toues les poubelles du monde. On entendra rapidement, je crois, que l'héritage est bien pire que le pire qu'on pouvait imaginer et que donc... Même si au passage c'est la gauche qui détenait les moyens pour contrôler les comptes publics.Mais ça on oubliera. Car ce n'est pas la vérité que l'on veut entendre.

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  3. Ah oui aussi. Je me suis un peu attardé sur les reportages photos sur l'obs. Bastille et Solférino. Que des drapeaux français et aussi un peu de rouge!
    J'ai dû avoir une hallucination. Le problème c'est qu'elle était collective.
    ça rappelle les méthodes employées sous certains régimes avec les photos dont les personnages disparaissaient au fil des années et des purges.

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  5. je disais que NS fut un peu seul

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