Voilà donc quelques jours des
ordures islamistes, certains ont encore du mal avec l'adjectif, notre président
en tête, frappaient la France. Le choc a été d'autant plus grand
qu'effectivement cette fois c'était la France qui était visée et non plus
seulement des juifs ou des blasphémateurs. Cela dit ceux qui se croyaient
protégés des exactions des soldats de Allah parce qu'ils n'appartenaient pas à
ces catégories auraient dû se souvenir que les attentats de 1995 n'avaient pas
fait de distinctions, pas plus que celui du Thalys, il y a peu de temps
pourtant, n'en aurait fait si par un hasard miraculeux quelques hommes
courageux ne s'étaient pas trouvé là pour stopper l'islamiste de service ce
jour-là. Mais c'est ainsi, le besoin de se sentir un peu en sécurité incite à éviter
de faire les analyses nécessaires pour comprendre la menace qui pèse sur vous,
pour ne pas vivre dans la peur.
Il fait quand même dire que cet
évitement du sentiment de peur peut se comprendre. Rassurez-vous je n'entrerai
pas dans les arcanes du cerveau et ne me livrerai pas à une analyse
psychologique. Je laisse ça à d'autres peut-être plus compétents. Non ça peut
se comprendre surtout quand après janvier on a vu se développer, après de
grands moments de compassion autant spontanés qu'organisés pour la plus grande
gloire de notre chef bien aimé, parallèlement à un discours guerrier un
discours compréhensif. Nous avions certes un ennemi qu'il fallait combattre,
mais peut-être fallait-il nous combattre d'abord nous-mêmes pour que n'émerge pas
au milieu de nous cet ennemi redoutable. Les campagnes morales et relayées efficacement
aux niveaux politique et médiatique et qu'on résumera par ce slogan faisant
date dans notre République, "pas d'amalgame", interdisaient
d'envisager d'autres explications. C'est parfaitement le discours schizophrène
tenu par notre premier ministre qui parlait de guerre et même de guerre de
civilisation, avec ou sans s, c'est selon, qui fut et vite atténué par des
considérations sociologiques dignes du café du commerce, souvenez-vous de
l'apartheid, mais aux effets tellement ravageurs dans leurs effet puisque
désormais la solution au terrorisme devenait la mélange des gens malgré eux,
dans la ville ou plutôt sa périphérie parce que c'est toujours aux mêmes de faire
ce genre d'effort, évidemment, et à l'école.
Et donc la peur peut se
comprendre quand on parle d'une guerre à laquelle on pourrait peut-être mettre
fin en mettant à l'amende le peuple français si peu accueillant et quand on ne
prend pas de véritables mesures répressives contre les milieux islamistes et
que, partant, peu de choses efficaces sont faites pour éviter de nouveaux actes
de terrorisme islamique. Les seules véritables mesures qui ont été prises ont
été de faire voter la loi sur le renseignement et de mettre des milliers de militaires
dans la rue dont le seul but réel était de se faire voir, pour rassurer la
population. Ces pauvres militaires dont je ne détaillerai pas ici les
conditions juridiques et matérielles d'ouverture du feu, ça vous ferait
pleurer, n'étaient là, ne sont toujours là, que pour participer à la
communication gouvernementale tout en servant de cibles potentielles, et tout en
obérant les capacités opérationnelles des armées dont les effectifs en baisse continue
depuis des années parallèlement à des interventions extérieures qui elles ne
faiblissent pas se révèlent insuffisants désormais. Quant à la loi sur le renseignement
ses contours sont si vastes qu'ils laissent douter de la véritable cible. Par
ailleurs, et même si je serai sans doute le dernier à ne pas croire aux vertus
du renseignement, celui-ci pour être efficace doit pouvoir être traité dans de
brefs délais, cela impliquant de bien cibler ce qu'on cherche, et par des gens
bien rompus à l'exercice. Des recrutements tardifs ne rendront leurs effets que
plus tard, évidemment. Mais finalement peut-être que le problème n'est pas seulement
dans un renseignement qui ne pourrait pas prévoir tous les attentats. Aucun
service ne le peut, hélas. Peut-être faut-il aussi s'interroger sur le sort qui
est fait aux renseignements fournis par les services compétents. Compétents,
ils doivent d'ailleurs l'être, même s'il existe des défaillances, puisqu'on
apprend à chaque attentat que les terroristes, du moins les nôtres, sont fichés
comme potentiellement dangereux. Vous savez les fameuses fiches S. Parait qu'il
y en a plus de 11 000. Autant que de militaires dans les rues. La bonne
question est donc de savoir ce qu'on fait des renseignements et pourquoi il
faut attendre que les terroristes aient quasiment les armes à la main pour les
intercepter ou qu'ils aient commis leurs actes pour les neutraliser, comme on
dit pudiquement.
