"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 22 août 2015

La croisée des chemins






Quelques récentes discussions intéressantes se sont déroulées récemment sur la blogosphère qui sont autant de symptômes de l’état de notre société française, voire européenne (de l’ouest car l’est ne s’est pas encore vraiment "assimilé" gardant parfois quelques réflexes salvateurs ou nauséabonds selon le point de vue sous lequel on se situe), et qui montrent les réactions à ces changements profonds qu’on approuve ou qu’on rejette. Car c’est rassurant ou détestable, selon que l’on soit réac ou progressiste, je prends ces catégories éprouvées mais dont désormais on peut se réclamer, au moins pour la première, sans avoir la face empourprée de honte, j’y reviendrai en conclusion, les changements auxquels on assiste se heurtent à de vives résistances que les anathèmes traditionnels jetés à la face de ceux qui en sont la figure, ainsi que la propagande institutionnelle relayée par les associations créées ou grassement subventionnées pour cela ne suffisent plus à éradiquer.
Nous sommes donc sans doute à un croisement des chemins, comme en connaissent  périodiquement les sociétés et plus rarement les civilisations. Le changement de civilisation annoncé par Taubira à l’occasion du mariage pour tous, ce qui a pu faire sourire tant est réelle la banalisation chez nous de l’homosexualité, sans parler de son exhibition parfois outrancière, correspond à une des voies possibles, à un projet. En effet elle n’avait pas tort car ce mariage pour tous est un des symboles de cette évolution heureuse ou malheureuse, qu’on voudra poursuivre ou qu’on voudra stopper, d’une société soit dégagée de toutes ses pesanteurs, de tous ses préjugés, soit dont les fondements, ou l’héritage sont délibérément sapés, patiemment, jour après jour. Cette évolution est d’ailleurs assez complexe, du moins faussement complexe de manière à rallier un maximum d’individus, paradoxalement ceux qui sont le plus menacés par elle, ceux à qui elle profite étant généralement acquis. Elle utilise l’artifice de l’égalité, qui donc pourrait-être contre l’égalité même si ce terme seul ne veut rien dire?, pour promouvoir les différences qui elles-mêmes sont souvent des revendications conscientes ou inconscientes d’une supériorité donc d’une inégalité.
Et les victimes de cette inégalité rampante ce sont ceux qui n’appartiennent pas à ces différentes minorités dont les différences doivent être promues et qu’on les encourage à promouvoir, la grande victime c'est cette majorité qui est sommée de ne plus se référer à une identité jugée illusoire, voire mensongère et même pire. Un certain Cazeneuve, pendant la campagne présidentielle, ne considérait-il pas "qu’évoquer les racines chrétiennes de la France, c’est faire une relecture historique frelatée qui a rendu la France peu à peu nauséeuse". Une certaine Anne Lauvergeon, cheffe d’entreprise avisée ( !) pouvait impunément déclarer en 2009, que "à compétence égale, eh bien désolée, on choisira la femme, ou on choisira la personne venant d’autre chose que le mâle blanc pour être claire". Impunément en effet, car les plaignants ont été déboutés devant une justice dont on imagine sa sévérité si à la place de mâle on avait entendu femelle et au lieu de blanc, noir, donc une justice dont beaucoup de membres sont embringués dans ce mouvement destiné à remplacer un modèle de société par un autre. Ne parlons pas des associations dont il est très difficile qu’elles admettent, et elles le font seulement quand ne pas le faire finirait par les discréditer complètement et définitivement, qu’il existe un racisme anti-blanc. Du reste ne les voit-on jamais en première ligne pour le combattre. Tout ceci ce sont des faits, des exemples vérifiables et qui pourraient être multipliés. La grande victime du changement annoncé, c’est ce qu’on nomme souvent avec dédain, le Français de souche, parfois et trop souvent lui-même complice du mauvais sort qu’on lui fait. Faut dire qu’avec le bourrage de crâne enduré et ce, maintenant, dès l’école, enrôlée elle-aussi dans le processus, Belkacem mérite autant que Taubira le titre d’icône du changement, les esprits faibles succombent facilement. Et ne parlons pas évidemment de ceux qui, en toutes circonstances s’allient à leurs ennemis qu’on appelle ensuite collabos si leur cause perd, ou héros visionnaires si elle triomphe. Faut dire que dans un pays où les porteurs de valise pendant la guerre d’Algérie jouissent de beaucoup d’estime tandis que ceux qui refusèrent le déshonneur et la trahison restent honnis, on n’a guère d’illusions à se faire. Ou du moins peut-on constater que le lavage de cerveau a été pour le moins efficace.

