Lors d'un récent discours (5 mai) tenu devant l'Institut de France, Mario Monti qui s'exprimait sur l'Europe déclarait que "
Si l’Europe va mal en ce moment, c’est sans doute en partie parce que
la France, justement, ne tient plus tout à fait le rôle qu’elle devrait
et pourrait jouer dans le jeu européen." Et il ajoutait: " L’enjeu est plutôt que la France redevienne la France,
c'est-à-dire qu’elle joue pleinement son rôle de pont avec l’Allemagne,
ce qui suppose toutefois qu’elle améliore ses performances et qu’elle
mette en œuvre les règles qu’elle a signées et ratifiées."
De
fait comme beaucoup et son discours ne laisse aucune ambigüité à ce
sujet, Monti pense que l'Europe ne peut progresser et même exister
qu'autour de deux axes forts qui sont l'Allemagne et la France et que si
l'un des deux manifeste un déséquilibre par rapport à l'autre les
choses ne fonctionnent plus.
Evidemment
son discours fait plutôt référence aux performances économiques, celles
qui voient une Allemagne réaliser un excédent commercial de près de 200
milliards d'euros en 2013 tandis que la France enregistrait un déficit
commercial de 30 milliards d'euros pendant la même période. Son discours
fait plutôt référence à un équilibre budgétaire atteint par l'Allemagne
(et même un léger excédent) tandis que la France connait un déficit de
4,3%.
Alors
que Monsieur Monti se rassure. La France va tenir ses engagements. La
preuve: notre sémillant nouveau premier ministre vient de concocter un
plan d'économies de 50 milliards. Certes un peu dans l'urgence, après
que les Allemands et l'UE, c'est l'ordre qui convient, aient refusé un nième
report de l'objectif de rentrer dans les clous de Maastricht, au moins
en ce qui concerne le déficit budgétaire, car s'agissant du ratio
dette/PIB, on se demande si un jour on y reviendra. Eh oui voilà,
puisque l'équilibre entre les puissances allemandes et françaises
n'existe plus, ce sont bien nos amis d'outre-Rhin qui dictent désormais
leur loi.
Certes
on sait d'ores et déjà que ce plan d'économies sera insuffisant, mais
on peut au moins se réjouir qu'un pas ait été effectué dans le bon sens.
Mais le problème de l'urgence c'est que ce type de plan fait à
la-va-vite crée des problèmes. On tape généralement où il est facile de
taper, dans les catégories les plus faibles, donc les moins organisées,
pour résumer celles dont on ne craint rien ou pas grand-chose. Mais par
réflexe idéologique ou simplement parce qu'il faut limiter les désastres
électoraux à venir, on revient sur certaines mesures comme par exemple
en sortant de l'impôt ceux qui y étaient rentrés l'année précédente. Ça
fait "gauche", même si à ceux-là on ne rendra pas ce qu'on leur a déjà
pris. Mais cela a un coût évidemment qui sera reporté sur d'autres, même
si on évite de le dire. Et en l'occurrence, entre autres sans doute,
mais pas les associations anti-blanc, anti-France, anti-occident, qui
elles continuent de prospérer, ni les syndicats sans adhérents dont les
quelques membres peuvent organiser des barbecues dans de splendides
résidences tandis qu'on ne sait pas quoi faire des SDF, en l'occurrence
ce sera la défense qui sera encore touchée. Une fois de plus direz-vous!
De fait je me garderai bien d'accabler uniquement ce gouvernement qui
suit une logique, mais est-ce une logique bien raisonnable?, de faire
les poches des armées depuis une bonne trentaine d'années, et encore
davantage depuis la fin de la guerre froide dont pourtant aujourd'hui on
nous agite l'épouvantail à nouveau tout en continuant de désarmer.
Belle logique en effet. C'est assez rarissime de voir la mise en avant
d'une fausse allégation pour en tirer des conséquences inverses à ce
qu'elle prétend. Mais ne demandons pas à ces gens d'être cohérents. Ils
pourraient nous surprendre.
Donc
la défense va encore trinquer selon un procédé que je vais décrire plus
loin et qui permettra de prétendre de façon hypocrite qu'il n'en est
rien. Parce qu'ils n'ont même pas le courage d'assumer leurs décisions.
