Alors que l'amour de la liberté fait fuir de leur pays les Tunisiens enfin débarrassés de leur dictateur, se pose de façon aigüe la question de l'efficacité des accords de Schengen.
Ces fameux accords bien pratiques pour les touristes avides de découvrir l'Europe, mais aussi pour les milliers de clandestins attirés comme un aimant par l'Europe ou plutôt certains pays d'Europe qui, ma foi, n'ont plus grand-chose à leur offrir même si c'est déjà beaucoup pour eux, sont effectivement dans la ligne de mire de notre Président-quasi candidat. Il faut avouer, je pense, que nombreux sont ceux en France qui voient d'un mauvais œil des accords qui risquent de voir une arrivée massive de clandestins sur notre territoire. Cela étant, ce ne sont pas tant les accords qui sont responsables de ce fait, mais la manière de les appliquer et peut-être surtout l'incapacité, encore une fois, de l'Union Européenne de prendre en compte un problème européen.
Résumons les faits. Plus de 20000 Tunisiens sortis enfin d'une dictature de plusieurs décennies et à qui donc la liberté nouvellement acquise ouvre toutes les perspectives (c'est à peu près ce qu'on nous a raconté, non?) s'embarquent sur des rafiots pourris, payant à prix d'or leur passage pour l'île italienne de Lampedusa, située miraculeusement à portée d'une barque prenant l'eau.
Je me permets à ce stade d'ouvrir une parenthèse : l'île de Lampedusa étant depuis longtemps un point d'entrée privilégié pour l'Europe, ne serait-il pas judicieux de la fourguer à la Tunisie ou d'en faire une base d'essais nucléaires?
Donc à Lampedusa, les clandestins sont en Italie. Comme l'île est de taille modeste, qu'elle ne peut pas gérer des milliers de clandestins, ces derniers peuvent donc gagner en toute sécurité le continent où on s'occupera de leur cas, du moins l'Italie, pays d'entrée s'occupera de leur cas. Car selon les accords de Schengen, c'est le pays d'entrée qui doit gérer les populations migrantes. Ce qui sous-entend régler leur cas sur place et ne pas les laisser se disséminer dans l'espace Schengen.
Seconde parenthèse : les accords de Schengen induisent des efforts et des exigences qui portent essentiellement sur les pays ayant des frontières maritimes ou avec des pays n'appartenant pas à l'espace Schengen. La Tchéquie, la Suisse et l'Autriche bien enclavées dans l'espace Schengen ne risquent que des largages massifs de parachutistes clandestins, mais on n'a pas encore signalé de cas. Par ailleurs les pays nordiques ou l'Allemagne risquent assez peu un débarquement massif venant de la Baltique ou la mer du Nord. Dans les faits les pays les plus sensibles sont d'abord la Grèce puis l'Italie. La Grèce souffre de sa frontière commune avec la Turquie qui en signe d'apaisement avec l'Europe a supprimé les visas avec un nombre conséquent de pays arabes devenant ainsi un lieu de transit. En ce qui concerne l'Italie, on a l'illustration de sa fragilité actuellement. Mais que ces deux pays se rassurent : quand la Bulgarie signataire de la convention Schengen, mais restant hors du coup actuellement au niveau de la mise en œuvre grâce à l'action de l'Allemagne et de la France, entrera de plain pied dans le dispositif, ça va faire mal aussi de ce côté-là. Les risques étant répartis très inégalement, on a donc créé dans un souci d'efficacité un machin qui s'appelle FRONTEX, dont le siège est à Varsovie donc au cœur de l'événement probable, et qui a une mission essentiellement de coordination mais qui peut ponctuellement en cas de difficultés particulières venir en aide par l'intermédiaire de garde-frontières européens à un pays en situation délicate. On constate son efficacité.
Les Italiens se retrouvent donc avec 20000 âmes, certes libérées de leur tyran, mais néanmoins en situation irrégulière. Et bien entendu d'autres ne vont pas tarder à arriver sans doute pour propager l'idée démocratique sur notre continent. Bien évidemment pour la plupart de ces migrants, l'Italie n'est qu'une étape vers d'autres cieux pas forcément plus cléments, mais peut-être plus charitables et dont on connait aussi la langue. Par ailleurs, on a sans doute des amis ou des cousins déjà sur place. En fait il est clair que la destination privilégiée est la France. Mais normalement Schengen est là pour empêcher ses gens d'entrée puisque c'est l'Italie qui doit les prendre en charge. Reste que 20000 sans compter les futurs, ça commence à faire beaucoup et l'Italie croyant faire partie d'une Union se tourne évidemment vers elle ainsi que vers la France qui doit se sentir un peu concernée pour demander de l'aide. Les deux, pour une fois unanimes lui répondent en gros "Fume, c'est du belge" en référence au siège de la commission sans doute. Et donc l'Italie, et on peut quand même la comprendre, pour se débarrasser de aider ces clandestins à rendre visite à leurs familles et amis distribuent gracieusement des visas de 6 mois à toute cette troupe. Gros affolement en France où sans l'officialiser on rétablit le contrôle aux frontières sur la partie du territoire concerné en rappelant que Schengen peut-être, mais qu'une pièce permettant de circuler dans l'espace du même nom ne doit pas faire oublier qu'il convient à l'étranger de passage de prouver qu'il a des ressources suffisantes pour séjourner sur notre territoire. Ce qui suppose qu'on va renvoyer vite fait de l'autre côté des Alpes la majeure ceux qui souhaiteraient entrer en France avec leur beau visa Schengen, et qui se feraient prendre bien sûr. Mais ça c'est une autre histoire. De facto, par cette attitude on est déjà quand même un peu sorti de Schengen qui suppose une confiance entre les Etats qui n'empêche pas le contrôle, évidemment, en faisant une entorse au principe de libre circulation à l'intérieur de l'espace du même nom. Donc envisager de faire ce qu'on a déjà fait n'a plus grande signification si ce n'est une officialisation d'une situation.
