"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 29 décembre 2015

Déchéance encore!





Puisque le sujet ne s'éteint pas, allons-y pour une resucée au sujet de la déchéance de nationalité pour les binationaux qui ne rentraient pas encore dans le cadre de cette possibilité offerte par la loi.
Il est assez drôle de voir ce qui se passe du côté de la gauche en ce moment ou comment une simple manœuvre politicienne peut conduire à un tel niveau de stupidité.

Avant de commencer il me parait utile de rappeler ce que dit la loi actuellement. La déchéance de nationalité pour les binationaux y est prévue dans les articles 25 et 25-1 du code civil. Voilà ce qu'on y trouve :
L'individu qui a acquis la qualité de Français peut, par décret pris après avis conforme du Conseil d'Etat, être déchu de la nationalité française, sauf si la déchéance a pour résultat de le rendre apatride :
1° S'il est condamné pour un acte qualifié de crime ou délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou pour un crime ou un délit constituant un acte de terrorisme ;
2° S'il est condamné pour un acte qualifié de crime ou délit prévu et réprimé par le chapitre II du titre III du livre IV du code pénal ;
3° S'il est condamné pour s'être soustrait aux obligations résultant pour lui du code du service national ;
4° S'il s'est livré au profit d'un Etat étranger à des actes incompatibles avec la qualité de Français et préjudiciables aux intérêts de la France.
L'article 25-1 pour sa part précise certaines limites :
La déchéance n'est encourue que si les faits reprochés à l'intéressé et visés à l'article 25 se sont produits antérieurement à l'acquisition de la nationalité française ou dans le délai de dix ans à compter de la date de cette acquisition.
Elle ne peut être prononcée que dans le délai de dix ans à compter de la perpétration desdits faits.
Si les faits reprochés à l'intéressé sont visés au 1° de l'article 25, les délais mentionnés aux deux alinéas précédents sont portés à quinze ans.

De fait la réforme constitutionnelle ne vise pas à remplacer ces deux articles mais à autoriser la suppression par la voie législative l'article 25-1. On se demande d'ailleurs pourquoi il fallait passer par la voie constitutionnelle pour pouvoir modifier cette loi qui n'a pas fait un détour constitutionnel avant d'être promulguée. Cet excès de zèle se révèle être aujourd'hui une grande imprudence de la part du président de la République.

