"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 23 mars 2011

Front républicain contre front national : vous voulez y croire ?


Il y a des jours où je me félicite de ma situation d'expatrié. Surtout les jours où la République Française est en danger, et que l'âge avançant, je me sens de moins en moins capable d'aller le battre pour elle. Pardonnez-moi cette lâcheté! Mais finalement je pense que ma présence, après ce premier tour des élections cantonale, ne s'impose pas. Car d'autres veillent à l'intégrité de la République.
 
En fait expatrié depuis plus de 3 ans et rentrant vraiment très peu en France, je n'avais pas saisi que ce pays était visé par le fascisme ou le nazisme ou le pétainisme. Vous rayerez les mentions inutiles. Et après en avoir pris conscience, je remercie les forces de progrès du pays, parfois même aidées par des supplétifs de la réaction, de sauver la patrie en empêchant que siègent des membres du front national dans nos conseils généraux qui, comme chacun sait, constituent l'ossature de notre démocratie. Il y en avait bien déjà de ces félons de la République dans les Régions et les conseils municipaux, mais apparemment leur capacité de nuisance et de sape ne pouvait guère s'y exprimer. Mais les conseils généraux, vous n'y pensez pas ! Mon dieu, quelle horreur ! Même Fukushima et la crise libyenne méritaient de passer au second plan devant ce danger.
Mais comme le PS et ses alliés de circonstances, rouges, verts, orange, bleus pâles…, veillent, le danger sera contenu grâce au front républicain qui va enfoncer le national. Imaginez le risque : entre 0,75 et 3% d'élus du FN dans les cantons où il dispose d'un candidat (selon les espoirs des dirigeants de ce parti) pour à peu près 20% des suffrages exprimés (compte tenu du fait que le FN n'avait pas de candidats partout) : effectivement il y a péril en la demeure et le tsunami bleu Marine n'est effectivement pas un danger à prendre à la légère. Donc vite, sus aux sarrasins (désolé, ça c'est les autres) aux fachos et qu'il n'en reste pas un debout dimanche prochain !
 
Bon, si on arrêtait les conneries !
D'abord ce n'est pas aux malheureux 3% maximum qu'il faut s'attaquer, mais aux 20% d'électeurs qui ont voté pour un candidat du FN dans les cantons où il présentait un candidat. Quand je dis attaquer, c'est surtout se demander pourquoi il y en a tant. Et accessoirement on pourra demander à nos républicains, grands démocrates devant l'éternel, s'ils ne trouvent pas curieux que 20% se transforment, pour ces élections, en 3% au mieux, et même en rien du tout quand il s'agit de la représentation nationale. "Mais parce que ce ne sont pas des républicains", vous répondront-ils certainement. Et donc ! Sauf que les électeurs en question votaient pour leurs candidats il y a quelques années et qu'ils ont préféré se ranger sous les couleurs d'un parti dont le non-républicanisme reste à prouver. Car en fait rien n'indique, ni dans le discours, ni dans le comportement de ses militants que le front national n'est pas un parti républicain. 
Ce qui nous ramène au pourquoi de ces 20%. Ne se sentent-ils pas coupables quelque part ces bienpensants républicains, de la montée d'un parti qui doit son succès à leur incurie à régler les problèmes de l'immigration et de l'insécurité qui lui est liée, à leur incapacité de répondre au sentiment d'étiolement de l'identité française ? Car effectivement le succès du front national est dû au fait qu'il est le seul à parler vrai sur ces sujets, à ne pas sombrer dans un angélisme béat qui voudrait nous faire croire que l'immigration demeure une chance pour la France et que les immigrés s'intègrent de façon harmonieuse dans un pays dont ils adoptent volontiers les mœurs, les coutumes et les valeurs. Alors effectivement plutôt que de nous parler de front républicain, que d'exhiber un danger fasciste qui n'existe que dans leur imagination, mais même pas d'ailleurs parce qu'eux même sont conscients de son inexistence mais le faire croire les arrange, il serait bon que ces bonnes âmes prennent à cœur de traiter de réels problèmes plutôt que de persister à les nier. Réglez les problèmes, commencez même par les aborder sans tabou et vous verrez le front national se dégonfler come un ballon de baudruche. C'est d'ailleurs ce que Sarkozy en 2007 était parvenu à faire, mais évidemment comme derrière les actes n'ont pas suivi, et bien le FN est revenu et a même dépassé, semble-t-il, son niveau d'avant cette période.

