"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 21 octobre 2012

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République


Monsieur le Président,

 
Il y a quelques mois, un peu moins de la moitié des électeurs vous a porté à la tête de ce pays. Certains en éprouvèrent une grande joie, d'autres un fort dépit estimant que vous n'étiez sans doute pas l'homme de la situation même si votre honorabilité n'est pas à remettre en cause. J'allais dire aussi "vos intentions" mais là comme j'ai un petit doute, je m'abstiens.

Les premières semaines de votre présidence marquées par un acharnement qu'on pourrait qualifier de puéril à défaire ce qu'avait fait votre prédécesseur, sauf peut-être l'essentiel, je vais y revenir, ne suffirent pas à asseoir votre autorité et surtout votre crédibilité. La toute aussi puérile habitude qui consistait à vous montrer comme quelqu'un de normal juste parce que vous preniez le train, sans bagages, ne vous a pas grandi aux yeux de l'opinion. Elle vous a même plutôt ridiculisé d'autant plus qu'on ne voit guère de gens normaux convoquer la presse sur les quais d'une gare avant de monter dans leur TGV. Je crois d'ailleurs que vous avez abandonné cette pratique, sans doute grâce à l'avis avisé d'un de vos conseillers. Et c'est tant mieux. Pour vous au premier chef.
Reste que cette normalité revendiquée et affichée, et qui vous a valu quelques sobriquets amusants, a renforcé cette image de personne peu adaptée au poste qui vous a été confié. Comme un homme normal, par exemple, vous preniez des vacances au soleil, tandis que le pays s'enfonçait dans la crise. Or, vous comprendrez aisément, j'espère que vous l'avez fait sinon ce serait désespérant, que ce n'est pas cela que les Français recherchent. Peut-être les considérez-vous quelque peu comme des demeurés, du moins ceux qui ne sont pas passés par l'ENA, mais les Français, du moins ceux pas trop aveuglés par leurs partis-pris politiques, auront tout de même compris que les fausses économies de bout de chandelles que vous faisiez en prenant le train, tandis qu'un avion descendait pas très loin du lieu de votre villégiature, sur la base militaire de Istres pour être précis, avec les bagages peut-être, pour vous recueillir au cas où vos obligations vous auraient conduit à vous déplacer dans l'urgence, donc que ces fausses économies n'allaient pas améliorer leur quotidien.

Bref, le bilan des cent premiers jours n'était pas glorieux et ce n'est pas votre passage à la télévision qui a arrangé les choses puisque à l'issue de celui-ci les Français ignoraient quels sacrifices ils seraient amenés à accomplir pour permettre à l'Etat et aux collectivités territoriales de continuer à mener grand train avec encore davantage de fonctionnaires en particulier, tout en tentant de respecter les objectifs budgétaires dictés par le traité de stabilité européen. Vous savez ce traité, négocié par votre prédécesseur, et dont vous disiez le plus grand mal quand vous étiez candidat, et que vous aviez promis de renégocier dans la cadre de votre combat contre l'ennemi par vous désigné : la finance. Oui, ce traité que votre premier Ministre a dû défendre devant l'Assemblée Nationale tellement il était bon pour la France.
Vous rendez-vous compte de l'effet produit sur un nombre important de vos électeurs? Pas ceux bien sûr qui trouveront que tout ce que vous faites est bien, même si ça se situe dans la continuité de votre prédécesseur, simplement pour la raison que vous êtes socialiste et donc de gauche, mais ceux qui ont des convictions, ceux auxquels importent davantage les idées et les actes que celui qui les prononce ou les accomplit. Ceux-là vous les avez perdus, même si vous avez tenté de camoufler vos mensonges de campagne derrière quelques mesures sociétales de mauvais goût comme le mariage homosexuel ou le vote des étrangers aux élections locales, mesure que d'ailleurs vous ne tenterez même pas d'accomplir tellement elle est risquée pour vous.
Mais peut-être finalement n'aviez vous pas le choix? C'est quand même un peu ce que je crois. Et vous le saviez vous-même que vous n'auriez pas le choix, sauf à générer une onde de choc, ce qui n'est pas du tout dans votre style. Si vous ne saviez pas, c'est sans doute encore pire, car ça démontrerait que vous êtes un incapable. Dans les deux cas, ce n'est guère à votre avantage.

