"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 1 mars 2013

Le droit de casser : une nouvelle originalité socialiste


Les socialistes sont en plein désarroi. D'après un récent sondage qui confirme une rechute sévère de l'exécutif dans l'opinion (-5 points) après un mois de stabilité consécutif à une guerre qu'on a voulu présenter comme triomphale alors qu'elle n'avait même pas encore commencé, et de ça on commence à se rendre enfin compte, donc d'après un récent sondage même presque 30% des socialistes ne font plus confiance à monsieur pette blague et à son ancien copain des bancs de l'assemblée nationale et qui fait office de premier ministre. C'est quand même pas terrible! Même si par ailleurs on peut estimer que ce n'est que justice. Les promesses de campagne ne sont pas tenues, la situation générale se détériore chaque jour, et on nous annonce de nouvelles restrictions sans qu'on imagine un instant que celles-ci amèneront une amélioration à terme de la situation. Il n'y a pire impression que celle qui présente un gouvernement en permanence sur la défensive, c'est-à-dire ne pouvant tenter que de réagir à des choses qu'il ne maitrise pas. Ce qui se traduit concrètement par des annonces démenties dans les jours qui suivent. "Nous tiendrons quoiqu'il en coûte l'objectif des 3%", "L'objectif est devenu intenable, selon la cour des comptes, donc nous sommes obligés de réviser nos projections. Mais rassurez-vous, l'an prochain on sera sur les rails". "Il n'y aura que les riches qui seront touchés par les hausses d'impôts" , "nous devons geler le barême de l'impôts pour cette année, donc ne pas tenir compte de l'inflation". "Augmenter la TVA serait d'une grande injustice pour les classes les plus défavorisées", "Nous devons augmenter la TVA". "Nous inverserons la courbe du chômage en 2013", "La conjoncture internationale ne pourra pas nous permettre de tenir cet objectif, mais rassurez-vous, ce n'est que partie remise" (là j'anticipe mais sans grand risque de me tromper). "Nos troupes commenceront à se désengager dès le mois de mars du Mali", "Nous devrons sans doute attendre juillet pour pouvoir entamer le désengagement de nos troupes" (prudence étant de ne pas préciser l'année). Et on pourrait continuer longuement d'énoncer ainsi cette litanie des annonces et promesses annulées ou contredites. C'est la marque de ce pouvoir qui en fait ne peut rien ou peu. Et c'est de ce peu qu'il faut s'inquiéter. Il ne touchera pas aux conditions de vie des Français, mais sera juste constitué des mesures nécessaires à conforter la clientèle de ce pouvoir, quitte pour cela à saper les fondamentaux de notre société, ou à créer des conditions susceptibles d'aggraver encore davantage la situation de ce pays. S'agissant des fondamentaux nous avons eu ce fameux mariage pour tous qui, avec l'adoption, et plus tard, car nous n'y couperons pas, dans 5 ans, dans 10 ans ou dans 20 ans, avec la légalisation de la PMA et de la GPA (déjà légalisées de fait dès lors qu'on va faire ça à l'étranger – voir la circulaire Taubira sur l'acquisition de la nationalité qui constitue une reconnaissance de cet état de fait), remettra complètement en cause les notions de famille et de filiation. S'agissant des mesures démagogiques dont les conséquences sont à terme nuisibles, nous avons cette fameuse loi dite d'amnistie sociale, votée au Sénat il y a peu et qui passera devant l'assemblée courant mai. C'est de cette loi dont je veux parler dans ce billet, après ce bref rappel de la pétaudière qu'est devenue la maison France après même pas 10 mois de socialisme.

Voyons tout d'abord les protagonistes de cette loi avant d'en voir le contenu. Il y a ceux qui la proposent : les communistes et plus largement le front de gauche. Rien d'étonnant à cela quand on verra son contenu. Il y a les soutiens inconditionnels : les cocos version bio, c'est-à-dire les verts. Il y a ceux qui s'y opposent : la droite et le centre. Et il y a ceux qui se trouvent le cul entre deux chaises : les socialistes. Les socialistes dans le fond ne sont pas très réjouis à l'idée de cette loi. Comme ils sont au pouvoir, ils risquent d'en subir les effets néfastes et de renforcer la vision laxiste qu'on peut avoir d'eux quant à ce qui a trait à la justice. Par ailleurs étant donné tout ce qui vient d'être décrit précédemment, comment pourraient-ils ne pas envoyer de signaux d'encouragement à leurs alliés de circonstance, pour le mois embarrassants mais dont ils ne peuvent guère se passer. Donc, à l'image du président issu de leurs rangs ils vont couper le poire en deux : ils voteront la loi après l'avoir amendé pour en réduire les effets. Finalement chacun est dans son rôle. Les cocos et alliés dans leur rôle de sabotage, la droite et alliés dans la posture de défenseurs de l'ordre, et les socialistes dans la mollesse et l'indécision qui en est le corolaire. J'allais oublier le représentant du gouvernement lors de la discussion du texte. Devinez donc qui cela pouvait être! Bob je ne vous fais pas attendre : c'était Taubira! Qui d'autre pouvait se trouver aux premières loges dès lors qu'il s'agissait de saper l'autorité de l'Etat nécessairement répressif et accessoirement post-colonialiste? On n'allait quand même pas envoyer le ministre de l'intérieur!

