Pendant
que j'écris ce billet j'apprends que la famille renvoyée au Kosovo ne serait pas
originaire de là-bas, ce qui explique certaines incohérences comme le fait pour
Léonarda d'affirmer qu'elle ne parle pas l'Albanais alors qu'elle aurait vécu
11 ans là-bas, mais d'Italie. La famille aurait menti, selon le père. Ce qui
met du piment dans l'affaire car l'imagine qu'à part les terroristes accueillis
par Mitterrand, on n'a pas dû accueillir de réfugiés politiques venant de ce
pays depuis l'époque mussolinienne.
Cependant
ça ne change pas grand-chose à ce que je veux dire.
Que voilà une affaire
intéressante! Une triste affaire pour certains, une affaire tout à fait normale
pour d'autres même si on peut apporter des nuances à cela. Mais enfin une
affaire qui n'en est qu'une parmi d'autres après tout sauf que l'émotion que
celle-ci a suscité peut-être pour de bonnes raisons d'ailleurs montre d'une
part les clivages qui existent au sein de la gauche de pouvoir au sujet de
l'immigration illégale, et oblige, ou devrait obliger, car avec celui-ci rien
n'est moins sûr, le gouvernement à
préciser sa politique dans ce domaine.
Ça pourrait commencer comme un
conte, mais pas de fées.
Il était une fois une famille qui
était parvenue illégalement en France à partir du Kosovo, un pays pourtant tout
à fait respectable puisque nous avons contribué à sa création en en chassant à
coup de bombes les vilains Serbes qui en étaient les maitres, et l'avons
reconnu en tant qu'Etat souverain en même temps qu'une centaine d'autres Etats.
Cette famille fut donc accueillie en France au titre d'une demande d'asile,
procédure ma foi fort longue puisque ponctuée de multiples voies de recours en
cas de refus. Pendant tout ce temps, 4 années, cette famille fut prise en charge
par le contribuable français qui lui fournit généreusement le gite et le
couvert et ouvrit ses écoles aux enfants, comme il se doit. Mais au bout de
cette longue procédure qui se conclut par un refus de l'asile demandé, pour des
raisons que nous ignorons, sauf une qui est que des membres de cette famille n'avaient
pas un comportement irréprochable, mais n'entrons pas dans les détails, il se
trouva que la famille en question fut invitée à retourner d'où elle venait. Dans
cette famille il y avait des enfants qui avaient pris leurs marques en France, apparemment
mieux que leurs parents. Hélas pourrait-on dire, car on imagine que trop bien
la déchirure que ce doit être pour eux. Ce qui au passage interpelle sur la
longueur des procédures, bien trop excessive, qui ne peut qu'engendrer du
malheur chez les plus jeunes. Mais on ne sépare pas les familles et tous durent
repartir d'où ils venaient, enfin d'où ils étaient supposés venir.
C'est une histoire banale comme
il doit en arriver très régulièrement dans le cadre d'une politique
d'immigration pourtant généreuse puisque le nombre de refoulés par année est de
3 à 4 fois inférieur au nombre d'entrants illégaux. Et pour être clair, ce
genre d'histoire n'émeut guère les Français, qui d'ailleurs dans leur majorité admettraient sans doute mal
qu'il n'en soit pas ainsi, ni même la classe politique occupée à d'autres
choses, même si on se demande parfois lesquelles. Pourtant il arrive de temps
en temps qu'à cause des modalités d'une expulsion, certains se réveillent
envahis par l'émotion, chose dont les responsables politiques devraient
pourtant se garder, car elle est souvent mauvaise conseillère, et perdant toute
mesure s'en viennent à remettre tout le dispositif en cause.
Soyons clair : il est effectivement
choquant de voir un enfant emmené par les forces de l'ordre à la sortie de son
école ou ici d'un bus scolaire, même si dans le cas présent les différentes
versions qu'on peut entendre permettent de s'interroger sur la réalité exacte
des faits. On peut donc légitimement s'en émouvoir, mais juste de cela. Pas du
fait qu'on renvoie cette famille. Si les modalités sont contraires au cadre de
la loi, il faut en sanctionner les responsables, mais ça doit s'arrêter là. Et si
elles ne le sont pas, il fait faire en sorte qu'on ne procède plus ainsi.
Mais non, on n'en restera pas là,
juste là, là où logiquement on aurait dû s'arrêter. Car d'un coup c'est la
politique d'accueil des illégaux qui est remise en cause par certains, à gauche.
