"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 7 mai 2011

Foot, quotas et société


 
Le scandale des quotas dans le foot qui agite actuellement la société française pourrait être traité par le mépris. Ou même devrait. Des propos assez approximatifs quant au sens réel à leur attribuer tenus lors d'une réunion privée, dévoilés par une taupe et repris par un média de caniveau qui a bien compris que pour conserver un équilibre financier bien précaire et acquis depuis très peu de temps, il devait livrer de la (non) information puante parce que c'est ce qui fait vendre, ne mériteraient sans doute pas d'être frappés d'une telle indignité. On en aurait par contre davantage attendu lorsque qu'Anne Lauvergeon déclara que chez AREVA, le mâle blanc n'avait plus aucune chance d'être embauché, ce que la justice n'a pas d'ailleurs estime discriminatoire, ou quand furent établis des quotas à Science-Po pour les jeunes des quartiers défavorisés. Nous ne parlerons pas non plus des quotas pour l'emploi des handicapés lesquels, d'après ce que j'ai pu lire, ne sont pas assez nombreux pour que la loi puisse être appliquée, ni de cette fameuse parité devenue institutionnelle dans certains domaines, sur les listes électorales en particulier sans qu'on en voit des conséquences probantes sur la féminisation des assemblées.
 
A propos de "l'égalité hommes-femmes" je vais d'ailleurs ouvrir une parenthèse en évoquant ce qui s'est passé dans l'armée. Il fut une époque pas si lointaine parce que je l'ai connue où les femmes étaient interdites dans les écoles des officiers des armes. Ensuite l'accès leur fut autorisé mais avec un nombre de places contingentées et avec interdiction ensuite de servir dans les armes dites de mêlée. Ces dernières restrictions sautèrent quelques années plus tard car jugées discriminatoire. Et que se passa-t-il ? Rien. Les femmes n'affluèrent pas dans les écoles d'officiers malgré des épreuves sportives adaptées, ce qui n'était peut-être pas très égalitaire pour le coup, et continuèrent à opter dans leur grande majorité pour les armes de soutien, donc les moins exposées. Ce qui signifie clairement qu'on ne modifie pas une culture juste par des lois. Et que se plaindre d'un manque de représentativité dans certains domaines de certaines catégories ne signifie pas qu'il existe forcément de la discrimination.
 
Revenons au foot et à cette intention supposée d'établir des quotas, ou de blanchir une équipe de France qui tire de plus en plus vers le sombre. De fait en lisant le verbatim on constate deux choses.
La première est que des choix techniques semblent devoir infléchir la morphologie des joueurs sélectionnés pour jouer en équipe de France. C'est peut-être idiot de corréler des morphotypes avec des couleurs de peau, mais à la limite n'étant pas spécialiste en anthropologie physique je ne m'avancerai pas trop là-dessus. Je peux éventuellement constater que les meilleurs sprinters mondiaux sont noirs, que les noirs ne sont pas de grands amateurs de cyclisme sportif, mais j'aurais du mal à en tirer des conclusions définitives. Ce que n'ont peut-être pas fait les dirigeants de la FFF qui se sont fondés sur une vision empirique pour en tirer certaines conclusions. Maintenant je préfèrerais que ce soient des scientifiques qui leur indiquent leurs erreurs que des idéologues de l'antiracisme.
La seconde est qu'il existe une crainte, sans doute fondée sur certains cas concrets, que parmi les binationaux bénéficiant d'un programme de formation coûteux, un nombre significatifs optent pour le pays de leur seconde (ou première) nationalité, celui-ci n'étant pas la France, pour y exercer leurs talents. J'y vois là surtout un comportement de bon gestionnaire, soucieux de l'argent public. Quelle entreprise accepterait de former des gens pour qu'ils aillent ensuite travailler pour la concurrence ? Bien évidemment les binationaux visés étant essentiellement noirs ou arabes, ce souci gestionnaire devient immédiatement l'expression d'une pensée raciste.
Le résultat est qu'on risque de perdre un sélectionneur qui, semble-t-il, réussissait à ramener l'équipe de France vers la victoire et aussi une certaine dignité. Je dis "semble" parce que je me suis détourné de ce sport depuis pas mal d'années. Certains corréleront sans doute cette attitude avec "l'assombrissement" de l'équipe de France. Grand bien leur fasse. Quant à moi je n'ai pas encore fait la corrélation entre cet assombrissement et les comportements douteux, c'est un euphémisme, de certains membres de cette équipe.
 