De plus, gens de gauche, surtout socialistes, ne soyez pas hypocrites! Vous avez, sous Mitterrand engendré le FN, ou du moins vous lui avez permis de se développer et de prospérer. C'est Bérégovoy, je crois, qui disait en 1988, après la réélection de l'ancien résistant vichyste, que le front national était une chance historique pour la gauche. Evidemment, il y a eu ce retour violent de boomerang dans la tronche en avril 2002 quand les électeurs populaires ont permis à JM Le Pen d'écarter votre candidat dès le premier tour de la présidentielle. Cependant, grâce au FN et à la décision de la droite de refuser toute alliance avec le "diable" grâce à vos pressions moralisatrices, vous avez tout de même mis la main sur presque toutes les régions, et beaucoup d'autres collectivités et communes. Alors, par pitié, cessez ce discours de tartufe et n'hésitez pas à vous réjouir à haute voix d'un FN fort.
Le FN a aussi un rôle bien sympathique car il permet d'éluder plein de sujets. Quand on n'a rien à proposer, comme en ce moment, on peut toujours facilement détourner l'attention sur la montée du FN. "Votez pour nous, sinon ce sera la FN", voilà un programme brillant. Et par extension peu à peu : "l'UMP et le FN tiennent des discours similaires, donc l'UMP devient un parti fascisant". Et quand le Président de la République, sans doute mauvais républicain, et le chef du parti majoritaire refusent de tomber dans ce piège à cons de front républicain, on peut enfoncer le clou et prédire l'alliance future entre les deux partis. Au passage, j'ai vraiment pitié de ceux qui à droite tombent dans le panneau et ainsi renforcent le FN en accréditant cette fameuse thèse en vogue dans ce parti depuis longtemps et qu'on peut résumer par l'UMPS. Voilà où on en est au niveau politique en France. Au niveau zéro.
Ceci dit, à force de jouer avec le feu il faut tout de même se méfier. Ce ne sera pas en 2012, ni même en 2017, mais si aucune réponse n'est apportée à de vrais problèmes qui seront de plus en plus exacerbés par une crise pas près de se terminer, ce sera peut-être en 2022 que surviendra l'inattendu.
Moi je m'en fous, je suis expatrié.

2 commentaires:

  1. Ben oui, Expat,le FN est la poupée qui dit non (ou le poupon) qu'on sort comme une procession et qui sert de jocker, funeste jeu de carte

    Effectivement si le FN arrivait jusqu'à l'assemblée ce serait plus audible au niveau du déroulé de son programme et sa taperait sévère sur les pupitres

    Au lieu de ça le feu couve en local de la municipalite à la région, sécrétant un réseau assez dense de notables prosélytes assis sur un alibi généreux , allant à la messe et encadrant certains de nos chérubins dans des associations caritatives , organisant des échanges, accueillant des enfants perdus du Liban par exemple à la grande époque Beyrouth
    (choses vécues en ma bonne ville)
    Et prolixes en promesses au café du commerce, sur le marché, un jour viendra.....
    La droite sait rapatrier tout ça et en son sein régule les idées à la con et la Gauche pince le nez et laisse à vau l'eau une partie de la France à ignorer
    Les deux n'ont pas de solution pour la croissance, mais la droite est plus franche du collier
    Petit à petit au soir de ma vie je commence à comprendre pourquoi la gauche me fait peur

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  2. quant au front républicain, heuh....faudrait effectivement sonner la fin de la récré

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