La COP 21 programmée en même
temps que les élections régionales, à moins que ce soit l'inverse, mais peu
importe, était sans doute censée faire passer une déroute électorale annoncée
au second plan. La droite dite républicaine empocherait la mise dans une
majorité de régions, tandis que le PS sauverait la sienne en conservant 3 ou 4
régions. Quant au Front National, il jouerait les trouble-fêtes dans une ou
deux régions, sans réel espoir d'en gagner, allez peut-être une à la rigueur, pas
plus mais juste assez pour pouvoir l'instrumentaliser pour les prochaines
échéances, donc la présidentielle suivie des législatives. Dans ce cadre Valls
aurait eu le beau rôle, celui du matamore qui aurait grâce à ses virils et
pathétiques avertissements limité la casse en empêchant, grâce à son implication
personnelle, les factieux, même si par ailleurs ils ont toujours joué le jeu
démocratique, de parvenir au pouvoir dans aucune de nos belles régions. Tandis
que pépère aurait pu continuer à jouer les Mac-Arthur déchainant le feu de nos
armes, même si les munitions commencent à manquer cruellement, en Afrique et au
Moyen-Orient, se posant ainsi en défenseur d'intérêts nationaux que pourtant il
n'aura eu de cesse de fouler au pied.
Mais pas de chance, encore une
fois les gens éclairés qui nous dirigent avec le lamentable brio qu'on sait se
sont encore plantés. C'est devenu une marque de fabrique chez eux. Tout ce
qu'ils disent ne se réalise jamais, et tout ce qu'ils font se retourne contre
eux, c'est un moindre mal et même plutôt une bénédiction, mais aussi, et là
c'est gênant, contre la France. Quand dans moins de 18 mois l'heure du bilan
sera venue, il ne restera que le mariage pour tous, qui, malgré son caractère
clivant, pourra être mis en avant. Le reste, tout le reste aura été un échec. Le
nombre de chômeurs aura augmenté de façon plus que significative, cela même
dans l'hypothèse d'un redressement dans
les derniers mois du quinquennat, hypothèse d'ailleurs hautement improbable car
même quand le chômage baisse dans la zone euro, celui de la France augmente.
L'insécurité aura augmenté, du fait notamment du rejet d'une politique
répressive, rendant vains les efforts des forces de l'ordre souvent sidérées
des suites données à leur action sur le terrain. Aucune des guerres engagées,
au Mali, plus largement dans le Sahel, en Centrafrique, au Moyen-Orient n'aura
été gagnée, notamment parce que les moyens sont très insuffisants, et surtout
quand la France agit seule ou presque comme dans la zone sahélienne. Notre
diplomatie "girouette", pratiquant tour à tour excès et reculades et
même voltefaces aura été déconsidérée au point que désormais nous avons juste
droit aux strapontins dans les grandes négociations (sur la Syrie notamment).
Le vivre ensemble tant vanté par cette gauche européiste, atlantiste,
mondialiste, et donc devenue quasiment a-nationale, malgré les figures de
styles qui ne trompent que ceux qui veulent être trompés quand le malheur
s'abat sur nous, donc le vivre ensemble après être passé par la phase vivre
côte-à-côte et en s'évitant, aura pris les allures de prémisses d'une guerre
civile qui finira par advenir un jour si on ne sort pas des imbécilités
idéologiques, mais aussi à vocation électoraliste, que figure très bien terra
nova, grande source d'inspiration pour notre pépère va-t-en guerre. La dette
aura bien sûr augmenté considérablement d'autant plus que les échéances
électorales arrivant les cadeaux vont pleuvoir, mais on camouflera ça sous des
dépenses nécessitées par les réajustements des moyens consacrés à la lutte
contre le terrorisme, même si c'est évidemment peanuts, la somme ne dépassant
pas le milliard d'euros. Le nombre de fonctionnaires aura augmenté, même dans
la fonction publique d'Etat. Etc., etc. La catastrophe quoi!
Autant dire que je ne suis pas
surpris, donc pas véritablement déçu. Quand on voit qu'un individu comme
Hollande peut être élu président de la République, on peut, on doit même,
s'attendre au pire et certainement à un déclassement de la maison France.
Cela dit, et afin d'éviter des
commentaires inutiles, un bilan somme toute comparable pourrait être dressé
s'agissant du précédent quinquennat. Et on pourrait même remonter dans le temps,
assez loin d'ailleurs, pour s'arrêter à Giscard, celui-ci étant inclus dans la
bande de ceux qui ont précipité notre déclin. Pour moi le dernier président
digne de ce nom, c'est-à-dire ayant une vision pour la France, enfin une vision
autre que celle de sa dissolution dans l'Europe et la mondialisation, fut
Pompidou.
Ce qui m'étonne, c'est que dans
ce contexte, ce long contexte, on puisse être surpris par le fait que le Front
National soit devenu le premier parti de France. En termes d'électeurs je
précise, encore une fois pour éviter les commentaires inutiles sur le nombre
d'adhérents des différents partis, sur leur représentation (et là les grands
démocrates ou du moins se présentant comme tels devraient se taire car quand on
considère effectivement la représentation du FN au regard du nombre de ses
électeurs, comparativement éventuellement aux écolos, on peut se dire qu'il y a
quelque chose qui cloche dans notre démocratie). Certains même parlent d'une
absence d'expertise dans ce parti. Argument un peu léger si on considère par
exemple celles de notre ex-indépendantiste guyanaise et de la miss
"colgate ultrabrite" pour ne citer qu'elles, mais, croyez-moi, c'est
en hommage appuyé à la féminité et la diversité réunies, dans leurs domaines de
compétences (!) respectifs.