Voyons maintenant le contenu de cette loi.
Le texte initial consistait à amnistier les faits commis à l'occasion de mouvements sociaux et d'activités syndicales et revendicatives. Les faits amnistiés étaient liés aux circonstances suivantes :
- à l'occasion de conflits du travail ou à l'occasion d'activités syndicales ou revendicatives de salariés, d'agents publics, de professions libérales ou d'exploitants agricoles, y compris au cours de manifestations sur la voie publique ou dans des lieux publics ;
- à l'occasion de mouvements collectifs revendicatifs, associatifs ou syndicaux, relatifs aux problèmes liés à l'éducation, au logement, à la santé, à l'environnement et aux droits des migrants, y compris au cours de manifestations sur la voie publique ou dans des lieux publics.
Il faut noter que dans le texte initial les crimes et délits passibles de 10 ans de prison ou davantage étaient exclus du champ de l'amnistie. En gros, le meurtre.
Par ailleurs la période retenue dans le champ du texte était celle précédent le 6 mai 2012, soit le jour du second tout de l'élection présidentielle.
Je n'entre pas évidemment dans les détails du texte que vous pouvez retrouver ici. Par contre je m'attarderai sur les discussions dont vous pouvez retrouver le contenu .

Les discussions préalables à l'examen en détail du texte montrent que chez les cocos et alliés, on n'est pas encore sortis de la lutte des classes. Les patrons sont des salauds par nature et les salariés ne commettent d'exactions punissables par la loi lors de leurs revendications ou activités syndicales que parce qu'ils y sont poussés par la violence des premiers. Evident. Comme il est évident que celui qui veut devenir patron est un vicieux dont le bonheur suprême est de pouvoir jeter à la rue et dans la misère les gens qu'il emploiera s'il parvient à ses fins diaboliques. Le monde est simple et tellement cohérent quand il est vu par les cocos. Ceux-ci, par ailleurs ne manquèrent pas de rappeler l'ambiance répressive qui prévalait sous l'ancien quinquennat, oubliant sans doute au passage que ce sont les juges qui condamnent selon les lois en vigueur et non le gouvernement en fonction de ses vues idéologiques.

Sinon, une autre chose qui a retenu mon attention est le choix de la période couverte par la loi d'amnistie. Initialement la date butoir était le 6 mai 2012. Il n'y avait pas de date de départ, mais en commission on s'était arrêté au 1er janvier 2008, quand la crise a commencé. Cette date, à cause d'émeutes de la vie chère en 2007 dans les DOM-TOM (n'oublions pas que ça se passe sous le haut patronage de Taubira tout ce cirque) a été avancée d'un an. Quant à a la date butoir, elle a pu faire dire à l'opposition de droite que finalement c'était la période de la présidence Sarkozy qui était visée particulièrement, période donc où les mouvements sociaux et leurs débordements devraient être assimilés à des actes de résistance, au tyran sans doute qui s'était emparé du pouvoir illégalement. La gauche fut donc accusée de clientélisme. Du coup, pour parer à cette critique, il fut décidé de faire du 1er février 2013 la date butoir de l'amnistie, ceci étant justifié par les cocos par le fait que l'ambiance de répression n'a pas cessé le 6 mai précédent, mais après une certaine période, enfin le temps de revenir aux bonnes habitudes, de laxisme sans doute. Ceci dit, on peut considérer qu'il s'agit d'effacer les conséquences pénales des mouvements sociaux sous la période précédente. Peut-être qu'en 2017 la droite se trouvera-t-elle des clients à amnistier, condamnés par le régime socialiste. Bon, c'est ce qu'on appelle une vision apaisée de la démocratie. Mais il faut dire que le Mou avait donné le "la" dans les premières semaines de sa présidence.

