"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 20 janvier 2012

La discorde chez l'ennemi



Ce titre volé à l'ouvrage du capitaine de Gaulle (1923), le premier écrit publié du fondateur de la Vème République, lequel doit faire des saltos dans sa tombe quand il voit ce que l'époque nous propose pour diriger la France alors qu'il n'y a qu'une quarantaine d'années seulement qu'il nous a quittés, reflète assez bien ce qui se passe au parti socialiste depuis des années, ce qui n'est à la limite pas très grave, mais aussi depuis la "triomphale" désignation de François Hollande pour être le candidat de ce parti à la reine des élections, ce qui là est quand même un peu plus gênant.
 
Avant d'aller plus loin, pour nuancer le titre de ce billet,  je dois tout de même avouer que je ne considère pas les socialistes comme mes ennemis. Peut-on considérer comme ses ennemis des gens qui vous amusent depuis tant d'années, au moins depuis 2002, depuis qu'ils ne sont plus aux affaires? L'agacement que je peux ressentir actuellement vient juste du fait que ce parti se trouve remis en selle, non pas grâce à des qualités retrouvées ou à l'hypothèse d'une alternance crédible, mais à cause des erreurs et défaillances du gouvernement actuel, et aussi, et sans doute davantage d'ailleurs, à cause des conséquences d'une crise dont on ne dissocie pas ce gouvernement alors qu'elle est mondiale.
Dès lors, et parce qu'on n'aime pas pour autant le changement, le vrai, la tentation de voter pour des gens qui ne bouleverseront pas ce qui est, mais qui se réclament néanmoins d'un autre bord, ce qu'ils marqueront, à la manière dont un chien marque son territoire, de mesures sociétales qui ne seront pas du meilleur goût, peut, et même si l'hypothèse est effrayante elle reste plausible, ramener les socialistes, peut-être avec leurs "alliés" verts, au pouvoir pour une période de 5 ans. Pas davantage bien sûr, comme le confirment toutes ces alternances à l'Assemblée nationale que nous avons connues entre 1981 et 2002. Chose d'ailleurs qui ne semble jamais n'avoir ému les socialistes qui apparemment ne se sont pas jusqu'à présent posé la question de savoir pourquoi ils ne parvenaient jamais à dépasser le cap d'une législature.
 
Revenons-en au cœur du sujet. A l'heure où le parti socialiste semble en pointe dans les sondages concernant les prochaines échéances, n'importe quel observateur honnête, ou faisant preuve d'une parcelle d'objectivité, ce qui ne peut pas être le cas si on est sympathisant de ce parti, s'apercevra que ce parti est une coquille vide en phase d'explosion imminente.
Je passe rapidement sur la vacuité idéologique du PS dont on se demande à quoi se réfère le "S" depuis que ce parti a abandonné les classes populaires et laborieuses que se partagent désormais le FN, le front de gauche et l'UMP (pas sûr de l'ordre en ce qui concerne le Front de Gauche et l'UMP) au profit des femmes, des divers, des bobos et des fonctionnaires.
 
Par contre je voudrais insister sur ce qui justifie mon titre à savoir la discorde.
Un observateur honnête, parfaitement objectif comme votre serviteur ne pourra que constater qu'au PS les dirigeants, les nombreux dirigeants, ne s'aiment guère. La pré-campagne et la campagne des primaires nous l'ont prouvé. Encore une fois prouvé. Parce que depuis au moins 10 ans, on ne peut pas dire que ce soit la franche camaraderie et la cordialité qui caractérisent les rapports entre les femmes et les hommes qui comptent au sein de ce parti. Je ne parlerai bien sûr pas d'amour et même de respect tellement on se situe en deçà. Donc à l'occasion des primaires démocratiques, citoyennes et tout et tout que tout le monde leur a envié, mais peut-être moins désormais tant on peut se rendre compte à quel point elles peuvent fournir des arguments difficiles ensuite à parer aux partis adverses, les critiques n'ont pas manqué de fuser, se concentrant d'ailleurs essentiellement sur le candidat retenu qui il est vrai avait la faveur des sondages et était donc l'homme à abattre. L'homme mou, indécis, qui n'a jamais rien accompli, qui a laissé un parti qui faisait pitié, tout ça ça ne vient pas de la droite, mais bel et bien du PS. La droite a su en faire bonne usage pouvant pilonner consciencieusement le candidat socialiste sur sa personnalité sans qu'on puisse le défendre efficacement à partir du PS à l'origine de ces critiques. Mais, conformément aux ralliements, aux professions de foi des uns et des autres, on aurait pu penser que l'attrait de quelques maroquins allait calmer les esprits et impliquer une unité au moins de façade de la part des multiples dirigeants du parti.
Or qu'a-t-on pu constater? D'abord des accords avec les "alliés" verts qui ont mis le candidat en porte à faux et qui ont dressé certains barons, et ça continue aujourd'hui avec Montebourg contre la direction du parti; des commissions d'investiture pour les législatives en lien d'ailleurs avec l'accord avec les verts qui "sanctionnaient" les soutiens de Hollande pendant la primaire lesquels ont sans doute apprécié la hargne qu'a mis leur champion à les soutenir, un peu comme la corde soutient le pendu; une fausse vraie proposition sur la suppression du quotient familial qui a vu s'opposer deux membres éminents du comité de campagne du candidat; et cette semaine une attaque frontale et publique de l'aile gauche du PS sur les modalités de recrutement de 60000 fonctionnaires dans l'éducation nationale.
 
