Les premiers mois de cette année n'auront pas été avares en événements divers et variés dont aucun n'est à l'heure actuelle encore abouti mais qui pourtant ont tendance à s'effacer dès qu'un autre surgit. Usbek exprime ça de façon remarquable sur son blog.
Résumons, et peut-être même pas dans l'ordre chronologique car ça commence à s'embouteiller au portillon de ma mémoire : nous avons eu la révolution tunisienne, puis l'égyptienne. Ensuite ce furent les événements libyens, avec en simultané, je crois me rappeler, le tsunami japonais et les problèmes de la centrale nucléaire de Fukushima eux-mêmes quelques peu effacés par l'intervention d'une coalition puis de l'Otan ne Libye. Et puis il y a eu les émeutes en Syrie et leur répression violente. De ça on parlait encore il y a quelques jours à peine, même si la mort d'un des fils de Khadafi a quelque peu effacé l'événement. Et pour finir, le dernier événement, celui qui nous fait oublier le sort de la ville de Misrata et les bombardements de Deraa, la mort d'Oussama Ben Laden. Bon ça fait quand même du monde tout ça et on en arriverait presque à comprendre que nos journalistes aient du mal à suivre et donc négligent de suivre les dossiers, de nous éclairer sur les suites de ses divers événements, et même de nous parler de choses peut-être plus importantes, comme, au hasard, le rapprochement récent du Hamas et de l'autorité palestinienne.
Donc je voudrais profiter d'un petit moment de calme (pour moi) pour faire un bilan.
La Tunisie tout d'abord. A vrai dire on ne sait pas trop ce qui s'y passe désormais que le dictateur Ben Ali et le clan Trabelsi ont mis les voiles. Heureusement que les migrants tunisiens, sans doute incapables de supporter tant de bonheur d'un seul coup, qui arrivent en nombre en Italie avant de gagner la France d'où on essaie de les refouler, sont là pour nous rappeler ce qui s'est passé en Tunisie. Ceci dit il faut quand même se méfier. Car si les médias ne nous rappellent pas opportunément qu'il y a eu une révolution là-bas visant, à ce qu'on nous a dit, à établir une démocratie, on finira par croire que le nombre de migrants est dû à une situation inverse.
L'Egypte maintenant. Le dictateur est parti. Mais ceux qui dirigeaient le pays avec lui sont restés et continuent à le diriger en attendant des élections qui devront consacrer la démocratie. Les problèmes cardiaques de Moubarak nous ont privé d'un procès commencé mais dont on ne sait pas ce qu'il devient, et peut-être, qui sait ?, d'une pendaison sur la fameuse place Tarir du dictateur déchu, ce qui aurait eu, reconnaissez le quand même, de la gueule et de quoi alimenter la une des journaux pendant au moins une semaine. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne se passe rien en Egypte pendant cette période de transition. Et ce qui se passe n'est pas très rassurant. L'ouverture du terminal de Rafah, donc l'ouverture de la frontière sud de Gaza, et surtout l'accord sous l'égide de l'Egypte entre le Hamas et le Fatah, ne laissent rien présager de bon pour la stabilité de la région et interdisent toutes négociations de paix entre Israël et les Palestiniens.
Passons maintenant au Japon. Si on se réfère à l'absence d'informations en ce qui concerne la centrale nucléaire de Fukushima, on est en droit de penser que la situation est réglée. Ce qui serait tout de même assez étonnant alors que le niveau de l'incident a été porté au même niveau que celui de Tchernobyl. Pourtant, et alors que les conséquences d'un accident dont je ne pense pas qu'on ait encore résolu techniquement les causes, auront sans aucun doute un impact important au point de vue santé au moins dans les prochaines années, c'est le silence qui règne. Normal, les radiations agissent lentement, et donc rien de spectaculaire à nous montrer.