Cette loi sur la déchéance dans sa mouture actuelle durcissait la loi préexistante où ne figurait pas le dernier alinéa de l'article 25-1. Et devinez quand a été votée cette loi? En 1998, tandis que la majorité parlementaire était de gauche et que le gouvernement était dirigé par Jospin.
Peut-être ma mémoire devient-elle défaillante avec l'âge, mais je ne me souviens pas avoir entendu la gauche de l'époque se liguer en partie contre Jospin et son ministre de la Justice, Guigou. Pourtant dans les faits elle établissait déjà une inégalité de fait entre Français, ceux de fraiche date (jusqu'à 10 ou 15 ans selon les faits) étant un peu considérés comme des Français à l'essai. Je précise que jusqu'ici je ne livre pas mon avis mais que je fais simplement une analyse factuelle que j'espère la plus objective possible.
Et voilà donc que 17 ans plus tard, la même gauche, avec parfois les mêmes personnages que ceux qui ont voté cette loi, se mettent à avoir des états d'âme sur un élargissement de son champ d'application à tous les binationaux. Curieux, non? On ne les a d'ailleurs pas davantage entendus quand Cazeneuve annonçait de temps en temps, rarement quand même mais récemment toutefois, la déchéance d'individus liés au terrorisme.
La cohérence aurait voulu soit qu'ils ne votent pas la loi de 1998, ou demandent son abolition, soit qu'ils se félicitent de l'ouverture de la possibilité d'une nouvelle loi rétablissant l'égalité entre tous les binationaux.
Et si leur vrai souci était l'égalité, ils se pencheraient tout de suite sur le problème de la binationalité (voire davantage parfois) et envisageraient sérieusement sa suppression. Le meilleur moyen de ne pas pouvoir être déchu de sa nationalité française n'est-il pas de ne pas en avoir une ou des autres? Je me permets de rappeler que la binationalité est un choix individuel, un choix quand on acquiert volontairement la française tandis qu'on dispose d'une autre et qu'on souhaite garder cette dernière, un choix quand on désire rester français tandis qu'on acquière une autre nationalité, un choix quand on décide de conserver à sa majorité une des deux nationalités acquises soit par le droit du sol, soit par le droit du sang, et souvent les deux en même temps. Un choix bien sympathique par ailleurs quand on décide de résider en France, car il n'offre que des droits supplémentaires, élargissant les facilités de déplacement, ouvrant des droits politiques dans deux pays, offrant une protection consulaire. Les seuls inconvénients qu'on trouvera à ce choix seront sans doute palpables si on décide d'embrasser une carrière militaire car selon la seconde nationalité des accès à certains postes seront sans doute évités. Sinon un binational peut même devenir président de la République. Eva Joly a bien essayé sans qu'on l'on empêche. Et on a des ministres qui sont binationaux, au moins trois dans ce gouvernement. C'est donc un vrai bonheur d'être binational. En France. Et on peut peut-être estimer, juste estimer, un peu, comme ça en passant, que ce bonheur choisi, je le rappelle, puisse être assombri par une menace lointaine dans le cas où on voudrait cracher du venin mortel dans la soupe.
Mais le mieux, si on veut vraiment être égalitaire, que tous les Français soient vraiment égaux serait quand même de supprimer cette possibilité de posséder plusieurs nationalités. Ça reviendrait certes à transformer le droit du sol, à en supprimer l'automaticité en demandant à celui qui dispose d'une autre nationalité par le droit du sang de faire un choix définitif entre celle-là et la française à sa majorité. Mais je ne vois rien de scandaleux là-dedans.

Mais le débat, peut-on d'ailleurs appeler ça un débat, ne porte sur aucune des considérations énoncées et surtout pas sur des questions de droit. Elles ne portent pas davantage sur l'efficacité de la mesure envisagée qu'on devine pas ailleurs nulle, s'agissant des individus visés.
On est juste dans le domaine de la basse politique, la politicaillerie.
Ça commence la politicaillerie avec la proposition faite devant le Congrès en l'assortissant d'un passage préalable devant le Conseil d'Etat en espérant sans doute que celui-ci émettrait un avis négatif. On se rend compte avec le recul, et si on était resté dans le registre de la sincérité, sans aucune arrière-pensée, qu'on aurait pu se contenter de la voie législative pour élargir la possibilité de déchéance à tous les binationaux quitte à faire vérifier ensuite la constitutionnalité de la chose devant de Conseil Constitutionnel qui n'aurait eu d'autre choix que de valider la loi ou de révoquer celle de 1998 (et en même temps toutes celles qui l'ont précédés depuis des décennies et dont elle n'est que la dernière modification). La voie constitutionnelle, et donc que les gens de gauche se rassurent, ne changera rien à la loi existante. Elle permettra juste de la modifier, ce qui, j'imagine, ne sera pas fait sous ce quinquennat. Hollande ne se risquera certainement pas à énerver une nouvelle fois sa gauche avec un nouveau débat parlementaire sur le même sujet tandis que les élections s'approcheront à grand pas. On peut déjà dire sans risque de se tromper: "tout ça pour rien!"
Mais il fait que ça continue, que la gauche montre qu'elle existe encore. Après s'être fait rouler dans la farine, tout en étant par ailleurs souvent consentante, depuis presque 4 ans, sauf pour l'épisode du mariage pour tous et de la taxe, évidemment très provisoire, des 75% pour punir les riches d'être riches, la gauche à moins de 18 mois de la présidentielle et des législatives doit quand même rappeler qu'elle existe, au moins symboliquement. Et que ça la fout mal décidemment d'en être arrivé au stade où seul le front national s'enthousiasme publiquement des mesures prises par Hollande en termes de lutte contre les terroristes islamistes. Il faut quand même bien réagir à ça, expliquer au peuple, par ailleurs très favorable parait-il à la déchéance, que la gauche, la vraie, vit encore, même si elle a fait voter dans trois régions pour la droite et même pour Estrosi. Et donc tut en le condamnant, elle doit remercier Hollande de sa maladresse, et Valls de ses coups de menton ridicules qui lui permettent de montrer qu'elle n'est pas morte encore et que ça se voit parce qu'elle remue la queue.

