"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 11 septembre 2014

Veulent-t-ils la guerre? Par simple allégeance?





L'UE, semble-t-il, a décidé de mettre en œuvre un nouveau train de sanctions contre la Russie.
Si on veut faire un historique des sanctions, on découvrira que les premières sanctions significatives ayant amené une riposte de la part de la Russie que subissent actuellement les producteurs d'agro-alimentaire ont été prises suite au crash du vol MH 17 dont la Russie a été désignée directement ou indirectement comme coupable. Il y avait des preuves soi-disant. Or s'agissant de preuves, rien n'a été mis sur la table et le rapport préliminaire qui vient de paraitre sur ce sujet est bien loin d'en apporter. Au passage on comparera la rapidité des conclusions concernant le crash de l'avion algérien qui s'est écrasé peu après au-dessus du Mali et la lenteur des mêmes conclusions concernant le vol MH 17 dont on se demande si on les aura un jour. On pourrait croire que dans les deux cas, vitesse excessive d'un côté, lenteur surprenante de l'autre, que la vérité n'a pas forcément intérêt à émerger.
Cela étant dit, en tout état de cause, on peut affirmer aujourd'hui que les sanctions  prises par l'UE, je ne parle pas des Américains qui ont cette habitude de sanctionner les régimes qui ne leur font pas allégeance, n'étaient en aucun cas justifiées par les raisons alléguées. Reste qu'à ce jour et malgré un premier rapport intermédiaire qui n'est même pas foutu de déterminer quel type d'arme a été utilisé (au vu des photos des impacts et des trous de forme régulière qu'on peut voir sur la carlingue, l'hypothèse d'un tir canon air-air est loin de pouvoir être exclue, donc forcément un tir ne venant ni des séparatistes et pour cause, ni des Russes), les sanctions ont été maintenues.

Et donc aujourd'hui un nouvel ensemble de sanctions semblerait être en phase d'être annoncé officiellement.
Là-aussi on peut s'étonner. L'annonce préliminaire de ces sanctions se situait à un moment où l'armée ukrainienne se prenait une pilée qu'on a justifiée par la présence de forces russes sans encore qu'aucune preuve sérieuse ait pu être exposée. Mais à ce moment on donnait à la Russie une semaine pour "rectifier le tir". Et juste une semaine plus tard était signée une trêve entre les séparatistes et le gouvernement putschiste de Kiev dont il semble, et c'est Kiev qui le dit, que malgré quelques débuts difficiles, elle est globalement respectée. Et c'est donc à ce moment où l'horizon semble s'éclaircir, au moment où un règlement politique semble pouvoir prendre le relais d'une guerre civile, que l'UE acte le train de sanctions contre la Russie. L'UE sanctionne donc l'action diplomatique de la Russie en vue de l'instauration d'une paix durable en Ukraine.

Il faudrait être complément idiot, fêlé de la calebasse pour ne pas comprendre que l'Ukraine n'est qu'un prétexte à l'affaiblissement de la Russie, que l'UE, volontairement ou sous pression, en fait les deux à priori, je vais y revenir, s'est transformée en agent de la politique extérieure d'Obama, accessoirement prix Nobel de la paix.
En fait les choses, semble-t-il, n'ont pas été simples. Malgré le peu de publicité faite à ce sujet, il est clair que certains pays membres de l'UE (à priori Autriche, Finlande, Suède, Slovaquie, Italie – tout ça sous réserve) n'étaient pas d'accord du tout pour sanctionner la Russie dès lors que la voie de la diplomatie semblait être réouverte. D'autant plus que il est évident qu'il y aura une série de contre-sanctions qui continuera à affaiblir une UE déjà pas tellement en forme. Il semble donc qu'on ait forcé la main à certains pays. Par ailleurs, on peut se demander si l'allégeance des autres pays, dont la France et l'Allemagne, pays dont les dirigeants ont été largement espionnés par leur alliés américains sans que finalement à part quelques protestations de principe on s'en soit réellement ému, donc on peut se demander si les écoutes de la NSA n'ont pas créé les conditions pour avoir tous ces dirigeants à la botte de cet allié aux méthodes douteuses. C'est un euphémisme.

On aurait envie de crier "au fou!" si on ne comprenait pas qu'il s'agit bien là d'une stratégie où l'UE joue le rôle qu'elle semble désormais préférer, celui de supplétif, d'où, je le répète, l'Ukraine est exclue. Ce n'est juste qu'un prétexte et d'ailleurs cette politique imbécile et dangereuse de sanctions présente désormais un risque certain pour ce pays. Doit-on poursuivre, la Russie doit-elle encourager un processus de paix dès lors qu'elle est de toute façon sanctionnée? Peut-être finalement est-il plus intéressant pour elle d'envahir l'est de l'Ukraine, en tout cas pas plus nocif que de créer les conditions de négociations ou encore de s'en tenir à une position d'aide mesurée aux séparatistes, une aide qu'on pourrait comparer à celle apportée par les occidentaux, via en particulier certaines officines dites privées type blackwater au gouvernement putschiste de Kiev et à ses milices évoquées dans le précédent billet