Mais
avant cette description revenons-en à cet équilibre souhaité par
Monsieur Monti entre la France et l'Allemagne pour que fonctionne bien
l'Europe. Il est à craindre que faute de réformes structurelles
suffisantes, que faute de vouloir renoncer à un modèle social qui de
toute façon finira par s'écrouler et d'autant plus violemment qu'on
n'aura pas voulu y toucher auparavant, notre retard sur le plan
économique vis-à-vis de l'Allemagne qui a su faire ces efforts, au mieux
se stabilisera mais sans doute continuera de s'accroitre. Si donc un
équilibre doit se trouver entre nos deux pays, c'est par un avantage que
nous aurions et qu'eux n'auraient pas. Et jusqu'à peu cet avantage
existait et c'était notre capacité de défense ou plutôt d'intervention.
En fait notre défense faisait de la France une puissance diplomatique
reconnue, et permettait encore de justifier sa présence au sein du
conseil de sécurité onusien par d'autres arguments qu'historiques. Or la
différence entre les deux pays s'efface, les budgets en euros sont
proches, les effectifs tendent à se rapprocher et il est même probable
que l'Allemagne à l'issue de la loi de programmation disposera de plus
de militaires que la France. Par ailleurs et de plus en plus l'Allemagne
participe à des opérations extérieures, même si elle évite
soigneusement de participer aux nôtres en Afrique. Certes nous disposons
de l'arme nucléaire qui au passage nous coute cher. Mais on se rend
bien compte qu'en dehors d'un contexte de guerre froide qui n'existe
plus, et que dans un contexte d'alignement aveugle sur la politique
extérieure américaine, donc d'un abandon de souveraineté ou
d'indépendance véritable, cet avantage perd beaucoup de son sens. Et
voilà donc comment années après années notre avantage militaire, donc
diplomatique, par rapport à l'Allemagne s'est trouvé rogné. Et ce
gouvernement, malgré sa propension à faire la guerre, n'aura pas dérogé à
cela et sera peut-être celui qui portera l'estocade finale. Je crois
avoir déjà écrit que quand Hollande aura quitté le pouvoir, donc
bientôt, même si 3 ans avec lui ça peut paraitre long, la France ne
pourra plus engager les opérations qu'il a engagées simultanément. Les
nouveaux projets qu'a ce gouvernement pour la défense ne risquent pas
d'améliorer les choses.
Eh
oui comme le dit si bien Monsieur Monti, il faudrait que la France
redevienne la France. Mais avec eux ça ne risque pas d'arriver. Nous en
sommes au dernier stade sans doute avant le déclassement définitif, qui
nous relèguera bientôt au statut de nation-musée, celui que décrit
Houellebecq dans "La carte et le territoire". Encore que pour que cela
marche il faudra sans doute sous-traiter la sécurité intérieure afin que
les touristes étrangers ne soient pas découragés par la racaille qui
sévit impunément dans nos villes et désormais nos campagnes. Mais chut!
Faut pas stigmatiser!
Il
y a peu notre président, grand visionnaire et fin connaisseur du passé
comme chacun a pu le constater, a déclaré que la France en sortant de
l'Europe sortirait de l'histoire. Or c'est en entrant dans l'Europe, du
moins en étant dans cette Europe, pas celle de de Gaulle, l'Europe des
nations, qu'elle sortait de l'histoire. Car comment construire une
histoire sans armée, c'est-à-dire comment peser dans le monde, sur le
monde, quand on ne possède pas d'outil diplomatique pour cela, quand on
n'est pas une puissance militaire. Or l'Europe n'en est pas une et
surtout refuse d'en devenir une. Le fiasco que représente ce fameux
élément d'intervention européen en Centrafrique, dont le principal
contributeur, mise à part la France, est la Géorgie qui n'est membre ni
de l'UE, ni de l'OTAN, avec 150 hommes (!), ce fiasco devrait nous
éclairer sur ce qu'est réellement l'Europe, à savoir pas grand-chose sur
le plan mondial en termes d'influence politique. Et c'est ça qui
représente l'histoire? C'est ridicule. Aussi ridicule que celui qui a
tenu ces propos.
