Mon précédent billet sur le sujet
démontrait qu'une partie des membres de ce gouvernement ukrainien était composé
d'individus pas particulièrement recommandables auxquels pourtant les
occidentaux et la France en particulier apportent un soutien sans faille. Cela
pourrait être risible, mais dans les faits ça ne l'est pas du tout, quand on
considère les réactions de la gauche de gouvernement à la montée du FN lors du
premier tour des municipales tandis que ce parti semble bien inoffensif si on le compare au parti socialiste-national
(l'inversion est de leur fait, sans doute dans le vain espoir de paraitre
respectables) Svoboda, mot signifiant, on n'en est plus à une démonstration de cynisme
près, "liberté".
Donc il y a eux qui disposent de
5 ministres dans ce gouvernement, et il y a les autres, et en particulier ceux
du parti "pro-occidental" de Ioulia Timochenko, nommée aussi "la
princesse du gaz" en référence à l'origine de sa fortune acquise selon des
méthodes qui lui ont valu de se retrouver par deux fois derrière les barreaux.
Elle n'est certes pas dans ce gouvernement, des problèmes de santé l'éloignant
provisoirement, hélas, des lieux du pouvoir, mais ses fidèles serviteurs
occupent quelques-uns des postes-clé dont ceux de président et premier
ministre, par intérim.
Actuellement en Allemagne pour se
faire soigner, la charmante Ioulia ne délaisse pas les affaires et use de son
influence. Ses prises de paroles publiques n'ont rien d'apaisant, mais celles
qu'elle tient en privé donnent des frissons dans le dos.
Ainsi, il y a peu une
conversation téléphonique entre elle et un député, Nestor Shufrych, du parti des régions (le parti de
Ianoukovitch) a été interceptée par on ne sait qui (!), comme fut interceptée une
conversation téléphonique entre la brillante Catherine Ashton et le premier
ministre estonien au cours de laquelle on apprenait que l'origine des massacres
de la place de l'Indépendance était pour le moins douteuse. Tiens, au fait! Où
en est l'enquête sur ce sujet? Les accusations étaient graves et de nature à
remettre complètement en cause les thèses défendues par les occidentaux quant à
l'explication (la justification) de ce coup d'Etat réussi. Je n'ose pas croire
que nos démocraties, qui se posent invariablement du côté du bien, du juste et
de la morale, se parant au passage du
titre de "communauté internationale", excusez du peu, aient fait
l'impasse sur une enquête rigoureuse permettant d'innocenter leurs protégés. On,
non, ça va venir, n'en doutons pas. Obama, Hollande, Cameron, Merkel et les
autres sont des gens bien trop honnêtes pour évacuer l'affaire, la glisser sous
le tapis en attendant que tout le monde l'ait oubliée. Comment? Vous doutez?
Mais revenons à la sulfureuse
Ioulia et à cette conversation dont j'espère nos médias se feront le relais, soucieux
qu'ils sont de nous fournir une information objective. La conversation a bien
eu lieu, authentifiée par Timochenko, sauf une phrase, soi-disant ayant fait
l'objet d'un montage.
La voici :
(Nota : les passages en gras et
soulignés l'ont été de mon fait)
Nestor Shufrych : "Concernant tout ce dossier criméen,
je te le dis, je suis juste sous le choc. Je parlais à une de nos connaissances
aujourd'hui, et il était en larmes. J'ai demandé, qu'est ce que nous allons
faire maintenant ?
Ioulia Timochenko : Je
suis prête à m'emparer d'une mitrailleuse et tirer une balle dans la tête de
ses fils de p****
N. S. : Je lui ait parlé hier, si un conflit armé éclatait
moi et mon frère ainé, en tant qu'officiers de réserve, nous prendrons nos
armes et irons défendre notre pays.
