On se souvient de cette phrase
prononcée par notre minuscule timonier lors d’une émission de télévision censée
nous montrer à quel point la majorité des électeurs s’étant exprimés en mai
2012 avaient eu raison. Quelle belle sortie !
C’est ainsi donc que parlent ceux
qui nous gouvernent oubliant que l’Etat c’est nous, et plus moi. Mais au moins ont-ils
cette funeste cohérence de mettre en application ce qu’ils disent dans ces
moments d’égarement médiatique, en nous faisant payer leurs fantaisies, leurs
copineries, leurs reculs, leurs allégeances, et j’en passe.
Quelques exemples en vrac avant
de passer au plat de résistance du jour qui sera, vous vous en doutez sans
doute, la résiliation du contrat de vente des navires de type Mistral à la
Russie.
Fantaisies : Fabius
arrivant au Quai d’Orsay en 2012 engage des dépenses somptuaires pour enjoliver
le cadre. Actuellement il démantèle l’activité des consulats français à l’étranger,
sans qu’on en parle d’ailleurs. Après tout, les expatriés sont des nantis.
Copineries, crapuleries :
les accords électoraux du PS avec le PRG, dernier allié, se soldent désormais
par des lois. Le président sortant de la région Languedoc-Roussillon, ne trouvant
pas son compte dans les accords électoraux, enfin pas un poste présumé en cas
de victoire digne de sa personne, s’arrange avec Valls pour que soit créé par
voie parlementaire un poste de président de région délégué qui lui échoira
éventuellement. Mais comme c’est du domaine de la loi, ce sont les 13 régions
qui verront la création de ce poste. « Combien ça coute ? » « T’inquiète
c’est le contribuable qui paie ! » La parole est au parlement.
Reculs : l’écotaxe
votée à l’unanimité lors de la précédente législature est abandonnée dès lors
que s’agitent des paysans en colère. Cet acte d’autorité de l’Etat, même pas
capable de faire appliquer les lois votées, nous coûtera quelques centaines de
millions.
Ce ne sont que des exemples mais
qui pourraient être multipliés dans chaque cas, comme des petits pains, mais
pas comme l’argent que nous n’avons plus et que ça nous coûte. Mais c’est pas
grave qu’on vous dit, puisque c’est l’Etat qui paie. Et l’Etat dispose d’une
rente. Pour certains c’est le pétrole ou le gaz, voire les deux, mais pour
nous, c’est la dette qui gonfle, qui gonfle.
Non, je n’ai pas oublié l’allégeance.
C’est le gros du sujet d’aujourd’hui, actualité oblige.
Après plusieurs mois d’atermoiements
le dossier Mistral est enfin clôt. Selon des termes qui laissent dire à notre
chef suprême que c’est un bon accord. Sans doute même que grâce à son habileté
légendaire et son ascendant sur le président Poutine, les Russes ont été roulés
dans la farine. N’en doutons pas. C’est que c’est un gros malin notre
président.
Résumons les faits qui nous ont
amené à cet accord si bon pour notre pays.
Suite aux événements en Ukraine,
et une série de sanction suivies de contre-sanctions dont on commence à
découvrir les conséquences, n’est-ce pas chers éleveurs et autres, nos alliés,
quel drôle de terme pour désigner ceux qui sont aussi nos concurrents dans le
domaine en question, demandent avec insistance que ne soient pas livrés les
navires commandés à la France au terme d’un contrat passé en 2011 sous le
gouvernement précédent. La réponse est sans équivoque : un contrat est un
contrat, la parole de la France c’est pas de la crotte, et donc, même si ça ne
vous plait pas, nous honorerons les deux. Quelques semaines plus tard, le ton
change. Méthode Hollande ou art de la synthèse foireuse qui fonctionnait si
bien rue de Solférino, la bien nommée, ou au conseil général de Corrèze :
on livrera le premier à l’automne 2014, comme prévu, et pour le second on
verra. Mais c’était sans compter sur la réunion des chefs d’Etat membres de l’Otan
du début de l’automne. La veille de la réunion, notre audacieux chef s’inquiète
soudain de devoir affronter ses homologues, appelons-les ainsi en faisant fi
des liens de subordination et d’allégeance, de se prendre réflexions et
peut-être baffes en coulisses, et décide avec tout le courage qu’on lui connait
que la vente est désormais suspendue. Entre temps, un équipage russe, égaré par
les paroles prétendant que la parole de la France c’était pas de la crotte, est
arrivé en France pour s’acclimater au premier navire avant d’en prendre
livraison. Il repartira par la voie des airs pour fêter les fêtes de fin d’années
en famille, mais peut-être pas les mains vides. Je passe sur la suite, et sur
le prétexte ukrainien qui subsiste pour ne pas livrer alors qu’il est de
notoriété publique que le gouvernement de Kiev se bat les balloches des accords
de Minsk patronnés par la France et l’Allemagne.
