Evidemment
je me garderai de répondre à cette question. D’autres le font avec une
telle facilité et un tel aplomb que je me vois mal les contredire.
Donc disons que c’est l’Europe ! Ça va ? Vous êtes contents ?
Cette
double propension à traiter tous les sujets sous un angle moral, bien
particulier, et à dénigrer l’occident (et son pays en particulier)
implique effectivement que l’Europe ne peut être que coupable.
Coupable de quoi ?
En
vrac, de ne pas accueillir assez, de se fermer à l’autre surtout quand
il souffre, de laisser des misérables se noyer dans ses eaux ou à
proximité, d’avoir provoqué des situations dans les régions de départ
ayant favorisé ces migrations, d’être peut-être trop attractive, ou je
ne sais quoi encore.
Certes
tout n’est sans doute pas faux, notamment la responsabilité des
occidentaux dans le bordel qui règne dans certaines régions du monde. Il
est vrai que quand les Saddam Hussein, les Ben Ali ou les Kadhafi
étaient en place, les choses étaient mieux maitrisées. Oui, mais les
prétextes moraux ne manquaient pas de les mettre dehors, et même le les
dessouder le cas échéant. On se mord la queue avec la morale, les bons
sentiments et tout le reste. Retour à Bossuet ! On applaudit les
printemps arabes, idéalisés, considérés comme des révolutions 2.0, et
ensuite on pleure parce que les gentils ne sont pas tous gentils, que
même on trouve encore plus de méchants que de gentils. Un monde sans
Saddam ne pouvait être que meilleur. Maintenant on se demande pour qui.
Et c’est avec nostalgie qu’on considère ces salauds qui nous rendaient
quand même bien service. Mais chut ! Faut pas le dire ! On s’arrêtera à
la faute de l’occident, sans aller plus loin. C’est plus simple.
Et donc l’occident doit payer, en l’occurrence, en ce moment l’Europe.
Alors
comment ? Fastoche ! En accueillant les malheureux, forcément des
malheureux, qui risquent leur peau en la confiant à des salauds de
passeurs. En terminant le boulot trop souvent mal fait de ces derniers,
donc en assurant la sécurité des migrants, en les repêchant. Et puis si
ça ne marche pas comme on souhaite, peut-être que demain on organisera
des navettes avec des ferries, escortés par les bâtiments des marines
européennes au cas où. Risque zéro oblige. Du coup les passeurs l’auront
dans le baba ! Bien fait pour leurs gueules à ces enflures ! Objectif
rempli : devoir humanitaire accompli, passeurs mis hors état de nuire !
Tout est si simple quand on a un cœur gros comme ça.
Mais pourquoi donc ça ne se passe pas comme ça ?
En
observant l’Europe, les sommets consacrés à ce problème et ce qui en
sort, on se rend bien compte que les choses ne sont pas si simples que
ça. C’est même sans doute trop compliqué pour l’Europe qui reste
imperturbablement le cul entre deux chaises. J’admire les Australiens
qui ont su trancher dans le vif. No way ! Ils ont peut-être tort, chacun
se fera son opinion, mais au moins ils ont choisi.
Mais
l’Europe elle, pas question qu’elle choisisse. Partagée entre ses
principes humanitaires et le principe de réalité, elle choisit une fois
de plus une côte mal taillée. On lutte contre l’immigration illégale,
mais on met des moyens pour qu’elle puisse se dérouler au mieux, sans
trop de victimes. Du moins on l’espère. Car on ne refoule pas. La loi
l’interdit. Parfois surgit une idée géniale. Cette fois elle vient de
chez nous, de notre président. On va bombarder les bateaux qui servent
au macabre transit. Je rigole ! Car si par hasard ça se faisait, au
premier gamin ensanglanté qu’on nous montrera sur une plage libyenne, et
il y en aura même si ce sont des balles de kalach qu’on pourrait
retrouver si une autopsie était pratiquée, on arrêtera tout. Pour des
raisons humanitaires.