Mais en fait, je pense qu'on peut vraiment crier "au fou!". Car ces nouvelles sanctions qui visent à nuire à l'industrie pétrolière du pays, quitte au passage à mettre en difficulté des compagnies occidentales, preuve que la détermination est grande de démolir la Russie, prennent cette tournure qui fait que désormais tout devient possible.
Car la Russie ne se laissera pas étrangler. Et à un certain stade il est quasiment certain que c'est la guerre qui s'imposera comme issue à une crise si celle-ci devient profonde.
Les Américains n'aiment pas Poutine et réciproquement. Ils préféraient évidemment l'ivrogne Eltsine qui leur permettait de piller les ressources de la Russie via les Khodorkovski ou autres. Poutine c'est celui qui leur dit "non!" quand il s'git de préserver les intérêts de son pays. Nous aimerions en Europe avoir de tels dirigeants, et à la tête de l'UE. Car il est triste de constater que ceux qui n'ont que l'Europe à la bouche sont les principaux artisans de la colonisation de cette dernière, le fameux traité transatlantique constituant l'acte fondateur de cette colonisation. Simultanément en encourageant une immigration et en interdisant l'intégration, le mouvement en sera d'autant plus facilité dès lors que les identités nationales auront disparu et que la référence à une civilisation européenne  sera oubliée. Le rêve de l'OMC se réalise dont un des anciens présidents, Peter Sutherland (qui fut également patron du GATT) comme par hasard nommé à l'ONU comme responsable des mouvements de population déclarait en 2012 devant la chambre des Lords "il y a liberté mondiale des mouvements des capitaux, il y a liberté mondiale des mouvements  des biens et services, je souhaite la liberté mondiale des personnes, les hommes ont liberté d'aller partout dans le monde", et "il faut détruire l'unité interne des nations européennes". Pas de problème, il est entendu et même écouté. Et évidemment dans ce cadre la Russie et ses frontières font tache.
Comprenons donc bien que le mouvement qui est en marche tend à éliminer les obstacles. Et la Russie en est un. N'oublions pas que cette dernière est membre des BRICS  et que ceux-ci viennent de mettre en place, pour eux, une alternative au FMI et à la banque mondiale. N'oublions pas que la Russie et la Chine s'engagent dans une voie où le dollar ne serait plu la référence en termes d'échanges internationaux. Et ça c'est évidemment inacceptable. Et vous voyez donc que là-dedans l'Ukraine ne représente rien, absolument rien, que son sort tout le monde s'en tamponne, sauf peut-être les Russes, mais que la crise ouverte par l'UE, entretenue par les américains sous la forme d'aides publiques ou privées (voir à ce sujet les vantardises de Soros) constitue le prétexte, même pas idéal d'ailleurs quand on s'attache aux faits et notamment aux faits présents, mais ça on s'en fout, pour tenter de régler son compte à la Russie.

Mais le problème, c'est que c'est un morceau de choix qui ne se laissera pas faire. Les occidentaux croyant que le monde fonctionne comme eux ont sans doute espéré que le peuple russe craignant les effets des sanctions allait s'opposer à son président. C'est l'effet inverse qui s'est produit. Et connaissant un peu ce pays, si certains espèrent une alternative, ils risquent si elle se réalise de s'en mordre les doigts car l'hypothèse le plus probable est que dans ce cas ce serait les ultra-nationalistes qui prendraient la place, faisant passer le président actuel pour joyeux un boy-scout.
La guerre n'est donc pas une hypothèse dont la probabilité est négligeable. Cette option sera préférable à un chaos interne du fait d'une économie sinistrée à cause de sanctions ayant ce but. C'est pour moi une certitude. Et évidemment cette guerre sera nucléaire, peut-être de" faible intensité" mais nucléaire quand même avec  l'usage d'armements nucléaires tactiques, faciles d'emploi, indécelables car très mobiles et dont l'armée russe dispose en masse contrairement à l'OTAN en Europe d'ailleurs. Ce sera là un rééquilibrage d'une potentielle infériorité dans un cadre conventionnel, même si par ailleurs il n'existe pas d'armée otanienne et que donc ce déséquilibre ne connaitra des effets qu'à moyen terme. En outre dans le cadre des tensions existant entre les Etats-Unis et la Chine, prémices d'une lutte pour la suprématie mondiale, il n'est pas sûr que cette dernière reste neutre. En tout état de cause, ça fera mal à tout le monde, et surtout à l'Europe.

A un moment de l'histoire du monde où depuis le prise de fonction d'Obama et de son discours du Caire, l'islamisme sunnite connait des heures prospères et en vient à être considéré comme le danger n°1, car menaçant même les Etats, nos Etats, de l'intérieur, on peut s'interroger sur cette volonté subite d'affaiblir le pays et le chef d'Etat en pointe dans la lutte contre ce fléau, cela au risque d'une guerre qui ferait disparaitre de la scène internationale le second rideau de cette lutte.
C'est un service immense rendu à ceux que par ailleurs on prétend vouloir combattre tout en continuant à aller baiser la babouche de ceux qui les financent. Doit-on y voir une intention, une intention contraire aux discours officiels qui ne peuvent être que ce qu'ils sont, car destinés à des peuples qui ne peuvent entendre que ce genre de discours? Je vous laisse juges.
En tout cas pour ma part, j'ai honte de cette Europe non seulement incapable de protéger es intérêts, et même tout simplement d'exister. J'ai honte de cette Europe qui lutte contre elle-même sur un claquement de doigt. Elle ne mérite pas d'exister et elle disparaitra. Reste à voir comment, l'idéal étant que ce processus vienne des nations. Mais compte-tenu des dirigeants de ces dernières, ce sera sur ses peuples qu'il faudra compter.

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