I.T : Cela dépasse vraiment toutes les limites. Il est temps de prendre nos armes et
d'aller tuer ces maudits russes ainsi que leur leader. (N.S. manifeste son accord). Je
regrette de ne pas être la actuellement et de n'avoir pas été en charge du
processus. Il n'y aurait eu aucune putain de manière pour qu'ils obtiennent la
Crimée.
N.S : J'y pensais également en réalité. Si tu avais été là
cela ne serait pas arrivé. Mais de toute manière, nous n'avions aucune force
potentielle. Tu sais, la chose la plus offensante c'était ça.
I.T : J'aurais
trouvé un moyen de tuer ces connards. J'espère que je serai capable de
d'impliquer toutes mes relations. Et
j'utiliserai tous mes moyens pour faire se soulever le monde entier afin qu'il
n'y ait même plus un champ brulé en Russie.
N.S : Bon, je suis plus que ton simple allié ici.
Aujourd'hui, nous avons eu une rencontre entre leaders des factions
(parlementaires) dans la matinée, après laquelle j'ai parlé à Viktor
(probablement Tourchinov). Il a demandé : "Que devrions nous faire maintenant avec les 8 millions de russes qui
sont restés en Ukraine ? Ce sont des parias !"
I.T : Ils doivent
être détruits avec des armes nucléaires (c'est
la seule phrase contestée par Timochenko)
N.S : Je ne vais
pas te contredire ici, parce que ce qui s'est passé est
absolument inacceptable. Mais il y a une autre option, certaines de leurs
actions violent clairement le droit et nous avons à prendre des mesures à un
niveau international.
I.T : Nous allons porter cela devant la Cour Pénale
Internationale de La Haye."
Chacun pourra apprécier le langage
fleuri et de paix de la blonde Timochenko, et sa volonté de contribuer à un règlement
pacifique de la crise. La double crise en fait. Celle de la Crimée, dorénavant
ayant rejoint la Russie, et celle de l'avenir de l'Ukraine, de la capacité de
faire cohabiter dans un même pays des populations revendiquant des identités
différentes.
La solution, et c'est vrai
qu'elle est pratique, efficace et durable, même si elle apparait quand même un
peu irréaliste, du moins peu réalisable, pour être davantage précis, pour la
gentille Ioulia, du moins considérée comme telle par ceux qui nous gouvernent, quelle
sagacité!, consiste en l'élimination physique de tout ce qui gêne.
En ben dis donc! On n'est pas
sorti du merdier avec des gens comme ça, hein!
Afin toutefois d'être juste, je
reviens sur cette phrase contestée pat Timochenko : Ils (les 8 millions de Russes vivant en Ukraine, des
parias selon le président Ukrainien Tourchinov, accessoirement un des fidèles
de Timochenko) doivent être
détruits avec des armes nucléaires.
Elle affirme avoir dit : "
les Russes en Ukraine, ce sont des Ukrainiens."
D'une part ça sonne assez mal
avec la tonalité général de la conversation, et ça concorde peu avec "Il est temps de prendre nos armes et
d'aller tuer ces maudits russes ainsi que leur leader.", propos tenu juste avant. La réponse du
député s'accorde également mieux avec la phrase qu'elle réfute.
D'autre part, les Russes d'Ukraine demandent justement à conserver
leurs particularités, notamment leur langue. Et donc si la phrase alléguée par
Timochenko est exacte, ce dont je doute, elle n'irait pas non plus dans le sens
d'une résolution du problème.
Voilà donc où on en est. Entre une Timochenko, pas encore aux affaires,
mais tirant encore beaucoup de ficelles, qui veut tuer tout le monde, et un
président considérant les Russes d'Ukraine comme des parias, nous voilà
persuadés que les occidentaux, l'UE, la France, ont choisi le bon cheval, celui
capable d'instaurer une ère de paix durable dans la région. Et évidemment ne
parlons pas de ceux évoqués dans le précédent billet sur le sujet et qui
doivent sans doute applaudir aux propos de Timochenko. Si on voulait déclencher
un conflit, on ne ferait sans doute pas mieux.