L'UE, semble-t-il, a décidé de
mettre en œuvre un nouveau train de sanctions contre la Russie.
Si on veut faire un historique
des sanctions, on découvrira que les premières sanctions significatives ayant
amené une riposte de la part de la Russie que subissent actuellement les producteurs
d'agro-alimentaire ont été prises suite au crash du vol MH 17 dont la Russie a
été désignée directement ou indirectement comme coupable. Il y avait des
preuves soi-disant. Or s'agissant de preuves, rien n'a été mis sur la table et
le rapport préliminaire qui vient de paraitre sur ce sujet est bien loin d'en
apporter. Au passage on comparera la rapidité des conclusions concernant le crash
de l'avion algérien qui s'est écrasé peu après au-dessus du Mali et la lenteur
des mêmes conclusions concernant le vol MH 17 dont on se demande si on les aura
un jour. On pourrait croire que dans les deux cas, vitesse excessive d'un côté,
lenteur surprenante de l'autre, que la vérité n'a pas forcément intérêt à
émerger.
Cela étant dit, en tout état de
cause, on peut affirmer aujourd'hui que les sanctions prises par l'UE, je ne parle pas des
Américains qui ont cette habitude de sanctionner les régimes qui ne leur font
pas allégeance, n'étaient en aucun cas justifiées par les raisons alléguées.
Reste qu'à ce jour et malgré un premier rapport intermédiaire qui n'est même
pas foutu de déterminer quel type d'arme a été utilisé (au vu des photos des
impacts et des trous de forme régulière qu'on peut voir sur la carlingue, l'hypothèse
d'un tir canon air-air est loin de pouvoir être exclue, donc forcément un tir
ne venant ni des séparatistes et pour cause, ni des Russes), les sanctions ont
été maintenues.
Et donc aujourd'hui un nouvel
ensemble de sanctions semblerait être en phase d'être annoncé officiellement.
Là-aussi on peut s'étonner.
L'annonce préliminaire de ces sanctions se situait à un moment où l'armée ukrainienne
se prenait une pilée qu'on a justifiée par la présence de forces russes sans
encore qu'aucune preuve sérieuse ait pu être exposée. Mais à ce moment on
donnait à la Russie une semaine pour "rectifier le tir". Et juste une
semaine plus tard était signée une trêve entre les séparatistes et le
gouvernement putschiste de Kiev dont il semble, et c'est Kiev qui le dit, que
malgré quelques débuts difficiles, elle est globalement respectée. Et c'est
donc à ce moment où l'horizon semble s'éclaircir, au moment où un règlement politique
semble pouvoir prendre le relais d'une guerre civile, que l'UE acte le train de
sanctions contre la Russie. L'UE sanctionne donc l'action diplomatique de la
Russie en vue de l'instauration d'une paix durable en Ukraine.
Il faudrait être complément
idiot, fêlé de la calebasse pour ne pas comprendre que l'Ukraine n'est qu'un
prétexte à l'affaiblissement de la Russie, que l'UE, volontairement ou sous
pression, en fait les deux à priori, je vais y revenir, s'est transformée en
agent de la politique extérieure d'Obama, accessoirement prix Nobel de la paix.
En fait les choses, semble-t-il,
n'ont pas été simples. Malgré le peu de publicité faite à ce sujet, il est
clair que certains pays membres de l'UE (à priori Autriche, Finlande, Suède,
Slovaquie, Italie – tout ça sous réserve) n'étaient pas d'accord du tout pour
sanctionner la Russie dès lors que la voie de la diplomatie semblait être réouverte.
D'autant plus que il est évident qu'il y aura une série de contre-sanctions qui
continuera à affaiblir une UE déjà pas tellement en forme. Il semble donc qu'on
ait forcé la main à certains pays. Par ailleurs, on peut se demander si l'allégeance
des autres pays, dont la France et l'Allemagne, pays dont les dirigeants ont
été largement espionnés par leur alliés américains sans que finalement à part
quelques protestations de principe on s'en soit réellement ému, donc on peut se
demander si les écoutes de la NSA n'ont pas créé les conditions pour avoir tous
ces dirigeants à la botte de cet allié aux méthodes douteuses. C'est un
euphémisme.
On aurait envie de crier "au
fou!" si on ne comprenait pas qu'il s'agit bien là d'une stratégie où l'UE
joue le rôle qu'elle semble désormais préférer, celui de supplétif, d'où, je le
répète, l'Ukraine est exclue. Ce n'est juste qu'un prétexte et d'ailleurs cette
politique imbécile et dangereuse de sanctions présente désormais un risque
certain pour ce pays. Doit-on poursuivre, la Russie doit-elle encourager un
processus de paix dès lors qu'elle est de toute façon sanctionnée? Peut-être
finalement est-il plus intéressant pour elle d'envahir l'est de l'Ukraine, en
tout cas pas plus nocif que de créer les conditions de négociations ou encore de
s'en tenir à une position d'aide mesurée aux séparatistes, une aide qu'on
pourrait comparer à celle apportée par les occidentaux, via en particulier certaines
officines dites privées type blackwater au gouvernement putschiste de Kiev et à
ses milices évoquées dans le précédent billet
Mais en fait, je pense qu'on peut
vraiment crier "au fou!". Car ces nouvelles sanctions qui visent à
nuire à l'industrie pétrolière du pays, quitte au passage à mettre en
difficulté des compagnies occidentales, preuve que la détermination est grande
de démolir la Russie, prennent cette tournure qui fait que désormais tout devient
possible.