Et puis il y a ce budget qu'on discute encore sur les bancs de l'Assemblée. Budget difficile à monter car, comme c'était prévisible chacun s'accroche à ses avantages petits ou grands, les chefs d'entreprise à des taxations raisonnables sur les plus-values, les amateurs d'arts, ou du moins ceux qui auront compris qu'il est plus avantageux en France d'investir dans l'art que dans les entreprises, aux exonérations d'impôts sur les œuvres du même nom. J'en passe. Vous nous aviez dit ou votre premier ministre avait dit que seuls les riches, race maudite, paieraient. On découvre que tout le monde paiera, du moins tous ceux qui travaillent ou qui perçoivent une retraite. Dans l'affaire seuls les bénéficiaires de l'AME, hors la loi presque par nature, s'en tirent le mieux, exonérés qu'ils sont des 30 euros annuels qu'on leur demandait auparavant. C'est sans doute cela que vous appelez la justice sociale, Monsieur le Président. Une justice qui estime que ceux qui travaillent sont des nantis auxquels il faut faire les poches pour donner aux autres et notamment à ceux qui n'ont rien à faire sur notre territoire.
Bien sûr vous me rétorquerez que c'était nécessaire dans le cadre du traité et de la règle d'or l'accompagnant, et que vous avez fait un effort en réduisant les dépenses de l'Etat. Courageusement peut-être! En tapant sur le budget de la défense, avant même que le livre blanc, définissant la menace et le contrat opérationnel pouvant justifier ces coupes sombres ne soit élaboré, donc sans discernement et surtout lâchement car vous avez face à vous une population bien silencieuse qui n'en est plus à une couleuvre près à s'avaler. Et puis aussi sur les investissements de l'Etat. Ce n'est peut-être pas très cohérent alors qu'en même temps pour relancer le machine économique vous demandez à l'Europe de donner de l'argent pour des investissements du même type, mais au moins on sait que les investissements ne font pas grève non plus.
Et dans le même temps afin de d'assurer la réalisation d'un choc compétitif, ne voilà-t-il pas que Gallois, dans le cadre de la mission que vous lui avez confié estime à 30 milliards les baisses de charge à produire sur les entreprises que vous venez de taxer. On n'y comprend plus rien! Ou gallois est un incapable ou alors, c'est… Mais déjà, vous vous mordez les doigts d'avoir confié une mission à quelqu'un de compétent et même pas suspect de complaisance politique avec votre opposition, puisque vous déclarez que le rapport n'engage aucunement le gouvernement. Et sera donc enterré, je suppose.

 Mais d'un certain côté, malgré vos contradictions, vos mensonges ou vos incapacités à agir de façon cohérente, je vous plains. Vous êtes parait-il un homme de synthèse, voire de compromis. Or vous vous trouvez face à des éléments complètement contradictoires, ne pouvant se concilier. Vous devez donc choisir. Chose que parait-il vous ne savez guère faire. Je vous imagine donc tiraillé intérieurement chaque jour qui passe vous demandant comment dire oui aux uns et aux autres. En plus vous devez faire face à vos problèmes d'ordre personnels étalés complaisamment dans la presse, un peu par votre faute quand même. Il parait que vous avez fait rire tout le monde à 'ONU avec votre fuite face à la mère de vos enfants, en arrivant en retard et par une porte dérobée. Ce n'est pas très sérieux quand même! Vous représentez la France! Vous imaginez que de Gaulle ou Mitterrand se seraient comportés de la sorte, d'une façon aussi ridicule? Eux au moins savaient tenir leur place et leur rang.

Et tiens puisque j'évoque de Gaulle, je voudrais vous entretenir de vos dernières bêtises et de celles que votre gouvernement, donc vous aussi, vont accomplir prochainement.
Je remarque, avec dépit, que vous recommencez avec cette politique de repentance d'Etat inaugurée par Chirac, dont je pense qu'il est votre vrai modèle dans le style, épicurien, serreur impénitent de mains, le mec sympa quoi, et menteur, et l'esprit, surtout ne rien brusquer et éviter d'entreprendre.
Récemment vous avez reconnu une faute de la République avec ce que vous avez nommé la répression sanglante du 17 octobre 1961. Pour ce faire vous vous êtes débarrassé de toutes les références historiques et avez en particulier ignoré un rapport sur le sujet commandé par Jospin, vous savez l'homme avec lequel vous avez gouverné la France entre 1997 et 2002, selon vos affirmations quand vous étiez candidat. Je comprends qu'il vous fallait compenser le fait qu'aucun haut responsable n'ait jamais pensé à vous pour vous confier un poste d'envergure nationale. Mais enfin… ! Vous avez donc ignoré ce rapport et d'autres études historiques pour asséner une fausse vérité, en ne mettant en cause que la République, donc de Gaulle, votre illustre prédécesseur dont effectivement vous n'avez rien hérité si ce n'est un fauteuil bien trop large pour vous. Vous vous êtes donc mis dans la peau du Big Brother de Orwell, celui qui décide de la réalité de l'histoire, sans en mesurer les conséquences, je vais y revenir. Car outre le fait de salir votre pays, vos paroles ont une portée nuisible sur le quotidien des Français.
Un peu plus tôt, pendant que vous étiez en train de visiter l'ile de Gorée avec votre air de chien battu et honteux, sans doute encore une hypocrisie, car qui a visité cette île et la fameuse maison des esclaves ne peut que se rendre compte que c'est une mystification, votre gouvernement confirmait des tractations avec ces associations qui nous ont fait tant de mal dans le cadre de réparations de l'Etat ou de certaines collectivités vis-à-vis des descendants d'esclaves. On reprenait donc là une disposition écartée par le législateur au moment du vote de la loi Taubira. Evidemment, je trouve cela absurde, comme la loi Taubira et ses raccourcis qui salissent la France et elle seule alors que bien des acteurs sont présents dans les traites (au pluriel) et l'esclavage, dont les Africains eux-mêmes ne furent pas les moindres.
Vos lois et vos repentances sélectives, vos oublis volontaires de la complexité d'une histoire que vous réécrivez de manière simpliste et univoque, votre manie qui accompagne ces défauts de diviser le monde entre des tortionnaires et des oppresseurs (forcément nous) et leurs victimes innocentes, vont dans le sens inverse de l'objectif que vous affichez de rassembler les Français. Vous ne faites qu'exacerber de vieilles tensions. Ceux qui vous applaudissent, vous trouve génial, ne sont pas plus que ceux qui vous en voudront pour ces dénigrements répétés de leur pays. Quant aux étrangers qui vivent sur notre sol, ou les Français, descendants de ceux qui furent ces fameuses victimes que vous décrivez, et que vos associations anti-patriotiques continuent à présenter comme des victimes, ils se trouveront confortés dans cette position qui est celle de pouvoir haïr en toute bonne conscience leur pays ou leur pays d'accueil. Le rite initiatique qui se développe dans certaines cités et qui consiste, pour accéder au respect de ses pairs, à se confronter avec "du flic" sera rendu d'autant plus légitime aux yeux de ceux qui le pratiquent que les leurs furent dans le passé les victimes de la seule police de la République. Et les noirs continueront à voir dans l'homme blanc l'oppresseur.
Vous êtes un homme dangereux, Monsieur le Président. Car vous mettez de l'huile sur le feu en légitimant à postériori certaines attitudes et en provoquant des réactions à ces attitudes. Hier c'était à Poitiers que s'exprimaient ces réactions. Les isoler d'un contexte de conflit larvé, mais à peine, à l'intérieur même de notre pays serait une absurdité que je pense que ferez vôtre.