Tout ça parce que se posent des questions simples dont les réponses sont contradictoires :
Doit-on pour des raisons humanitaires assurer la sécurité des migrants, donc les encourager à traverser ?
Peut-on accueillir ces migrants ?
Veut-on les accueillir ?
Et
là ça fait des nœuds dans la tête. Car répondre objectivement aux deux
dernières revient à ignorer la première ou la traiter d’une manière très
différente.
Alors
peut-on les accueillir ? Les difficultés économiques que connaissent,
malgré des variabilités, les pays d’Europe, et à cet égard l’Italie
n’est sans doute pas le pays qui s’en sort le mieux, montrent
qu’évidemment on doit limiter le nombre d’arrivants sur le territoire
européen. Il est inutile, je crois de développer ça plus amplement, sauf
à affirmer qu’encore une fois, ce seront les plus précaires qui vont se
retrouver menacés, en concurrence sur le marché du travail et celui du
logement social avec les nouveaux venus, illégalement venus. Ah mais
j’oubliais, le FN dit la même chose. Alors, chut !
Veut-on
les accueillir ? En fait on n’est guère éloigné de la question
précédente. Même si on est un grand philanthrope, croyant dans les
vertus de l’homme, quelques faits demeurent assez troublants pour ne pas
croire que tous ces migrants viennent avec les meilleures intentions.
Certes fuir la misère, fuir la guerre, on comprend. Mais la difficulté
réside dans la capacité de ces gens et surtout leur volonté de se fondre
dans une population majoritaire disposant d’une autre culture, d’une
autre vision des choses quant à la religion, … . Quand l’EI (je
délaisse systématiquement le terme de daech qui est une hypocrisie sans
nom inventée pour ne pas dire les choses) est capable de se servir de
ces flots de migrants pour y introduire certains de ces éléments, quand
l’EI voit dans cette migration de masse un menace bienvenue pour
l’Europe, il semble que le devoir des dirigeants européens est de
prendre cela en compte, leur premier devoir étant, ou devant être, la
protection de leurs citoyens, et donc d’appliquer un principe de
précaution qui pour une fois ne serait pas critiquable. Quand des
membres d’une religion de paix et d’amour jettent par-dessus bord
les membres d’une autre religion, parvenant à reproduire sur quelques
mètres carrés, au milieu des flots, les conflits religieux qui ravage
leurs pays, on peut légitimement s’interroger sur la capacité
d’intégration des premiers, et au-delà sur leur dangerosité pour la
population d’accueil.
Et
bien évidement ce seront encore les mêmes, les précaires déjà
susnommés, qui seront sommés en cas d’accueil de prendre le plus de
risques, puisqu’eux-mêmes au nom de la nécessaire mixité, celle qui doit
résoudre les problèmes d’apartheid, seront sommés de partager les mêmes
zones de résidence que les migrants. C’est beau la générosité quand
c’est aux autres qu’il incombe d’en payer les frais !
Voilà
donc ce qui taraude l’esprit de nos dirigeants auxquels une pensée
dominante ou qui fut dominante car elle est, fort heureusement, en
déclin sous la pression du peuple, impose encore des postures
humanitaires, tandis que les réalités économiques, tandis que l’échec
patent de l’intégration militent pour que l’immigration soit de mieux en
mieux contrôlée tant en quantité qu’en qualité. Mais comme ils ne
peuvent pas choisir, il ne font que s’agiter sans aucune efficacité.
Les
âmes généreuses, du moins celles qui se posent comme telles, préférant
toujours l’autre aux leurs, ne seront pas satisfaites. Ceux qui militent
pour une régulation de l’immigration continueront à voir débarquer des
gens et même ceux qu’il conviendrait absolument de repousser.
Voilà la vraie faute de l’Europe, celle d’être incapable de choisir, celle d’être incapable de se protéger.
Bonjour, merci pour cette belle analyse. Effectivement, l'humanitaire n'est pas une politique, sinon celle du naufrage...
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