Ne
reste donc plus que le simulacre. On tente de donner encore
l'impression d'exister, de peser sur le destin du monde ou d'une partie
du monde. Ainsi samedi dernier on réunissait à Paris, je n'ai pas dit à
grands frais, quelques chefs d'Etat africains et quelques portes-bidons
désignés d'office pour représenter les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et
l'UE. Boko Haram n'avait qu'à bien se tenir. Oh certes, je ne
critiquerai pas l'idée de fond de cette réunion qui est loin de
concerner uniquement Boko Haram, mais dès lors qu'on n'en a plus les
moyens et qu'on continue à y renoncer, dès lors que ceux qui devraient
nous soutenir regardent ailleurs l'air rêveur, on se rend compte du
caractère vain de ce type de rassemblement. Le constat est que Boko
Haram constitue un maillon de cette ligne de front islamique, encore en
pointillés, qui traverse l'Afrique, qu'il se trouve à la jonction de la
rébellion islamique sahélienne qui nous préoccupe au Mali et de celle
qui nous préoccupe actuellement en Centrafrique, même si nous n'avons
pas le courage de la décrire ainsi. Ce que la colonisation européenne
avait permis pendant des décennies, à savoir l'endiguement d'une poussée
islamique rigoriste vers le sud, se manifeste de nouveau, et cette fois
avec davantage de moyens évidemment, des soutiens extérieurs puissants
qui au passage sont présentés comme nos amis et parfois alliés quand il
s'agit d'aller taper sur un tiers qu'ils remplaceront par leurs affidés.
Et ce ne sont pas évidemment nos quelques petits milliers d'hommes sur
le terrain entre le Mali, sans doute le Niger, le Tchad et la
Centrafrique, qui pourront tenir cet espace qui va de la Mauritanie
jusqu'au Soudan. Le combat est sans doute perdu puisque ceux qui sont en
pointe de la guerre contre le terrorisme et qui nous ont entrainés en
Afghanistan se contentent d'une aide minimale et d'encouragements
verbaux qui s'ils peuvent flatter la vanité d'un président d'une nullité
crasse, ne doivent pas masquer soit une certaine indifférence, soit des
desseins plus troubles et peu avouables.
Et
pourtant, on envisage encore de faire peser sur les armées un nouvel
effort au profit de nos comptes nationaux. Et cela d'une manière assez
honteuse. Car même le courage de dire les choses, ils ne l'ont pas. "Il
faut préserver les capacités de défense, mais la défense devra
participer comme les autres (tous???) à l'effort national." Ou encore
"La loi de programmation qui court de cette année jusque 2019 est un
cadre sanctuarisé dans lequel peuvent s'opérer des aménagements".
Alors
je vous explique les aménagements en question ou comment réduire un
budget en en conservant l'enveloppe initiale. Eh bien c'est simple : il
suffit d'augmenter les dépenses au sein de l'enveloppe, c'est-à-dire d'y
coller ce qui n'y était pas auparavant. Et là ce seront les opérations
extérieures dont le financement fort logiquement, puisqu'elles ne sont
pas prévues à l'avance, et certainement pas sur 5 ans. Les OPEX financés
par le budget général seront, c'est ce qui se trame actuellement (voir ici),
désormais financés par le budget de la défense. Et là on voit tout de
suite l'impasse grossière de ce procédé, sans même parler de sa
malhonnêteté. Plus il y aura d'OPEX, plus le besoin en matériels sera
fort ainsi que la maintenance associée (et en Afrique c'est du lourd).
Mais en même temps le financement de ces opérations empêchera la
réalisation des matériels nécessaires à ces OPEX. Plus on fait la
guerre, moins on dispose de moyens. Voilà la logique des socialistes qui
n'ayant que trois ans à tirer encore se moquent bien des conséquences
de ce qu'ils font. Et puis c'est tellement facile avec des militaires
tenus à un devoir strict de réserve, ne disposant pas de syndicats, et
étant pour la grande majorité d'entre eux sous contrat donc en situation
de précarité professionnelle.
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