Oui les Français peuvent avoir
peur de voir leur sécurité entre les mains d'incapables. Incapables de faire
les bonnes analyses, incapables de mener les actions préventives nécessaires à
une limitation du risque terroriste.
L'excuse, car c'en est une,
sociologique tient évidemment bien moins la route dès lors qu'on s'aperçoit
qu'il ne s'agit pas que de Français en déshérence, en fait des ratés, qui sont
au cœur des attentats, mais qu'il s'agit d'une réelle internationale terroriste
islamiste. Cette fois on a dépassé le stade des Mehra, Nemmouche, Kouachi,
Koulibali et consorts, ceux qu'on nommait pour se rassurer sans doute, à moins
que ce ne soit pour masquer la vérité, des loups solitaires, après en avoir
qualifié d'autres, vous savez ceux qui se jetaient sur la foule en voiture en
criant "allah ouakar", de déséquilibrés. Les terroristes viennent non
seulement de chez nous, mais d'autres pays, pays voisins ou lointains, certains
s'étant infiltrés parmi les migrants des derniers mois. De ce dernier risque il
était interdit de parler il y a encore peu, souvenez-vous. Les migrants étaient
une chance pour l'Europe, même si parmi eux les chrétiens avaient la
malencontreuse idée parfois de se faire tabasser, voire jeter par-dessus bord
en Méditerranée par leurs compagnons d'infortune musulmans. Ce genre
d'information ne connaissait pas évidemment une grande publicité. Faut pas
stigmatiser!
C'est d'ailleurs sans doute au
nom de ce principe que quand à l'été 2014 on pouvait trouver sur les rayons de
l'espace librairie des supermarchés des livres prônant le djihad, les services
du ministère de l'intérieur répondaient la chose suivante à une sollicitation
de journalistes (Metronews) : "On ne
peut pas interdire des livres dès qu'ils sont choquants. S’il n'y a pas d'appel
à la haine ou d'apologie au terrorisme, on ne peut pas l'interdire. Ce n'est
pas un délit de prôner le djihad, ce n'est pénalement pas répréhensible".
Le ministère de l'intérieur avait à l'époque une curieuse vision du djihad. Il
parait qu'il en a changé depuis menant désormais la chasse aux mosquées où on
le prône. Il était temps! Néanmoins, et malgré ce changement de fusil d'épaule,
on est en droit de se poser des questions sur la capacité des autorités en
charge de la sécurité des Français à remplir leur mission.
La vraie question qui donc se
pose est : "pourquoi avoir attendu les attentats du 13 novembre pour faire
ce qui devait être fait au moins depuis janvier 2015 et plus certainement
depuis la meurtrière équipée de Mehra?" Et celle qui suit logiquement est:
"pourquoi devrions-nous faire confiance désormais à ceux qui ont failli et
n'ont même pas eu la décence de présenter leurs excuses?". Je n'oserai
même pas parler de démission, chose pourtant classique dans des temps pas si
anciens que ça quand on avait failli à ses devoirs d'une façon aussi dramatique.