Voilà, de manière très abrégée tout le mal que je pense de votre action à la tête de la France. Je pense que vous serez le Président le plus mal aimé de la République, et le plus mauvais, et que longtemps on se souviendra de vous en des termes peu élogieux, et que grâce à vous la droite va revenir au pouvoir dans 4 ans et demi au moins pour 20 ans. Il suffira de vous évoquer pour que la gauche perde tout crédit.

Une dernière chose, Monsieur le Président. Changez de tailleur ou cessez de vous habiller chez Tati.

Je vous adresse toutes mes salutations.

 

3 commentaires:

  1. une ambiance où nombre respirent d'avoir viré NS et où nombre sont en apnée, sidérés de surprise

    tous les jours on en découvre une!

    les médecins auront une prime pour n'avoir prescrit que trés peu! la dernière en date

    l'alternance où on efface tout on recommence, bonjour! la gouvernance Veleda sans trace ni mémoire

    sauf à graver dans le marbre l'ignominie atavique de la France depuis son aube des temps

    RépondreSupprimer
  2. C'est bien résumé.

    Je note que certains se contentent effectivement de peu. Un mec sympa qui serre des mains, et ça vous fait un grand homme d'Etat. Parce que l'autre d'avant, dites donc, avec son langage ordurier quand quelqu'un l'emmerdait...
    ça doit suffire pour tenir 5 ans en conservant un noyau de groupies dont on se demande, à peine, ce qu'ils pensaient de l'individu en question il y a à peine 18 mois, avant que DSK s'adonne au troussage de domestique, comme dirait l'aitre.Mais l'essentiel c'est bien d'âtre de gauche, non? ça vous assure une présomption de vertu... à bon compte. D'ailleurs chez ces gens-là on s'en fout. Un premier secrétaire du PS repris de justice, ça ne les choque même pas.

    Le but pour les médecins sera donc de trouver un bon équilibre entre la satisfaction du client (avant on parlait de patient) et les économies. Juste histoire de ne rien perdre en clientèle tout en touchant la prime. Peut-être une prime aux pharmaciens qui diront qu'ils n'ont pas le médicament en stock.

    Vous remarquerez qu'en voulant tout effacer on se retrouve parfois dans la mouise. Comment faire passer maintenant l'augmentation de TVA qui vous attend sans reconnaitre que Sarkozy n'avait pas tort? Dire que c'est une TVA de gauche passera chez les groupies (Caque fera un billet expliquant doctement la nécessité de la chose comme pour le traité), mais chez les autres, ceux qui s'estiment déjà cocus après moins de 6 mois, c'est pas gagné.

    Et faisons confiance à Taubira pour nous découvrir quelques infamies à nous reprocher.

    RépondreSupprimer
  3. Taubira la divine avec ses rastas plaquées à l'huile,sainte femme, nous les laisse dehors, elle a compris qu'entre les murs c'était trop de boulot, et peaufiner le projet Ciotti, non merci

    RépondreSupprimer