Il y a quelques mois je vous
avais proposé un billet (vous
pouvez le trouver ici) relatant une audition du général Soubelet, n°3 de
l'institution gendarmesque et responsable des opérations. Cette audition
curieusement n'avait pas fait grand bruit dans la presse, allez savoir pourquoi.
Il faut dire qu'elle était à l'époque bien plus préoccupée par l'affaire
Dieudonné, et que le scandale d'un jour vaut bien mieux en termes de
potentialité de lectorat ou d'auditorat (entendre pognon) que les questions de
fond.
C'était pourtant d'insécurité
dont il s'agissait, celle qui touche de plus en plus les Français. Tellement d'ailleurs
qu'elle se banalise peut-être et qu'il n'est même plus intéressant d'en connaitre
au moins pour partie les causes. C'est peut-être une fatalité comme le chômage
ou la chtouille si on fréquente trop la rue Saint-Denis
Le général Soubelet dénonçait clairement devant la commission
parlementaire la difficulté du travail des gendarmes, et plus généralement des
forces de l'ordre, dès lorsque la justice se montrait particulièrement
bienveillante à l'égard des délinquants. Pour plus de détails, je vous renvoie
au billet. Ça aurait pu être un des éléments permettant de discuter la loi pénale que vient de nous
infliger Taubira et qui institutionnalise un laxisme auparavant encouragé d'une
part par circulaires ministérielles, et peut-être surtout par certains juges davantage
occupés à s'abreuver d'écrits idéologiques que du code pénal ou encore distraits par la construction
de murs douteux. Oui ça aurait pu, mais ce ne fut pas le cas, l'affaire étant
restée assez confidentielle, malgré de fait que l'audition du général était ouverte
à la presse.
Néanmoins ça a secoué quand même un
peu les personnes concernées, notamment les gendarmes et, bien sûr le ministère
de l'intérieur dirigé à l'époque par un certain Valls qui, un moment
d'égarement sans doute, s'émouvait publiquement, en fait non, il s'agissait
d'un courrier qui s'était égaré dans la boite au lettre du Monde, de la future
loi pénale qui fut présentée et votée sous son gouvernement quelques mois plus
tard. Au moins cet homme a-t-il de la constance dans la versatilité. Certains
appellent ça fermeté confondant sans doute ça avec des mimiques prognathes. Sincèrement qui peut donnerr du crédit à cet
homme pro et anti selon les circonstances, par exemple pro-palestinien avant de
devenir pro-israélien par mariage, mais tout en continuant à aller lécher la
babouche à l'occasion, se montrant intransigeant sur le principe de laïcité en
déclarant néanmoins que le ramadan est un moment républicain, en dénonçant les
effets pervers d'une loi dont il autorise le vote quand il a les moyens
institutionnels de s'y opposer.. . Quand
y en a pour tout le monde, y en a
pour personne, sauf peut-être pour celui qui sans cesse joue sur tous les
tableaux, habilement certes, car n'oublions pas que son premier job c'était la
com. En fait c'est l'archétype du politique de notre temps.
Donc pas de bol pour notre
général. Mauvais timing comme ont dit. Il ne s'est pas synchronisé avec le
trouble bipolaire qui habite notre actuel chef de gouvernement et qui alors
était ministre de l'intérieur.
Certes, étant donné que les
propos du général Soubelet ont été vraisemblablement davantage appréciés de ses
subordonnés que de sa hiérarchie politico-gendarmesque, il n'était pas question
de réagir de façon brutale. Il fut donc juste évoqué lors des vœux à la
gendarmerie un incident et affirmé qu'il n'y avait entre l'intérieur et la justice
aucune divergence. Et voilà!
Enfin non! Parce que comme je
l'avais suggéré dans mon billet, le général Soubelet, pourtant mis en place à
ce poste par ce pouvoir, ne risquait pas de recevoir de sitôt une promotion.
Bien au contraire.
Valls a donc profité de l'été
pour exercer sa vengeance, pour apprendre à ses grands subordonnés que
l'expression de la vérité dans pourtant des circonstances bien cadrées
institutionnellement, même quand il est de leur devoir de l'exprimer, que ne
pas le faire contreviendrait à l'éthique et peut-être à la loi (a-t-on le droit
de mentir devant une commission parlementaire, a-t-on le droit de faire son
Cahuzac?), je vais y revenir, donc que l'expression de la vérité pouvait être
considéré comme un acte déloyal.
Le général a donc été relevé de
ses fonctions. Enfin c'est pas comme ça qu'on dit: il a été nommé à une autre poste
nécessairement "prestigieux et de confiance", celui de commandant de
la gendarmerie outre-mer. Au moins est-on sûr que dans ses pérégrinations entre
Nouméa, Pointe-à-Pitre, Cayenne, Saint-Denis de la Réunion, Mayotte, et j'en
passe, il 'emmerdera personne. Enfin pas ceux qui n'aiment pas l'être et
disposent des moyens de faire taire ceux qui l'ouvrent trop.
Mais revenons aux circonstances.
Il existe donc une commission parlementaire de lutte contre l'insécurité qui
dispose du droit d'entendre tous ceux qui sont susceptibles de l'éclairer.
C'est donc la représentation du peuple, ses élus, qui dans le cadre de leur
travail doivent être en mesure de faire toutes les propositions jugées utiles,
éventuellement légiférer, puisqu'il parait que nos députés sont pays pour ça,
pour améliorer la sécurité des Français. Et il semble assez logique que cette
commission ne s'attende pas à des discours convenus, ou des louanges par les
auditionnés de leur hiérarchie et de leur bienaimé ministre de tutelle. Devant une
commission parlementaire on doit dire la vérité, toute la vérité. Ce qu'a fait
le général Soubelet étayant très largement ses propos par l'énoncé de faits.
Alors quand le gouvernement qui a
le pouvoir de déplacer les hauts fonctionnaires et les officiers généraux à
discrétion utilise ce pouvoir pour sanctionner celui qui se plie aux règles des
institutions de la République et en même temps pour envoyer un signal fort aux
autres, les avertissant que seule la vérité fausse de source gouvernementale a
le droit d'être dite, même dans les circonstances décrites, ce gouvernement non
seulement fait de l'abus de pouvoir mais trahit ce qu'il est en charge de
protéger, les institutions, la République et surtout les Français. Il mérite
d'être renversé. Mais que les gauchos se rassurent, il n'en sera rien,
l'intérêt des parlementaires pour la nation s'effacera devant l'intérêt
partisan et la gamelle. Quant aux Français ils n'en entendront sans doute pas
parler pour beaucoup d'entre eux, vacances obligent. Et pour ceux qui ne
profiteraient pas de vacances, Gaza, l'Ukraine, les pleurnicheries de Hollande
à l'occasion de l'avion qui s'est écrasé au Mali, tout ça aura masqué
l'information.
Le général Soubelet comme tout militaire
est soumis au devoir de réserve. Il ne l'a pas violé. Il n'a pas convoqué la
presse, il n'a pas tenu une tribune ouverte, il a juste répondu aux questions
de parlementaires qui l'ont convoqué, comme il en avait le devoir.
Mais peut-être aurait-il dû
comprendre pour la bonne suite de sa carrière que le but n'était pas de remplir
ses obligations, de mieux protéger les Français, mais de faire la promotion de
Monsieur Valls.
Voilà qui aspire à nous
gouverner.
Elle est belle ta clique, pépère!
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