Mais cette histoire est surtout intéressante parce qu'on y trouve un condensé de beaucoup des problèmes de notre société.
 
Je passerai très vite sur un sport national qui dès qu'il sera homologué en tant que sport olympique nous rapportera au moins les trois médailles d'un seul coup. Je veux parler de l'antiracisme qui devient, hélas, de plus en plus pesant au point d'ailleurs que se développe à vitesse exponentielle la catégorie des anti-antiracistes. Pour les mal comprenant, anti-antiraciste ne signifie pas raciste. Il est de fait qu'il ne se passe pas une semaine sans que soient dénoncés les dérapages, terme très à la mode mais hautement significatif puisqu'il suggère l'existence d'un axe très bien balisé, de l'un ou de l'autre de nos divers responsables politiques ou autres. Au point que certains termes devront maintenant être évités, comme croisade par exemple, ou même interdits, comme assimilation remplacé avantageusement par intégration sans que pour autant on donne à ce dernier terme un autre sens que celui d'immersion, au mieux. Multiculturalisme est encore assez mal vu comme terme dans la mesure où reste encore quelque peu vivace ce vieux fond idéologique qui voulait que très vite on ne puisse pas distinguer les Français récents des plus anciens ; on lui préfère donc celui de diversité qui fait plus chic, plus ouvert au monde, plus porteur de potentialités, même si c'est la même chose que le multiculturalisme bien évidemment. Donc actuellement, quoique vous disiez, en public, en privé ou dans votre sommeil, sera décortiqué par la police de l'antiracisme largement subventionnée par vos impôts, même guère que par cela d'ailleurs, pour y déceler, ou plutôt dans l'espoir d'y déceler la moindre expression, le moindre mot indiquant que vous avez quitté le sentier de la bienpensance et de l'amour inconditionnel de l'autre surtout s'il est plus sombre que vous.
 
Le problème, pas tant de l'ascenseur social, que de la conception des moyens possibles de sortir de sa condition, apparait également dans cette polémique. Chez Calvi dont je peux regarder l'émission sur internet, j'écoutais l'autre jour un démographe qui disait que ce qu'on reprochait aux encore pour l'instant imaginaires quotas dans le foot, c'était d'empêcher les immigrés ou leur progéniture, forcément dans la précarité, de pouvoir profiter d'un des rares moyens de s'élever dans la société. Et de "rappeler" que de tout temps les immigrés n'avaient eu que peu de moyens de s'élever, qu'avant la guerre déjà, outre le syndicalisme, le sport était un de ces moyens. Au passage les mânes de Marie Curie, de Ionesco, ou plus près de nous Georges Charpak pourront apprécier. Sans parler bien entendu des nombreux autres qui non seulement se sont élevé dans leur société d'accueil et ont apporté quelque chose d'utile à ce monde. Mais sans doute que ce démographe confondait ascension sociale et pompe à fric.
Cependant au travers des propos de cet individu qui, par ailleurs, semblait très censé, on peut noter quelques petites choses. La plus évidente est que désormais, la réussite sociale se mesure à l'épaisseur du portefeuille. Triste conception que je ne partage pas. Loin de moi, malgré la modicité de mes revenus, et si j'en avais la possibilité, l'idée d'échanger le cerveau et le portefeuille d'un Ribery contre les miens. Pourtant si l'on suit les propos de l'individu, et qui doivent refléter l'opinion de pas mal de monde, notamment chez les jeunes, c'est ce genre d'individu qui serait un modèle de réussite. Beurk ! Par ailleurs il est désespérant de constater qu'une fraction notable de la jeunesse qui vit en France ne puisse concevoir d'autres moyens que certains sports pour s'élever dans la société. L'école est définitivement hors jeu. Alors certes elle l'est depuis les ravages du pédagogisme qui rejette l'apprentissage mais cette tendance est accentuée par le fait qu'on refuse de croire en elle. Cet ensemble fait que toute une partie d'une génération déjà est dans la plus complète impasse.
 
