Mes chers administrés, (NDLR : le terme de compatriotes ne sera désormais plus utilisé, non
pas à cause de la première syllabe pourtant phonétiquement touchante de vérité,
mais à cause de "patriotes" dont la connotation nauséabonde est par
trop évidente)
Après mes interventions diverses
et variées dont les spécialistes les plus sérieux et vous-mêmes d'ailleurs à
une écrasante majorité s'accordent pour dire qu'elles furent des fiascos, on
aurait pu dire des navets puisqu'en l'occurrence il s'agissait de spectacles au
scénario bien médiocre, j'en conviens, je reviens vers vous, (eh non! pas une dernière fois
comme j'en vois certains à leur sourire extatique commencer à le penser!), pour
vous tenir un langage de vérité socialiste (NDLR:
ceux qui cherchaient une définition au terme oxymore peuvent très utilement se
référer aux deux derniers mots).
La France va bien mais elle va
mal aussi. Mais dans l'avenir elle pourrait aller moins bien mais aussi
beaucoup moins mal.
En tout cas pour moi ça ne va pas
trop mal comme vous aurez pu le constater à l'accroissement de mon tour de taille
que certains économistes, faute de pouvoir imaginer des théories innovantes
susceptibles de nous sortir de la crise, étudient avec intérêt afin de mesurer le
coefficient de corrélation qui pourrait exister entre son évolution et celle de
la courbe du chômage. Manquerait plus
qu'ils ne fassent une funeste découverte m'obligeant à me remettre à la diète.
J'ai fais cet effort pour être élu et je ne compte plus recommencer. J'ai
d'ailleurs pu observer ce matin avec la plus grande satisfaction le départ des
containers frigorifiques de bouffe pour la Lanterne où ma chérie (NDLR : impossible de lui trouver un nom
adéquat – ni épouse, ni concubine, ni maitresse, que peut-il rester? Copine, ça
fait quand même un peu djeun's) et moi, président, et moi, président, et
moi, président…désolé, c'est le bug qui revient, allons passer deux petites
semaines de vacances, du moins jusqu'à épuisement des containers. Des vacances,
bien méritées, vous en conviendrez en observant l'évolution de la situation
générale de la France et de la vôtre particulière depuis l'an dernier quand je
me prenais mon petit mois de vacances à Brégançon. Au passage vous remarquerez
que si justement votre situation particulière vous oblige à partir moins, je
suis le mouvement. C'est un truc de com, il parait. Mais à ce rythme dans deux
ans, c'est dans les jardins de l'Elysée que je vais installer le barbecue. Au
fait vous avez vu? En com avec les vacances on a fait fort. Les ministres
harassés contraints par Ayraut et moi, président - STOP! à ne prendre que deux
semaines avec devoirs de vacances et en France!!! Aucune dérogation cette
année, sauf pour ceux qui en demanderont. Un sacerdoce, je vous dis! Un vrai
conte qui pourrait s'intituler les 36 galériens en référence au nombre de
ministres, bien que je n'en suis pas très sûr de ce nombre. Mais pas grave, y
en a que j'ai jamais revus depuis la photo. Comme vous. Oui, c'est mes conseillers
en com qui m'ont dit qu'il fallait créer des contes modernes parce que les
Français manquent de rêves : pas de royal baby chez nous, pas de roi qui
abdique, pas de mariage princier, ou autres événements qui font frétiller
Stéphane Bern. Moi, président avec ma cravate à l'ouest en train de passer les
troupes en revue le 14 juillet, il parait que ça le fait pas. Quant à ma chérie,
il parait qu'elle inspire plus de sentiments de répulsion aux Français que el
Assad lui-même à la rébellion syrienne. Donc on fait avec ce qu'on a, les
vacances des ministres. On laisse Valls faire l'intérim parce qu'un ministre de
l'intérieur ça ne prend pas de vacances. En plus ça lui plait de rester. Va
quand même falloir que je le nomme premier ministre, mais pas tout de suite.
Histoire qu'il se casse la gueule avant 2017. Je ne vais quad même pas répéter
les erreurs de Chirac, même si ce fut quand même un peu mon mentor.
Du coup je me rends compte que
j'ai oublié de vous parler de la France. Mais à chacun ses priorités. Mais enfin
puisque je suis payé pour ça allons-y!
Donc la reprise est là. Vous n'en
avez rien vu, moi non plus, mais elle est là, tapie (tiens lui-aussi il aura
bien occupé le terrain) sournoisement,
aux aguets attendant discrètement mon départ pour apparaitre enfin au grand
jour. Mais je ne me laisserai pas faire. Les entrepreneurs l'ont compris qui
continuent à vouloir délocaliser, m'obligeant ainsi à vous taper encore
davantage pour assurer le train de vie de l'Etat.