Ce n'est plus de mise désormais et l'on voit ceux qui, même aujourd'hui, alors
que les derniers cadavres sont encore en voie d'identification, refusent de
s'exprimer sur une mesure telle que le retrait de nationalité pour les
terroristes, continuer à pavaner à la tête de leur ministère. N'est-ce pas
madame Taubira? Et c'est à ça que nous devrions faire confiance? Au nom de
quoi? De l'union nationale?
L'union nationale est évidemment
une chose souhaitable alors qu'on nous annonce que nous sommes en guerre. Mais
peut-elle se faire raisonnablement derrière celle qui ont montré leurs limites,
ceux qui par aveuglement idéologique ont refusé d'admettre la nature des
menaces qui pesaient sur la France. L'union nationale ne doit pas être un
pardon. Et certainement pas une injonction à se taire. On peut s'unir face à un
deuil, et communier tous ensemble en allumant des bougies. On doit s'unir face
à une menace commune. Mais cet impératif d'union doit être accompagné de la
confiance vis-à-vis de ceux derrière lesquels on doit se ranger. Or la
confiance ne peut pas exister actuellement. Si l'émotion des premiers jours incite
légitimement à éviter les querelles, elle doit laisser très vite place à une
exigence d'efficacité qu'on aurait du mal à reconnaitre à l'équipe qui est en
place. Et même si les premières réactions aux attentats vont enfin, et cet
enfin est important, dans le bon sens, ça ne doit pas enterrer les
responsabilités passées. Car dans deux mois, trois mois, alors que l'état
d'urgence aura cessé, comment croire que ceux qui ont déjà failli ne se
laisseront pas de nouveau guider par leurs fantasmes idéologiques pour mener
leur mission de sécurité. Peut-on en effet croire ce revirement sécuritaire
durable et même sincère?
Car en effet c'est un revirement
qui s'est opéré. Et pas seulement sur le plan intérieur. C'est en effet la même
chose sur le plan diplomatique, même si, et on le verra, la sincérité doit là
aussi être mise en doute.
L'attitude diplomatique de la France
vis-à-vis de ce qui se passe en Syrie depuis 2011 a, en effet, été lamentable. Si
on veut chercher une continuité entre les deux présidences Sarkozy et Hollande,
c'est bien dans la politique étrangère menée dans cette région qu'on la
trouvera. Les deux crânes d'œuf qui se sont succédé au Quai d'Orsay ont, vous
savez le "meilleur d'entre nous" et "l'ancien plus jeune premier
ministre de la France", sont parvenus par leurs efforts successifs à
pourrir la situation en Syrie, en reconnaissant un gouvernement que personne
sur place ne reconnait, en sabotant les tentatives de conciliation, notamment
les conférences de Genève, en refusant de parler aux interlocuteurs qui ne leur
plaisaient pas, et pourtant acteurs majeurs sur le terrain, je pense au
gouvernement légal syrien et à l'Iran, en laissant le soin au Qatar et à
l'Arabe Saoudite de désigner les forces d'opposition qui étaient assez présentables
pour qu'on les arme (quelle garantie, n'est-ce pas?). En fait il n'est pas
besoin de s'étendre sur la politique étrangère française dans le conflit
syrien. La France s'est mise à la remorque de ses clients, sacrifiant ses
intérêts fondamentaux au nom d'intérêts économiques à court terme. Et je me
retiendrai de parler des relations individuelles entretenues par politiques de
tous bords et journalistes avec le Qatar en particulier.