Je m'arrête une seconde sur cette dernière affaire, car si les précédentes marquaient le peu de respect accordé au candidat par le PS, celle-ci constitue une attaque frontale.
Petit résumé de l'affaire. Hollande pendant la primaire a promis la création de 60000 postes dans l'éducation nationale en 5 ans, mesure chiffrée en milliards par son ex qui lui signifiait pas là que ce n'était pas très sérieux en période de disette. Ce qu'il a démenti à l'époque avec force calculs. Désormais au pied du mur, partagé entre le désir de promesses pas tenables et celui de passer pour quelqu'un de sérieux, parce que ce qui a pu passer à la primaire risque cette fois de ne plus passer du tout dans les débats avec la droite, il tranche pour un compromis, c'est un expert de la chose, en promettant 60000 postes dans l'éducation nationale, mais à effectifs constants dans la fonction publique. C'est ce qu'on appelle savamment du redéploiement, mais qui signifie en clair que des postes de policiers, de contrôleurs des impôts, de facteurs ou je ne sais quoi vont être transformés en postes de profs ou autres fonctionnaires dont l'EN dégorge déjà. Evidemment on est là sur un autre portage. Du coup la gauche du PS qui subit Hollande plutôt qu'elle ne le soutient rue dans les brancards avec à la tête de la mutinerie rien de moins que le porte-parole du PS. Ça fait quand même un peu désordre, non?
Donc, dernièrement réunion de crise du politburo pour désamorcer le schmilblick. Les éléphants, enfin tout ce qui semble compter un peu au PS est présent… sauf le mutin en chef certainement mis à l'abri par la première secrétaire, à moins que ce ne soit le candidat qu'elle ait voulu protéger d'attaques face auxquelles son caractère placide aurait pu être désarmé. Bien qu'à ce qui parait le candidat Hollande se serait fâché, ce qui a dû terroriser les gens présents autour de la table. J'imagine bien un truc du genre : " Z'êtes pas sympas les mecs. Je peux pas être élu si vous me soutenez pas. Regardez! Ségolène ici présente sait ce que c'est de ne pas être soutenue par le parti, elle pourrait vous expliquer. Euuuuh!". Mais il parait que c'est surtout Aubry qui était en colère. Elle aurait déclaré selon un participant : "je ne veux voir qu'une tête!". Et la réponse fut fournie en l'instant par une douzaine de voix à l'unisson qui clamèrent haut et fort : "Oui, la mienne!"
Bref! Tout ça me donne du baume au cœur et l'espérance que le parti socialiste n'en a pas fini de me faire marrer encore pour des années.
 
Tien au fait! Je voudrais juste poser une petite question. Comment fait-on pour recruter des milliers de professeurs en plus alors qu'au dernier recrutement il y a eu moins de postes honorés que de postes ouverts? Pas tant à cause d'un manque de candidats que du niveau trop faible d'une grande partie d'entre eux. Car on en est arrivé, et il faut quand même relever cet exploit, à avoir une éducation nationale si défaillante qu'elle ne peut même plus assurer la reproduction de son corps enseignant.

2 commentaires:

  1. bonjour

    C'est Cahuzac le président de la Commission des finances à l'Assemblée qui a porté l'estoc de l'affaire des 60000 postes: redéploiement des enseignants du secondaire vers le primaire
    vous parliez d'un audit de l'EN, il est urgent
    pour preuve, on peut y apprendre 35 langues mais personne ne sortira de là en jactant l'anglais parfaitement
    et pendant qu'on apprend le moldave ici, la
    cette ambiance que vous décrivez est le malheur qui va s'abattre sur la France
    Un espoir, autour d'Aubry le futur gouvernement se forme, H aura fait passer l'alternance du bougiste au père tranquille, ensuite il me semble qu'on le vissera à son fauteuil de jet et qu'il a pas fini de parcourir le monde
    Mais ce qui attend Aubry ce sont les 35 heurs et le patronat les lui servira
    espérons qu'on ne fait qu'avoir peur pour rien!

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  2. ....la on ne couvre pas les matières "premières"

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