"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 1 août 2014

Punir la vérité ou l'exercice ordinaire de la démocratie en France






Il y a quelques mois je vous avais proposé un billet (vous pouvez le trouver ici) relatant une audition du général Soubelet, n°3 de l'institution gendarmesque et responsable des opérations. Cette audition curieusement n'avait pas fait grand bruit dans la presse, allez savoir pourquoi. Il faut dire qu'elle était à l'époque bien plus préoccupée par l'affaire Dieudonné, et que le scandale d'un jour vaut bien mieux en termes de potentialité de lectorat ou d'auditorat (entendre pognon) que les questions de fond.

C'était pourtant d'insécurité dont il s'agissait, celle qui touche de plus en plus les Français. Tellement d'ailleurs qu'elle se banalise peut-être et qu'il n'est même plus intéressant d'en connaitre au moins pour partie les causes. C'est peut-être une fatalité comme le chômage ou la chtouille si on fréquente trop la rue Saint-Denis
Le général Soubelet  dénonçait clairement devant la commission parlementaire la difficulté du travail des gendarmes, et plus généralement des forces de l'ordre, dès lorsque la justice se montrait particulièrement bienveillante à l'égard des délinquants. Pour plus de détails, je vous renvoie au billet. Ça aurait pu être un des éléments permettant de  discuter la loi pénale que vient de nous infliger Taubira et qui institutionnalise un laxisme auparavant encouragé d'une part par circulaires ministérielles, et peut-être surtout par certains  juges  davantage occupés à s'abreuver d'écrits idéologiques que du code  pénal ou encore distraits par la construction de murs douteux. Oui ça aurait pu, mais ce ne fut pas le cas, l'affaire étant restée assez confidentielle, malgré de fait que l'audition du général était ouverte à la presse.

Néanmoins ça a secoué quand même un peu les personnes concernées, notamment les gendarmes et, bien sûr le ministère de l'intérieur dirigé à l'époque par un certain Valls qui, un moment d'égarement sans doute, s'émouvait publiquement, en fait non, il s'agissait d'un courrier qui s'était égaré dans la boite au lettre du Monde, de la future loi pénale qui fut présentée et votée sous son gouvernement quelques mois plus tard. Au moins cet homme a-t-il de la constance dans la versatilité. Certains appellent ça fermeté confondant sans doute ça avec  des mimiques  prognathes.  Sincèrement qui peut donnerr du crédit à cet homme pro et anti selon les circonstances, par exemple pro-palestinien avant de devenir pro-israélien par mariage, mais tout en continuant à aller lécher la babouche à l'occasion, se montrant intransigeant sur le principe de laïcité en déclarant néanmoins que le ramadan est un moment républicain, en dénonçant les effets pervers d'une loi dont il autorise le vote quand il a les moyens institutionnels de s'y opposer.. . Quand  y en a pour tout le monde,  y en a pour personne, sauf peut-être pour celui qui sans cesse joue sur tous les tableaux, habilement certes, car n'oublions pas que son premier job c'était la com. En fait c'est l'archétype du politique de notre temps.
Donc pas de bol pour notre général. Mauvais timing comme ont dit. Il ne s'est pas synchronisé avec le trouble bipolaire qui habite notre actuel chef de gouvernement et qui alors était ministre de l'intérieur.
Certes, étant donné que les propos du général Soubelet ont été vraisemblablement davantage appréciés de ses subordonnés que de sa hiérarchie politico-gendarmesque, il n'était pas question de réagir de façon brutale. Il fut donc juste évoqué lors des vœux à la gendarmerie un incident et affirmé qu'il n'y avait entre l'intérieur et la justice aucune divergence.  Et voilà!

Enfin non! Parce que comme je l'avais suggéré dans mon billet, le général Soubelet, pourtant mis en place à ce poste par ce pouvoir, ne risquait pas de recevoir de sitôt une promotion. Bien au contraire.
Valls a donc profité de l'été pour exercer sa vengeance, pour apprendre à ses grands subordonnés que l'expression de la vérité dans pourtant des circonstances bien cadrées institutionnellement, même quand il est de leur devoir de l'exprimer, que ne pas le faire contreviendrait à l'éthique et peut-être à la loi (a-t-on le droit de mentir devant une commission parlementaire, a-t-on le droit de faire son Cahuzac?), je vais y revenir, donc que l'expression de la vérité pouvait être considéré comme un acte déloyal.
Le général a donc été relevé de ses fonctions. Enfin c'est pas comme ça qu'on dit: il a été nommé à une autre poste nécessairement "prestigieux et de confiance", celui de commandant de la gendarmerie outre-mer. Au moins est-on sûr que dans ses pérégrinations entre Nouméa, Pointe-à-Pitre, Cayenne, Saint-Denis de la Réunion, Mayotte, et j'en passe, il 'emmerdera personne. Enfin pas ceux qui n'aiment pas l'être et disposent des moyens de faire taire ceux qui l'ouvrent trop.

Mais revenons aux circonstances. Il existe donc une commission parlementaire de lutte contre l'insécurité qui dispose du droit d'entendre tous ceux qui sont susceptibles de l'éclairer. C'est donc la représentation du peuple, ses élus, qui dans le cadre de leur travail doivent être en mesure de faire toutes les propositions jugées utiles, éventuellement légiférer, puisqu'il parait que nos députés sont pays pour ça, pour améliorer la sécurité des Français. Et il semble assez logique que cette commission ne s'attende pas à des discours convenus, ou des louanges par les auditionnés de leur hiérarchie et de leur bienaimé ministre de tutelle. Devant une commission parlementaire on doit dire la vérité, toute la vérité. Ce qu'a fait le général Soubelet étayant très largement ses propos par l'énoncé de faits.
Alors quand le gouvernement qui a le pouvoir de déplacer les hauts fonctionnaires et les officiers généraux à discrétion utilise ce pouvoir pour sanctionner celui qui se plie aux règles des institutions de la République et en même temps pour envoyer un signal fort aux autres, les avertissant que seule la vérité fausse de source gouvernementale a le droit d'être dite, même dans les circonstances décrites, ce gouvernement non seulement fait de l'abus de pouvoir mais trahit ce qu'il est en charge de protéger, les institutions, la République et surtout les Français. Il mérite d'être renversé. Mais que les gauchos se rassurent, il n'en sera rien, l'intérêt des parlementaires pour la nation s'effacera devant l'intérêt partisan et la gamelle. Quant aux Français ils n'en entendront sans doute pas parler pour beaucoup d'entre eux, vacances obligent. Et pour ceux qui ne profiteraient pas de vacances, Gaza, l'Ukraine, les pleurnicheries de Hollande à l'occasion de l'avion qui s'est écrasé au Mali, tout ça aura masqué l'information.

Le général Soubelet comme tout militaire est soumis au devoir de réserve. Il ne l'a pas violé. Il n'a pas convoqué la presse, il n'a pas tenu une tribune ouverte, il a juste répondu aux questions de parlementaires qui l'ont convoqué, comme il en avait le devoir.
Mais peut-être aurait-il dû comprendre pour la bonne suite de sa carrière que le but n'était pas de remplir ses obligations, de mieux protéger les Français, mais de faire la promotion de Monsieur Valls.
Voilà qui aspire à nous gouverner.

Elle est belle ta clique, pépère!


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