Nous vivons effectivement une époque extraordinaire. La célébration et la promotion de la diversité, ethnique, religieuse, sexuelle,…, un véritable bon en avant dans le progrès humain pour certains, un pas en arrière, une marche vers l’obscurantisme pour les autres (mais ceux-là sont priés de la boucler sous peine d’être taxés de racistes, islamophobes, homophobes,…) modifie, a déjà modifié les rapports sociaux en fissurant tous les liens anciens qui pouvaient unir les hommes. La solidarité de classe (voir l’état pitoyable de ce qu’on nomme la gauche), la solidarité nationale, toutes ces choses qui constituaient un ciment entre les individus, tout ça a explosé.
Certains ont vu dans cette dilution des liens traditionnels, de ces liens qui malgré nos différences nous permettaient de vivre ensemble, selon la terminologie à la mode, de passer outre nos querelles quand un danger commun les menaçaient, certains donc ont vu  dans ce phénomène une victoire de l’individualisme. Mais ce n’est que très partiellement vrai. Ceux qui se réunissent le vendredi dans la rue pour prier, venant parfois de très loin et délaissant pour l’occasion leurs mosquées restant vides ou presque, ne sont pas des individualistes. Et leurs coreligionnaires qui défouraillent sur des juifs, des blasphémateurs (!) ou n’importe qui ne leur plaisant pas, ne sont pas des « loups solitaires » comme on aime à nous le conter. Solidaires de l’abjection sans doute, mais pas solitaires. Quant à ceux qui défilent les miches à l’air à l‘occasion de la gay pride ne sont pas non plus des individualistes. Et on pourrait décliner pour toutes ces catégories qui revendiquent cette identité qui les définit et qui est exclusive. Seuls ceux qui osent se laisser aller à revendiquer une identité nationale s’en voient interdit, au moins moralement. C’est pourtant cette identité qui dépassait toutes les autres, cette identité supérieure  qui a permis pendant longtemps aux Français de vivre effectivement ensemble et qui a permis à ceux qui ne l’étaient pas, mais qui désiraient vivre en France, de le devenir.

Où sont donc passés Renan et sa conférence sur la nation ? « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. »
Ce qui nous permettait de vivre ensemble, au vrai sens du terme, a été rejeté en même temps que le principe d’assimilation remplacé par un vague principe d’intégration devenu avec le temps inclusion. C’est à l’autochtone désormais de faire les efforts d’adaptation nécessaires pour que l’étranger se sente bien. Mais le problème est que l’étranger, dans certains cas, et inutile de les décrire, ne se sentira bien que quand l’adaptation aura été totale, que quand ses règles deviendront la norme.
Comment vivre ensemble quand plutôt que de faire valoir l’héritage commun ceux qui nous dirigent n’ont d'autre préoccupation que de le nier ou de le salir, en mettant en cause, en méprisant, les fondements donc les valeurs de ce qui constitue notre identité (voir les propos de Cazeneuve) et en piochant dans notre histoire pour en faire ressortir quelques événements aujourd’hui condamnés tout en mettant en valeur les cultures allogènes ?


Et voilà donc comment on tente de nous imposer un nouveau modèle où tout se vaut sauf l’autochtone prié de s’effacer, lui, son passé, sa culture.
Il y a la culpabilité. L’occidental et donc le Français, surtout lui d’ailleurs, est certes un héritier, mais qui devrait avoir honte de son héritage plutôt que d’en tirer sinon gloire, du moins les éléments pouvant fonder une identité partagée par tous et transcendant toutes celles particulières. L’esclavagisme et le colonialisme sont des tares suffisamment grandes pour rejeter tout l’héritage. Au passage les autres esclavagismes et colonialismes, car au moins ce sont des choses très partagées dans l’histoire de l’humanité, même contemporaine, s’estompent peu à peu. Le nouveau modèle doit être pur.

Il y a l’égalité. L’égalité devant la loi, bien sûr, mais aussi devant la nature. Et on découvre que deux hommes ou deux femmes vivant ensemble pourront devenir parents, père, mère, parent 1 ou parent 2, peu importe. Mais revenons une seconde à l’égalité devant la loi. L’autre jour un blogueur s’est mis en tête de prouver, en s’appuyant sur le célèbre Baubérot, sociologue de son état et hostile à la loi sur les signes religieux dans les lieux publics, que la laïcité était plus sévère avec l’islam qu’avec les autres religions. Sans être évidemment infoutu de donner un quelconque élément prouvant ses dires, mais parce que la laïcité restreint la liberté de l’exercice du culte, garanti par la loi, et qui est pour cette religion, disons, plus exigeant (là encore c’est à prouver) et qui se voit davantage. Evidemment le ratage du processus de sécularisation par la religion considérée n’est pas un problème pour ceux qui osent défendre cette misérable thèse. Et donc voilà, on interprète la loi, on place toutes les religions sur le même pied en omettant les différences d’évolution dans leurs pratiques et leur distanciation par rapport au monde et on en déduit que le principe d’égalité n’est pas respecté. On demandera à Achaoui de plaider ça.

