"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 17 mars 2013

Quand le pingouin donne du menton, ça craint


Il faut toujours se méfier des mous. Le mou a cette particularité qu'à force d'être considéré pour ce qu'il est, donc un mou, il lui prend parfois des envies de se démarquer brutalement et surtout de manière inconsidérée de la perception qu'il donne aux autres.
Dans ces conditions, le mou quand il parvient par on ne sait quel miracle, ou par défaut dans le cas qui nous intéresse, aux responsabilités surprend parfois par ses velléités martiales. On passe brutalement des valses hésitations sur tous les sujets et même les moins importants ou les plus superficiels, comme de savoir si aujourd'hui la cravate penchera vers la gauche ou vers la droite ou si encore on y attachera un poids de 10 kilos pour qu'elle ne dévie pas de son axe normal, à des décisions graves, comme par exemple décider de partir en guerre. C'est là qu'on se dit que les mous peuvent être aussi dangereux que les nerveux impulsifs et que la vraie normalitude présidentielle devient une denrée de plus en plus rare. Car après un nerveux impulsif, on se choisit un mou pour calmer le jeu et quand quelques mois plus tard on se rend compte qu'on n'est plus gouverné, car les mous ne savent pas faire ça, on souhaite le retour d'une personne énergique et donc avec toutes les chances de retrouver un nerveux impulsif. Donc pas facile et dangereux, même si tout de même l'activisme du nerveux lui permet de se trouver des alliés susceptibles de partager les efforts, tandis que le mou reste souvent bien seul.

Bon, en ce moment nous avons donc un mou. Affublé de tous les noms pendant sa carrière passée et présente, les derniers en date étant celui de pépère et de pingouin, de temps en temps il se met à ruer dans les brancards. Pas forcément où il faudrait, mais comme sa mollesse s'accompagne d'un manque évident de charisme il ne brille guère en société, sauf dans les comices agricoles où ses bonnes blagues amusent les vieux, il ne parvient jamais à rallier d'autres responsables de poids à ses causes. Et donc il est condamné à agir seul dans le cadre des pouvoirs que la Constitution lui donne de façon fort peu raisonnable. Il ne peut pas dévaluer notre monnaie, il ne peut pas mettre en œuvre la préférence nationale dans les domaines des échanges commerciaux, il ne peut pas aider son industrie, mais il peut faire la guerre, entre autres. Et bien donc il la fait ou encore se met à soutenir des causes assez louches. En fait tant que ça se passe hors du pays et hors de l'UE, on peut faire ce qu'on veut. Dans les autres cas, il faut rester aligné sur les vues d'une commission qui sont celles du FMI ou de l'OMC. Le pauvre Viktor Orban qui dirige la Hongrie en sait quelque chose, lui qui a voulu remettre la main sur sa banque centrale. Et pan sur les doigts! Mais rassurons-nous, avec le mou de telles mésaventures ne peuvent nous arriver. Les regards croisés de Angela et de David effacent de sa mémoire tous les beaux discours tenus la veille et où on nous racontait qu'on allait voir ce qu'on allait voir. Le mou ne peut donner l'illusion du pouvoir que quand il est seul ou avec sa cour, ou encore quand il croise des personnes de haut rang, certes, mais qui appartiennent à des Etats faibles. Le mou peut donc se permettre d'humilier Kabila lors du sommet de la francophonie, mais se fait tout petit quand il se déplace dans d'autres pays, ceux-là puissants ou desquels nous dépendons pour une raison ou une autre, tandis que leurs dirigeants partagent très largement des pratiques communes avec ce pauvre Kabila. Oui je sais, ça fait un peu cour de récré là où les poltrons ne sortent la machine à baffes quand ils sont en face d'un plus faible que soi et certifié, mais c'est comme ça ou du moins c'est ainsi que se conçoit notre politique étrangère.
Mais il est temps que j'en revienne aux coups de menton qui comptent et qui souvent sont corrélatifs à une descente vertigineuse dans les sondages.