Tout ça n'est donc qu'un grand cinoche avec de médiocres acteurs vraiment peu soucieux des intérêts de la France et des vœux de son peuple. Le fond n'a aucun intérêt, ce sont juste les symboles qui comptent. Et c'est bien triste.

dimanche 27 décembre 2015

Quand l'Etat dans le même temps condamne et félicite ceux qui font son boulot d'assurer la sécurité




Encore une fin de semaine palpitante!

C'est Noël, c'était Noël! Grand moment de paix, d'amour, de concorde, de bisous. Parait même que c'est le jour de l'année où on conçoit le plus de gosses. Conçus à trois grammes et ensuite on s'étonne du résultat!

En fait ce ne fut pas trêve pour tout le monde. Ni pour les policiers et pompiers exerçant en Corse, ni pour ceux qui les avaient agressés. Moment intéressant où notre premier ministre doit à la fois condamner ceux qui attaquent ceux qui symbolisent l'Etat et ceux qui vont ensuite mettre sur la gueule à ceux qui ont attaqué ceux qui symbolisent l'Etat. Du coup les phrases se complexifient : "agression intolérable, profanation inacceptable". Le compteur des 140 caractères autorisés par twitter normalement suffisants pour s'exprimer quand on n'a rien à dire va bientôt exploser alors qu'on n'aura toujours rien dit. D'autant plus qu'évidemment on ne fera rien. S'il y avait autant de gens en taule que de fois où ces mots ont été prononcés, Taubira serait déjà tombée au champ d'horreur d'une crise d'apoplexie. Même elle s'y est mise cette fois sans qu'on sache qui elle condamnait. Sauf qu'en se souvenant que d'habitude quand les pompiers, les flics ou autres se font agresser, elle ne s'exprime guère, on peut deviner que ce sont ceux qui ont attaqué ses protégés qui sont visés. Notre ministre de l'intérieur aux si remarquables performances qu'on se demande pourquoi on devrait en changer un jour, vous avez remarqué que jamais personne ne démissionne de ce gouvernement quand il faillit ou est désavoué, pour sa part en revient au registre olfactif, condamnant des relents racistes sans qu'on sache si cela s'adresse à ceux qui ont attaqué les pompiers ou à ceux qui ont attaqué ceux qui ont attaqué les pompiers. Devinez! Avec tout ça on est sauvés. Ceux qui ont attaqué les pompiers vont autant en baver que ceux qui ont bloqué l'autoroute A1 il y a quelques mois et que ceux qui ont saccagé une ville de Savoie il y a aussi quelques mois, mais un peu moins. Dans ce dernier cas, le seul qui a eu affaire à la justice est celui qui a fait une quenelle en direction de Valls. Super-intolérable, sans doute! D'autant plus qu'il n'avait pas pris soin de se cagouler comme ceux qui s'en prennent aux forces de sécurité, aux pompiers et autres et qu'on a vraiment, mais alors là vraiment du mal à identifier à cause de ça, cela expliquant qu'on ait autant de mal à sévir sévèrement contre eux. C'est juste pas de chance, quoi! On voudrait bien, mais on ne peut point! Quant à ceux qui se sont improvisés justiciers, poussant le zèle sans doute un peu loin en saccageant une mosquée, ils auront sans doute cette chance d'être présumés corses, ce qui leur évitera quelques ennuis. Si ça avait été en métropole, ça ne se serait pas passé comme ça!