Le chômage pour sa part va
baisser, en fin d'année. Je vous l'ai promis. Contrats d'avenir sans issue dans
des administrations déjà pléthoriques mais regroupant une bonne part de mes
électeurs, formations aux débouchés improbables, radiations en masse des chômeurs
des listes du pôle emploi, tout sera mis en œuvre pour infléchir cette courbe
maléfique. Un socialiste ne saurait mentir.
Sur le plan de la cohésion
nationale, j'ai réussi à faire ce que d'aucuns n'avaient réussi. Couper la France
en deux parts à peu près égales. Grâce à mon fameux mariage pour tous sauf pour
moi, président, et à l'exploitation de la contestation faite si brillamment par
mes ministres de la justice et de l'intérieur, avec la création d'une police et
d'une justice politiques à la clé, j'aurai réussi à faire de ma droite une
bande de fachos représentant un risque pour la République obligeant la gauche à
une vigilance citoyenne accrue. Les fachos d'un côté, les progressistes de
l'autre. Au moins les choses sont claires. Et pour ceux qui ne l'auraient pas
compris, on a instauré des traitements différentiés entre les délinquants, non
pas en fonction de leur dangerosité, non pas en fonction des faits commis, mais
en fonction de leur origine. Un refus de prélèvement d'ADN à droite suite à une
interpellation douteuse, 2 mois de taule, une tentative de meurtre par
strangulation d'un policier dans une cité, un jour de garde à vue. Et encore,
je pense qu'il était de trop. Va falloir que je rappelle Valls à davantage de
réserve. Certes il est dans le rôle de la brute dans ce casting de génie le
plaçant en vis-à-vis de Taubira, la bonne nécessairement. Quant au truand ne
cherchez pas trop qui il peut être, ça pourrait me mettre dans l'embarras. Non
mais c'est vrai, c'est pas mal ça quand même : un ministre qui tient des
discours du type, "la sécurité ce n'est ni une affaire de droite, ni une
affaire de gauche", un truisme quoi mais qui pourtant semble soit étonner,
soit ravir, un ministre qui donne du menton à chaque crime commis sans que pour
autant leur nombre baisse, ce serait même le contraire disent les mauvaises
langues, et en face un ministre qui a des yeux de Chimène pour les délinquants,
ceux qui ont la bonne origine évidemment, qui conclut de la surpopulation carcérale
qu'il faut vider les prisons, enfin une ministre qui fait tout ce qu'il faut
pour que le premier soit alimenté en actions lui permettant de continuer à
donner des coups de menton. En voilà deux qui se complètent admirablement, le
premier dans le pipeau permanent, et la seconde dans les preuves d'amour
données à ces minorités qui font notre électorat. Et à une époque où le verbe
est bien plus important que l'action, devinez ce qui reste dans les mémoires,
sauf celles des délinquants évidemment bien plus objectifs que vous. N'empêche
qu'il faudra que je le nomme premier ministre un de ces jours.
Le monde selon Taubira et les autres |
Que vous dire d'autre? Faut quand
même que je garde du temps pour boucler mes valises.
Tiens puisqu'on parle de
sécurité, parlons aussi de défense. Avant de partir, et pour tester notre
concentration, on a examiné la loi de programmation militaire. C'est quand même
important puisque c'est à peu près le seul domaine où on peut taper fort sans
craindre un seul jour de grève, sans que l'opinion se mobilise. Enfin vraiment
le truc neutre pour une majorité mais qui peut faire faire de grosses économies.
Le tout avec un slogan d'enfer : "faire davantage avec moins." Je ne
vous dirai pas que si ça marche je tenterai la même chose dans l'éducation
nationale. Comme on ne va pas rechercher où sont et ce que font les milliers
d'enseignants qui n'enseignent pas. On ne peut pas tout rationaliser quand
même. Et surtout pas un important réservoir en voix. Tiens il faudrait que je
rappelle Jack, il a bien plus de doigté que Peillon.
Donc revenons à la défense. En
affaiblissant cette dernière, en fait en affaiblissant le peut-être dernier
grand atout que la France avait sur la scène internationale, la France va perdre
en puissance dans le monde, mais disons que c'était bien commencé, mais surtout
en Europe. Merkel va être réélue, l'Allemagne en plus d'être la première
puissance économique du continent va bientôt nous supplanter militairement,
même si nous disposons d'une force de dissuasion couteuse et peut-être
désormais inutile, et nous allons devenir un élément sans poids dans cet
ensemble européen. Il parait du reste que certains nous considèrent déjà comme
le maillon faible de l'Europe. Ne les contredisons surtout pas.
Bon, je vais m'arrêter là. Ce
n'est pas que je m'ennuie avec vous, mais ma chérie m'appelle. Je me rends
compte que pour une fois finalement je ne vous ai pas trop menti. On se
retrouve à la rentrée pour de nouvelles aventures. En attendant passez de
bonnes vacances si vous en avez encore les moyens, sinon bonne téloche.
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