"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 2 août 2013

Le Président s'adresse aux Français avant la Lanterne





Mes  chers administrés, (NDLR : le terme de compatriotes ne sera désormais plus utilisé, non pas à cause de la première syllabe pourtant phonétiquement touchante de vérité, mais à cause de "patriotes" dont la connotation nauséabonde est par trop évidente)



Après mes interventions diverses et variées dont les spécialistes les plus sérieux et vous-mêmes d'ailleurs à une écrasante majorité s'accordent pour dire qu'elles furent des fiascos, on aurait pu dire des navets puisqu'en l'occurrence il s'agissait de spectacles au scénario bien médiocre, j'en conviens, je reviens  vers vous, (eh non! pas une dernière fois comme j'en vois certains à leur sourire extatique commencer à le penser!), pour vous tenir un langage de vérité socialiste (NDLR: ceux qui cherchaient une définition au terme oxymore peuvent très utilement se référer aux deux derniers mots).



La France va bien mais elle va mal aussi. Mais dans l'avenir elle pourrait aller moins bien mais aussi beaucoup moins mal.

En tout cas pour moi ça ne va pas trop mal comme vous aurez pu le constater à l'accroissement de mon tour de taille que certains économistes, faute de pouvoir imaginer des théories innovantes susceptibles de nous sortir de la crise, étudient avec intérêt afin de mesurer le coefficient de corrélation qui pourrait exister entre son évolution et celle de la courbe du chômage.  Manquerait plus qu'ils ne fassent une funeste découverte m'obligeant à me remettre à la diète. J'ai fais cet effort pour être élu et je ne compte plus recommencer. J'ai d'ailleurs pu observer ce matin avec la plus grande satisfaction le départ des containers frigorifiques de bouffe pour la Lanterne où ma chérie (NDLR : impossible de lui trouver un nom adéquat – ni épouse, ni concubine, ni maitresse, que peut-il rester? Copine, ça fait quand même un peu djeun's) et moi, président, et moi, président, et moi, président…désolé, c'est le bug qui revient, allons passer deux petites semaines de vacances, du moins jusqu'à épuisement des containers. Des vacances, bien méritées, vous en conviendrez en observant l'évolution de la situation générale de la France et de la vôtre particulière depuis l'an dernier quand je me prenais mon petit mois de vacances à Brégançon. Au passage vous remarquerez que si justement votre situation particulière vous oblige à partir moins, je suis le mouvement. C'est un truc de com, il parait. Mais à ce rythme dans deux ans, c'est dans les jardins de l'Elysée que je vais installer le barbecue. Au fait vous avez vu? En com avec les vacances on a fait fort. Les ministres harassés contraints par Ayraut et moi, président - STOP! à ne prendre que deux semaines avec devoirs de vacances et en France!!! Aucune dérogation cette année, sauf pour ceux qui en demanderont. Un sacerdoce, je vous dis! Un vrai conte qui pourrait s'intituler les 36 galériens en référence au nombre de ministres, bien que je n'en suis pas très sûr de ce nombre. Mais pas grave, y en a que j'ai jamais revus depuis la photo. Comme vous. Oui, c'est mes conseillers en com qui m'ont dit qu'il fallait créer des contes modernes parce que les Français manquent de rêves : pas de royal baby chez nous, pas de roi qui abdique, pas de mariage princier, ou autres événements qui font frétiller Stéphane Bern. Moi, président avec ma cravate à l'ouest en train de passer les troupes en revue le 14 juillet, il parait que ça le fait pas. Quant à ma chérie, il parait qu'elle inspire plus de sentiments de répulsion aux Français que el Assad lui-même à la rébellion syrienne. Donc on fait avec ce qu'on a, les vacances des ministres. On laisse Valls faire l'intérim parce qu'un ministre de l'intérieur ça ne prend pas de vacances. En plus ça lui plait de rester. Va quand même falloir que je le nomme premier ministre, mais pas tout de suite. Histoire qu'il se casse la gueule avant 2017. Je ne vais quad même pas répéter les erreurs de Chirac, même si ce fut quand même un peu mon mentor.



Du coup je me rends compte que j'ai oublié de vous parler de la France. Mais à chacun ses priorités. Mais enfin puisque je suis payé pour ça allons-y!

Donc la reprise est là. Vous n'en avez rien vu, moi non plus, mais elle est là, tapie (tiens lui-aussi il aura bien occupé le terrain)  sournoisement, aux aguets attendant discrètement mon départ pour apparaitre enfin au grand jour. Mais je ne me laisserai pas faire. Les entrepreneurs l'ont compris qui continuent à vouloir délocaliser, m'obligeant ainsi à vous taper encore davantage pour assurer le train de vie de l'Etat.