Mauvaise séquence donc! D'autant plus mauvaise que le FN fait de faibles scores en Corse et qu'on ne pas lui coller sur le dos cette affaire ou s'en servir pour une analyse facile de la situation. Dire simplement que des gens ayant leurs racines sur un territoire viennent signaler pas très gentiment à des "invités" que chez eux on ne fait pas ce qu'on veut, qu'on se tient à carreau, qu'on respecte les gens du cru, leurs règles et traditions, ce n'est pas le genre d'analyse qu'on peut se permettre de faire. Car imaginons que ça fasse école, que brutalement ceux qu'on nomme les souchiens se mettent en tête de reconquérir leurs territoires perdus sous les applaudissements de ceux qui parce qu'ils n'ont pas pu aller ailleurs doivent subir une forme d'occupation, ça ferait désordre. Ça ferait un peu guerre civile. Or dans ce cadre, pour l'instant on ne tolère cette situation que dans un sens. Je ne vous dis pas lequel. Mais dès lors qu'on parle de territoires perdus on trouve facilement. Sauf peut-être si conçu dans la nuit du 24 au 25 décembre, à trois grammes.

Mais on a peut-être trouvé la solution pour que les mosquées ne soient plus saccagées. En l'occurrence il y en a beaucoup moins que de lieux de culte d'une autre religion, mais dans ce cas de figure c'est évidemment intolérable, enfin bien plus. Si on les faisait protéger par des chrétiens! Juste retour des choses puisque des musulmans sympas auraient protégé des lieux de culte catholique pour que puisse s'y dérouler sereinement la messe de Noël. Y a plein de gens qui trouvent ça bien, même super. Et entre autres notre ministre de l'intérieur déchargé d'une partie de ses tâches par des bénévoles. Je ne sais pas comment il aurait réagi si les églises avaient été protégées par des chrétiens. A l'expérience des faits, on aurait sans doute appelé ça des milices populaires et condamné la chose. Mais comme c'est des musulmans, c'est forcément bien. Bon, moi je ne vais pas à la messe, mais ça me ferait quand même mal au bide de pratiquer sous la protection de musulmans. Ça ressemble un peu à la protection dont jouissaient juifs et chrétiens dans les pays musulmans quand ils étaient en situation de dhimmitude. Non? Je préférerais de loin voir les musulmans participer à ces rares manifestations organisées pour dénoncer l'islamisme et où on trouve davantage de journalistes que de participants. Ils sont malins ceux qui protègent les églises pendant la messe. Ils savent jouer du symbole. Mais je persiste qu'ils n'ont pas à faire cela. Parce qu'ils ne sont pas des auxiliaires des forces de l'ordre, et donc de ce fait Cazeneuve, au lieu de les encenser, devrait leur interdire cela, et aussi parce que les chrétiens, dès lors que l'Etat n'est plus capable d'assurer leur sécurité, n'ont qu'à s'organiser eux-mêmes. Et faire comme les Corses, c'est-à-dire prendre leur destin en main.

De fait la faiblesse, c'est un euphémisme, de l'Etat lui fait perdre complètement ses repères. Il condamne d'un côté ceux qui pallient ses carences, et félicite d'un autre ceux qui font son boulot. Et cela dans le même domaine de la sécurité. Doit-on en déduire qu'il se détermine en fonction de paramètres n'ayant plus rien à voir avec les faits? Je vous laisse juge.

mardi 22 décembre 2015

Les hauteurs béantes + complément





J'avais préparé ce billet pour le mettre en ligne demain. Inutile d'attendre puisque notre chère garde des seaux, tellement ravie de la nouvelle qu'elle n'a pu s'empêcher de la révéler,  a annoncé ce qui devait être décidé demain en conseil des ministres.

Ce billet porte le titre du livre paru en 1977 et écrit par le dissident soviétique Alexandre Zinoviev (1922-2006). Il me parait tout à fait approprié pour qualifier les personnages, et le plus haut s'entre eux, qui se trouvent au sommet de l'Etat.

Revenant sur une de ses annonces faites devant le Congrès à la suite des attentats du 13 novembre, l'exécutif, on nous y préparait depuis quelque temps et je l'avais déjà annoncé dans mon dernier billet, semble, comme le confirme Taubira, avoir renoncé à la déchéance de la nationalité française pour tous les individus, donc même nés en France, en possédant au moins une autre et condamnés définitivement pour terrorisme ou atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation.