Alors rassurez-vous, je ne vais
pas faire ici l'éloge du FN. Je ne vois aucune solution à notre misère collective
dans ce parti. Néanmoins dois-je lui reconnaitre ce mérite d'oser aborder
autrement que sous un angle iréniste tous les sujets dont les autres, et particulièrement
la droite, se sont dessaisis. Du coup le mérite n'est pas si grand que cela
puisque ce sont les autres qui ont fait défaut. Cela dit, électoralement c'est
devenu payant. Et c'est normal! Ne voyez pas ici un jugement moral. De toute
façon ceux qui me lisent savent que l'angle de la morale pour envisager les
choses, c'est pas mon truc. Je laisse ça aux gentils socialistes.
Ainsi donc la poussée du FN, ce
sera encore une des grandes réussites de cet exécutif de l'avoir accélérée à ce
point, correspond-t-elle davantage qu'à une adhésion à un profond malaise. Ce
n'est plus non plus simplement un vote de contestation. On peut tenter
d'expliquer de différentes manières, émettre différentes hypothèses. Retenons en
deux majeures. La meilleure et la pire. La désespérance peut effectivement entrainer
loin, très loin. Soit on lâche le morceau, on se résigne et on ne va plus
voter. Soit on décide d'emprunter les voies plus radicales. Et c'est donc sur
celles-ci que je vais m'appesantir.
On peut considérer que les votes
de plus en plus massifs en direction du Front National sont un ultime coup de semonce
à la classe politique qui ne cesse de mentir depuis des années, pense à ses
intérêts davantage qu'à ceux de la France et ceux des Français qu'elle a
abandonnés. On retrouve là les caractéristiques du vote contestataire, mais ça
va quand même plus loin, car cette fois on prend le risque de franchir le pas
et de basculer dans un autre système mal défini d'ailleurs, donc de basculer
dans le flou, en se disant que de toute façon ça ne peut pas être pire. A tort
peut-être. Mais peut-être pas après tout puisque l'exercice du pouvoir dans le
contexte mondial que nous connaissons, dans un cadre quand même assez
restreint, a tendance à lisser les pratiques.
Mais on peut considérer aussi que
le vote massif pour le FN et en même temps un abstentionnisme important sont un
rejet du système démocratique ou plutôt de ce qu'il est devenu. De fait on peut
constater que les dérives du système l'ont emporté dans son fonctionnement.
Chacun peut constater que la classe politique a comme principale préoccupation
elle-même, sa survie, ses avantages et que donc, au moins au niveau national,
c'est moins vrai au niveau local, les politiques ne sont pas dignes de nous
représenter. Par ailleurs, et c'est clair et net depuis Maastricht, puisqu'on
fait revoter les peuples qui rechignent jusqu'à ce qu'ils s'alignent ou puisqu'on
transforme leur "non" en "oui" grâce à une bidouille
politique dont se font les complices la grande majorité de leurs représentants,
les peuples européens, et donc le français, ont compris que leur destin leur
échappait. Demain on votera l'infâme traité TAFTA, du moins leurs représentants
le feront, sans qu'ils aient été même informés des différents aspects de son
contenu, ceux-ci étant tenus secrets. De fait que ce soit avec les socialistes
ou avec la droite dite républicaine, en fait tous ceux qui nous bassinent sur
les dangers pour la démocratie d'un vote FN, on ne peut que prendre conscience
que la démocratie n'existe déjà plus, remplacée par une dictature, molle sans
doute car elle enchaine peu même si elle veille à mettre à l'écart au moins
médiatiquement ses opposants, usant de désinformation, utilisant les moyens de
propagande que sont les médias qu'elle met dans sa poche en en désignant les
dirigeants ou en agissant sur les subventions sans lesquelles ils ne peuvent
subsister, en abrutissant le peuple par les mêmes moyens, et en privant
d'éducation la jeunesse remplaçant les belles lettres par les produits de la
sous-culture à la mode du moment, et en renonçant volontairement à la transmission
d'une histoire et d'une culture propres à la France au profit de la promotion
du vivre ensemble ou de la théorie du genre.
Il faut évidemment arrêter les
fous qui nous mènent dans cette impasse démocratique. Et ces fous, ce sont ceux
qui nous gouvernent depuis longtemps déjà. Et puisque cela a été rendu possible
par la démocratie, il n'est pas impossible, et je penche moi-même pour cette
hypothèse, que l'abstention et le vote FN soient les manifestations d'un rejet
de notre système démocratique et davantage que de celui des politiques qui ne
sont finalement que des produits de ce système.
Voilà donc le grand paradoxe :
ceux qui nous mettent en garde contre le vote FN parce qu'il représente un
danger pour la démocratie, nonobstant le fait qu'il est déjà paradoxal qu'un
vote démocratique soit un danger pour la démocratie, ne veulent pas comprendre,
ou du moins font-ils semblant pour certains, que c'est à cause d'un déficit de
démocratie, et c'est une litote, que ce vote monte en puissance.
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