Et puis bien évidemment nous avons ce problème lié à l'idée-même de quotas. J'imagine que les dirigeants de la FFF n'ont pas vraiment dû penser transgresser des interdits en pensant à des quotas, puisque la société française depuis quelques années est traversée par cette notion. Ça se fait parfois de manière institutionnalisée, mais sans doute le plus souvent sous le coup d'une certaine pression que faute de mieux nous qualifieront de morale. De fait chaque organisation se sent obligée désormais, même quand ce n'est pas par la loi, de faire une place à toutes ces catégories qu'on a pensé discriminées, et notamment les femmes et les ce qu'on appelle les minorités visibles. Ceux qui utilisent ce terme de minorités d'ailleurs, soit n'en connaissent pas le sens sociologique qui n'est pas celui du moindre nombre, soient transforment de manière honteuse une donnée quantitative en qualitative. Nous ne sommes pas en effet en pays d'apartheid et en France tous les citoyens sont égaux devant la loi. Donc désormais plus question de recruter sans prendre au moins en compte quelques critères que nous nommerons morphologiques, de manière à peut-être pallier de supposées discriminations, mais surtout pour montrer qu'on va dans "le sens de l'histoire". C'est d'ailleurs pour cela, à titre d'exemple, qu'une récente enquête sur le CV anonyme (voir un précédent billet) montrait qu'à incompétence égale, les recruteurs préféraient les membres de minorités visibles que le CV classique leur permettait encore d'identifier.
En 2006, le futur président nous avançait le concept de discrimination positive qui s'il n'a pas trouvé à véritablement parler de traduction dans la loi dans la mesure où il est inconstitutionnel, est devenu au mois une ébauche de réalité. Egalement, même si la promotion de la diversité n'a pas trouvé sa place dans la constitution, grâce en soit rendue à la commission présidée par Simone Veil, force est de constater que cette notion nous pourrit la vie et permet de faire vivre quelques charlatans comme le sieur Lozès, président du CRAN et accessoirement candidat déclaré à la prochaine présidentielle. Au passage qui peut être assez idiot pour vouloir dégager une majorité en voulant soutenir les minorités ?
De fait, à cause de ces différentes notions promues par ceux-là même qui devraient être les garants de l'unité nationale, on ne peut que constater que l'identité française part en quenouille, remplacée par l'appartenance à divers groupes : on est d'abord noir, arabe, musulman, juif, femme, homosexuel,…, avant d'être français. Vous noterez qu'à dessein je n'ai pas dit ni blanc, ni homme, ni chrétien, car, selon Lauvergeon et les bienpensants, tout cela représente éminemment l'identité française qui sent le moisi. Se réclamer d'une identité française vous assimile en effet très vite à une espèce sans doute fascisante, en tout cas à quelque chose dont la vocation à terme est de disparaitre au profit d'une merveilleuse diversité.
Au nom de tout cela, Laurent Blanc, le bien nommé, se doit de démissionner après avoir fait son mea culpa bien évidemment. Et si les joueurs de l'équipe de France continuent à ne pas chanter la Marseillaise ou à se gratter les couilles pendant qu'on en joue l'air, ce sera signe d'un grand progrès vers un monde meilleur.

 

 

2 commentaires:

  1. oui, Expat, en résumé notre social a trouvé dans un coin de banlieue des groupes en difficulté et inconsciemment ou consciemment les plus dégourdis se sont trouvé à taper dans un ballon, il se trouve qu'ils étaient surtout noirs musclés ou arabes agiles et rusés et ça nous a permis de nous réjouir d'une telle voie de réussite au lieu d'identifier ce qui empechait ces jeunes à
    devenir autre chose que des footballeurs peut être moyens peut être doués

    Le média en question fait son beurre sur un seul point: les stats ethniques condamnées par le pénal et de manière désinvolte va envoyer en l'air le foot français

    Nous sommes dans un pays hypocrite et qui devient insupportable à faire payer à ce gouvernement des conneries trentenaires voir plus
    Expat, ou je me calme ou je finis en taule, j'en suis là

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  2. Cher Expat
    Drôle que je n'ai pas vu votre texte avant d'écrire mon post du jour (les deux n'ont pas grand chose à voir somme toute!)

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