La petitesse de ceux qui nous dirige s'exprime donc une nouvelle fois de façon éclatante. Il n'y a d'ailleurs que dans la médiocrité et le renoncement qu'ils sont éclatants. Le petit calcul politicien a, une fois l'émotion post-attentats tassée, repris ses droits exprimant son caractère dominateur sur l'intérêt national. C'est une trahison de plus à laquelle nous assistons donc. Et on parvient presque à comprendre ce renoncement car e ce qui concerne l'atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, on est régulièrement bien servi par ce gouvernement. Ils n'allaient donc quand même pas adopter une mesure qu'on pourrait un jour retourner contre eux.



J'ai imaginé une lettre, ou un discours, peu importe, qui pourrait être à cette occasion être adressé à nos chers compatriotes coupables de terrorisme ou autres atteintes aux intérêts de la nation par notre tout petit timonier.



Chers compatriotes terroristes ou apprentis-terroristes, chers ennemis de la nation



En cette veille de Noël, excusez-moi, je tenais à m'adresser particulièrement à vous. Il est en effet de mon devoir en tant que père de la Nation de réparer certains torts qui auraient pu être faits à certains de ses membres. Et en l'occurrence c'est bien de vous dont il s'agit.



Au soir du 13 novembre et dans les jours qui ont suivi, j'ai mal réagi. Je dois effectivement avouer cette faute que j'ai faite de céder à l'émotion plutôt que de me référer à la raison. Mais j'espère que vous saurez me pardonner cet écart dont je tente de réparer les effets qu'il a produits.

La France, comme vous ne le savez pas, est un vieux pays aux caractéristiques propres qui font de lui qu'on ne le confond pas avec un autre pays. Si je me permets cette plaisanterie, car évidemment tout ça n'est pas réel dans l'imaginaire de la gauche que je représente aussi, c'est pour vous indiquer le décalage qui peut advenir parfois entre la perception d'un événement et sa réalité. La perception, c'est la réalité passée au filtre de l'émotion. Or pour en revenir à ma blague, de fort mauvais gout je l'admets, la France dans sa réalité objective, scientifique oserai-je dire, c'est un territoire de 551 000 km², hors DOM-TOM, sur lequel vivent des gens. Des gens très divers, c'est ce qu'on aime quand on est de gauche, de toutes les couleurs, de toutes les religions, et qui doivent être égaux. Certes, et c'est une survivance du passé contre laquelle nous nous battons, ces gens sont administrativement classés en trois catégories : ceux qui disposent de la nationalité française, ceux qui disposent d'un titre de séjour et qui avec un peu de patience pourront disposer de cette nationalité, et ceux qui clandestins finiront, puisqu'on en renvoie très peu, par obtenir une carte de séjour qui leur permettra avec un peu de patience d'obtenir la nationalité française. Enfin s'ils le veulent, car on ne force personne. De toute façon les droits sont les mêmes pour tous, sauf évidemment le droit de vote. Mais là aussi nous voudrions revenir sur cette conception dépassée du citoyen et élargir la possibilité du droit de vote à tous. C'est difficile, mais nous y parviendrons avec le temps et là l'égalité entre tous sera parfaite. Et dès lors la nationalité n'aura plus aucun sens.



Ce rapide exposé de ma façon de voir, une façon de gauche, vous fera comprendre aisément là où je veux en venir. A la suite donc des derniers attentats, submergé par l'émotion, ce qui est une faute professionnelle grave, mais aussi et surtout devant répondre à l'émotion des Français, je me suis laissé aller à des propos remettant en cause cette notion de l'égalité entre tous encore contrariée par cette fichue nationalité en remettant en quelque sorte cette dernière à l'honneur. Voulant complaire à mes opposants de droite, dans le cadre d'une union nationale décrétée par moi, ça peut servir, j'ai pris cet engagement de déchoir de leur nationalité les Français, même nés en France, mais possédant une double nationalité  et coupables d'actes terroristes ou d'atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation. Même si prudemment j'avais en même temps déclaré que cette mesure serait soumise au Conseil d'Etat pour en vérifier la faisabilité dans notre cadre juridique. Mais pas de chance pour moi, ces idiots ont déclaré la mesure possible si elle était inscrite dans la constitution. Et me voilà donc bien embêté, et même dans la merde si c'est plus clair pour vous. Cet écart de langage me met effectivement dans une situation délicate.