Même si depuis la première guerre mondiale, il serait vain de s'attendre à l'union sacrée lors d'un conflit auquel participe notre pays, la guerre, à condition de bien la présenter, peut rendre populaire, même si c'est pour une courte période, le pire des manchots, ces cousins vivant dans l'hémisphère sud des pingouins auxquels nous sommes davantage accoutumés sous nos latitudes. Pour bien présenter une guerre, ne jouez plus comme par le passé sur le sentiment national, ni les intérêts de la France. Faites dans l'émotionnel, parlez des malheureuses victimes, notamment des femmes, ça ça marche bien, dénoncez de monstrueux terroristes sans cœur ni pitié, et qui sont déjà à nos portes (alors qu'on constatera ensuite qu'ils ne sont plus derrière la porte depuis longtemps). Une bonne guerre se fait pour les autres, pour des principes et jamais pour des intérêts propres, je vous laisse choisir la définition adéquate de ce dernier adjectif. Enfin surtout ne dites jamais la vérité. Ne parlez pas par exemple d'un pays où la corruption est le moteur de son fonctionnement, ne parlez pas de l'absence de démocratie, contentez-vous des apparences institutionnelles, ne dites pas que c'est le comportement et le mode de gouvernement des dirigeants de ce pays, les anciens, les présents et sans doute les futurs qui sont à la source de la situation de laquelle vous voulez les sortir sans que pour autant ils aient décidé de changer. Ne dites pas que vous-mêmes vous saviez tout ça depuis longtemps et que vous avez laissé pourrir une situation, sans doute au nom de la souveraineté dudit pays, que vous allez tenter maintenant de restaurer au nom du devoir d'ingérence cette fois, ou bien d'assistance. Les mots n'ont guère d'importance finalement, c'est la perception qu'on donne de la chose qui est importante. Quant à vos ennemis, veillez à bien les qualifier, c'est-à-dire mal. Faites en des terroristes, en vous attachant à leurs méthodes, mais en omettant de donner les vrais motifs de leurs combats et d'en imputer certains à une croyance religieuse. Vous pourriez ainsi stigmatiser dans votre propre pays, et puis l'imprécision pourra toujours vous servir, on le verra.
Bon là, vous avez compris, je parle de l'intervention au Mali dont on ne sait rien ou presque sur les opérations, ce qui n'est guère rassurant. Un conflit dont on nous a volontairement tu les causes, et dont les diplomates qui se sont exprimés sur celles-ci se sont fait virer du quai d'Orsay (voir mon billet d'il y a quelques jours).
Voilà ce qui arrive quand un mou veut démentir sa réputation. Il fonce tête baissée dans une opération pourrie et il le fait seul. Car je serai tenté de demander alors que la Françafrique n'existe plus ou ne doit plus exister selon le même personnage : pourquoi nous? Sommes-nous responsables de la situation? L'idéologie qui est dénoncée si prudemment, en fait sans la nommer, n'est-elle un danger que pour nous? Il me semble par exemple que les Britanniques et les Espagnols en ont davantage souffert dans les dix dernières années. La réponse à toutes ces questions ainsi que les causes profondes du conflit expliquant que l'option militaire choisie, car d'autres options de ce type mais plus légères existaient, si elle a pu sembler nécessaire n'est pas suffisante et même inutile su les dites causes ne sont pas supprimées, font que chaque fois qu'un de nos soldats tombe on ne peut qu'avoir un gout amer. Mort pour quoi? Pour la France? Difficile à croire au sens littéral du terme. Mort pour la protection de la civilisation occidentale menacée? Peut-être mais alors où sont les autres? Mort au cause de l'incurie gouvernementale malienne et pour la corruption? Il y a des chances. Mort pour 3 points dans les sondages et déjà perdus? Espérons que non.

Et voilà donc maintenant, peut-être parce que les sondages redeviennent mauvais, car pourquoi pas il y a deux mois, notre chef de nouveau critiqué par son indécision, décide de mener campagne pour une levée de l'embargo des armes en Syrie et se propose même en cas d'échec de livrer des armes aux rebelles syriens.
Il faut peut-être s'arrêter sur ces rebelles. Qui sont-ils? Pour le moins une mouvance hétéroclite avec des politiques auxquels n'obéissent pas les factions armées, elles-mêmes dominées par les milices islamistes. Les membres de l'ASL, armée syrienne libre, déserteurs de l'armée régulière doivent donner des gages aux islamistes, ou alors restent consignés dans des camps militaires Le colonel Riad al-Assaad, un des fondateurs de l'ASL est assigné à résidence en Turquie avec l'interdiction de se rendre sur le territoire syrien. Vous aurez donc compris à qui on veut donner des armes. Essentiellement des islamistes. Qui eux, contrairement à leurs "frères" au Mali, qui combattent pourtant pour, ou au moins au nom de, la même cause ne sont pas des terroristes. Enfin vous m'aurez compris, la cohérence n'est pas ce qui caractérise le mou quand il lui prend des velléités martiales. Capable d'aider ou de combattre les mêmes individus en fonction de leur localisation géographique ou de leur ennemi du moment ou du lieu, il se lance dans des aventures pour le moins délicates et qui risquent de nous coûter cher à terme. En fait dans le cas syrien, aucune leçon d'un passé très récent pourtant n'a été tirée des conséquences à armer des islamistes. Quant au contrôle de ces armes, c'est un vœu pieu auquel personne ne peut croire une seconde.
Par ailleurs on notera que tout ceci est illégal sur le plan international, l'opposition syrienne (laquelle?) n'étant pas reconnue par les instances internationales dont l'ONU qui n'a pas donné mandat à la France, ni à personne de renverser Bachar el Assad.
A moins que la France soit devenu le vassal du Qatar, un des principaux soutiens de la rébellion, version islamiste, dont les intérêts dans la zone ne sont pas qu'idéologiques mais aussi économiques puisque la Syrie de El Assad reste le dernier obstacle à la mise en œuvre d'un gazoduc exportant le gaz qatari vers l'Europe via la Turquie qui deviendrait pays répartiteur. On comprend ici les intérêts américains pour ce conflit puisque c'est une manière d'affaiblir les Russes, principal fournisseur de gaz à l'Europe et de donner un rôle stratégique majeur à la Turquie qu'ils souhaitent tant, allez comprendre pourquoi, voir intégrer l'union européenne. Dans ce jeu, on a du mal à comprendre le rôle de la France, sauf si notre président s'est fait embobiner par Obama, car elle n'a rien à y gagner. A moins que dans ce cas particulier, sa haine de Poutine soit devenu son moteur. C'est un truc qui arrive aux mous quand ils ne peuvent affronter de front leurs adversaires que de jouer par la bande. Même si le résultat doit être l'émergence d'un nouvel Etat islamiste dans la zone.
Enfin de tout cela, de cette bataille énergétique qui sous-tend le conflit, on ne nous parlera pas. Comme pour le Mali, on se concentrera sur les victimes qui, en une semaine, dans la bouche du président sont passées de 40000 à 70000, sans qu'il nous explique qu'elles appartiennent aussi aux deux camps. Cependant cette fois, il semblerait que même le discours larmoyant ne porte pas ses fruits et donc ne suscite pas l'enthousiasme dans la population. Va falloir se trouver une autre guerre.