Mais c'est bien entendu cette officialisation qui va permettre à des voix de s'élever pour critiquer l'annonce de la possibilité d'une sortie provisoire de ces accords dont force est de constater que s'ils sont suffisants peut-être (mais même pas sûr) dans le cadre d'une immigration dont les flux sont réguliers, ils deviennent source de problèmes dès lors qu'on doit faire face à une situation exceptionnelle. Parce que les pays ne sont pas solidaires, parce que l'UE est d'une nullité déconcertante dès qu'il s'agit de régler d'autres problèmes que l'épaisseur standardisée et imposable aux Etats membres de la tranche de salami. J'exagère peut-être, mais enfin… Déjà l'opposition en France s'offusque, mais en on n'attendait pas moins d'elle, en déclarant cette éventuelle (alors qu'elle est déjà réalisée quasiment de facto) sortie de disproportionnée (PS) ou en accusant le gouvernement d'agiter l'épouvantail de la peur (MJS) (toujours le S, vous avez vu ?). Ceci dit personne ne dit ce qu'il faudrait faire, à moins qu'il faille implicitement comprendre que nous avons le devoir d'accueillir ces malheureux Tunisiens un peu déboussolés après une overdose de liberté, et ceux qui ne vont pas manquer de les suivre.
Alors faut-il sortir de Schengen ou du moins suspendre provisoirement ces accords ? En l'occurrence, le faire est le constat d'un échec, de l'échec d'un système incapable de se protéger, de l'échec d'une Europe encore une fois absente et laissant les pays mener leurs affaires bien évidemment au détriment les uns des autres. Mais ne pas le faire c'est accepter ou faire passer le message qu'on est impuissant devant une immigration clandestine déjà plus qu'excessive et donc ouvrir la voie à d'autres vagues de migrants. Il faut donc le faire, même si on sait que ce ne sera pas suffisant. Mais à ce moment-là il faut le faire en n'ayant pas peu de circonscrire les limites de la suspension, c'est-à-dire en ne pénalisant pas ceux nombreux qui viennent d'autres horizons, légalement et pour une durée limitée, en France ou dans l'espace Schengen. Donc dire clairement que la suspension s'adresse aux fraichement libérés qui ont d'ailleurs des choses à faire chez eux pour aider leur pays à se construire un avenir radieux.
Et puis il faudrait peut-être aussi traiter le problème en amont, d'une manière ferme (désolé si je vous fais rire). Car actuellement le truc qui dirige la Tunisie semble bien vouloir d'appuyer sur l'émigration des siens vers l'Europe pour extorquer quelques subsides. En gros c'est "vous devez payer pour qu'on les garde". Du coup on va finir par regretter Ben Ali. C'est peut-être déjà fait dans certaines sphères.
El Cavaliéro s'est rendu à Tunis et a payé,récemment
RépondreSupprimerJe vais paraître têtue mais j'en reste toujours à cette situation ubuesque: j me ruine et m'embarque au péril de ma vie
A Lampédusa je suis regardé d'un mauvais oeil, patiente dans le Centre, embarque pour un Centre en Sicile au fil du remplissage du premier
Au bout d'un moment je peux clandestiner en Europe
Option, l'italien me donne un visa européen pour 6 mois....j'ai pas 61 euro jour
Je prends le train vers la France
A Vintimille la France s'énerve
A Vintimille des généreux associatifs me consolent, les uns pour paradoxalement souligner le traît de conséquence du Cavaliéro, les autres pour faire de l'anti Guéant/Sarkosi
L'Europe, cette sirène dit bravo à la France
Il y a quelques mois elle la condamnait pour les roms...allez savoir
Terre d'Asile dit que c'est ignoble ce flan pour quelques tunisiens
Sortir de Shengen serait plus logique et annulerait ce mauvais deal où au mieux les migrants sont entassés à Malte, en Grèce...au pire sont tirés à vue sur les grillages marocains, au pire' se noient moins dans Gilratar depuis que Frontex qui nous coûte un bras, manoeuvre
Moi je vais m'énerver, ces gouvernements des pays d'origine prennent l'oseille et chouchoutent leurs comptes en Suisse
Migrants pour migrants on coupe les vannes d'un système qui n'abonde pas vers les besoins des populations
On met une grande affiche: on joue à guichet fermé
Marre d'encourager des misérables à faire souffrance de leur vie et danser de leur misère sur des lobby électoralistes
Marre
Bon résumé de la situation.