Mes amis de gauche, ceux qui ne s'étaient pas laissé aller à sombrer dans l'émotion, comme par exemple ma ministre de la justice plus portée sur la chose et le lyrisme quand il s'agit de la mort d'étrangers comme ce petit garçon mort sur une plage, non plus par la faute de vos potes de l'état islamique que sa famille fuyait, mais de l'Europe qui n'avait pas grand ouvert ses portes, m'ont vite rappelé à la raison. Cette mesure que je proposais au Congrès et donc aux Français n'était absolument pas de gauche. La France n'a pas à rejeter ses enfants égarés et moi en tant que père de la nation je n'ai pas à prôner l'exclusion de ceux qui se sont écartés du beau chemin du vivre ensemble. Quand on est de gauche on tente de comprendre selon une grille bien établie, on parle de ghettos, d'apartheid, de faillite de la société dans son devoir d'accueillir, on ne parle pas de rejet de ceux qui ont fauté contre leur pays.

Je dois donc d'une part vous présenter mes excuses pour cet égarement et d'autre part réparer mon erreur en revenant en arrière et en abandonnant cette mesure honteuse.



Bon, c'est un peu gênant, mais juste un peu. Les ripailles de fin d'années feront vite oublier ce recul, un de plus d'ailleurs et dans beaucoup de domaines. Les Français en ont pris l'habitude et oublieront vite. S'ils n'oublient pas, les protestations du Front National finiront par rendre la mesure envisagée assez odieuse pour qu'on me rendre grâce de l'avoir retirée.

En attendant mes communicants, mes ministres et conseillers donc, ont déjà bien préparé le terrain. Et ils trouveront des explications rationnelles à ce recul. Certes ils n'insisteront pas trop sur le fait que la mesure n'est pas de gauche. Ils préféreront insister sur son inutilité, et donc sur l'absurdité de fonder une polémique sur quelque chose d'accessoire. Ils diront que ce n'est pas ce genre de mesure qui va vous empêcher de passer à l'action et que vous pourriez même en tirer gloire. Ce qui n'est pas totalement faux. Mais quand même un peu, mais chut! Car si on vous retire la nationalité française et qu'on ne vous accorde pas un titre de séjour puisque vous serez devenus des étrangers criminels, on devrait vous expulser logiquement à terme, après votre condamnation effectuée, vers le pays duquel vous possédez la nationalité et où vous seriez sans doute accueilli comme il se doit (!). Si on ne vous la retire pas, vous pourrez sans aucun souci rester chez nous, en fait chez vous. Donc de ça on ne parlera pas trop. On insistera sur le caractère symbolique, donc prétendument inutile de la mesure. Ce n'est pas tant qu'on n'aime pas les symboles à gauche, mais on préfère choisir ceux qui nous arrangent. Il faudra quand même insister lourdement sur le caractère inutile, on devrait même trouver des arguments pour la trouver contreproductive, je ne sais pas moi, un truc comme quoi la privation de nationalité pourrait constituer un appel au terrorisme pour ceux qui ne se sentent guère français,  tout ça pour que je n'ai pas à expliquer aux Français qu'il serait un mauvais principe d'exclure de leur communauté ceux qui veulent la détruite. Là j'avoue que je compte sur les fêtes, les chiffres du chômage, bons ou mauvais peu importe si ça détourne l'attention, et les propos outranciers venant du FN et d'une partie de la droite pour m'en sortir sans trop de casse. J'espère aussi que vous resterez calmes jusqu'en 2017 parce que j'aurai du mal, à force de répétitions, de camoufler encore une fois un certain laxisme, et là le symbole du retrait de cette mesure "symbolique" ne m'aiderait pas, derrière des propos guerriers.