L’hypocrisie ou la lâcheté sont aussi des armes efficaces mises à la disposition de ceux qui veulent changer notre monde. Je mets les deux ensemble car il est difficile de les distinguer dans la mesure où lâches et hypocrites partagent le même discours, comment dire… apaisant. Allons-y pour apaisant pour qualifier soit le baisser de culotte, soit la connivence ou la complicité discrètes, mais à peine. Ainsi par exemple, les menus de substitutions au porc qui sont une revendication sont rejetés. Mais par contre on préconise que les enfants aient le choix ou que soit mis en place un menu végétarien. Ce n’est plus de la substitution mais un souci alimentaire. Ben oui ! Fallait y penser. Que ne ferait-on pas pour assurer les apparences d'une paix sociale ou pour satisfaire l’exercice du culte musulman, selon une interprétation honteuse de la loi de 1905, sans en avoir l’air. On pourrait aussi citer toutes ces compromissions de maires transgressant la loi et favorisant au frais du contribuable l’érection de lieux de cultes métamorphosés en lieux de culture. Sans parler du léchage de babouches traditionnel, et ça commence au sommet de l’Etat, à l’occasion de fêtes religieuses, ces égards dont est exempte la religion d’où la France tire ces racines. Ceux qui ont peur, ceux qui sont de discrets complices et qui donc ont des intérêts divergents et même opposés se retrouvent curieusement.

 Et puis bien sûr il y a la propagande. Il semble manquer à ce pays un ministère de l’éducation du peuple et de la propagande. Pourtant il existe même s’il n’est pas formalisé. Les services de l’Elysée, du premier ministre, le ministère de l’intérieur, celui de l’éducation nationale (là on confine à l’excellence !) sont les différents composants de ce ministère fantôme, même si d’autres peuvent y prêter occasionnellement la main, le ministère de la ville, celui des femmes, celui de la jeunesse et des sports et d’autres inattendus comme par exemple le secrétariat d’Etat aux anciens combattants dont le patron est récemment allé battre sa coulpe en Algérie à l’occasion de l’anniversaire de Sétif. L’entreprise est vaste et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Et puis en-dessous de tout ça il y a les assoces antinationales, les pipeules, certains intellectuels institutionnalisés, les autres étant des pseudo-intellectuels évidemment, et puis bien sûr ceux sans qui rien ne serait possible, à savoir les diffuseurs du message, nos Völkischer Beobachter et Pravda modernes, nos chers médias financés bien davantage par nos impôts que par leurs lecteurs et spectateurs, ce qui finalement leur laisse assez peu de choix. Certes, me direz-vous, il existe des médias qui sortent de ce schéma. Et il en faut justement pour mieux dénoncer l’inacceptable, la déviance de la pensée et aussi pour laisser l’illusion d’un pluralisme garantissant le bon simulacre de la démocratie. C’est beaucoup plus fin et insidieux aussi que les régimes totalitaires.

Et évidemment, il reste en dernier ressort la surveillance et la répression. Là-aussi on peut distinguer l’institutionnel de l’informel. La très légitime lutte contre le terrorisme islamiste permis à ce gouvernement d’instituer de façon légale, les socialistes avec Tonton nous ayant habitué à ne pas tant s’attacher sur la forme, un système de surveillance généralisée échappant à à peu près tout contrôle. Je me suis déjà exprimé sur cette loi que j’estime dangereuse et que seule la peur a permis de faire passer sans trop de difficultés. Dans le domaine institutionnel il y a également ces fameuses lois mémorielles qui constituent de véritables baillons. Et puis il y a le reste, plus ancien et nimbé dans le manteau de la vertu. Je pense en particulier à ces multiples associations aux aguets du mot "de travers ", "du dérapage" comme on dit et qui trainent en justice les contrevenants ou organisent un lynchage médiatique visant à les interdire de parole, avec plus ou moins de succès, mais souvent avec des conséquences. Certes certains "délinquants de la pensée correcte" peuvent s’offrir le luxe d’un procès pour avoir le droit d’exprimer leurs idées, mais ils sont peu et donc le citoyen de base doit lui veiller à ne pas dépasser certaines limites implicites mais néanmoins imprécises que seul le juge appréciera, et en ce domaine on a parfois des doutes sur l’impartialité de certains et leur référence à la seule loi. La peur donc reste un moyen efficace pour réduire au silence les récalcitrants.

Avec un tel arsenal on comprend que le changement de paradigme social a une autoroute devant lui. Ou avait peut-être. Trop de hâte peut-être, des faits "hélas" têtus et répétitifs sans doute, le courage de (bien sûr) pseudo-intellectuels de gauche et de droite très certainement semblent changer la donne et ouvrir un espace à la résistance à des changements qui "allaient de soi ". Et ça c'est une bonne nouvelle ! Réac est de moins en moins un qualificatif dont on doit avoir honte. Au contraire on peut désormais s'en honorer.

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