"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 11 octobre 2011

Les larmes de Ségolène



Les défaites, politiques entre autres, laissent souvent des sentiments amers à ceux qui en sont les victimes, en fait surtout à ceux qui avaient une foi irraisonnée en leur étoile, en leur victoire. Et donc parfois il est difficile de réprimer quelques larmes. Souvenons-nous de Martine Aubry en 2002, vaincue lors d'une législative dans le Nord normalement imperdable versant sa larme, de manière moins digne que Ségolène d'ailleurs, devant les caméras. A cette époque d'ailleurs cette dernière pouvait se réjouir d'avoir emporté son siège de député alors que ce n'était pas évident dans son cas. Une élection régionale plus tard, en emportant le fief de Raffarin, Ségolène se retrouvait propulsée par les médias comme présidentiable potentielle. On connait la suite. Jusqu'à ce dimanche soir où la belle histoire s'achevait dans les larmes après une cinglante raclée infligée par cette petite partie du peuple de gauche venue choisir celui qui devrait affronter le Président Sarkozy en mai prochain.
Martine Aubry a, depuis 2002, eu le temps de sécher ses larmes et peut même maintenant arborer un certain sourire tant ses chances de remporter cette primaire restent intactes, alors qu'on la donnait trop loin de Hollande pour remonter son handicap. Mais il y a peu de chance que Ségolène de son côté connaisse cette volte-face du destin. Et le dernier souvenir qui restera d'elle sera sans doute ses larmes qu'elle ne pouvait plus désormais réprimer. Ségolène nous prouve ainsi que le classique l'emporte toujours à long terme sur l'originalité, surtout au parti socialiste, sans doute le plus conservateur sur l'échiquier politique français.
 
Pauvre Ségolène ! Après avoir cru pendant presque 5 ans que sa défaite aux présidentielles de 2007 était une victoire, et même la première victoire d'une longue série ainsi qu'elle le promettait à ses fans tandis qu'elle était juchée sur la terrasse de Solférino le bien nommé, la voilà qui comprend enfin ce qu'est une défaite. Fallait-il être aussi sévère avec elle pour qu'elle saisisse enfin le sens réel du mot victoire? Fallait-il qu'elle soit humiliée avec un score de figurante pour que le terme de défaite fasse enfin parti de son vocabulaire? En fait Ségolène, son drame c'est la démesure. Parce que la démesure, le démarquage par rapport à des attitudes, disons plus conventionnelles, ça peut marcher un temps mais ça ne peut pas durer et souvent ça mène au néant. J'avais prédit ça dans un billet récent : sortie du néant elle allait assurément y retourner avec cette primaire. Ayant perdu tout crédit dans son rôle de madone inspirée et excentrique, elle n'en gagnerait désormais aucun dans une attitude plus classique, celle ayant réussi à ces challengers mais néanmoins meilleurs ennemis que sont Martine Aubry et François Hollande parce qu'ils ne s'en sont jamais départi. Trop tard pour elle. Remarquez d'ailleurs qu'eux, mis à part dans certains microcosmes partisans, on ne les appelle pas par leurs prénoms, les deux premiers secrétaires, la nouvelle et l'ancien; c'est Aubry ou Hollande, avec les prénoms parfois, sans parler de certains sobriquets que je vous épargnerai. Ségolène, elle, c'était différent, peut-être à cause d'un prénom amputé mais original, mais sans doute davantage du fait de son attitude parfois fofolle, enfin décalée, attitude qui lui avait donné une certaine image qu'elle aimait à entretenir par exemple dans ses fêtes de la fraternitude au cours desquelles elle aimait à jouer les stars branchées. Mais ça on ne peut pas le rester indéfiniment, sauf Johnny peut-être. Même Britney Spears est passée de mode après avoir eu beaucoup de fans.
 