Le chômage pour sa part va baisser, en fin d'année. Je vous l'ai promis. Contrats d'avenir sans issue dans des administrations déjà pléthoriques mais regroupant une bonne part de mes électeurs, formations aux débouchés improbables, radiations en masse des chômeurs des listes du pôle emploi, tout sera mis en œuvre pour infléchir cette courbe maléfique. Un socialiste ne saurait mentir.



Sur le plan de la cohésion nationale, j'ai réussi à faire ce que d'aucuns n'avaient réussi. Couper la France en deux parts à peu près égales. Grâce à mon fameux mariage pour tous sauf pour moi, président, et à l'exploitation de la contestation faite si brillamment par mes ministres de la justice et de l'intérieur, avec la création d'une police et d'une justice politiques à la clé, j'aurai réussi à faire de ma droite une bande de fachos représentant un risque pour la République obligeant la gauche à une vigilance citoyenne accrue. Les fachos d'un côté, les progressistes de l'autre. Au moins les choses sont claires. Et pour ceux qui ne l'auraient pas compris, on a instauré des traitements différentiés entre les délinquants, non pas en fonction de leur dangerosité, non pas en fonction des faits commis, mais en fonction de leur origine. Un refus de prélèvement d'ADN à droite suite à une interpellation douteuse, 2 mois de taule, une tentative de meurtre par strangulation d'un policier dans une cité, un jour de garde à vue. Et encore, je pense qu'il était de trop. Va falloir que je rappelle Valls à davantage de réserve. Certes il est dans le rôle de la brute dans ce casting de génie le plaçant en vis-à-vis de Taubira, la bonne nécessairement. Quant au truand ne cherchez pas trop qui il peut être, ça pourrait me mettre dans l'embarras. Non mais c'est vrai, c'est pas mal ça quand même : un ministre qui tient des discours du type, "la sécurité ce n'est ni une affaire de droite, ni une affaire de gauche", un truisme quoi mais qui pourtant semble soit étonner, soit ravir, un ministre qui donne du menton à chaque crime commis sans que pour autant leur nombre baisse, ce serait même le contraire disent les mauvaises langues, et en face un ministre qui a des yeux de Chimène pour les délinquants, ceux qui ont la bonne origine évidemment, qui conclut de la surpopulation carcérale qu'il faut vider les prisons, enfin une ministre qui fait tout ce qu'il faut pour que le premier soit alimenté en actions lui permettant de continuer à donner des coups de menton. En voilà deux qui se complètent admirablement, le premier dans le pipeau permanent, et la seconde dans les preuves d'amour données à ces minorités qui font notre électorat. Et à une époque où le verbe est bien plus important que l'action, devinez ce qui reste dans les mémoires, sauf celles des délinquants évidemment bien plus objectifs que vous. N'empêche qu'il faudra que je le nomme premier ministre un de ces jours.

Le monde selon Taubira et les autres



Que vous dire d'autre? Faut quand même que je garde du temps pour boucler mes valises.

Tiens puisqu'on parle de sécurité, parlons aussi de défense. Avant de partir, et pour tester notre concentration, on a examiné la loi de programmation militaire. C'est quand même important puisque c'est à peu près le seul domaine où on peut taper fort sans craindre un seul jour de grève, sans que l'opinion se mobilise. Enfin vraiment le truc neutre pour une majorité mais qui peut faire faire de grosses économies. Le tout avec un slogan d'enfer : "faire davantage avec moins." Je ne vous dirai pas que si ça marche je tenterai la même chose dans l'éducation nationale. Comme on ne va pas rechercher où sont et ce que font les milliers d'enseignants qui n'enseignent pas. On ne peut pas tout rationaliser quand même. Et surtout pas un important réservoir en voix. Tiens il faudrait que je rappelle Jack, il a bien plus de doigté que Peillon.

Donc revenons à la défense. En affaiblissant cette dernière, en fait en affaiblissant le peut-être dernier grand atout que la France avait sur la scène internationale, la France va perdre en puissance dans le monde, mais disons que c'était bien commencé, mais surtout en Europe. Merkel va être réélue, l'Allemagne en plus d'être la première puissance économique du continent va bientôt nous supplanter militairement, même si nous disposons d'une force de dissuasion couteuse et peut-être désormais inutile, et nous allons devenir un élément sans poids dans cet ensemble européen. Il parait du reste que certains nous considèrent déjà comme le maillon faible de l'Europe. Ne les contredisons surtout pas.



Bon, je vais m'arrêter là. Ce n'est pas que je m'ennuie avec vous, mais ma chérie m'appelle. Je me rends compte que pour une fois finalement je ne vous ai pas trop menti. On se retrouve à la rentrée pour de nouvelles aventures. En attendant passez de bonnes vacances si vous en avez encore les moyens, sinon bonne téloche.


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