"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 2 mars 2011

A propos du futur débat sur l'islam et la laïcité


 
Opportunisme politicien ou interrogation brûlante sur la place d'une religion dans un France qui se veut (ou se prétend) toujours laïque ? Les deux, mon colonel. C'est du moins comme cela que je perçois ce prochain débat mené par le parti majoritaire à la demande du Président de la République, et accessoirement ex-président de ce parti.
 
La remontée d'un Front National qu'on croyait dans les choux impose effectivement à la majorité de se saisir enfin de sujets et si possible de les traiter puisqu'elle ne l'a pas fait réellement malgré des promesses qui lui ont permis en 2007 de siphonner les voix du parti de Jean-Marie Le Pen. Car il est fort probable que cette frange de l'électorat ne tombe plus dans ce qu'elle considère, mais peut-on lui donner tort ?, comme un piège. Or, à la lecture des sondages, et notamment si le parti socialiste se choisit comme candidat une personnalité de droite de centre gauche comme Dominique Strauss Kahn, par exemple, sans les voix d'une partie des sympathisants du FN, il est impossible à Nicolas Sarkozy d'espérer un second mandat. Donc s'inquiéter de la place de l'islam en France constitue une réponse certainement insuffisante si derrière des mesures ne sont pas prises, mais néanmoins nécessaire. Un préalable peut-être. Ne rêvons pas.
 
D'un autre côté, certains sujets dits sensibles, mais qui ne le sont à qu'à cause de l'émotivité exacerbée de nos vertueux bienpensants, on inclura là-dedans une bonne partie de la gauche, des intellectuels et bien évidemment toutes ces associations parasites et nuisibles, donc certains sujets dits sensibles dès qu'on souhaite les aborder entrainent systématiquement une accusation de manœuvre électoraliste, ce qui en France, étant donnée la fréquence des élections est un argument particulièrement facile.
La sensibilité du sujet d'ailleurs oblige cette fois-ci un débat à huis clos, juste au sein de l'UMP, car en débattre au niveau national, on l'a vu lors de la question de l'identité nationale, est impossible. Ce qui montre au passage l'exceptionnelle vigueur d'une démocratie où nombre de sujets deviennent tabous et où les quelques malheureux qui tentent de les aborder publiquement de façon objective risquent d'être trainés devant les tribunaux et bien entendu condamnés, parce que, quand même, il ne faut pas abuser de la liberté d'expression, surtout quand il s'agit de d'énoncer des faits tout à fait vérifiables, bon, pour faire court, quand il s'agit de dire la vérité.
 
Il est bien entendu regrettable que la question ne soit pas traitée d'une manière plus large. D'autant plus qu'elle me parait très mal posée. Ou du moins, les premiers éléments de réponse dont je doute que l'UMP les remette en cause car ils sont donnés par Sarkozy lui-même, semblent indiquer qu'on va se fourvoyer et ne pas traiter la question sur le fond. A vrai dire, on va amuser la galerie, faire des déclarations d'une banalité affligeante, sortir quelques âneries bien senties, et au bout du compte rien ne changera. Sinon en pire, car avant même qu'il ne commence, le thème du débat a commencé à glisser de la place de l'islam en France à tout simplement la laïcité. On peut donc envisager, pourquoi pas ?, un aménagement de cette laïcité pour "aider les musulmans à mieux pratiquer leur foi". Dans le climat de cohérence actuel, on peut s'attendre à tout. Car effectivement il y a toujours au moins deux façons de résoudre un problème du type que celui que nous pose un certain nombre de musulmans : le traiter en fonction de principes ou faire en sorte par des aménagements, certains appellent ça des accommodements raisonnables (quelle horreur !), que, officiellement au moins, le problème n'existe plus.
Car bien évidemment si la question est posée, c'est qu'il y a sans doute un problème à l'origine, au moins quelque chose perçu comme un problème pour une frange significative des Français. Et bien sûr ce qui est perçu comme réel devient réel effectivement dans ses conséquences. Sauf que ce n'est peut-être pas ou plus une simple perception pour certains.
 