Car la Russie ne se laissera pas
étrangler. Et à un certain stade il est quasiment certain que c'est la guerre
qui s'imposera comme issue à une crise si celle-ci devient profonde.
Les Américains n'aiment pas
Poutine et réciproquement. Ils préféraient évidemment l'ivrogne Eltsine qui
leur permettait de piller les ressources de la Russie via les Khodorkovski ou
autres. Poutine c'est celui qui leur dit "non!" quand il s'git de
préserver les intérêts de son pays. Nous aimerions en Europe avoir de tels
dirigeants, et à la tête de l'UE. Car il est triste de constater que ceux qui
n'ont que l'Europe à la bouche sont les principaux artisans de la colonisation
de cette dernière, le fameux traité transatlantique constituant l'acte
fondateur de cette colonisation. Simultanément en encourageant une immigration
et en interdisant l'intégration, le mouvement en sera d'autant plus facilité
dès lors que les identités nationales auront disparu et que la référence à une
civilisation européenne sera oubliée. Le
rêve de l'OMC se réalise dont un des anciens présidents, Peter Sutherland (qui fut
également patron du GATT) comme par hasard nommé à l'ONU comme responsable des
mouvements de population déclarait en 2012 devant la chambre des Lords "il
y a liberté mondiale des mouvements des capitaux, il y a liberté mondiale des mouvements des biens et services, je souhaite la liberté
mondiale des personnes, les hommes ont liberté d'aller partout dans le
monde", et "il faut détruire l'unité interne des nations
européennes". Pas de problème, il est entendu et même écouté. Et
évidemment dans ce cadre la Russie et ses frontières font tache.
Comprenons donc bien que le
mouvement qui est en marche tend à éliminer les obstacles. Et la Russie en est
un. N'oublions pas que cette dernière est membre des BRICS et que ceux-ci viennent de mettre en place,
pour eux, une alternative au FMI et à la banque mondiale. N'oublions pas que la
Russie et la Chine s'engagent dans une voie où le dollar ne serait plu la
référence en termes d'échanges internationaux. Et ça c'est évidemment
inacceptable. Et vous voyez donc que là-dedans l'Ukraine ne représente rien,
absolument rien, que son sort tout le monde s'en tamponne, sauf peut-être les
Russes, mais que la crise ouverte par l'UE, entretenue par les américains sous
la forme d'aides publiques ou privées (voir à ce sujet les vantardises de Soros)
constitue le prétexte, même pas idéal d'ailleurs quand on s'attache aux faits
et notamment aux faits présents, mais ça on s'en fout, pour tenter de régler
son compte à la Russie.
Mais le problème, c'est que c'est
un morceau de choix qui ne se laissera pas faire. Les occidentaux croyant que
le monde fonctionne comme eux ont sans doute espéré que le peuple russe
craignant les effets des sanctions allait s'opposer à son président. C'est
l'effet inverse qui s'est produit. Et connaissant un peu ce pays, si certains
espèrent une alternative, ils risquent si elle se réalise de s'en mordre les
doigts car l'hypothèse le plus probable est que dans ce cas ce serait les
ultra-nationalistes qui prendraient la place, faisant passer le président
actuel pour joyeux un boy-scout.
La guerre n'est donc pas une
hypothèse dont la probabilité est négligeable. Cette option sera préférable à
un chaos interne du fait d'une économie sinistrée à cause de sanctions ayant ce
but. C'est pour moi une certitude. Et évidemment cette guerre sera nucléaire,
peut-être de" faible intensité" mais nucléaire quand même avec l'usage d'armements nucléaires tactiques,
faciles d'emploi, indécelables car très mobiles et dont l'armée russe dispose
en masse contrairement à l'OTAN en Europe d'ailleurs. Ce sera là un
rééquilibrage d'une potentielle infériorité dans un cadre conventionnel, même
si par ailleurs il n'existe pas d'armée otanienne et que donc ce déséquilibre
ne connaitra des effets qu'à moyen terme. En outre dans le cadre des tensions
existant entre les Etats-Unis et la Chine, prémices d'une lutte pour la suprématie
mondiale, il n'est pas sûr que cette dernière reste neutre. En tout état de
cause, ça fera mal à tout le monde, et surtout à l'Europe.
A un moment de l'histoire du
monde où depuis le prise de fonction d'Obama et de son discours du Caire,
l'islamisme sunnite connait des heures prospères et en vient à être considéré
comme le danger n°1, car menaçant même les Etats, nos Etats, de l'intérieur, on
peut s'interroger sur cette volonté subite d'affaiblir le pays et le chef
d'Etat en pointe dans la lutte contre ce fléau, cela au risque d'une guerre qui
ferait disparaitre de la scène internationale le second rideau de cette lutte.
C'est un service immense rendu à
ceux que par ailleurs on prétend vouloir combattre tout en continuant à aller
baiser la babouche de ceux qui les financent. Doit-on y voir une intention, une
intention contraire aux discours officiels qui ne peuvent être que ce qu'ils sont,
car destinés à des peuples qui ne peuvent entendre que ce genre de discours? Je
vous laisse juges.
En tout cas pour ma part, j'ai
honte de cette Europe non seulement incapable de protéger es intérêts, et même
tout simplement d'exister. J'ai honte de cette Europe qui lutte contre
elle-même sur un claquement de doigt. Elle ne mérite pas d'exister et elle disparaitra.
Reste à voir comment, l'idéal étant que ce processus vienne des nations. Mais
compte-tenu des dirigeants de ces dernières, ce sera sur ses peuples qu'il
faudra compter.
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