Alors effectivement, les larmes de Ségolène, c'est du lourd. C'est le retour brutal sur terre, le crash, la prise de conscience que c'est fini, que la victoire de 2007 était en fait une défaite qui en annonçait une bien plus sévère encore. La fin d'un rêve, d'une ambition, de la perception de la perception que les autres ont de soi, la relégation, la mort politique. Reste juste à donner l'illusion qu'au moins les idées ont triomphé. Et elle sera aidée en cela par ses meilleurs ennemis qui, la sachant terrassée, lui jetteront des fleurs ressemblant étrangement à des couronnes mortuaires. Les morts ont rarement eu tort, n'est-ce pas? Ça ses meilleurs ennemis du parti socialiste, ils sauront faire, avec d'autant plus de facilité que désormais ils sont définitivement soulagés de ce poids pesant sur eux depuis 5 ans. Imaginez, déjà elle a reçu la visite d'Aubry en signe d'amitié (non, c'est vrai, ne rigolez pas), elle a ému Montebourg, touché Hollande, et même Fabius, qui en 2006 lui conseillait d'aller garder les gosses plutôt que de se présenter à la précédente primaire du PS, a eu une pensée aimable pour elle. Harlem Désir, sursitaire et amnistié, accessoirement premier secrétaire par intérim, a noté le caractère indispensable de sa présence au PS. Le bal des faux-culs a commencé, il s'achèvera rapidement.
 
Eh oui, la pauvre Ségolène! Effectivement elle a eu de quoi verser des larmes depuis 2006, lorsque suite à sa victoire régionale elle fut poussée par les médias pour y aller. Ça serait plus facile de compter celles et ceux qui ne l'ont pas trahie que les autres. Mais surtout trahie par ceux qui aujourd'hui s'apitoient sur son sort. Hollande, premier secrétaire du PS, ne fit rien pour qu'elle remporte l'élection présidentielle. Aubry lui vola le poste de première secrétaire, la privant d'un destin politique qui aurait pu être le sien. Montebourg, qui fut son porte-parole en 2007, la quitta également avec quelques idées volées sous le bras. Et pour l'achever, même si on peut supposer qu'elle n'était pas particulièrement visée, il inventa une nouvelle forme de primaires à sa mesure où quelque 200000 adhérents du PS ne compteraient que pour moins de 10% dans la désignation du candidat de leur parti. Mais il parait qu'ils aiment ça, les adhérents du PS. Cocus, masos et contents de l'être. Eh Ségo, sérieusement, c'est à partir de ce foutoir que tu espérais instaurer l'ordre juste en France?
 
Nous venons d'assister à l'extinction d'une étoile. Elle en aura éclairé beaucoup pendant ces courtes années. Parait que les étoiles avant de s'éteindre brillent plus fort que les autres. Peut-être même les filantes? Et plus d'un encore accompagnera de ses larmes cette extinction autant programmée que provoquée. Eux-aussi sont à plaindre. Mais pour cela attendons encore un peu. Ils sont actuellement dans le déni.

2 commentaires:

  1. ce matin elle se reprend et donne le change,je pense qu'elle ne lâchera jamais jusqu'à exit et qu'elle peut devenir dangereuse
    souvenons nous qu'elle a viré Dorothée de la télé décidant que ce n'était plus convenable, Dorothée a sombré
    Mais ça va prendre des airs de Santa Barbara,
    et le lauréat aura toujours dans les pattes Montebourg qui commence à se la jouer et la Donna en électron libre
    J'espérais que cette gauche se rassemble, incorpore le meilleur de chacun, ce matin vu l'ambiance, c'est pas gagné avec les médias qui orchestrent et se régalent
    La France n'a rien à gagner de cette farce elle mérite un combat entre une droite et une gauche honorables

    on se reprend ou on se balance?

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  2. Je pense sincèrement qu'elle est finie. Je la crois trop orgueilleuse pour briguer un poste dans une éventuel gouvernement de gauche, préférant rester le première en Poitou-Charentes.
    Et je ne vois pas ce qui pourrait la faire revenir, maintenant que ses idées ont été largement pillées par d'autres.

    Pour le reste, je pense que cette primaire va tourner à la catastrophe pour le PS. Outre le fait qu'elle indique clairement qu'il n'y a pas de leadership au sein de ce parti, elle révèle, mais ça va avec, des tensions difficilement surmontables entre individus et clans, ce qui est d'ailleurs le propre du PS depuis pas mal de temps.
    Il faudra vraiment un énorme rejet de Sarkozy pour qu'ils puissent l'emporter.

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