5 commentaires:

  1. Salut expat
    On est dans la mouise, 10 mois avec"cherchez l'erreur" et les français qui regrettent le nain , quasi 6 électeurs sur 10
    Le coup des armes aux "rebelles" syriens ,nébuleuse hétérogène,un coup médias et pour faire risette à l'opinion? ????
    Pourquoi ne pas leur livrer des missiles sol air tant qu'on y est...vivons dangereusement, incroyable, sans queue ni tête
    Tu te souviens des mêmes missiles sol air russes très performants qui ont disparu après l'affaire libyenne, mon ptit doigt me dit qu'ils vont réapparaître un de ces 4 matins......cf cette vidéo en irak avec un énergumène qui abat un avion devant une équipe de journalistes us médusés. ....avec ce type d'armement, très efficace. ...

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  2. Salut JJ,
    je crois que les missiles sol-air sont dans le lot. On parle d'armes défensives, ce qui ne veut pas dire rand chose puisque en général ce n'est pas l'arme en tant que telle qui importe pour connaitre sa destination mais la situation dans laquelle elle est employée.
    J'ai du mal à comprendre ce qui les pousse, d'autant plus qu'on n'a pas d'intérêts là-bas, juste des coups à prendre.
    Ceci dit vu la cure d'amaigrissement qu'ils veulent faire subir à l'armée, faut bien qu'ils refourguent les stocks. C'est le Qatar qui va raquer. Ou le contribuable. Plus surement.

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  3. ce qui me gêne est cette conviction qui taraude: il n'invente rien et décide selon des moteurs flous dans l'international
    attitude vis à vis des pays du Sud, est ce pour calmer Mélenchon ou le conforter pour qu'il agite et qu'on puisse dire au Nord "vous voyez ça marche pas avec nos citoyens, gagner du temps

    Mali,on ne saura jamais qui a dicté in fine, un pingouin se prendrait il pour manchot empereur, le coup du terroriste ça va bien un moment, l'impression qu'on a propagé le bordel

    and now la Syrie, dans la faisabilité il n'a pas du lire la notice ou laquelle

    il est plus silencieux que mou je crois, il louvoie, attend et fait ce qu'on lui dicte parfois

    NS nous aurait propulsés en Syrie,laissé tomber le Mali et le pire c'est qu'on est incapables de juger

    juste une musique...Obama préfèrerait les fréres musulmans pour ranger l'islam

    parce qu'au fond que fait on? on range l'islam assis sur les terres précieuses

    grand échiquier, qui a les blancs les noirs?

    La France petite main en avant poste?

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  4. L'intervention en Libye était une connerie. A la limite, et en considérant avec une bienveillance sans doute malhonnête que les spécialistes de la zone n'avaient pas tout perçu, on pourrait se dire que c'est l'expérience à postériori qui permet de la juger ainsi. Mais cette expérience existant, la nature des forces rebelles en Syrie étant de plus bien connues, ce serait davantage qu'une erreur que de leur fournir des armes. Pourtant il semble que certains sans doute y étant fortement incités par Obama pour diverses raisons (lutte contre a Russie, promotion de la Turquie - au détriment d'une Europe déjà complètement foutue, énergétiques, anti-chiites iraniens...) soient prêts à franchir le pas. Sinon, je ne vos aucun motif rationnel de faire cela. Et qu'on arrête de nous bassiner avec un nombre de victimes oscillant en fonction du besoin de faire pleurer les foules. Chacun sait qu'on n'intervient pas pour ça, sinon on serait en guerre avec beaucoup de monde.
    En tout cas ce gouvernement, et surtout Hollande dont personne ne sait quels sont ses projets intérieurs ou extérieurs ou même s'il en a, commencent à foutre les jetons.

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  5. allez chez Dreuz info, là, c'est complet comme "peur sur la planète"

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