Les vieux démons remontent à la surface qui veulent faire de la France une
terre ouverte pour tous les misérables, vrais ou faux de la terre. France terre d'asile ou France poubelle? Si on
refuse de sélectionner ceux qui peuvent rester, ce sera la seconde option qui
prévaudra, ceci aux dépens de ceux qui effectivement méritent de rester, parce
qu'ils sont réellement menacés et parce qu'ils ont choisi la France pour de
bonnes raisons. J'insiste sur bonnes.
Finalement la petite Léonarda et ses malheurs se sont vite effacés, ne
servant que de prétexte à des revendications d'ordre plus général. Certains au
passage en profiteront pour tenter de faire la peau à un ministre de
l'intérieur dont ils pensent certainement qu'il s'est trompé de parti politique,
comme par exemple un certain Vaillant, lui-même ancien ministre de l'intérieur de
Jospin et dont on se souvient de son bilan remarquable qui mena au 21 avril
2002, qui rend publique une lettre adressée à son successeur actuel demandant
de réévaluer le cas d'un jeune Arménien expulsé récemment (quelqu'un
d'effectivement remarquable puisque sa position illégale fut révélée lors d'une
interpellation pour vol – certains socialistes ne changeront donc jamais).
Les réactions hostiles aux
mesures prises amènent une question de fond, notamment quand il s'agit de
parlementaires. Il y a dans notre pays des gens qui sont chargé d'élaborer les
lois et qui appellent à ne pas les exécuter quand elles ne leur plaisent
pas. Comment dans un Etat de droit
peut-on en arriver à de telles perversions de l'esprit de ces responsables,
terme impropre évidemment, dont certains en arrivent, et c'est le summum à
demander des sanctions contre ceux qui sont chargés d'appliquer les lois quand
ils le font? Non mais sérieusement, il faut aller se faire soigner quand on en
arrive là. Ou au moins prendre conscience que ce métier qui devrait être une
vocation n'est pas fait pour soi si on en refuse quelques uns des principes
fondamentaux. Au passage, ce sont sans doute exactement les mêmes qui fustigent
les maires qui refusent de marier les homosexuels, les accusant de ne pas
exécuter les lois, ce en quoi ils ont raison. Quelle cohérence! Et surtout
quelle inconséquence!
Et par ailleurs, pour en revenir
au titre du billet, il se pose autre question de fond, d'ordre politique
celle-là. On constate à l'éclairage des réactions des uns et des autres que
deux lignes se distinguent à gauche et sans doute au sein même du gouvernement.
Une ligne que nous pourrions qualifier de responsable représentée à gauche par
sans doute Valls, Chevènement ou Royal, au moins en paroles, puisque si on se penche
sur les chiffres des expulsions par exemple, on est bien en deçà de ce qui se
passait avant, et une ligne laxiste, généreuse pardon, symbolisée par le duo infernal Taubira-Duflot,
et qui propose d'accueillir toute la misère du monde.
Ah oui! J'allais oublier la ligne
hésitante, celle symbolisée par les propos de notre courageux, ferme et résolu premier ministre qui déclare que s'il y a eu
faute dans la procédure d'expulsion, la famille expulsée reviendra. Sans doute
pour être expulsée dans les règles cette fois-ci puisque tous les recours ont
été épuisés. C'est sans doute aussi la ligne de notre glorieux chef de l'Etat
qui doit en avoir marre d'être appelé à arbitrer entre les deux lignes qui
traversent la majorité, et pas seulement sur ce sujet. D'ailleurs il ne le fait
pas, ou implicitement mais de façon assez vague ou trouble pour qu'on ne sache
pas exactement ce qu'il a décidé. Certains osent encore appeler ça de
l'habileté. Pauvres niais! Ou menteurs!
Et pourtant, si la gauche veut
encore nous faire croire qu'elle est capable de diriger la France, il faut bien
qu'à un moment, et maintenant ne serait pas du luxe, car c'est déjà bien tard,
les Français sachent quelle est sa ligne directrice sur l'immigration et
d'autres sujets dont certains connexes comme la sécurité. Un parti ou une
coalition de gouvernement ne peut pas avoir en permanence de cul entre deux
chaises et donc ne jamais choisir. C'est pourtant ce qui se passe depuis un an
et demi, dans bien des domaines. Et cette attitude se paiera cher. Ça a
d'ailleurs déjà commencé et ça durera longtemps bien après 2017.
N'espérons pourtant pas grand-chose
du côté de l'Elysée ou de Matignon. La routine, quoi!
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