Dans ce tableau minable, la
Russie est par deux fois intervenue, contrecarrant les projets français, du Qatar
et de l'Arabie Saoudite pardon. La première fois, à la fin de l'été 2013, en
proposant un plan pour le contrôle des armes chimiques détenues par le gouvernement
syrien, laissant notre pépère bien seul et bien con à quelques heures d'une attaque
programmée contre Damas. La seconde fois en intervenant massivement par des
bombardements ne tenant guère compte, c'est une litote, des classifications
entre bons et mauvais islamistes opérées par l'Arabie Saoudite, osant même
jusqu'à frapper le front al-nosra, émanation d'al qaida, dont pourtant Fabius
trouvait qu'il faisait du bon boulot. La Russie fut évidement critiquée pour
son soutien à Assad dont le départ devait être un préalable au règlement de la
question syrienne et, j'imagine, à l'avènement d'une démocratie heureuse et
prospère sous le patronage des démocraties qataries et saoudiennes. C'est
d'ailleurs au nom de ce bonheur à venir que Valls refusa une liste de français
djihadistes en Syrie que lui proposait le régime d'Assad. Parce que "non monsieur, qui ne méritez pas d'exister
sur terre (Fabius), nous on préfère prendre le risque de voir nos
ressortissants se faire péter chez nous, que de traiter avec vous! Et toc!".
Et boum! Le 13 novembre arriva et avec lui une inflexion, c'est encore une
litote, de notre politique étrangère. Désormais Assad peut rester jusqu'au règlement
politique, c'est la position russe, et nous nous coordonnerons avec les Russes
pour frapper l'EI. Reste que toutefois on attend au moins une prise de distance
avec nos alliés qataris et saoudiens pour que ce changement de politique apparaisse
comme sincère, et non pas juste opportuniste. Peut-être qu'un changement
prochain à la tête du Quai d'Orsay éclairera-t-il la situation.
En attendant, il faut juste
constater que notre politique étrangère, intransigeante, tellement déroutante
que le Monde Diplomatique écrivait en octobre 2013 que "L'Elysée et le Quai d'Orsay auront réussi le
tour de force simultané d'exaspérer Washington, de gêner Londres, de faire
lever les yeux au ciel à Berlin, de désespérer Beyrouth, de déclencher un
concert de soupirs à Bruxelles et d'amuser les joueurs d'échec de Moscou.",
donc que notre politique étrangère a largement contribué à faire perdurer le
conflit en Syrie et donc à laisser se développer les forces islamistes en présence.
Notons au passage que la France est désormais marginalisée dans les
négociations de Vienne. Le discours anti-Assad français a de plus sans doute
suscité des vocations dans les rangs d'une jeunesse islamisée qui trouvait un
adversaire dont la disparition physique était explicitement souhaitée par
l'exécutif.
Toutes ces suites d'erreurs,
d'erreurs d'appréciation sur fond idéologique, sur les plans intérieur et
extérieur ne sont évidemment pas à l'origine du phénomène djihadiste qui est
consubstantiel à l'islam depuis qu'il existe, même si, bien heureusement il ne
concerne qu'une partie encore minoritaire des musulmans mais qui semble
néanmoins progresser en volume avec les années et les succès qu'il remporte. Mais
ces erreurs ont offert un terreau favorable à son développement d'abord sur
notre sol puisque "le prôner n'était
pas considéré comme un délit" et que tenter de l'analyser sous
d'autres angles que ceux autorisés et veillant davantage à "ne pas stigmatiser" qu'à réellement
comprendre vous rangeait illico dans le camp des fachos, et ensuite sur le
théâtre moyen-oriental en raison notamment d'alliances aussi aveugles que
douteuses dont il faudra bien un jour aller fouiller pour en discerner la
nature profonde car je doute qu'un tel aveuglement ne soit dû qu'à des intérêts
économiques globaux.
Alors c'est clair, la question de
confiance se pose. Pas à l'Assemblée, pour cause de conflits d'intérêts. Mais
devant le peuple. Quand on pense qu'il y a 10 jours la grande menace pour la France
était la prise d'une ou deux régions par le FN!!! On croit rêver! Alors peut-être
qu'on pourrait enfin trouver des gens intelligents, dignes de confiance, ayant
pour intérêts la France plutôt que leur petite carrière. Peut-être est-il temps
de penser que l'union nationale si elle est souhaitable ne peut qu'exister que
derrière un gouvernement d'union nationale. On a des Védrine ou des Villepin
qui sont disponibles, mais sans doute d'autres même si dans la classe
politique, comme ça, spontanément, les noms ont du mal à me venir à l'esprit.
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