RépondreSupprimerIl est clair que traiter avec les gouvernements de ces pays (par traiter j'entends payer) ne mène à rien, voire même encourage un situation. car on ne paiera jamais assez. Et pour cause ! L'argent ne sert pas au développement mais aliment effectivement quelques comptes en Suisse.
Certains parlent de co-développement, sous-entendu on développe des entreprises sur place, ce qui veut dire en clair qu'on délocalise. Donc les mêmes qui prônent le co-développement crient au scandale, mais comme on est sur un autre registre, celui des difficultés intérieures, du chômage, ça passe.
Alors que faire ? Faire comprendre aux populations que l'Europe ou la France ne sont pas le paradis que leur transmet le satellite. Qu'ils y vivront mal, seront pourchassés et peut-être que c'est à eux de construire leur avenir chez eux.
Il y a quelques années je fus témoin d'une conversation entre deux Marocains, au Maroc. L'un expliquait doctement à l'autre qu'en France, sans travailler (faisant sans doute allusion au RMI ou aux allocations familiales) il gagnerait beaucoup plus que dans son pays en travaillant et que l'option émigration était très avantageuse. Comment en sortir dans ces conditions ? Les gouvernements des pays d'émigration sont gagnants, donc ne découragent pas, les candidats à l'émigration pensent qu'ils vont être gagnants.
Alors, peut-être sortir de Schengen pour mieux maitriser les flux entrants, mais ça ne suffit pas. Ou faire comme bien d'autres pays : réduire les aides sociales au strict minimum pour les étrangers qui ne disposent pas d'un emploi.
Au passage un point "amusant" : on estime qu'un étranger doit disposer de 62€ par jour pour vivre, cad plus de 1800€/mois, tandis qu'un autochtone peut se contenter d'un SMIC, voire moins.
On déboule à Bruxelle on convoque la douairière en tailleur rouge et on la met dans le placard à balai, elle et sa commission droit de lhommiste
RépondreSupprimerPlus sérieusement, Expat, si ce n'était la monnaie euro il faudrait sortir de l'Europe
Pas d'armée commune, on est encore dans l'OTAN, elle pompe du fric pour le redistribuer au vent sans exigences d'attitudes (roms)
On se dérouille, voilà, la politique migratoire est fort bien expliquée dans le site du Ministère
Choisie, je déteste ça pour des raisons idéologiques humaniste (!) mais c'est le seul moyen
seulement il faut faire partenariat avec tous les pays concernés
Par contre il faut régler le sort indigne des clandestins qui sont ici déja, parmi eux il y a de l'aléatoire du fait de nos administrations
De la clairvoyance, de la justice du bon sens
ya l'archiviste qui restitue, en bas
RépondreSupprimer"parle plus bas...." vous connaissez la chanson
Oui j'ai vu ça. Pathologie sans doute : adore être méprisé.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne l'Europe, cette machine n'a aucun avenir. je crois qu'on est arivé au bout de toute logique. Tout ça s'est fait avec la bénédiction des sociaux-démocrates, Delors en tête, qui ont préparé un terrain de jeu propice à la mondialisation, pas pour que nous soyons capable de faire face au défi, mais pour que nous en soyons les serviteurs et surtout pas les bénéficiaires. Libre circulation des biens puis des personnes, monnaie unique (et non commune), affaiblissement progressive des Etats en multipliant les membres de l'UE, en les assommant de normes qui leur a retiré quasiment toute latitude en termes économiques et financiers, en priviligiant le régionalisme.
A la limite cette logique aurait pu avoir une certaine cohérence si elle avait été accompagnée de l'émergence d'une force politique, diplomatique et militaire. Mais surtout pas ça ! On veut être des pions jusqu'au bout et encore plus si possible en faisant par exemple entrer la Turquie dans le bordel.
Alors certainement il faudrait sortir de ce truc et recommencer à seulement quelques-uns ayant des objectifs convergents et pouvant amener quelque chose pour les atteindre.
souvenez vous on a voté, un référendum, chaque électeur a reçu un pavé de x pages fines comme du papier cigarette, écrit minuscule
RépondreSupprimerCe genre de plaisanterie pour soit disant nous expliquer, on aurait du se méfier! et depuis la machine est en marche, tout y est passé, de la pression des olives au fromage de chèvre en passant par la gestion des hommes et j'en passe, la politique agricole étant le noeud
Le pire étant la sécrétion des nationalisme qui recommence