"Le racisme anti-blancs existe. Je l'ai rencontré!". Voilà le message adressé par JF Copé à une France médusée, aussi incrédule que si on lui révélait que pendant des siècles on lui avait menti et que c'est bien le soleil qui tourne autour de la terre et pas l'inverse. Du moins certaines réactions suite à la révélation de Copé semblent le suggérer. Et voilà donc Copé, à moins de jouer les Copernic et de se rétracter, risquant de finir comme Giordano Bruno, sur le bûcher, celui-là heureusement virtuel, de la bien-pensance qui irradie harmonieusement toutes les composantes politiques de ce pays, même la sienne, sauf cet horrible front national. Le procès dirigé contre lui n'en sera d'ailleurs grâce à cette dernière donnée que plus facile à instruire.
Il faut dire que si la révélation de Copé trouvait empiriquement quelques justifications, tout un système pourrait s'ébranler. C'en serait fini de la victimisation des mêmes populations, celles composées des descendants de ceux que nos ancêtres, supposément, car à ma connaissance les miens n'ont jamais participé à ce genre d'activités, mais juste parce qu'ils en avaient d'autres, ont maltraité à travers les siècles, les colonisant, les réduisant à l'esclavage et tout les tutti quanti qui nous valent cette dette éternelle face à de non moins éternels bénéficiaires, mais néanmoins victimes. Car sous les apparences d'une repentance hypocrite, il parait que nous continuons à les maltraiter.
Donc imaginez, si il était prouvé qu'ils ne sont pas foncièrement meilleurs que nous et que quand les circonstances leur sont favorables certains d'entre eux n'hésitent pas non plus à malmener les blancs, juste parce qu'ils sont blancs, c'est toute une idéologie qui en viendrait à s'effondrer dont les premières victimes visibles seraient sans doute ces multiples associations par nous subventionnées dont on ne souvient guère qu'elles aient trainé devant un tribunal un supposé raciste anti-blanc ou même dénoncé certaines tendances à cette perversion. Donc associations coupables au mieux de négligence au pire de complicité par le seul fait de fermer les yeux sur certains comportements. Et bien évidemment, d'une façon plus diffuse, c'est toute la bien-pensance qui se trouverait atteinte.
Mais rassurons-nous. Comme dit plus haut celle-ci est assez largement diffusée au sein de nos élites politiques, en particulier, et soutenue par les médias pour que l'affaire puisse être retournée contre celui qui a balancé un pavé dans la marre. Reste que les nombreux commentaires sous les articles ou éditoriaux de ceux qui tendent soit à réfuter, soit à minimiser (voir l'édito de Joffrin), le phénomène dénoncé par Copé, semblent indiquer que le peuple, ou le populo, selon la capacité que vous lui accorderez à percevoir objectivement les choses, semble assez d'accord avec cette existence d'un racisme anti-blanc et se montre satisfait qu'un dirigeant politique l'exprime. D'ailleurs peut-être un jour prendra-t-on conscience, mais je ne doute pas que ce soit déjà fait et même ça en arrange certains, que les succès du front national, en termes de suffrages recueillis bien plus que de représentation, et c'est pour cela qu'on peu laisser faire les choses, doivent beaucoup à cette tendance de ce parti de dire certaines évidences jugées taboues par les autres. Sarkozy l'avait bien compris en 2007 et avait siphonné le FN par son discours, chose qu'il n'a pu faire en 2012, puisqu'entre deux discours il ne s'était pas passé grand-chose finalement. Du coup on peut même se demander si Copé pourra profiter de la découverte dont il nous a fait part.
