"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 9 mai 2015

Une histoire de fous ou les conséquences sordides de la repentance




Plutôt que de répondre à l’invitation de la Russie d’assister aux célébrations marquant le 70ème anniversaire de la capitulation allemande (je ferai peut-être un billet à ce sujet), notre bon président a préféré, faut dire qu’Obama lui avait interdit de se rendre à Moscou ce qui lui laissait du temps libre, se rendre aux Antilles pour y démarrer sa campagne électorale de 2017. Et quoi de mieux pour plaire que de promettre de l’argent qu’on a plus et, on pense que ça coute moins cher mais c’est faux, de faire une xième fois acte de repentance pour la traite négrière et l’esclavage. Le président va en effet inaugurer à Pointe-à-Pitre le Mémorial ACTe, «centre le plus important au monde consacré à l'esclavage et à la traite des noirs», selon l'Elysée. Sans être davantage informé, je suppose que seule la traite atlantique sera considérée ainsi que l’esclavage du fait des Européens. Cette inauguration se fera en présence des chefs d’Etat Malien, Sénégalais, Haïtien, Béninois, et d’un certain nombre de nos ministres dont l’inévitable Christiane Taubira. Ça ne coûte rien, c’est l’Etat qui paie, pour reprendre une formule chère à notre chef de l’Etat. Pauvre Etat ! Quand ailleurs on célèbre une victoire, chez nous on se repent. Après tout, à chacun la vision qu’il veut donner de son pays !

Mais le problème de la repentance, c’est qu’elle aiguise certains appétits et même rend fous ceux qui, par une étrange projection dans le temps, un insolite retour vers le passé, se sentent les victimes de faits déjà bien anciens. C’est même pire que ça : les descendants des coupables, forcément coupables car c’est à l’aune de notre conception contemporaine du bien et du mal, et des avancées scientifiques relativement récentes prouvant l’impasse d’un racisme fondé sur le biologique, qu’il faut nécessairement les juger, sont eux-mêmes des coupables et exactement des mêmes crimes que ceux commis par leurs ancêtres.
Eh non, je ne plaisante pas ! On apprend en effet aujourd’hui que Ernest-Antoine Sellières, l’ancien président du MEDEF et chef d’entreprise, vient d’être assigné par le conseil représentatif des associations noires auprès du tribunal de grande instance de Paris pour « crime contre l'humanité et recel de crime contre l'humanité ». Je vous rassure tout de suite : le baron Sellière n’a tué personne. Mais il a le tort d’être le descendant d’une des familles qui faisaient prospérer leurs terres en Haïti avec des esclaves. Il a le tort d’être le descendant d’une des familles qui a touché une indemnité de la part de la République Haïtienne, via la caisse des dépôts, pour compenser la perte d’exploitation subie à l’occasion de son indépendance. Cette indemnité, bien réelle, d’un montant global de 90 millions de francs-or, a été effectivement extorquée sous Charles X, ça commence à faire. La caisse des dépôts et consignations est elle-même assignée en justice depuis 2013 car, parait-il, toutes les sommes n’auraient pas été distribuées, ce que contestent certains historiens. Comme ils contestent d’ailleurs que les indemnités aient été versées, comme le soutient le dénommé Tin, président du CRAN, pour la perte de la main d’œuvre constituée par les esclaves, mais à cause des terres perdues à l’occasion de l’indépendance.
Mais quand on est descendant de victimes, peu importe que Tin soit Martiniquais, l’essentiel est qu’il soit noir et supposément descendant d’esclaves, peu importe qu’il n’ait aucun mandat de la République haïtienne pour agir en son nom, on est soi-même une victime et donc en droit de réclamer. Moi j’aime bien les victimes comme Tin. On en manque singulièrement. C’est un peu comme Sopo, le président de SOS racisme. Ces mecs, ils sont la preuve vivante qu’en France, la couleur de la peau n’est pas un obstacle pour réussir. Tin est accessoirement issu de normale sup, agrégé et docteur es lettres. S’il n’avait pas subi de discriminations, où en serait-il ? Pareil pour Sopo, diplômé de sciences-po et agrégé en économie. Et ces gars-là vous nous gonfler avec le racisme qui empêche de réussir alors qu’ils sont la preuve du contraire. Du coup on se demande quelles sont leurs motivations ? Le pognon, une carrière politique, la haine de leur pays… ?