La Libye. Là, c'est quand même plus passionnant, parce qu'il y a des bombes, des morts, des attaques, des contre-attaques, des villes assiégées, prises et reprises. On a quand même du mal à savoir ce qui se passe réellement là-bas. Pourquoi un dictateur tellement détesté a encore tellement de soutiens. Qui sont ces gens du CNT dont certains dirigeants étaient de fidèles serviteurs du guide avant de changer de camp. Ce que cherchent les pays qui participent à l'opération. Enfin plein de questions auxquelles les médias ne semblent pas trouver réellement de réponses. Ce qui nous permet au moins de conjecturer. Mais on peut quand même être rassuré. Malgré un tassement passager du à de nouveaux événements plus spectaculaires, on reviendra sur la Libye qui reste à terrain propice aux émotions ou à l'odeur du sang quand on n'est pas assez près pour le renifler, au choix.
La Syrie. Il se passe des choses, des massacres bien organisés et donc de l'hémoglobine qui coule à souhait, mais là un problème majeur quand même. Pas de journalistes sur place car interdits et donc pas de photos choc à nous présenter. C'est sans doute, avec l'Egypte, le pays sur lequel on devrait concentrer toute notre attention car de l'issue des événements dépend largement l'avenir de la région étant donné au moins les imbrications qu'à ce pays avec les mouvements terroristes et l'Iran qui les soutient matériellement. Mais ça on verra plus tard... quand on aura les photos.
Tiens j'allais oublier ce micro-événement qui aurait plu nous tenir en haleine quelques jours : l'attentat de Marrakech, vite oublié comme les autres au profit du scoop du mois qui sera la liquidation de Ben Laden, après une traque de presque 10 ans.
A vrai dire, je ne considère pas cet événement d'une importance capitale dans la mesure où je ne pense pas qu'il aura un impact positif très important dans la lutte contre le terrorisme. Je lui reconnais néanmoins une valeur symbolique forte et ne m'étonne pas des mouvements de liesse aux Etats-Unis qui ont suivi l'annonce de la disparition de cette ordure.
Reste que alors que les crabes et les poissons n'ont peut-être pas encore réussi à entamer la housse qui contient le corps de l'individu, que les questions essentielles, celles qui semblent être en mesure de retenir l'attention des consommateurs de fausse information, ou d'information d'importance secondaire, celles qu'on préfère, semblent être les suivantes : le rite musulman-il été respecté ? A-t-on espoir de voir la photo de la troche explosée du maitre es terrorisme, d'autant plus qu'il parait qu'elle est bien dégueulasse? Questions essentielles, vous en conviendrez.
Avant d'en finir et afin de vous montrer mon vrai visage d'impie blasphémateur, je m'arrête une seconde sur l'inhumation de Ben Laden. On est d'accord pour admettre que cette inhumation n'est pas très orthodoxe (musulmane orthodoxe s'entend). Mais qu'est-ce que ça peut faire ? Après tout on n'en demandait pas tant aux Américains. On ne leur demandait pas de certifier hallal l'effacement physique de Ben Laden. Ça a peut-être de l'importance pour quelques salauds de son espèce, mais pour moi et d'autres j'espère, c'est vraiment un détail. Et même je dirais, si cette manière de faire disparaitre le corps laisse à penser à la corporation des terroristes que l'entrée du paradis d'Allah avec sa brochette (future) de vierges est interdite à Ben Laden, tant mieux. De mon côté, j'aurais été partisan d'une inhumation filmée, un bel enterrement dans un endroit nécessairement secret, et les zones désertiques ne manquent pas, de l'individu avec par exemple une tête de cochon entre les jambes, juste histoire de montrer à ceux qui ne craignent pas de mourir que le reste de l'éternité risque quand même d'être pénible quand on choisit d'être terroriste.
