"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

lundi 4 janvier 2016

Voeux présidentiels





Eh oui, je les ai écoutés, pas en direct, mais le lendemain. Sans en attendre grand-chose, évidemment, car les vœux sont devenus avec le temps un exercice sans grand intérêt, juste là pour la mise en valeur de celui qui les prononce, ce dernier pensant généralement que quelques cadeaux, ou du moins des promesses de cadeaux l'y aideront.
Mais cette année, c'était quand même un peu particulier. Car si comme depuis des années la situation économique et sociale est restée lamentable, les multiples attentats qui ont frappé la France donnaient à 2015 un caractère particulier.

On ne pouvait donc pas échapper à ce rappel des événements dramatiques qui ont frappé la France et qui ont fait dire à nos gouvernants que nous étions en guerre. Même si par ailleurs cette formule reste bien creuse, et on s'en est rendu compte avec ce débat débile, sans doute loin d'être fini, sur la déchéance de nationalité. Dans un pays en guerre, on ne s'encombre pas de ce genre de détail, les nationaux ayant retourné les armes contre leur pays se voyant gratifier normalement de 12 pruneaux, plus le coup de grâce. Personnellement je ne suis pas contre, bien au contraire. J'ai même en réserve quelques autres idées complémentaires qui, je pense, auraient un effet franchement dissuasif pour les terroristes islamistes en herbe. Mais elles ne peuvent pas être exposées ici. Juste un indice : on pourrait s'intéresser à a manière dont sont inhumés ces gens; puisque les musulmans affirment qu'ils ne représentent pas l'islam, ça ouvre des opportunités sans que ceux-ci puissent en être choqués.

Mais revenons au sujet. Nous avons donc eu droit à la litanie des actes terroristes qui ont touché la France, quand même 7 en tout, en 2015. Le président se dit "fier de nous". La réciproque est loin d'être vraie puisque lui-même affirme que son premier devoir est de nous protéger. Donc échec! L'échec va sans doute devoir se perpétuer puisque pour nous protéger, il indique qu'il faut agir à la racine du mal : en Syrie et en Irak. Ce qui prouve qu'il n'a rien compris car la racine du mal n'est ni en Syrie, ni en Irak, mais bien chez nous. Ceux qui frappent en France, en quelque sorte les troupes au sol de l'ennemi, viennent bien de chez nous. Cela indique qu'il existe un terreau favorable sur notre sol pour y recruter des individus capables de frapper le pays qui les a vu souvent naitre, qui leur a fourni une éducation, etc. Et donc que ce soit l'EI, al qaida ou le prochain pas encore baptisé, le mouvement qu'ils servent et sa localisation n'ont qu'une importance secondaire. C'est l'existence d'un vivier d'ennemis de la France sur son sol le problème majeur, c'est le fait que des Français de souche, pas de souche, issus des banlieues ou de la petite bourgeoisie provinciale, de culture musulmane approfondie ou superficielle ou convertis soient capables de prendre les armes contre leurs pays.
C'est évidemment plus simple de déclarer que c'est en Syrie que ça se joue que de mettre en évidence l'anomie de la société française, la perte de sens, la rupture du lien qui faisait des Français un peuple et la France une nation. C'est en effet rejeter la faute sur d'autres, bien loin, qui d'ailleurs ne demandent que ça puisque ça leur donne une aura qu'ils n'ont pas, et ça évite de réfléchir aux causes profondes d'un malaise et aux solutions pour y remédier. Ce n'est pas un deuil collectif qui peut tenir lieu de ciment de la nation. On voit d'ailleurs déjà ce qu'il en est de cette fameuse union nationale qui nous vaut les félicitations du président.
La première partie des vœux est donc juste une pleurnicherie, c'est porteur semble-t-il par les temps qui courent, mais certainement pas un message d'espoir. Le refus d'aborder les causes profondes du terrorisme qui nous frappe ne risque pas d'en donner.

Après donc le premier échec, nous passons au second : le chômage.
Cette fois ce n'est pas le premier devoir du président que d'y remédier, la place de premier étant déjà prise par le terrorisme. Ce sera donc la première priorité. Mais là on risque d'avoir les mêmes résultats.
Cela dit plutôt que des remèdes au chômage, on aura compris que la grande solution proposée, et  à laquelle il aura fallu quand même presque 4 ans pour y penser, quoique…, est davantage un remède aux mauvais chiffres du chômage. 500 000 chômeurs en formation, ça fait 500 000 chômeurs qui n'apparaissent plus dans les statistiques. 2016 sera donc l'année de l'inversion de la courbe, chose nécessaire, quoique aussi, pour que notre président protecteur puisse se représenter devant les électeurs en faisant comme s'il avait tenu sa promesse qui était de ne pas se représenter en cas de non inversion durable de la courbe. C'est donc la mesure choc à l'aube de la cinquième et dernière année du quinquennat qu'il aurait effectivement été imprudent de sortir trop tôt de son chapeau.
Mais allons un peu plus loin. Le président dit exactement : "500 000 personnes de plus seront accompagnées vers les métiers de demain." Les métiers de demain?! Certes on peut être satisfait que ce ne soit pas aux métiers disparus, mais comment former à des métiers qui n'existent pas encore? Et s on formait déjà aux métiers qui, mis sur le marché de l'emploi en tant que postes disponibles, restent vacants?  Ce ne serait pas mal, non? Mais on est encore loin du compte. Car c'est l'emploi qui manque surtout et ce n'est certes pas la formation qui n'a rien d'autre comme objectif que de mettre en adéquation des compétences individuelles avec des postes qui sont offerts qui résoudra le problème. On voit donc que l'objectif présidentiel est ailleurs. Dans la statistique.

