Je viens d'apprendre, distance oblige, que malgré la lutte sans merci menée par le Front Républicain, le Front National disposerait de deux conseillers généraux. La patrie est donc en danger car le ver est désormais dans le fruit, ou plutôt dans deux départements. Qu'avons-nous fait pour mériter ça, ou plutôt qu'avez-vous fait pour mériter ça ? Car je ne veux pas m'associer à ce désastre alors que je ne vote de par mon statut d'expatrié que pour les élections qui comptent, enfin la seule qui compte c'est-à-dire la Présidentielle. Et aussi les référendums et sans doute aussi bientôt pour la première fois les législatives puisqu'il parait qu'il y aura des députés pour représenter les Français de l'Etranger. Il y avait déjà des sénateurs pour ça, mais je ne sais pas qui les élit et à quoi ils servent. Sans doute une bonne planque quand même, d'autant plus qu'il n'y a même pas de permanence à assurer, mais sans doute des voyages touristiques à effectuer.
Pour en revenir aux élections cantonales et au FN, on peut donc constater que le Front Républicain n'a pas réellement fonctionné. Et que malgré des chiffres rassurants le FN a même progressé entre les deux tours…. dans les cantons où il avait pu se maintenir. Car les chiffres divergents dont on nous bassine expliquent la différence de perceptions entre ceux qui voient le parti de Marine Le Pen contenu et ceux qui le voient progresser. Il faut tout de même noter que cette perception est fortement subjective et que selon son orientation politique, selon sa nature, pessimiste ou optimiste, selon les projections qu'on veut en faire sur la future Présidentielle et en fonction des stratégies qu'on souhaiterait voir adopter pour donner toutes ses chances au candidat de son camp de se voir élu, elle est très variable. Donc en fonction de sa mauvaise foi, plus ou moins assumée, on prendra dans certains cas les chiffres se rapportant aux suffrages exprimés d'une manière globale, en se demandant peut-être s'il ne serait pas possible de prendre en compte les élections qui ont eu lieu en Allemagne le même jour (ben oui, Europe oblige), ce qui arrangerait les Verts, ou bien on s'attachera à une analyse portant uniquement sur les cantons concernés. Et dans ce cas on notera, même avec des peaux de saucisson sur les yeux que dans les cantons où il a pu se maintenir, le FN a progressé de manière significative. Bien évidemment ceci pourrait paraitre assez logique dans les endroits où le Parti Socialiste était en lice contre le Front National, puisqu'on sait désormais, grâce à nos analystes politiques de gauche, qu'une partie de la droite républicaine l'est de moins en moins. Mais le problème est que dans les cantons où il y avait un duel entre un candidat de droite et un candidat du FN, c'est la même chose. Ce qui signifie donc que le Front Républicain a échoué dans sa tâche et que la "quinzaine anti-Le Pen" dont on nous avait gratifié en 2002 risque de ne pas se reproduire en 2012 quand Marine Le Pen, poussée par les sondages, figurera au second tour de la Présidentielle.
En fait en fonction des sondages et des résultats de ces cantonales, c'est-à-dire, pour être honnête grâce à quelque chose de pas très solide dans la mesure où des sondages plus d'un an avant une élection ne signifient pas grand-chose, et heureusement car c'est Ségolène que nous aurions comme présidente si on y avait foi aux sondages de fin 2006, et où une élection locale ne concernant qu'une partie de la France et à fort taux d'abstention permettant difficilement de faire des projections fiables au niveau national, donc en fonction de ses deux éléments, les principaux partis orienteront leurs stratégies, avec pour objectif de placer leur candidat au second tour, et donc de reléguer aux oubliettes le candidat de l'autre grand parti. Il s'agira donc pour le PS de se choisir comme candidat, non pas celui qui représente le mieux l'image du parti en termes idéologiques, mais celui dont les sondages affirment qu'il battra Sarkozy au premier tour. De fait désormais, un remake du 21 avril semble être devenu une fatalité pour l'UMP et le PS, comme s'il leur était devenu impossible d'enrayer la machine FN en l'attaquant simplement sur un programme pour le moins aberrant, donc sur le plan des idées. Mais ceci tout simplement parce que les idées n'existent plus. Parce qu'on refuse de parler sur le fond de certains problèmes, et surtout de les traiter, il n'y a qu'à voir à ce sujet le débat sur le débat sur l'islam et la laïcité qui rappelle celui sur l'identité nationale, devenue sans doute un gros mot, et parce que sur les plans économiques et sociaux, on n'a pas grand chose de crédible à proposer dans la mesure où les centres de décision se trouvent ailleurs, dans les grands groupes d'activité, au FMI, ou dans les fameuses agences de notation.
Le débat politique est donc mort mais, grâce au FN, peut donner l'impression d'être toujours parmi nous. Car désormais, c'est ce dernier qui mène la danse, à partir d'une partie de son programme, celle concernant l'immigration et l'intégration des étrangers essentiellement, donc les sujets tabous. Et maintenant, plutôt que de s'affronter sur ce qui pourrait changer la vie des gens, on s'affrontera sur la proximité supposée avec les idées de ce parti, dans un cas, et sur le laxisme qui a permis à ces idées de voir le jour, dans l'autre cas. Voilà le débat qu'on va nous offrir désormais : moraline contre laxisme, voire complicité (n'ai-je pas entendu un député de la majorité qualifier le PS de parti de l'étranger ?), mais sans jamais d'attaquer sur le fond aux problèmes générés, par l'immigration, le refus d'assimilation ou d'intégration de certaines population ou les rapports de force entre une culture islamique de plus en plus implantée chez nous et les valeurs occidentales. Pour être clair, quand je parle de culture islamique, je reste éloigné de la pratique religieuse même si celle-ci peut en faire partie. Je parle d'un ensemble de comportements et de manières de voir héritées, d'autres appellent cela habitus, étrangers à la pratique religieuse mais dont la civilisation est imprégnée de valeurs religieuses. Pour être clair, c'est la compatibilité entre des populations de racines judéo-chrétiennes (fortement sécularisées), et des populations de racines musulmanes (moins sécularisées). Mais ça fera l'objet d'un billet ultérieur.
Tout ça, ça donne envie de voter !