Voilà mes chers compatriotes en marge et qui le resterez, en marge mais compatriotes néanmoins, le message que je voulais vous adresser en ce jour. Je m'excuse de mes emportements à votre égard, des menaces proférées vis-à-vis de vous et qui resteront lettre morte. J'en suis moi-même puni.

FH le petit, pour vous servir!

COMPLEMENT
J'en entends déjà qui disent que ceux qui se sont exprimé sur le sujet, et quelle que soit leur position, avant le conseil des ministres sont des ânes pour ne pas dire davantage. Peut-être. Mais si on ne peut plus faire confiance à un ministre d'Etat, où va-t-on?
En tout cas je reconnais une grande faute de ma part ne pas encore avoir saisi de quelles bassesses ce gouvernement est capable.
Bien évidemment je me réjouis de la possibilité de déchéance de nationalité pour les individus visés. Mon opposition à ce gouvernement ne va pas jusqu'à considérer que par principe tout ce qu'il décide est mauvais, même si c'est trop souvent le cas. Mais les circonstances de la "prise de décision", revirement peut-être, et même sans doute, sont très révélateurs de la manière dont ça fonctionne là-haut.
Je rappelle que depuis quelques jours les missi dominici du président, le premier ministre en tête, nous préparaient à ce recul qui n'a finalement pas eu lieu. Je ne reprendrai pas leurs arguments, ils sont dans la lettre "présidentielle". Et que déjà ça commençait à tousser.
L'annonce faite par Taubira à partir d'Alger (!) ne manque pas d'intérêt pour comprendre comment les choses ont pu se passer dans les dernières heures. Je vois deux scénarios possibles.
Dans le premier, le recul était acté et Taubira n'a pas résisté à nous en faire part, cela constituant une victoire pour elle et sa ligne. C'est tout à fait possible puisque aucun démenti n'a été apporté à cette déclaration intempestive et pour le moins déplacée. Les réactions, il n'y a qu'à voir les éditos, notamment ceux de la presse régionale du jour, étant souvent très hostiles à Hollande et dénonçant sa personnalité, ce dernier s'est donc senti obligé de reculer sur son premier recul.
Dans le second, et c'est aussi fort possible, tandis que le mécontentement commençait à gronder, suite aux déclarations des derniers jours, Taubira a été envoyée en mission. Elle devait faire une annonce qui finalement n'engagerait qu'elle dans le cas de l'adoption de la mesure qu'on avait décidé de rejeter, on sait par ailleurs qu'elle souhaite quitter son ministère, pour tester l'opinion à la veille du conseil des ministres. Le temps d'analyser les choses peut expliquer également qu'il n'y ait pas eu de réaction officielle à cette déclaration venue d'Alger.
Mais quel que soit le scénario, et même si on peut se réjouir du résultat final, Hollande s'est déconsidéré, montrant qu'il n'était absolument pas sincère devant le Congrès en proposant cette mesure dont il espérait qu'elle serait retoquée par le Conseil d'Etat, cette éventualité à laquelle beaucoup de juristes croyaient par ailleurs lui permettant de dire à la droite "voyez, j'ai fait ce que j'ai pu, mais pas de bol, hein!" tout en ne s'aliénant pas la gauche. Il a joué, il a perdu. Il s'est aliéné sa gauche et à droite on comprend très bien ce qu'est le personnage.
D'ailleurs comment peut-on donner crédit à quelqu'un qui nous parle sécurité et brandit les pires menaces tout en conservant Taubira place Vendôme? Ça correspond en gros à nommer Tariq Ramadan secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, en tant que responsable des cultes et de la laïcité.

Dernière minute :
c'est encore pire que ce que je pensais.
La possibilité de déchéance ne sera pas inscrite dans la constitution. C'est la possibilité de déposer une loi allant dans ce sens qui sera inscrite dans la constitution, ce qui garantit que ce n'est pas sous un gouvernement de gauche que la mesure sera prise. La déchéance ne sera donc pas constitutionnalisée mais entrera dans le domaine du législateur... mais pas avant un changement de majorité, évidemment.