Et si la formation ne suffisait pas, on va aussi développer le service civique avec pour objectif de le généraliser. Ça fait aussi pas mal de chômeurs officiels en moins ça.
S'agissant du service civique, je suis de ceux qui regrettent la fin du service national sous sa forme militaire tout en constatant que ce n'était plus tenable parce que d'une part il était devenu tellement inégalitaire que c'en était un scandale national, et parce que, d'autre part, et là c'est rédhibitoire, il n'était plus question d'envoyer le contingent en opération (décision de Mitterrand lors de la première guerre du Golfe). Que ferions-nous donc désormais d'une armée de conscription qui  serait un boulet sur le plan opérationnel? Fort de cette expérience du service militaire, je ne crois pas une seconde en cet argument du brassage social qui devenait de plus en plus inexistant à la fin du service militaire. Pour se trouver une planque, parce que bien entendu le mal venait des politiques, les techniques resteront les mêmes : les connaissances ou tout simplement une lettre à son député expliquant qu'il serait dommageable d'effectuer ce service autrement que dans telles conditions. Les hommes politiques ne s'étant pas améliorés, à mon avis, les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Cela dit je ne suis pas contre la formation, ni contre le service civique dans leur principe, même si je m'interroge sur les modalités des deux choses. Mais je crains fort que ces annonces présidentielles soient davantage dictées par de la tambouille politicienne qu'autre chose.


Avant de passer à la conclusion, il fallait bien que le président après avoir en creux fait état de ses échecs nous fasse croire qu'il avait réussi quelque chose. On a eu droit donc à la COP21, cette vaste fumisterie dont j'ai déjà eu l'occasion de dire ce que je pensais. Elle devrait servir à mettre en place un programme de grands travaux, rénovation des bâtiments, développement des énergies renouvelables. Tout ça reste bien vague et ne peut guère que s'appuyer sur des financements publics au moment où les caisses sont plus vides que jamais. Donc des mots!

Arrive enfin la conclusion. Avec, c'est le moment qui veut ça, une exaltation de la patrie. Il est des gens chez lesquels cette expression d'un patriotisme sonne faux.
C'est donc parce que la France a été touchée par le terrorisme qu'on a redécouvert ce sentiment patriotique. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est lui. Ça montre bien la faiblesse de ce sentiment si on ne peut que le ressentir qu'en cas de malheur.
Le président dit aussi que la patrie c'est le fil invisible qui nous relie quelles que soient nos croyances, origines, etc. Si ça pouvait être vrai! Car c'est bien l'idée que je m'en fais. Mais ce que je vois, c'est surtout une France divisée dont certains de ses membres se battent contre elle, une France au sein de laquelle on a favorisé le multiculturalisme allant jusqu'à trouver bien, de la part du gouvernement, des rapports fustigeant l'intégration et prônant l'inclusion, une France dont on tente d'effacer le passé sauf quand il s'agit de mettre en exergue des épisodes qu'on juge désormais, à l'aune des nouvelles valeurs, infamants… Le sentiment patriotique ça s'entretient, ça ne se décrète pas à certains moments douloureux.
Il nous éclaire d'ailleurs en déclarant que "La patrie, c’est en son nom que nous avons bâti l’Europe." (Quel style pourri!).  La patrie serait donc la dissolution de la France dans de grands ensembles, les abandons successifs de souveraineté au profit d'une nouvelle oligarchie de technocrates nous imposant des quotas de migrants, c'est juste un exemple. Il n'y a de patrie, de nation que quand celle-ci reste maitre de son destin. Ni l'européisme, ni l'atlantisme ne permettent cela. C'est même exactement le contraire. Or, dans ses vœux, Hollande nous explique que l'Europe doit encore être plus forte, combler ses insuffisances.

Voilà donc pour l'essentiel de ce que j'ai retenu des vœux de notre président. Un discours creux, d'où ressortent essentiellement des échecs, des erreurs de diagnostic sur la situation, qu'il s'agisse du terrorisme et du chômage, des mesures bidon servant surtout à préparer 2017 en enjolivant une situation désastreuse avec des chiffres mensongers. Vraiment pas de quoi faire de 2016 une année d'espérance comme il le souhaite à la fin de ses vœux.

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