Mais revenons au baron Sellières. Pourquoi lui et seulement lui ? Bonne question, mais je n’ai pas la réponse. Peut-être parce qu’il est bourré de fric ? Et donc devient une cible légitime. Moi je trouve ça discriminatoire. La plainte du CRAN pour être crédible ne devait pas être portée contre Sellière mais contre tous les descendants de ces familles spoliées de leurs terres et indemnisées ensuite. Et si on ne les connait pas, une plainte contre X s’avérerait logique. Un juge d’instruction trouverait là une saine occupation. Mais sans doute plus simple dans sa réalisation que la phase suivante, à savoir l’identification des descendants d’esclaves auxquelles seraient reversées les sommes perçues à l’issue du procès. C’est la version officielle du CRAN.  
Un peu bizarre, non ?
Peut-être pas tant que ça quand on apprend, de la bouche de Tin lui-même que « le CRAN  ayant tenté en vain d'établir un dialogue avec le baron Seillière qui n'a pas abouti, a donc choisi la voie judiciaire ». Là ça devient intéressant. J’imagine le dialogue en question : « tu craches au bassinet ou on te colle un procès !» Réponse : « va te faire voir ! »  Bon c’est juste un résumé, hein ? Sinon ça pourrait être assimilé à du chantage ou une tentative d’extorsion de fonds. Personne n’oserait imaginer cela.
Reste à savoir comment justifier le motif de la plainte (crime contre l’humanité quand même !). Là on voit que Tin a fait de hautes études et manie donc la rhétorique avec brio. Voilà ce qu’il déclare : « Les descendants des esclavagistes ne sont pas coupables, mais ils sont bénéficiaires et leur fortune est faite de biens mal acquis. Et en refusant toute réparation, ils deviennent solidaires de fait du crime dont ils essaient de se démarquer en vain. » Allez hop, la perpétuité pour Sellière ! Ça vaut bien ça un crime contre l’humanité, non ?

Que peut-on retirer de cette vaste farce qui risque un jour de virer au drame, et pas seulement pour Sellière s’il se trouve un juge pour instruire la demande du CRAN et un autre pour lui donner raison ?
Le premier enseignement est par les temps qui courent de se garder de dresser son arbre généalogique. Nombreux sont ceux qui ont sans doute un ancêtre pas forcément très net dont il faudra peut-être un jour assumer les actes. Dans le cas de Sellière, si on compte (c’est large) 30 années entre chaque génération, on en est à la 6ème. A ce niveau Sellière a donc 26 aïeuls, soit 64. Et voilà, un « criminel » (qui d’ailleurs s’ignorait comme tel) sur 64 possibilités, et le voilà au bord du gouffre ! La vie ne tient pas à grand-chose, non ?

Le second, et c’est plus grave, c’est voilà où nous mènent ces conneries de repentance. On, enfin pas moi en tout cas, aime tellement à se repentir qu’on en arrive à ce genre de chose tout à fait symptomatique d’un état d’esprit général lequel s’accommode d’une ignorance qui se généralise, et les nouveaux programmes scolaires en histoire vont enfoncer le clou. L’occident, la France, les Français (du moins les blancs) sont les coupables de tous les malheurs du monde.
Dans cette affaire on nous parle d’esclavage, de traite. Mais c’est seulement de la nôtre dont il s’agit. Les autres traites, l’esclavage pratiqué par les autres, celui qui sévit encore aujourd’hui, tout ça ça ne compte pas. Sinon monsieur Tin devrait sans doute faire gaffe à ne pas trouver un esclavagiste au sein de ses ancêtres. Peut-être devrait-il demander à son prédécesseur, l’inénarrable Patrick Lozès, Béninois, donc n’appartenant pas à une famille ayant subi la traite européenne s’il est bien clair avec la traite intra-africaine. Mais là je divague, ni Tin, ni Lozes n’étant blancs, ils ne peuvent être que descendants de victimes, donc victimes eux-mêmes. Comme Sellière descendant d’esclavagiste ne peut être qu’un coupable, qu’on peut donc et même doit rançonner.
Oui, voilà où on va avec toutes ces conneries, la loi Taubira et autres actes de repentance. Les Français qu’on appelle de souche sont devenus désormais des coupables par héritage. Et c’est donc à eux de payer « la dette ». Mais que cela ne nous empêche pas de parler avec bonheur du vivre ensemble alors que les habitants du pays d’accueil sont désignés, avec la complicité active de l’Etat, comme des héritiers de salauds, donc des salauds eux-mêmes qu’il faut faire payer.

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