Nous voici donc au moment où tout
s’achève ou presque, même si c’est pas prêt d’être fini. Ça marche comme ça
chez les socialistes avec leurs bons accords.
Voilà la suite dans les grandes
lignes. Contrairement à ce qui a été dit les deux navires ne sont toujours pas
pleine propriété de la France. Il faudra attendre que soit démonté tout ce qui
est russe dessus, en particulier tous les systèmes de transmission et de
navigation, en espérant que le petit bouchon au fond de la cale n’ait pas été
conçu dans les chantiers navals de Saint-Pétersbourg. La signalétique ainsi que
la documentation de bord sont également à reprendre à zéro. Quand nous en
serons à ce stade, les deux bateaux seront un peu vides. Il faudra donc à cette
étape trouver le ou les clients pour combler ce vide, à savoir adapter les
navires à leurs besoins. Comme ceux-ci ont été conçus pour les mers froides, il
faudra peut-être revoir quelques points de détails. Etc., etc.. Certains
estiment tous ce cirque à plusieurs centaines de millions, peut-être 500 (le
contrat initial était de 1,2 milliards). Mais en attendant que le client pointe
son nez et que toutes les opérations soient effectuées, il faut payer maintenance
courante, assurances, gardiennage, enfin tout ce qui relève des frais relatifs
à deux navires militaires à quai pour une longue durée. Quelques millions,
peut-être dizaines, en plus donc. Bien évidemment tout ceci ne met guère la France
en position de force pour négocier un bon prix.
Bon, on comprend que pour un bon
accord, c’est un bon accord. Entre le remboursement des sommes et frais engagés
par la Russie (le chiffre n’a pas été dévoilé, mais du côté russe on parle de
1,16 milliards - déjà remboursés semble-t-il -, ce qui doit correspondre sans
doute à la réalité puisque le Drian disait que c’était inférieur à 1,2
milliards), le démantèlement et la remise à d’autres normes, les frais de
gardiennage et tout ce qu’on ne voit pas on s’approche allègrement des 2
milliards, à moins qu’on les dépasse.
Mais ce n’est pas tout. L’accord
franco-russe prévoyait la construction de deux autres unités en Russie. Et il
est évident que nos industriels devaient prendre part à cette opération. La
hauteur de ce qu’ils auraient perdu est selon certaines sources de 500
millions. Les transferts de technologie (motorisation et structures notamment)
par contre permettent à la Russie de construire seuls des navires de même
classe, en plus gros. C’est déjà programmé pour 2020. Avec donc un nouveau
concurrent pour les chantiers navals français.
J’oublie sans doute quelques
autres éléments, même si je n’écarterai pas un dernier point, mais voilà ce qui
constitue un bon accord selon notre président.
Mais c’est vrai que ça ne coutera
rien. Ce n’est même pas l’Etat qui paie. Du moins dans un premier temps. C’est
d’abord la Coface (Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur)
qui crachera au bassinet, avant que ce soit répercuté dans le budget de l’Etat,
à partir de 2017 évidemment. Faut bien rentrer dans les clous, et c’est bien
difficile, de la commission de Bruxelles d’ici-là. Ensuite, comme on aura
changé de gouvernement, hein ! De gouvernement, certes, mais pas de
peuple. En attendant, la petite magouille solférinienne se porte bien.
Ce n’est pas tout évidemment. C’est
sans doute bien plus grave que ces milliards et centaines de millions perdus. C’est
le crédit de la France qui est sérieusement entamé. Il est désormais acquis que
les contrats d’armement passés, signés par la France ne valent rien, que
ceux-ci ne se réaliseront que si les Etats-Unis sont d’accord. J’imagine fort
bien la mine de Obama, Merkel et Cameron quand la nouvelle fut connue que la France
ne livrerait pas les mistrals. On a dû fêter ça ! Les Russes aussi d’ailleurs,
puisque concurrents comme les trois autres sur les marchés d’armements.
Et au-delà de tout ça, c’est la
fin de la diplomatie française qui aura été actée. L’économie se traite à
Bruxelles, la diplomatie à Washington. Restent les lois sociétales.
Vive la France !
Mais puisqu’on vous dit que c’était
un bon accord !
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