Je reviens aux propos de notre Président qui une fois de plus se lance dans une bataille sans avoir de plan et sans mesurer les conséquences. Il déclare qu'il veut un islam de France. Ce qui semble dire qu'il faut apprivoiser une religion, la mettre à une sauce locale, en fait la modifier. Ce qui en soi est absurde. Car une religion se bâtit autour de dogmes auxquels adhèrent ceux qui la pratiquent. Et si donc on modifie certain de ces dogmes pour les adapter à une certaine culture, on change carrément de religion, on provoque un schisme. C'est peut-être une solution, très peu probable d'ailleurs, mais qui ne peut venir que de l'intérieur de la religion concernée. Et pourquoi pas pendant qu'on y est créer un islam d'Alsace dans le cadre du Concordat de 1801; il semble d'ailleurs que la mairie de Strasbourg ait intégré cette donnée en subventionnant d'ores et déjà la construction de mosquées dans sa ville.
Non cette histoire d'islam de France n'est pas sérieuse. Cette religion a peut-être des dogmes assez tordus, ce n'est peut-être pas seulement une religion de paix, d'amour et de tolérance, je serais même tenté de dire comme Houellebecq que de toutes les religions c'est la plus con, mais en tout état de cause elle est ce qu'en font les gens qui la pratiquent. Donc plutôt que de parler de la place de l'islam en France, il serait préférable de parler de la place des musulmans dans ce pays. Ce n'est pas tant l'islam qu'il fait réformer mais les mentalités d'un certain nombre de musulmans qui n'ont absolument rien compris aux valeurs pays qui les héberge. Alors là aussi il y a deux solutions, même trois : faire simplement appliquer la loi sur la laïcité ce qui amènerait par exemple à faire disperser manu militari les foules en prière dans l'espace public, à interdire tout financement même déguisé de construction de lieux de cultes et globalement de renoncer à tout ce qu'on appelle à tort, accommodements raisonnables ; la seconde serait de renouer avec la tradition hélas oubliée de l'assimilation donc d'aider à l'acculturation de ses populations ; et la dernière serait bien sûr de laisser aller. C'est d'ailleurs cette dernière solution qui a été choisie ces dernières années. Pour ma part, je préfère largement la seconde, celle de l'assimilation, mais il semble qu'on l'ait définitivement abandonnée au nom du respect des cultures étrangères, de la diversité, ou de je ne sais quoi dont la stigmatisation de la culture occidentale "faite d'une suite de crimes contre l'humanité". Ce dernier point est évidemment important car si on ne s'aime pas soi-même comment faire adhérer les autres à ses valeurs ? Et donc on assure le service minimum. On parle d'intégration plutôt que de coupable assimilation, l'intégration signifiant simplement le respect des lois de la République française, ce qui au demeurant est bien le minimum à exiger. Et bien apparemment non puisque l'intégration à minima semble à certains déjà un louable effort.
Enfin toutes ces raisons me font penser que le débat, encore un, n'amènera rien d'extraordinaire comme solutions à un problème tangible. On débattra sans doute davantage d'ailleurs plus sur le débat que sur le thème de ce dernier. Et puis de toute façon, puisqu'on semble avoir définitivement renoncé à l'assimilation, ça ne sert à rien.

 
D'ailleurs ce débat ne sert d'autant plus à rien qu'il élude le plus important : la culture ou la possibilité pour une nation d'absorber en nombre des gens d'une culture ou de cultures très différentes. Car c'est bien de cela dont il s'agit et non de l'islam. Car des immigrés non pratiquants et même pas croyants ne sont pas pour autant des gens intégrables ou assimilables. Les événements qui se sont déroulés et se déroulent toujours avec les Roms devraient d'ailleurs aider à en prendre conscience. Le problème n'est pas la religion mais la culture. La France et plus largement l'Europe sont de culture chrétienne, même si un très grand nombre d'Européens ne croient pas ou ne pratiquent pas et même si, sur l'insistance de Chirac qui estime que l'islam a apporté autant à la France que le christianisme, la mention des racines chrétiennes de l'Europe a été abandonnée dans la constitution européenne. Et le problème actuel est bien celui de la confrontation de cultures très différentes. C'est effectivement un problème européen dont on commence à parler de plus en plus, en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et ailleurs. Et un problème qui a permis un peu partout en Europe de voir ressurgir et prospérer une extrême-droite avec laquelle il faut désormais compter car quand elle ne participe pas directement ou indirectement aux affaires, ses idées ne manquent pas d'avoir une certaine influence sur ces dernières.
 
Les seules vraies questions sont donc le seuil de tolérance c'est-à-dire à partir de quelle concentration la culture du pays hôte est attaquée et menacée, les politiques d'assimilation à mener, et le cas échéant les politiques de rétorsion à conduire. Je ne crois pas que l'UMP se saisira de ses questions bien trop sensibles. Ni personne d'autre d'ailleurs. Donc c'est foutu et désormais reste à attendre le moment de la bascule. Mais pas d'affolement, ce sera pour nos enfants ou nos petits enfants. Comme la dette.

 

 

1 commentaire:

  1. Il faudrait surtout régler le financement des mosquées et publier le plan échu et à venir des constructions
    Régler le combat entre UOIF et CFCM
    Bref aborder des éléments essentiels dont on ne parle pas pour avoir la paix
    Allez vous sur Oumma.com parfois?
    avec palestine info, voilà deux filigranes incontournables

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