Grâce aux socialistes cependant, les effets de la loi purent être réduits. Tout d'abord on décida de n'amnistier que les faits qui n'étaient pas passibles de peines supérieures à 5 ans. Par ailleurs les domaines d'application durent restreints aux conflits du travail et au logement. Furent donc écartées les infractions commises au cours de mouvements liés aux domaines de la santé, de l'environnement, de l'éducation et, enfin, aux droits des migrants ont été écartés. Pas de bol donc pour les écolos virtuoses de la faux notamment.
Enfin tout ça c'est du socialisme. Trop pour les uns, pas assez pour les autres. Du coup personne ne sera content. Mélenchon a d'ailleurs manifesté sa désapprobation. Quant à la droite comme toutes les personnes sensées et raisonnables, elle ne peut pas cautionner le fait que ceux qui cassent l'outil de travail, que ceux qui bien que minoritaires exercent des pressions physiques ou formulent des menaces vis-vis de la majorité qui veut gagner sa croute et travailler, que ceux qui cassent les préfectures, que ceux qui séquestrent des personnes en raison de leur position hiérarchique dans l'entreprise, que ceux qui polluent des rivières, que ceux qui menacent de faire exploser leur usine, que ceux qui cassent pour le plaisir de casser, enfin bref que les voyous se drapant de la bannière du syndicalisme demeurent impunis. Surtout parce qu'il s'agit simplement pour les socialistes de donner quelques gages à leur gauche. Et il parait qu'on veut encourager l'investissement!. Quel patron étranger serait assez fou pour investir dans un pays où des syndicats ultraminoritaires peuvent impunément le conduire à la ruine? La loi ne faisant plus rempart contre ces voyous, ceci accumulé au reste, il trouvera bien une autre terre d'accueil où les gouvernants ne sont pas fous et comprennent où se trouve l'intérêt de leur pays et aussi de leur population active.

 

4 commentaires:

  1. ce qui caractérise le combat est le côté sacrificiel , être prêt à abandonner des journées de salaire, prendre le risque de l'infraction, voire du délit
    Mais quand on séquestre un patron et qu'on va jusqu'à l'humilier le torturer psychologiquement, quand on casse l'outil de travail le sien et celui d'autrui ou institutionnel (préfectures) ça devient extravagant, pas acceptable

    je pense parler des Conti, à un moment plus personne ne régulait

    l'usage veut que les journées de salaire se négocient, sous le manteau

    et maintenant l'impunité pour les délits!

    c'est une offense grave au moyen de production à travers le patronat, un signe de sabotage conduit par ce gouvernement

    les magistrats ont l'outil du sursis,mais qu'au moins on comparaisse

    suite à venir après le butoir

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  2. Tout cela s'est passé sous le regard plus que bienveillant de Taubira qui finalement remet en cause les juges ou leur pertinence à juger certains délits commis dans certaines circonstances. Mettre ça sur le dos à Sarko, c'est gros. Les juges sont les mêmes et n'avaient guère de sympathie pour le gouvernement d'alors. On peut même en déduire que souvent quand des peines furent prononcées c'est que le délit le valait bien.
    C'est une loi circonstancielle. Dans le temps c'était les infractions routières sa gravité. Je me suis fait piégé à cause de ça par Chirac en 2002. Un stationnement interdit non payé pour espoir d'amnistie m'a couté un bras. Ou alors on vidait les prisons de quelques uns peut-être pas trop dangereux. ça faisait de la place pour d'autres. Mais là c'est ciblé. C'est une loi pour quelques uns, dans un contexte social qui est déjà agité et qui risque de le devenir davantage. A Aulnay on ne bosse plus depuis des semaines à cause de quelques uns (ça va aider Peugeot et surtout ses salariés). Ils ont eu raison de la faire donc, d'après cs charlots. Ceux qui veulent bosser apprécieront.

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  3. Expat,ou ils sont cons ou ils colmatent par terreur du chaos social sanglant

    allez lire un certain Rodolphe dans Agora vox il nous résume l'Europe, " l'UE la guerre qui vient"

    on cherche à conserver un pan de mur de Berlin,mémoire d'un drame,mais le mur qu'on a construit à la place est invisible et tout aussi puissant

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  4. Ne serait-ce pas une tentative de s'amadouer la CGT qui fout un cirque grandissant dans l'industrie? La traditionnelle guéguerre cocos-socialos?
    Un truc qui n'a rien à voir : le ton "mâle" que Kmolle essaie de se donner quand il parle des événements du Mali. Je l'écoutais ce matin sur BFM évoquer la mort contingente du nommé Abou Zeid : C'était comique la profondeur où il essaie d'aller chercher ses mots... On n'est pas sortis de l'auberge avec ce pantin.

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