de tout ça il me reste deux choses, Expat
RépondreSupprimerun carnage dans une villa, du sang partout, un cadavre su'on embarque de bric et de broc dans un hélico, 1000 bornes, un ensevelissement selon les rites et hop à la mer, faudrait pas trop en demander aux commandos je pense! et à c'est dans l'air l'expert de service nous a convaincu: pas de procès, une balle dans la tête et disparition de la dépouille, référence à Che Guévara, me souviens plus des éléments
Qu'il soit musulman ou autre, un cadavre est transporté pour les abîmes de la mer d'Oman, c'est une organisation à haute préméditation
Les liesses qui s'en suivent à Ground zéro me font penser aux places de Gréves du Moyen âge jus qu'à une époque encire proche où le bourreau brandissait la tête du décapité
Ensuite il y eu un ramollissement des valeurs, l'exécution confidentielle à l'aube
Vous analysez techniquement, moi je ne peux m'empêcher de me pencher sur les pulsions qui sortent d'un passé que nous pensions oublié
La deuxième chose que je retiens est donc l'omerta complète ou presque sur ce qui se passe au MO, rendez vous en septembre et là encore qu'aura t on fait de concret si Israël s'énerve
Et cela mijote depuis Jsteet, Jcall, BDS , Hessel, dans certaines hauteurs les choses sont claires depuis longtemps mais tout ce qui aura été fait justement: dévaloriser Israël, l'acculer
J'espère me tromper
En fait et ce qui est regrettable, c'est qu'on se sente obligé de broder autour d'une opération simple. Comme vous dites, il ne faut pas en demander trop aux commandos. Ordres simples : "tu tues, tu emportes". le reste après c'est de la broderie qu'on pourra éventuellement laisser le soin à Hollywood de mettre sur pellicule. Le coup de "il n'était pas armé", "on l'a inhumé selon les rites", "il était pas beau à voir" (même pas d'embaumeurs dans les commandos !), c'est bon pour les lecteurs de Paris Match. Mais ça n'a aucune espèce d'importance. Sauf que c'est ça qui fait vendre.
RépondreSupprimerLa vraie information ça aurait été : Ben Laden a été exécuté. Quelles sont les conséquences prévisibles ? Mais ça c'est pas vendeur et en deux jours on a fait le tour de la question qui n'est pas vraiment capitale.
Evidemment les conséquences de l'accord Hamas/Fatah, c'est moins "sexy". Pourtant si on déroule, il y a du grain à moudre, en amont et en aval. Mais on s'y intéressera peut-être quand les roquettes vont tomber. Il y aura des photos à montrer.
Remarquable synthèse des menues agitations alimentrices de scoops, de quoi faire péter les plombs des journaleux surbookés.
RépondreSupprimerJ'ai écrit que nous vivions une année charniére, à l'issue de laquelle tous les paramètres quasiment mondiaux auront été chamboulés et mis cul par dessus tête. Les alliances se défont et d'autres se créent, contre nature il y a encore quelques semaines.
En dehors de Fukushima qui démontre les limites des connaissances et des conneries humaines, je retiens les évènements de Syrie et la réconciliation Hamas-Fatah comme éléments les plus importants, après le déclic des insurrections arabes.
Je ne crois pas à un renversement du régime syrien mais à un remplacement de Bachar par un dur de dur qui pourrait être son frangin. On resserre les boulons et on revisite quelques alliances avant de reprendre le contrôle du Liban tout en ressortant l'exignece de récupération du Golan à partir de septembre.
J'ai encore du mal à savoir qui sera le plus cocu du Hamas ou du Hamas et quand les affrontements intra palestiniens reprendront. En attendant, tout le monde est propre sur lui et Israël, quel qu'en sera son gouvernement, a du souci à se faire. Le scénario catastrophe que j'ai pondu me semble le plus probable si Bibimiaou perdure dans ses petits calculs.
Le printemps sera chaud.
Salut Marc,
RépondreSupprimercomplètement d'accord avec toi.
Je ne crois pas non plus que la "révolution" syrienne va aboutir. En fait Al Assad fait exactement ce que faisait Khadafi avec l'avantage d'être quasiment assuré d'aucune intervention extérieure. Le régime a donc toutes les chances de tenir, même si on change le prénom du chef.
A mon avis les "retrouvailles" palestiniennes bloquent pour un bon moment toute négociation. Erreur sans doute de Netanyaou qui aurait pu donner un avantage décisif au Fatah (moins pire) sur le Hamas en avançant dans le processus de paix.
D'un autre côté, au niveau international, dans la mesure où on sait ce qu'est le Hamas, ça peut devenir aussi un frein à la reconnaissance d'un Etat palestinien que certains trouveront inacceptable s'il doit passer aux mains de terroristes notoires. Au mieux ou au pire, en fonction d'où on se place, il y aura sans doute une position attentiste de la part de certains jusqu'aux élections palestiniennes.