En tout cas, ça inquiète toujours quand ça ne vient pas du front national, ce genre de truc. A l'UMP, certains approuvent. Mais d'autres baissent la tête ou encore reprochent à Copé de "copier les extrémistes". Au PS, le chef du gouvernement dit que ça peut exister (vous voyez la nuance, j'espère avec "ça existe"), mais d'autres comme Rebsamen parlent de dérapage. De fait on ne sait pas généralement sur quel pied danser car après avoir laissé tomber le peuple, ou du moins avoir pris son ressenti pour des élucubrations, on comprend qu'il va falloir de nouveau prendre en compte ce qu'il pense. Finalement davantage que la droite, c'est peut-être ce peuple, le truc qu'on appelle les classes populaires dont on ne sait guère de quoi elles sont constituées, c'est peut-être lui qui devient de plus en plus décomplexé et que les oukases imposés par la bien-pensance atteignent de moins en moins. Même que, parait-il il ne trouve plus génial le vote des étrangers aux élections locales. Certains appellent ça la lepénisation de la société. D'autres diront simplement que les inhibitions se diluent dans la réalité. Et que ceux qui sauront prendre en compte ces réalités emporteront la mise. D'où peut-être l'intérêt de ne pas laisser au FN le monopole de la parole sur certains sujets. On a pu constater d'ailleurs que ce parti n'aime pas beaucoup qu'on vienne le lui disputer. A gauche, Valls l'a bien compris qui met ses pas dans ceux d'un ancien ministre de l'intérieur qui a su se servir de son ministère pour accéder à l'Elysée. Je ne sais pas si Copé est plus intelligent que Fillon, mais il est sans doute plus opportuniste.
En fait ce qui est intéressant dans cette affaire ce sont les réactions. Car il n'est guère possible de nier que les blancs puissent être aussi victimes de racisme, formulation que je préfère à celle de racisme anti-blancs. Le nier, en effet serait supposer que seuls les blancs sont capables de racisme, ce qui serait attribuer à une population d'une couleur déterminée une caractéristique qui n'appartient qu'à elle, ce qui correspond tout à fait à la définition du racisme. La négation du fait que les blancs peuvent être victimes de racisme à l'instar des autres populations de couleurs différentes constitue donc un acte de racisme anti-blanc.
Reste que certains n'hésitent pas à le faire puisque leur gagne-pain est de dénoncer un racisme unilatéral. C'est d'ailleurs pour cela qu'elles sont autant discréditées dans le peuple.
D'autres comme Joffrin tendent à minimiser le phénomène en disant que ce sont évidemment les autres, les non-blancs, qui souffrent le plus de racisme en France, quitte à user d'argument douteux comme affirmer que les lieux de culte musulmans et juifs sont bien davantage profanés que les lieux de culte chrétiens (d'ailleurs il associe curieusement les cultes à des couleurs de peau). Ceci est évidemment faux, largement faux. Le problème réside juste dans la médiatisation de ces profanations ainsi que le pointait un rapport parlementaire de 2008. Ce que Joffrin et tous ceux qui estiment ce phénomène marginal, même s'il ne s'agit que d'une perception due aux médias, ne veulent surtout pas admettre c'est que le racisme en tant que sentiment est à décorréler des opportunités de le manifester. Donc, et ce peut être qu'une hypothèse car je suis bien incapable de dire si les blancs sont plus ou moins victimes d'actes racistes que les autres, ce qui est d'autant plus difficile à déterminer qu'on n'admet pas cette catégorie et qu'il existe un biais du fait des médias, même si les actes racistes touchent davantage les non-blancs, ça ne signifie en aucune façon que les blancs sont davantage racistes en proportion que les autres.
Copé, sans doute involontairement, a mis un sujet sur la table qui mériterait qu'on l'étudie de façon objective, car il y va aussi de ce qu'on appelle une cohésion nationale, même si cette dernière est bien entamée. Evidemment ce ne sera pas le cas. D'ailleurs ceux qui s'y risqueraient ne manqueraient pas de s'attirer les foudres de ceux qui au nom du vivre-ensemble, notion bien préférable pour eux à celle de cohésion nationale, prétendront que c'est encore une tentative de stigmatisation de la diversité et faire le jeu du FN, alors que leur part de responsabilité dans l'émergence de ce parti et sa prospérité c'est bien eux.